Le Saint-Esprit et la conversion
Le Saint-Esprit et la conversion
Nous ne sommes pas simplement élus et appelés à la conversion. Nous sommes aussi invités à mener une conduite correspondant à cette révélation de Dieu. La Bible parle de la nécessité de notre conversion (Dt 3.2; Mt 3.2; 11.20). Nous traduisons par conversion ou repentance un terme ayant la même signification aussi bien en hébreu (« shuv ») qu’en grec (« épistréfein »). D’autres termes et d’autres images parlent également de sa nécessité. En hébreu, « nacheb » est un autre terme équivalent. On peut le traduire en grec par « métanoia » ou repentance; elle est produite par le Christ. On ne peut se dire disciple du Christ sans le suivre, sans se charger de sa croix (Mt 16.24).
Notre conversion est un changement intérieur qui se manifeste de manière extérieure, l’événement intérieur étant en rapport avec l’événement extérieur. Elle est repentir, mais aussi lutte incessante contre le péché et se traduit par les œuvres préparées d’avance par Dieu afin que nous les mettions en pratique. Elle est la vie selon la volonté de Dieu, la mortification du vieil homme en vue de la résurrection de l’homme nouveau. Dieu nous demande notre cœur et veut l’offrande de notre personne tout entière. Connaître notre péché au moyen de la loi n’est possible que par l’Évangile, car autrement aucun homme ne saurait que la loi est l’expression de la volonté du Dieu miséricordieux devenu notre Sauveur. Si nous n’aimons pas le Seigneur, nous ne haïrons jamais suffisamment le mal qui est en nous. La conversion véritable suppose donc la foi avant le repentir.
Ainsi, ce qui nous est révélé nous montre l’importance de la responsabilité à laquelle nous sommes appelés. Le sujet de la conversion est l’homme, et s’il refuse de se convertir lorsque Dieu l’appelle, c’est comme s’il refusait de croire. C’est tourner le dos au salut offert, car la foi véritable se manifeste dans la conversion. Seul le croyant reconnaît que Dieu opère en lui le vouloir et le faire (Ph 2.13). Selon l’Écriture, on peut également dire que Dieu convertit l’homme (Ac 5.31; 11.18), car, pas plus que notre foi, la conversion ne constitue le fondement de notre salut. C’est le Seigneur qui nous conduit à la conversion et c’est encore lui qui nous sanctifie. Cette relation entre la grâce de Dieu et la foi et la conversion de l’homme s’exprime par l’opération de l’Esprit qui nous conduit sur la voie du salut.
La conversion est tout d’abord le changement qui se produit dans la vie de l’incroyant au moment où il devient chrétien. Mais elle a encore un autre sens; c’est la conversion qui intervient après une chute grave. On pourrait même parler de conversion quotidienne. Cette dernière expression désigne la lutte contre le péché qui doit avoir lieu continuellement dans notre vie. Le terme de sanctification expliquera cet aspect de la conversion quotidienne. Elle est le don renouvelé que Dieu nous accorde jour après jour.
La conversion n’est pas forcément la transformation soudaine de l’homme, puisqu’il peut exister et il existe des chrétiens qui n’ont pas fait une telle expérience, mais qui, dès leur plus jeune âge, ont été des enfants de Dieu vivant dans la communion avec le Seigneur. Il ne faut point les considérer comme des petits païens. Ce qui importe pour eux c’est de servir consciemment Dieu dès qu’ils atteignent une certaine maturité psychique.
En général, ceux qui n’ont pas été élevés dans un milieu chrétien depuis leur enfance font l’expérience d’une conversion au caractère radical, parfois soudain, quoique l’Esprit et la Parole puissent aussi les conduire lentement et progressivement à la conversion et au renouvellement de leur vie.
L’œuvre de l’Esprit consiste à appliquer, non à compléter, ce que le Christ a déjà obtenu. L’Esprit engendre en nous la foi et, par la foi, nous reconnaissons que le Christ nous a réconciliés avec Dieu et nous recevons la justice que le Christ a obtenue; seule la foi véritable en l’œuvre parfaite du Christ peut nous rendre capables d’amour, car l’amour chrétien a son origine en la rédemption. Le salut que le Saint-Esprit nous applique comporte une dimension physique, puisque notre corps mortel sera vivifié par l’Esprit qui habite en nous; ce renouvellement de l’homme extérieur est, lui aussi, l’objet de l’espérance chrétienne, car en principe, le croyant est passé de la mort à la vie. C’est pourquoi il sait que toutes choses concourent à son bien et que même la mort ne peut plus le priver de la vie éternelle lorsqu’il reste en communion avec le Christ; celle-ci est considérée comme un gain si le Christ est sa vie.
L’Esprit est l’auteur de la vie nouvelle à laquelle il éveille l’homme; si nous devions dépendre de nos seules forces, il serait vain de prêcher l’Évangile.
L’intervention directe et efficace de l’Esprit accorde la foi. Ainsi l’Évangile n’est pas simplement comme l’offre du salut, mais encore comme l’appel irrésistible de Dieu, qui donne tout ce qu’il ordonne. S’agit-il dans ce cas d’attendre passivement une action hors du commun? Ce serait déformer dangereusement la vérité au sujet de la foi, don de l’Esprit. En réalité, il existe seulement deux possibilités : ou bien nous abandonner à l’action de Dieu et croire, ou bien tenter de faire notre propre salut. Les formes de recherche de cette deuxième solution sont multiples et variées, mais toutes échouent dans une impasse et même dans le désespoir.
Rien au monde ne peut prouver à nos yeux aveuglés spirituellement que l’Évangile est la vérité. Dieu nous sauve. Il le fait en nous régénérant, en nous éclairant, en permettant que nous croyions. En dépit de nos oppositions opiniâtres, il accorde la foi. Lorsqu’il décide notre conversion, personne ni aucune force ne peuvent lui opposer la moindre résistance. Telle est l’autorité de son Esprit et de sa Parole. Alors que nous sommes encore indifférents, voire hostiles, il intervient de manière efficace.
L’Évangile entre les mains du Saint-Esprit est un paradoxe. Il nous dit de faire ce que nous ne pourrions jamais réussir par nos propres forces, c’est-à-dire croire. Mais aussitôt, il nous vient en aide et nous accorde la foi qu’il attend de nous comme réponse libre et active. « Voici je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un ouvre la porte, j’entrerai… » (Ap 3.20). Que se passerait-il si à l’intérieur il n’y avait qu’un cadavre spirituel? Comment celui-ci pourrait-il entendre la voix et ouvrir? Mais, précisément, ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu. Jésus-Christ, celui qui se tient à la porte et qui frappe en sa qualité de Seigneur ayant droit sur nous, et l’Esprit qui vivifie et qui donne la vie aux morts rendent possible la réponse de la foi.
La différence entre le croyant et le non-croyant s’explique par là. Est-ce à dire que le second manquerait de chance? Parce que Dieu est la Source et le Donateur de la foi, nous possédons une « chance » de croire. Autrement, nous n’en aurions vraiment aucune. La réalité de la mort spirituelle de l’homme en situation de chute n’est donc pas un défaut imputable à Dieu, qui n’a ni désiré ni créé cette réalité. Cette situation est la conséquence du péché. Qu’il donne la foi aux uns et pas aux autres peut paraître à première vue une mesure arbitraire, mais il n’en est rien. Toutes les voies de Dieu sont justes et conformes à sa grâce, même à l’égard de ceux qui n’ont point de mérite. Si l’homme refuse de croire, la responsabilité lui en incombe entièrement.