Cet article a pour sujet la doctrine de la trinité, conformément à la révélation de Dieu dans sa Parole. L'Ancien et Nouveau Testament rendent témoignage au Dieu trinitaire et nous font connaître la nature de Dieu.

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Troisième partie audio:

11 pages.

Un seul Dieu en trois personnes

  1. Connaître Dieu tel qu’il se révèle
  2. Le Dieu trinitaire dans l’Ancien Testament
  3. Le Dieu trinitaire dans le Nouveau Testament
  4. La portée de l’enseignement biblique sur la nature de Dieu

1. Connaître Dieu tel qu’il se révèle🔗

Connaître Dieu, ce n’est pas essayer par soi-même de se faire une idée de qui il est, car cela n’aboutit qu’à forger des idoles, c’est-à-dire des fausses représentations de sa personne. C’est comme cela que les hommes et les femmes aveuglés par leurs propres idées ont fabriqué des statues de pierre ou de bois, qui leur ressemblaient, et les ont adorées comme si elles étaient divines. C’est cela que la Bible appelle l’idolâtrie, et que le premier et le second commandement interdisent. Voici ces deux commandements adressés au peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse, au chapitre 20 du livre de l’Exode, dans l’Ancien Testament :

« Alors Dieu prononça toutes ces paroles en disant : Je suis l’Éternel, ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras pas de statue ni de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, et de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte; car moi, l’Éternel ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui use de bienveillance jusqu’à mille générations envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements » (Ex 20.1-6).

Il est clair que Dieu se révélant à son peuple proscrit tout culte rendu à des idoles ou à d’autres divinités qui n’existent que dans l’imagination corrompue de créatures aveuglées. Aujourd’hui, si l’on a moins affaire à des idoles de bois ou de pierre que dans le passé, cela ne veut pas dire que les idoles aient disparu de la vie des hommes, loin de là. Simplement, elles revêtent des visages différents. Par exemple, le culte rendu à des esprits, ceux des ancêtres ou autres, n’est rien d’autre qu’une idolâtrie. C’est rechercher de l’aide ou un soutien quelconque dans des forces naturelles ou spirituelles au moyen de pratiques occultes le plus souvent destinées à faire du mal à son prochain. C’est de toute façon révérer et appeler à l’aide quelqu’un d’autre que l’Éternel Dieu, le seul vrai Dieu. C’est mettre sa confiance dans des forces qui sont appelées elles aussi à se soumettre à Dieu et à lui obéir. L’invocation de ces forces et la soumission envers elles témoignent d’une obéissance non à Jésus-Christ, le seul Médiateur entre Dieu et les hommes, mais à l’ennemi qu’il a vaincu sur la croix de Golgotha, le grand adversaire, Satan.

Qui pourrait nier l’existence de pratiques sataniques, magie noire et autres, sur tous les continents de notre terre? Elles n’ont pas lieu seulement en Afrique, mais en France et dans d’autres pays européens. Il suffit de voir le nombre de librairies spécialisées dans l’occultisme pour s’en rendre compte. S’adonner à ces pratiques, avoir recours à l’invocation des esprits, s’est se dresser directement contre le Dieu tout-puissant et s’exposer à son jugement. C’est aussi tomber dans l’esclavage et la misère morale et spirituelle, car ces pratiques entraînent la destruction progressive de ceux qui s’y adonnent, tout comme l’alcool ou les drogues détruisent les corps et les esprits de ceux qui en sont les prisonniers.

Connaître Dieu en vérité, c’est le connaître dans et par sa Parole révélée, la Bible. C’est le connaître à travers le seul Médiateur que Dieu nous ait donné, Jésus-Christ, le Fils éternel de Dieu qui est devenu homme et a habité sur terre, parmi nous, pour nous ouvrir l’accès au Père éternel. C’est le connaître par la persuasion que le Saint-Esprit produit dans nos cœurs, et qui nous libère de l’esclavage de l’idolâtrie.

Ceci nous amène maintenant à parler du Dieu en trois personnes que la Bible révèle. Comment pouvons-nous parler d’un seul Dieu en trois personnes? Encore une fois, il ne s’agit pas du fruit d’une imagination purement humaine, mais une révélation de Dieu sur son être qui devient claire au fur et à mesure que nous étudions sa Parole. Le mot Trinité, pour exprimer cette idée d’un seul Dieu en trois personnes, n’apparaît nulle part sur les pages de la Bible, mais cette formule théologique destinée à rendre compte de l’être de Dieu est fidèle à ce que nous révèle la Bible. Elle est apparue pour la première fois durant le 2siècle après Jésus-Christ. Ce mot rend bien compte de ce que l’être de Dieu n’est pas un bloc monolithique indistinct. Au contraire coexistent en Dieu trois personnes égales unies dans une communion éternelle et parfaite. Non pas trois dieux ni trois parties ou modes d’existence de Dieu, mais un seul Dieu en trois personnes : Père, Fils et Saint-Esprit.

2. Le Dieu trinitaire dans l’Ancien Testament🔗

Dans l’Ancien Testament, nous n’en avons que des allusions. Ainsi le mot Dieu, en hébreu, est un mot pluriel. L’Esprit de Dieu est mentionné dès le début du livre de la Genèse, lors du récit de la création. Au livre de l’Exode, il est question de l’ange de l’Éternel. Dieu parle au peuple qu’il s’est choisi, et lui dit, par l’intermédiaire de Moïse :

« Moi, j’envoie un ange devant toi, pour te garder en chemin et te faire arriver au lieu que j’ai préparé. Tiens-toi sur tes gardes en sa présence, obéis-lui; ne lui cause pas d’amertume, parce qu’il ne pardonnera pas vos péchés, car mon nom est en lui. Mais si tu lui obéis, et si tu fais tout ce que je te dirai, je serai l’ennemi de tes ennemis et l’adversaire de tes adversaires. Mon ange marchera devant toi et te conduira chez les Amoréens, les Hittites, les Phéréziens, les Cananéens, les Héviens et les Yébousiens, et je les exterminerai » (Ex 23.20-23).

Plus loin dans l’Ancien Testament, on trouve des allusions à la Parole de Dieu comme pouvoir créateur, et même à la sagesse de Dieu présentée comme une personne. Au Psaume 36, nous lisons : « Les cieux ont été faits par la parole de l’Éternel, et toute leur armée par le souffle de sa bouche » (Ps 36.6). Je citerai maintenant tout le passage suivant tiré du livre des Proverbes et qui nous parle de la sagesse de Dieu présentée comme une personne au caractère distinct :

« Moi, la sagesse, j’ai pour demeure la prudence, et je sais trouver la connaissance de la réflexion. La crainte de l’Éternel, c’est la haine du mal. L’arrogance et l’orgueil, la voie du mal, et la bouche perverse, voilà ce que je hais. Le conseil et la raison m’appartiennent; je suis l’intelligence, la force est à moi. Par moi, les rois règnent, et les princes ordonnent ce qui est juste; par moi gouvernent les chefs, les notables, tous les juges de la terre. Moi j’aime ceux qui m’aiment, et ceux qui me recherchent me trouvent. Avec moi sont la richesse et la gloire, les biens durables et la justice. Mon fruit est meilleur que l’or, que l’or pur, et ce que je rapporte est meilleur que l’argent de choix. Je marche dans le chemin de la justice, au milieu des sentiers de la droiture, pour donner des biens en héritage à ceux qui m’aiment, et pour remplir leurs trésors. L’Éternel me possédait au commencement de son activité, avant ses œuvres les plus anciennes. J’ai été établie depuis l’éternité, dès le commencement, avant l’origine de la terre. J’ai été enfantée quand il n’y avait point d’abîmes, point de sources chargées d’eaux; avant que les montagnes soient établies, avant les collines j’ai été enfantée; il n’avait encore fait ni la terre, ni les campagnes, ni le premier grain de la poussière du monde. Lorsqu’il disposa les cieux, j’étais là; lorsqu’il traça un cercle à la surface de l’abîme, lorsqu’il fixa les nuages en haut, et que les sources de l’abîme jaillirent avec force, lorsqu’il donna une limite à la mer, pour que les eaux n’en franchissent pas les bords, lorsqu’il traça les fondements de la terre, j’étais à l’œuvre auprès de lui, et je faisais de jour en jour ses délices, jouant devant lui tout le temps, jouant sur la surface de sa terre, et trouvant mes délices parmi les êtres humains. Et maintenant, mes fils, écoutez-moi; heureux ceux qui observent mes voies! Écoutez l’instruction et devenez sages, ne la négligez pas. Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille de jour en jour à mon seuil, qui monte la garde près des montants de mes portes! Car celui qui me trouve a trouvé la vie et obtient la faveur de l’Éternel. Mais celui qui pèche contre moi nuit à son âme; tous ceux qui me haïssent aiment la mort » (Pr 8.12-31).

Ce passage nous parle de la sagesse éternelle de Dieu comme d’une personne ayant préexisté au monde, et contre qui on peut directement pécher. La sagesse de Dieu, selon Proverbes 8, ne fait pas partie de la création, elle a été enfantée au commencement par Dieu, dans l’éternité, et elle est à l’œuvre dans le gouvernement du monde; elle est même au travail avec l’Éternel dans l’œuvre de la création, comme un artisan puissant.

Dans le livre du prophète Ésaïe, un autre passage de l’Ancien Testament approche de près une expression de la Trinité. Ici, c’est Dieu qui parle :

« Approchez-vous de moi, écoutez! Dès le commencement, je n’ai point parlé en cachette, dès l’origine de ces choses j’étais là. Et maintenant, le Seigneur, l’Éternel m’a envoyé avec son Esprit » (És 48.16).

Dans ce passage, le Seigneur, l’Éternel, envoie une personne qui était là dès l’origine des événements rapportés, et qui est envoyée avec l’Esprit de Dieu. Ce verset reste mystérieux, mais, prononcé dans un contexte où la foi en un seul Dieu est très stricte, par opposition aux peuples païens qui adorent toutes sortes de divinités, il nous indique quelque chose de très profond : l’existence d’un serviteur venant de Dieu lui-même, et accompagné de l’Esprit de Dieu. Or, un peu avant, au chapitre 46 du livre du prophète Ésaïe, Dieu a dit : « Souvenez-vous des premiers événements; car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre, je suis Dieu et rien n’est semblable à moi » (És 46.9). Au chapitre 42 du même livre, il est parlé de du serviteur de l’Éternel en ces termes :

« Voici mon serviteur auquel je tiens fermement, mon élu en qui mon âme se complaît. J’ai mis mon Esprit sur lui; il révélera le droit aux nations. Il ne criera pas, il n’élèvera pas la voix et ne la fera pas entendre dans les rues. Il ne brisera pas le roseau broyé et il n’éteindra pas la mèche qui faiblit; il révélera le droit selon la vérité. Il ne faiblira pas ni ne s’esquivera, jusqu’à ce qu’il ait établi le droit sur la terre, et que les îles s’attendent à sa loi » (És 42.1-4).

Nous venons de passer en revue quelques passages de l’Ancien Testament qui font allusion au fait qu’en Dieu, qui est un, coexistent éternellement trois personnes. L’Esprit de Dieu, le Serviteur de l’Éternel ou l’ange de l’Éternel sont mentionnés à plusieurs reprises au cours des écrits de l’Ancien Testament, et bien qu’on ne puisse formuler une doctrine précise de la Trinité à partir de ces passages, ils indiquent toutefois que l’unicité de Dieu, qui se distingue de toutes les idoles païennes, n’exclut pas l’existence de plusieurs personnes au sein de la divinité. L’idée de Messie dans l’Ancien Testament, c’est-à-dire d’un envoyé de Dieu qui est bien plus qu’un ange, et qui est chargé de gouverner la création avec justice, pointe aussi vers cette direction.

Les rois d’Israël ou de Juda, en tant qu’oints de l’Éternel sur terre, portent bien le titre de Messie, mais lorsqu’on étudie les passages de l’Ancien Testament qui concernent le Messie, on s’aperçoit vite qu’ils ont une portée qui dépasse telle ou telle personne royale d’une lignée terrestre de rois humains. En ce sens, on peut dire qu’une personne comme le roi David, prototype de celui qui est oint par Dieu pour régner, est la figure, ou le type d’un Messie à venir qui sera, lui, parfait et éternel. Il est aussi clair d’après l’Ancien Testament que ce Messie, que les Juifs attendaient avec impatience, sera un descendant direct du roi David, appartenant à la tribu israélite de Juda.

On pourrait passer beaucoup de temps à étudier tous les passages de l’Ancien Testament qui parlent de l’unité de Dieu et qui excluent absolument toute idée qu’il y aurait plusieurs dieux, et aussi ceux qui font d’une manière ou d’une autre allusion à plusieurs personnes au sein de la divinité unique. Mais nous nous arrêterons ici, et nous parlerons maintenant en détail de la révélation divine concernant le Dieu Père, Fils et Saint-Esprit tel qu’elle nous apparaît clairement dans le Nouveau Testament.

3. Le Dieu trinitaire dans le Nouveau Testament🔗

C’est dans le Nouveau Testament que la révélation d’un seul Dieu en trois personnes devient tout à fait claire. Et c’est la venue sur terre du Messie attendu, Jésus-Christ, qui rend pour nous cette révélation suffisante.

Examinons ensemble plusieurs textes du Nouveau Testament qui d’une part confirment l’unicité de Dieu, et d’autre part clarifient la notion d’un seul Dieu en trois personnes. Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, Paul écrit :

« Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs? Ne l’est-il pas aussi des païens? Oui, il l’est aussi des païens, puisqu’il y a un seul Dieu qui justifiera en vertu de la foi les circoncis, et au moyen de la foi les incirconcis » (Rm 3.29).

Dans la lettre de Paul aux Galates, nous lisons : « Or le médiateur n’est pas médiateur d’un seul, tandis que Dieu est unique » (Ga 3.20). Cette confession de l’apôtre chrétien Paul vient en droite ligne de l’Ancien Testament, en particulier du livre du Deutéronome : « Écoute Israël! L’Éternel notre Dieu, l’Éternel est un. Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Dt 6.4-5). Or, ce même Paul, qui prêche l’Évangile de Jésus-Christ et qui se situe en droite ligne de ce passage du Deutéronome, peut écrire dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe les paroles suivantes :

« Car, quoiqu’il y ait ce qu’on appelle des dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, — et de fait, il y a beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs, — néanmoins pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes » (1 Co 8.5-6).

Vous voyez que Paul, qui affirme constamment qu’il n’y a qu’un seul Dieu, parle aussi de Jésus-Christ en terme de Seigneur et ajoute même que c’est par lui que toutes choses existent et que nous sommes. Or, dire ceci c’est sans l’ombre d’un doute attribuer la divinité à Jésus-Christ, tout en affirmant qu’il y a un seul Dieu.

Examinons d’autres textes écrits soit par l’apôtre Paul, soit par un autre auteur du Nouveau Testament. En concluant sa seconde lettre aux Corinthiens, Paul les salue de cette manière : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous! » (2 Co 13.13). Ici, nous avons une formule trinitaire très claire.

Nous avons aussi vu dans un autre article1 concernant l’action de Dieu au sein de l’Église de Thessalonique que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont actifs dans la fondation et l’édification de cette jeune communauté chrétienne. Rappelons brièvement l’essentiel du premier chapitre de la lettre de Paul aux Thessaloniciens : la salutation initiale de cette lettre s’adresse à « l’Église des Thessaloniciens qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus-Christ » (1 Th 1.1). Puis, Paul dit :

« Nous nous souvenons sans cesse, devant Dieu notre Père, de l’œuvre de votre foi, du travail de votre amour, et de la fermeté de votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Th 1.3).

À la fin du chapitre, la relation entre le Père et Jésus-Christ, son Fils, devient claire lorsque Paul écrit :

« On raconte, à notre sujet, quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous vous êtes convertis à Dieu, en vous détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir » (1 Th 1. 9-10).

Mais l’Esprit Saint est aussi mentionné dans ce chapitre, comme nous le voyons dans le passage suivant :

« Nous savons, frères bien-aimés de Dieu, que vous avez été élus, car notre Évangile n’est pas venu jusqu’à vous en paroles seulement, mais aussi avec puissance, avec l’Esprit saint et une pleine certitude. […] Vous êtes devenus nos imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup de tribulations, avec la joie de l’Esprit Saint » (1 Th 1.4-6).

Un autre auteur du Nouveau Testament, l’apôtre Pierre, salue de la manière suivante ceux à qui il adresse sa lettre :

« Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux élus qui sont étrangers dans la dispersion : au Pont, en Galatie, en Cappadoce, en Asie et en Bithynie, élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus-Christ : Que la grâce et la paix vous soient multipliées » (1 Pi 1.1-2).

Encore une belle formule trinitaire qui nous vient directement du Nouveau Testament!

Mais que dit Jésus-Christ lui-même? Je citerai deux passages de l’Évangile selon Jean, qui nous montrent Jésus en conflit avec les Juifs au sujet de son identité.

« Mais Jésus leur répondit : Mon Père travaille jusqu’à présent. Moi aussi, je travaille. À cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, non seulement parce qu’il violait le sabbat, mais parce qu’il disait que Dieu était son propre Père, se faisant ainsi lui-même égal à Dieu. Jésus leur répondit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait également. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait; il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’étonnement. En effet, comme le Père ressuscite des morts et les fait vivre, de même aussi le Fils fait vivre qui il veut. De plus, le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé » (Jn 5.17-23).

Il est clair d’après ce passage que tout en soulignant la relation de Père à Fils qui existe entre lui et Dieu, Jésus s’attribue des caractéristiques divines auxquelles aucune autre créature n’a le droit de prétendre : le même honneur qu’à Dieu, le pouvoir de ressusciter les morts, de juger, et une communion parfaite entre lui et Dieu, communion par laquelle le Père lui montre toutes ses œuvres.

Au chapitre 8 de l’Évangile de Jean, Jésus est de nouveau en dispute avec les Juifs sur son identité. Dans ce passage, Jésus affirme qu’il existe avant Abraham, et en prononçant les mots : « Avant qu’Abraham fût, moi, je suis » (Jn 8.58). il s’attribue en fait une existence éternelle qui précède même la création du monde :

« Les Juifs lui répondirent : N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as en toi un démon? Jésus répondit : Je n’ai pas de démon, mais j’honore mon Père, et vous me déshonorez. Moi, je ne cherche pas ma gloire; il en est un qui la cherche et qui juge. En vérité, en vérité je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. Maintenant, lui dirent les Juifs, nous savons que tu as en toi un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et toi tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera jamais la mort. Es-tu plus grand que notre Père Abraham, qui est mort? Les prophètes aussi sont morts. Qui prétends-tu être? Jésus répondit : si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien. C’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : Il est notre Dieu! Et vous ne le connaissez pas; moi je le connais. Si je disais que je ne le connais pas, je serais semblable à vous, un menteur. Mais je le connais et je garde sa parole. Abraham, votre père, a tressailli d’allégresse à la pensée de voir mon jour : il l’a vu et il s’est réjoui. Les Juifs lui dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham? Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, moi, je suis. Là-dessus, ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha et sortit du temple » (Jn 8.48-59).

Toujours dans l’Évangile selon Jean, au chapitre 14, Jésus parle à ses disciples du Saint-Esprit comme d’une personne divine qui sera pour eux le Consolateur, après son départ. Il n’y a aucun doute d’après ces paroles qu’il s’agit bien d’une personne divine, et non d’une simple force spirituelle. Écoutez plutôt :

« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur qui soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure près de vous et qu’il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens vers vous » (Jn 14.15-18).

Un peu plus loin dans ce chapitre, nous lisons les paroles suivantes :

« Je vous ai parlé de cela pendant que je demeure auprès de vous. Mais le Consolateur, le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit » (Jn 14.25-26).

Le Saint-Esprit ne fait donc pas que consoler, il enseigne et rappelle aux disciples l’enseignement de Jésus.

L’évangéliste Matthieu rapporte de la manière suivante ce qui s’est passé au moment du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain :

« Aussitôt baptisé, Jésus sortit de l’eau. Et voici : les cieux s’ouvrirent, il vit l’Esprit descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu’une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Mt 3.16-17).

Lors de ce baptême durant lequel Jésus est oint comme Messie, Dieu le Père, Jésus, son Fils et le Saint-Esprit sont unis dans une même manifestation. Les mots entendus à cette occasion nous rappellent de manière frappante un passage du livre du prophète Ésaïe que nous avons vu lorsque nous avons parcouru quelques textes de l’Ancien Testament : « Voici mon serviteur auquel je tiens fermement, mon élu, en qui mon âme se complaît. J’ai mis mon Esprit sur lui » (És 42.1). Tout à fait à la fin de l’Évangile selon Matthieu, les dernières paroles de Jésus à ses disciples nous présentent clairement la triade « Père, Fils et Saint-Esprit » :

« Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-les à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.19-20).

Nous avons déjà considéré plusieurs passages tirés de l’Évangile selon Jean. Citons-en encore quelques-uns qui nous parlent en particulier de l’unité qui existe entre le Père et le Fils. Dans Jean 10, Jésus dit : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10.30). Dans la prière qu’il adresse au Père pour ses disciples, peu avant son arrestation et son procès, Jésus dit encore :

« Et moi je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un, comme nous sommes un — moi en eux, et toi en moi — afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés, comme tu m’as aimé » (Jn 17.22-23).

En ce qui concerne la personne du Saint-Esprit, le Nouveau Testament nous offre beaucoup d’éléments qui nous permettent de souscrire à la pleine divinité de l’Esprit de Dieu. Nous avons déjà cité le passage de Jean 14, où Jésus envoie l’Esprit comme Consolateur destiné à enseigner les disciples et à leur rappeler tout ce que Jésus leur a enseigné. Bien des passages triadiques dans le Nouveau Testament confirment ceci. Citons l’un d’entre eux, tiré de la seconde lettre de Paul aux Corinthiens : « Celui qui nous affermit avec vous en Christ et qui nous a donné l’onction, c’est Dieu. Il nous a aussi marqués de son sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit » (2 Co 1.21-22).

Au chapitre 5 du livre des Actes des apôtres nous est rapporté le triste récit de la fausseté d’un certain Ananias et de sa femme Saphira, qui prétendirent faire don à l’Église d’une somme provenant de la vente d’une propriété, tout en retenant pour eux-mêmes une partie du prix obtenu. L’apôtre Pierre dénonce ce stratagème en ces termes :

« Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur au point de mentir à l’Esprit Saint et de retenir une partie du prix du champ? Lorsque tu l’avais, ne demeurait-il pas à toi? Et après la vente le prix n’était-il pas à ta disposition? Comment as-tu mis en ton cœur une pareille action? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu » (Ac 5.3-4).

Il est clair, d’après ce passage, que mentir à l’Esprit Saint, c’est mentir à Dieu lui-même. Lorsque Saphira, femme d’Ananias, entre à son tour en présence des apôtres, Pierre lui dit : « Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l’Esprit du Seigneur? » (Ac 5.9). Ici aussi, c’est une personne divine qui nous est présentée, celle de l’Esprit du Seigneur, car seule une personne peut être tentée, tandis qu’une simple force ne saurait l’être.

Certes, dans le Nouveau Testament, l’Esprit Saint n’est jamais l’objet d’adoration ou de prières, mais il remplit des fonctions divines. Par exemple, il juge, comme en témoigne le passage suivant de l’Évangile selon Jean dans lequel Jésus parle à ses disciples de l’Esprit comme du Consolateur, ainsi qu’il l’a fait un peu auparavant :

« Maintenant, je m’en vais vers celui qui m’a envoyé, et nul de vous ne me demande : Où vas-tu? Mais parce que je vous ai parlé ainsi, la tristesse a rempli votre cœur. Cependant, je vous dis la vérité : il est avantageux pour vous que je parte, car si je ne pars pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement : de péché parce qu’ils ne croient pas en moi; de justice parce que je vais vers le Père, et que vous ne me verrez plus; de jugement, parce que le prince de ce monde est jugé » (Jn 16.8-11).

L’Esprit Saint répand l’amour de Dieu, d’après la lettre de Paul aux Romains : « Or l’espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5.5). L’Esprit Saint donne aussi la justice la paix et la joie, comme l’écrit Paul aux Romains dans une autre formule triadique : « Car le royaume de Dieu, c’est non pas le manger ni le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit. Celui qui sert Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes » (Rm 14.17). Au cours de la même lettre, Paul a présenté l’Esprit Saint comme celui qui intercède pour nous :

« De même aussi l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qui convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables; et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints » (Rm 8.26-27).

D’après Jésus, il est aussi possible de blasphémer contre le Saint-Esprit, ce qui est un péché impardonnable, comme nous le lisons dans l’Évangile selon Marc et dans les passages parallèles des autres Évangiles :

« En vérité, je vous le dis, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, ainsi que les blasphèmes qu’ils auront proférés; mais quiconque blasphème contre le Saint-Esprit n’obtiendra jamais de pardon : il est coupable d’un péché éternel. C’était parce qu’ils disaient : Un esprit impur est en lui » (Mc 3.28-30).

Dans le Nouveau Testament, le blasphème est un acte consistant à injurier verbalement une personne divine.

4. La portée de l’enseignement biblique sur la nature de Dieu🔗

Les textes que nous avons brièvement parcourus ne sont certes pas les seuls dans le Nouveau Testament qui indiquent clairement qu’un seul Dieu n’est pas incompatible avec trois personnes égales vivant dans une unité et une communion divines parfaites. Ces textes, et bien d’autres, ont amené les premiers docteurs de l’Église à tenter une formulation de la doctrine de la Trinité. Tous ont reconnu qu’il demeure un profond mystère dans cette révélation de Dieu sur lui-même, et que nos esprits humains ne sauraient jamais comprendre totalement l’être de Dieu (car nous ne sommes que de simples créatures, et de plus aveuglées par notre état de chute).

Mais il fallait néanmoins combattre deux tendances qui se manifestaient à propos de cette question. La première ne voulait voir dans la révélation du Nouveau Testament que trois modes d’existence du Dieu unique, par lesquels il se manifeste aux hommes tantôt comme Père, tantôt comme Fils, tantôt comme Saint-Esprit sans qu’on puisse parler de personnes coéternelles. L’autre tendance penchait vers ce qu’on appelle le trithéisme, c’est-à-dire plutôt trois dieux qu’un seul, même s’ils étaient considérés comme étant extrêmement proches l’un de l’autre. Au cours des conciles successifs, ces deux tendances ont été écartées, et l’enseignement d’un seul Dieu en trois personnes, ou agents distincts de même essence, de même volonté et travaillant aux mêmes œuvres sans que la divinité ne soit aucunement divisée, cet enseignement a été affirmé comme l’enseignement orthodoxe, c’est-à-dire véritable et conforme à la révélation biblique. Ne pas souscrire à cet enseignement c’était immanquablement se couper de la communion de l’Église et ne pas avoir accès au salut.

La doctrine de la Trinité demeure un enseignement fondamental du christianisme et ne saurait être reléguée au second plan. Car ce Dieu-là, et nul autre, est celui que les chrétiens adorent. Seul le Dieu un en trois personnes vivant en communion et unité parfaites peut être le Dieu dont l’apôtre Jean dit, dans sa première lettre : « Dieu est amour » (1 Jn 4.8). Car l’amour parfait est manifesté en lui dans la communion parfaite qui existe entre les trois personnes. Ceux qui cherchent à expliquer l’unité de Dieu à l’aide de leur raison naturelle, et refusent l’enseignement de la Trinité en invoquant des termes purement mathématiques, disant qu’on ne peut diviser ce qui est un, se trompent complètement sur le point suivant : ils cherchent à expliquer le Dieu qui est au-dessus de la création en prenant comme modèle ce qui vient de la création. Or si nous partons de ce que nous voyons dans la création au lieu de prendre comme point de départ la révélation de Dieu, nous serons immanquablement amenés à concevoir des idoles, comme c’est le cas de tant d’hommes et de femmes égarés dans leur propre imagination.

Terminons donc cet article consacré à l’enseignement biblique de la Trinité en citant cet extrait du sermon sur la Trinité de Léon, évêque de Rome au 5siècle :

« La majesté du Saint-Esprit n’a jamais été séparée de la toute-puissance du Père, et du Fils : tout ce que la divine providence opéra pour le gouvernement du monde, ce sont des actions de la très sainte Trinité, qui agit indivisiblement. C’est la même miséricorde qui nous fait grâce, c’est la même justice qui nous condamne; il n’y a rien de divisé dans l’action, il n’y a aucune différence dans la volonté. […] Nous ne disons pas que le Père, voire le Fils ou l’Esprit, coopère avec la divinité puisque celle-ci est indivisible, mais nous disons que le Père a quelques actions qui lui sont propres; que le Fils et le Saint-Esprit en ont de même, car ces actions concourent à notre rédemption; le Père a eu la compassion de nos malheurs, le Fils s’est chargé d’y remédier, le Saint-Esprit a tout enflammé par le feu de sa charité. »

1. Voir mon article intitulé Le Dieu trinitaire à l’œuvre.