Cet article a pour sujet le rapport entre la souveraineté de Dieu et l'amour de Dieu; les deux doivent être maintenus ensemble, sans tomber dans l'idée que Dieu aimerait tous les hommes en dehors de la foi et de l'espérance.

Source: Souveraineté de Dieu et responsabilité de l'homme. 3 pages.

Souveraineté et amour de Dieu

  1. Seulement la souveraineté de Dieu?
  2. Seulement l’amour de Dieu?
  3. Un amour universel?
  4. L’amour sans la foi et l’espérance?
  5. Dieu aime-t-il tous les hommes?

Les chrétiens qui mettent en avant la souveraineté de Dieu ne parlent pas de l’amour de Dieu comme ceux qui considèrent que cette souveraineté serait, en un sens, limitée, pour laisser de la place à la liberté de l’homme. Les chrétiens qui soulignent la souveraineté de Dieu peuvent même donner l’impression de ne pas beaucoup ou pas suffisamment parler de l’amour de Dieu ou de l’amour tout court. Comment cela se fait-il? Il y a probablement plusieurs raisons à ce constat.

1. Seulement la souveraineté de Dieu?🔗

Il se peut que l’accent mis de manière excessive sur la souveraineté de Dieu mette partiellement en oubli son amour. C’est fort dommage et très injuste. Aussi juste que soit la doctrine de la souveraineté de Dieu dans l’œuvre du salut, ce n’est pas la seule doctrine à mettre en avant; et ce n’est pas la doctrine qui, à elle seule, suffirait à tout résumer, à tout expliquer. Bien comprise, la souveraineté exalte la grâce de Dieu (Ép 1.6) et suscite dans le cœur beaucoup de reconnaissance et d’adoration (Ép 1.12).

2. Seulement l’amour de Dieu?🔗

Une autre explication de ce constat, c’est l’accent mis aujourd’hui sur l’amour de Dieu. Tout le monde en parle, et en parle comme si c’était la seule réalité finalement révélée dans l’Écriture, la seule qui compterait, en fin de compte. Loin de moi le désir d’amoindrir la grandeur et l’importance de l’amour de Dieu; mais ce n’est pas la seule doctrine révélée! Le professeur William Edgar parle de l’hérésie de l’amour1 en considérant cette propension à ne plus parler que de l’amour. Ce choix de ne plus parler que de l’amour tend à forger un autre Évangile que celui que nous voyons dans l’Écriture. Jésus et les apôtres n’annoncent pas l’amour : ils annoncent la repentance! Dire cela n’est pas amoindrir l’amour de Dieu!

3. Un amour universel?🔗

La concordance biblique n’est pas le meilleur moyen d’étudier la Bible, mais elle donne des indications : dans tout le Pentateuque, le mot « amour » n’apparaît qu’une fois. Les autres emplois du mot « amour » dans l’Ancien Testament parlent de l’amour de Dieu pour son peuple. Quant à l’amour du prochain, ce n’est très certainement pas l’amour universel qu’on suppose généralement2. Dans le Nouveau Testament… il en est de même. Dans les Évangiles, 8 versets seulement contiennent le mot « amour », et il s’agit de l’amour entre le Père et le Fils, de l’amour de Dieu « pour les siens », ou de l’amour fraternel qui découle des deux premiers. Il en est de même dans les lettres apostoliques. En d’autres termes, on ne reconnaît pas vraiment dans la Bible l’amour universel dont on parle si souvent, comme s’il suffisait d’en parler pour qu’il y soit.

4. L’amour sans la foi et l’espérance?🔗

Dieu est amour, mais cet amour n’existe sur la terre qu’en lien étroit avec la foi et l’espérance (1 Co 13.13). L’amour est une réalité spirituelle (Rm 5.5), révélée en Jésus-Christ (1 Jn 4.9, 13). En d’autres termes, la majorité des hommes et des femmes sur la terre ignorent ce qu’est véritablement l’amour. Ils usent de « produits de substitution », se leurrant eux-mêmes et leurrant les autres. On pourrait paraphraser ce que dit le prophète : « Ils disent amour, amour, mais il n’y a pas d’amour! » (Jr 6.14; 8.11). Paul confirme cela de manière bouleversante quand il dit qu’un homme pourrait donner tous ses biens pour la nourriture des pauvres… sans amour (1 Co 13.3). Cette découverte « pessimiste » est une invitation à venir à Christ pour découvrir l’amour de Dieu.

5. Dieu aime-t-il tous les hommes?🔗

L’affirmation « Dieu aime tous les hommes » n’est pas aisée à étayer bibliquement. Il est vrai que dire cela ainsi a quelque chose de choquant pour beaucoup. C’est parce qu’on se méprend sur la réalité de l’amour, comme aussi sur la véritable condition de l’homme vis-à-vis de Dieu. Dieu pourvoit aux besoins de tous les hommes, Dieu a de la bonté (Ps 33.5), de la patience envers tous les hommes. Cela relève de la grâce générale qui est une grâce de survie au bénéfice des hommes et des animaux (Gn 9.8-11; Ps 104.27; Mt 6.26; Ac 14.16-17). Mais la Bible dit que le Père aime le Fils et ceux qui sont en son Fils (Ép 1.3-10) : il s’agit d’un amour filial, d’un amour de communion (Jn 17.23; comparer avec 17.9)3. L’amour fraternel (« pour tous les saints » Ép 1.15) en est la continuation.

Affirmer cela amoindrit-il à nos yeux l’amour de Dieu? Pas le moins du monde!

Notes

1. Voir l’article de William Edgar : « L’hérésie de l’amour et la discipline de l’Église », La Revue Réformée, no 137, 1984/1.

2. Une étude attentive révèle que le mot « prochain » a un sens beaucoup plus précis que « tout le monde »… Voir par exemple Ép 4.25. J’ai écrit plusieurs études sur ce thème qui sont disponibles sur le site Ressources chrétiennes.

3. Le sens complexe du mot « monde » chez Jean ne permet pas d’affirmer, d’après Jn 3.16, que Dieu aime « tout le monde ». Comparer avec 1 Jn 2.15.