Cet article a pour sujet la connaissance de la volonté de Dieu qui veut que nous vivions en communion avec lui et qui nous donne ses commandements pour instaurer son règne d'amour et de paix et conduire nos vies par sa Parole et son Esprit.

Source: Croire pour comprendre. 4 pages.

Une volonté dynamique

Aucun thème biblique n’est assurément aussi complexe et essentiel que celui de notre connaissance de la volonté de Dieu. Il nous importe peu de réciter, comme un psittacisme, la phrase bien connue : « Que ta volonté soit faite. » Pour qu’elle soit faite sur la terre comme au ciel, il faut connaître ce qu’elle est, et, ajouterai-je, combien elle est, c’est-à-dire quelles sont les volontés de Dieu. Comment faire les indispensables distinctions entre des volontés qui, apparemment, semblent contradictoires et s’excluent mutuellement? Il ne servirait à rien de cacher notre intelligence sous le sable, à la manière d’une autruche peu réaliste : Il existe un problème, ne le cachons pas. La connaissance de la volonté de Dieu me paraît la chose la plus grave, la plus essentielle, souvent la plus insaisissable.

La révélation, elle, ne semble pas toujours rendre les choses aisées. Par exemple, ce texte de l’Ancien Testament facilite-t-il notre tâche? « Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu; les choses révélées sont à nous et à nos fils » (Dt 29.28). Et si, sous la plume de l’apôtre Paul, nous trouvons une explication générale telle « la volonté de Dieu est son plan éternel de salut » (Ép 1.9-11), ceci nous secourt-il quand nous nous débattons dans nos inextricables situations quotidiennes?

D’une part, nous savons que Dieu est patient : « Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le pensent. Il use de patience envers vous, il ne veut pas qu’aucun périsse, mais il veut que tous arrivent à la repentance » (2 Pi 3.9). Et qu’il désire notre sanctification : « Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification; c’est que vous vous absteniez de l’inconduite » (1 Th 4.3). Mais de quelle manière puis-je, moi, répondre à cette volonté par mes choix, mes décisions, mes comportements, de sorte que je puisse entendre comme m’étant adressée personnellement la promesse de Jésus? « Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7.21). « … Afin de vivre, non plus selon les désirs humains, mais selon la volonté de Dieu » (1 Pi 4.2).

J’espère que vous savez, lecteurs, qu’arrivés à ce point nous n’avons pas fait que poser des questions; nous avons aussi affirmé implicitement un certain nombre de points sous forme interrogative.

Je viens d’énoncer, dans les grandes lignes fondées sur ces textes scripturaires, la claire et suffisante expression de la volonté de Dieu. À partir de là, nous aurons à relier les différents aspects de cette volonté suprême, afin que notre réponse et notre disposition à son égard deviennent authentiques.

Nous savons, aussi bien explicitement qu’implicitement, que la volonté générale de Dieu est la communion qu’il désire établir entre nous et lui. Nous savons également qu’il ne s’agit pas d’un principe abstrait, mais de plans, de procédures, de rapports concrets entre divers aspects qui sont coordonnés et prouvent que la volonté de Dieu est une réalité saisissable. Ne nous demande-t-il pas de croire? Et surtout d’obéir? Dieu n’énonce pas une volonté abstraite; il la fait toujours accompagner et la rend explicite par ce que le langage biblique et chrétien appelle ses commandements. Et si moi, chrétien, je suis appelé à obéir, n’est-ce pas à la volonté d’un Père céleste qui se présente en Christ, dans sa Parole et par son Esprit? Il ne s’agit pas d’une volonté inexorable, impossible à scruter, m’obligeant à conjurer des forces aveugles, pour en saisir une bribe ou échapper à son étau. C’est plutôt la volonté active d’un Père de grâce, qui s’annonce et s’accomplit pour l’instauration d’un règne dynamique d’amour et de paix, de salut et de bien.

Je viens de prononcer encore le nom du Christ : Comment pourrais-je faire autrement? N’est-il pas le Seigneur et nous ses serviteurs? Voire, selon une traduction plus littérale, « ses esclaves », totalement soumis à sa volonté? Je reconnais avec vous qu’à une époque qui dure déjà depuis fort longtemps, je devrais dire qui n’a pas trop varié, et dont le slogan permanent reste : « Ni Dieu, ni Maître », il est difficile de soutenir une telle assertion. Face à un monde qui nage dans les eaux troubles des fausses démocraties et d’une liberté devenue piège pour nous enfermer dans de nouvelles aliénations, affirmer la souveraineté de Dieu sur nos vies semble relever de l’absurde. Mais, quel que soit le contexte historique, nous savons que pour nous, disciples et confesseurs du Christ, c’est une question de vie ou de mort que celle de parler encore, et en dépit de tout et de tous, de sa souveraine seigneurie. En dernier ressort, il n’existe dans ce monde que deux sortes de seigneuries, et, partant, deux sortes de servitudes : celle du Christ Libérateur et celle de l’adversaire, aliénant et annihilant (Rm 6.15-23). Saint Paul, dont nous ne pouvons pas nous passer un seul instant, rend la chose explicite, terriblement claire : « Le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 6.23).

La foi biblique n’a rien d’un légalisme stérile et mortel. Elle se nourrit de la grâce qui la soutient, l’inspire et l’engage pour une volonté suprême, qui demeure toujours vivante et sans cesse dynamique.

Certains textes de la Bible sont clairs comme l’eau pure; ils nous annoncent ce que nous sommes tenus de faire. Songeons par exemple aux dix commandements. Le Décalogue doit être interprété selon l’analogie de l’Esprit; alors il deviendra une volonté conduisant à la vie. Ou encore au sermon de Jésus sur la montagne. L’un comme l’autre ne sont jamais des commandements au sens courant du terme, des principes impersonnels exprimant une idée du genre « c’est à prendre ou à laisser ». Les commandements de Dieu sont toujours en rapport avec celui qui les a énoncés. Ordres personnels d’un Dieu personnel, d’un Sauveur personnel. Le Christ nous parle directement de la part de Dieu comme le fait le Décalogue de l’Ancien Testament mille ans avant lui.

Nous avons fait un bout de chemin dans notre connaissance de la volonté de Dieu. Il reste pourtant un domaine plus restreint, celui de son application dans notre vie personnelle et pour un certain nombre de choix personnels; j’entends : quelle sera la profession à suivre, l’épouse à choisir, ou encore quel sera le lieu où je m’installerai? Y a-t-il une volonté divine explicite dans les affaires essentielles de notre vie personnelle?

Ici, il n’y a pas de règlement intérieur très précis, mais surtout le principe général de l’amour de Dieu et celui envers le prochain. Si Denise est plus enthousiaste dans la foi, alors, jeune homme, épousez Denise plutôt que Virginie, qui ne semble pas trop décidée à s’engager pour le Christ, même si elle est plus jolie, voire plus coquette, et a une meilleure situation que la précédente. Ou encore, si vous estimez qu’en entrant dans une grande école vous servirez mieux le règne du Sauveur, je vous conseille vivement d’entrer à l’École nationale d’administration et de servir Dieu par votre compétence professionnelle plutôt que de devenir missionnaire. Mais si vous en avez absolument la conviction, suivez des études de théologie, à condition — et là j’insiste, non pas pour vous décourager, mais pour vous inviter à un examen honnête de vos motivations — que ces études de théologie ne soient pas le prétexte pour abandonner un travail inintéressant, avec l’espoir que la théologie vous procurera moins de désagréments et plus de facilité pour vous accomplir vous-mêmes! J’ai vu trop de ministères pastoraux craquer et être ruinés parce que l’ambition d’une mère, d’une grand-mère ou les rêves et illusions d’un candidat avaient eu plus de poids à l’origine que la connaissance expresse de la volonté du Père céleste.

De toute manière, aucune de nos décisions, aucun de nos choix ne peut se passer ni de la demande du Saint-Esprit ni d’une prière persévérante et ardente. Je ne veux pas insinuer que des préférences et des goûts personnels n’auront pas un rôle à jouer, mais ce n’est pas l’essentiel.

La volonté dynamique de Dieu veut nous conduire à la vie. Jésus a dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 4.34). Il parle de sa propre obéissance à Dieu, de sa motivation d’entrer dans le jeu du Royaume. Il nous invite à nous placer sur le même chemin; et ma connaissance et l’acceptation de cette volonté donnent la structure ainsi que l’orientation pour toute ma vie.

Pour Jésus, une telle obéissance était le facteur essentiel de l’instauration du Royaume et de l’élimination de l’adversaire.

Je dois pourtant signaler un terrain extrêmement glissant. C’est celui où se tiennent les partisans de la morale dite nouvelle, de « l’éthique de situation ». La « nouvelle morale » est d’accord que l’amour de Dieu doit être l’absolu principe générateur, mais soutient que tout autre principe, règle, commandement doivent en être exclus. Par exemple : si un homme marié rencontrait une femme seule ou abandonnée cherchant affection et compréhension, cet homme, même chrétien, pourrait, disent-ils au nom de l’amour-commandement, s’unir à elle! Ici, l’amour dit chrétien devient la source principale d’une nouvelle hérésie. Ce qui compte c’est le sentiment subjectif plutôt que l’amour-commandement, puisqu’au nom même de l’amour de Dieu le Père, Dieu le Fils et la rédemption sont définitivement évacués de la morale chrétienne.

Il peut y avoir des conflits de devoirs; là, le problème est autre. Ainsi, nous savons qu’un commandement interdit de tuer; mais le moment peut venir où, pour défendre la vie de sa famille, voire de son pays, il faudra accepter de l’enfreindre. Non pas en toute bonne conscience, mais reconnaissant devant Dieu l’impossibilité d’obéir parfaitement à son commandement et invoquant sa grâce, afin qu’un mal moindre puisse combattre un mal plus grand. Mais nous devons nous attacher, en principe, à tous les commandements révélés.

Aussi, il est clair que ce n’est jamais à titre individuel que nous aurons à déterminer ce qu’est la volonté de Dieu, mais cherchant la direction de l’Esprit, priant dans la communion, au sein d’une Église déterminée à bien comprendre la Parole pour mieux la mettre en pratique.