Ésaïe 59 - La morale en question
Ésaïe 59 - La morale en question
« Nul ne porte plainte avec justice, nul n’entre en jugement avec fidélité; ils se fient à du vide et disent des non-sens, ils conçoivent l’oppression et enfantent l’injustice. Ils font éclore des œufs d’aspic et tissent des toiles d’araignée. Celui qui mange de leurs œufs en meurt; et, si l’on en brise un, il en éclôt un cobra. Leurs toiles ne servent pas à faire un vêtement, et ils ne peuvent se couvrir de leur ouvrage; leurs œuvres sont des œuvres d’injustice, et des actes de violence sont dans leurs mains. Leurs pieds courent au mal, ils ont hâte de répandre le sang innocent; leurs pensées sont des pensées d’injustice, le ravage et la ruine sont sur leurs routes. Ils ne connaissent pas le chemin de la paix et il n’y a point de droit sur leurs traces; ils se font des sentiers tortueux : Quiconque y marche ne connaît pas la paix.
C’est pourquoi le droit reste loin de nous et la justice ne nous atteint pas; nous espérions la lumière, et voici les ténèbres; la clarté, et nous marchons dans l’obscurité. Nous tâtonnons comme des aveugles le long d’un mur, nous tâtonnons comme ceux qui n’ont pas leurs yeux; nous trébuchons au milieu du jour comme au crépuscule, au milieu de l’abondance nous ressemblons à des morts. Nous grognons tous comme des ours, nous murmurons sans arrêt comme des colombes; nous espérions le droit, mais rien! Le salut, mais il est loin de nous. Car nos crimes sont nombreux devant toi et nos péchés témoignent contre nous; nos crimes sont avec nous et nous connaissons nos fautes : Crimes et tromperies envers l’Éternel, écarts loin de notre Dieu; paroles de violence et de rébellion, paroles de mensonge conçues et murmurées dans le cœur, de sorte que le droit a été repoussé et que la justice se tient éloignée; car la vérité trébuche sur la place publique et la droiture ne peut approcher. La vérité a disparu et celui qui s’éloigne du mal se fait piller. L’Éternel voit et trouve mauvais que le droit n’existe plus. »
Ésaïe 59.4-15
« La morale se propose d’établir quelle est la meilleure façon de vivre; elle oppose le bien au mal; elle est la science du devoir et des devoirs; de l’ordre idéal de la vie; l’idée que certains actes, certains sentiments sont bons, d’autres mauvais. Psychologie de l’homme bon, et du héros. »
C’est ainsi que définit la morale le manuel de philosophie que je viens de consulter.
Parler de morale et de certaines règles de conduite semble devenu de nos jours une tâche quasi impossible, sinon ridicule, au regard de nos contemporains. Car la « nouvelle norme » en ce qui concerne les mœurs modernes est de ne rien interdire. Rien, plus rien n’est répréhensible si ce n’est l’interdiction elle-même. On se souviendra du célèbre graffiti de mai 68 : « Il est interdit d’interdire! » Il n’y a ni bien ni mal à se comporter de manière contradictoire, même dans des domaines essentiels des activités humaines et sociales. Rien n’est vraiment bon ou mauvais en soi, mais tout dépend « de la situation » où l’on se trouve. Seules doivent être interdites les interdictions, car elles donnent des complexes à nos contemporains et traumatisent aussi bien les petits enfants que ceux qui n’ont jamais grandi, même après 70 ans… Et puis interdire ne suppose-t-il pas la censure, chose dégradante entre toutes pour les prétendus libérés de l’époque post-moderne et métachrétienne?
Avec de telles idées sur la morale, il ne faut pas s’étonner de voir la délinquance monter à la vitesse d’une fusée à réaction : agressions, vols, terreur, rançons, attentats à la pudeur, viols… La liste des turpitudes serait bien longue à énumérer, mais nous savons qu’elles sont monnaie courante sur le marché de l’immoralité moderne. La sexualité débridée emporte dans ses vagues immondes aussi bien les adultes que les jeunes, et les adolescents y sont plongés jusqu’au cou. Mais pourquoi s’en faire puisque la science médicale, la technique et la chimie sont mises au service de tous les libertinages et que toute jeune fille avertie, parfois à peine sortie de l’enfance, peut user librement de son corps et le laisser consumer par le premier venu? De nos jours, la débauche est considérée comme « libératrice… »
Parler encore d’honnêteté, de respect pour ce qui appartient à autrui, d’honneur ou de pureté du corps, de mariage et de fidélité signifie se voir rejeter sans appel dans le camp des attardés qui s’accrochent aux débris d’une morale poussiéreuse, heureusement en voie de disparition… Si vous avez l’outrecuidance de parler de « bonnes mœurs » ou de quelque chose de semblable, vous êtes sans doute un individu irrécupérable, un déchet social bon pour l’asile… Car la morale n’existerait que dans l’esprit tordu des obsédés de répression et dans le discours de ceux qui cultiveraient de façon morbide, à votre intention, le sentiment de la faute. Si par hasard on est pris en flagrant délit et qu’on est obligé d’avouer et de reconnaître des faits répréhensibles, ce sera uniquement dans le dessein d’accabler « la société » en général et ceux qui sont censés exercer une autorité quelconque en particulier.
Reconnaissons que nos contemporains, jeunes ou moins jeunes, ne sont pas tombés dans le piège de ces « libérations » de manière automatique. La plupart d’entre eux ont été élevés dans des foyers ou les notions de justice et de morale ont brillé par leur absence, sans parler des lycées et des universités. Ce manque d’éducation dans les choses essentielles de l’existence a marqué leurs jeunes vies dès le départ. Or l’absence de toute notion de morale et de justice est le plus grand fléau de notre époque, plus grave que la bilharziose qui décime les populations faméliques du Quart-Monde et plus dégradant que le sida emportant ceux qui se sont offert les plaisirs empoisonnés de mœurs dévoyées. Je ne parle, bien entendu, que de ceux qui sont directement responsables de leur déchéance et non des victimes innocentes. L’inflation économique n’est rien comparée à cette absence-là et le chômage est moins catastrophique que l’activisme qui démolit toute notion de morale et de justice. N’écoutons pas, voulez-vous, les démagogues et les aventuriers de la vie sociale, hommes rusés et malhonnêtes qui expliquent avec une habileté tout intéressée le pourquoi et le comment des crises d’ordre sociopolitique et économique, incapables et réfractaires à toucher au fond des problèmes réels.
Le bien et le mal, lit-on dans les catéchismes de la postmodernité, sont des notions tout à fait relatives; les valeurs morales sont différentes selon les régions et les climats. Ce qui est bon ici pourrait être mauvais ailleurs. Tout est fonction de goût, de géographie, de température et de culture… Je ne nierai pas qu’on puisse trouver un certain élément de vérité dans pareille assertion, mais l’erreur qu’elle contient est bien plus grande. En fait, elle est très grave et dangereuse, car les vérités morales ont existé de tout temps et sous tous les climats. Les grandes religions du monde ont toutes un code moral qui protège la cellule familiale et la vie sociale. Quiconque viole ce code sape les fondements et de la vie sociale et de sa propre vie. De nos jours, le bien et le mal sont devenus des termes caducs, et la justice, elle, sert plutôt à renforcer l’autorité des injustes et à jeter un défi supplémentaire à ceux qui s’attachent à un code moral.
Mais que peut-on attendre d’hommes et de femmes qui délibérément refusent Dieu, le Dieu de la vraie justice et de la vraie morale? À ce Dieu, ils ont préféré une caricature abjecte, un dieu dont la politique de permissivité tolère tout sans jamais demander des comptes; un dieu qui bénirait sans distinction et sans acception aussi bien l’innocente victime, parfois moins, que l’ogre agresseur et violeur.
Ésaïe le prophète, vivant il y a vingt-cinq siècles, décrivait l’homme dans les termes lus plus haut. Dans ce texte prophétique, nous trouvons le portrait de l’homme qui a perdu le sens de la justice et qui a cessé de croire en un Dieu juste et bon. Cet homme a horreur d’une loi morale et refuse d’obéir aux commandements. De nos jours, des prédicateurs « dans le vent », « dans le sens de l’histoire », flattent les vils instincts de l’homme en annonçant un évangile d’après lequel tout serait relatif.
Pour nos jours réputés plus éclairés, on se fabrique de toutes pièces un dieu ad hoc plus « éclairé » et plus accommodant. Mais de quel dieu s’agit-il? De celui de la Bible dont la justice est absolue et dont la Parole oppose vérité et mensonge, déclare blanc ce qui est blanc et noir ce qui l’est? Certainement pas. Le dieu que les hommes appellent de leurs vœux est un dieu à leur image et ressemblance, un dieu invertébré au service de leurs convoitises, qui pardonnera « parce que c’est là son métier »… Un dieu dont le métier serait d’essuyer des larmes sans jamais prononcer un mot de réprobation… Mais le Dieu que nous connaissons et que nous servons est celui qui révèle sur les pages du Livre sa sainteté parfaite et sa justice absolue.
La vie de Jésus-Christ en est la plus parfaite illustration. Comment peut-on s’imaginer que notre société subsistera sans morale? La Parole de Dieu nous avertit : « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi » (Ga 6.7). Ce qui est vrai dans le domaine de la nature l’est aussi dans celui de l’esprit. On ne peut cueillir des raisins sur les ronces, disait Jésus. Pourtant les hommes n’arrêtent pas de se faire des illusions dans ce domaine. Ils sèment le péché en s’imaginant cueillir le bonheur, la justice et la tranquillité. Ils s’acharnent à ignorer qu’un seul péché produit son centuple, car le mal connaît une moisson large, pressée et abondante de malédictions…
C’est pourquoi nous devons prendre garde à ne pas poser des questions inutiles comme celle de « l’injustice de Dieu » devant la souffrance humaine. Nous le tenons peut-être comme responsable des malheurs qui s’abattent sur nous parce que nous n’aimons pas un Dieu qui juge les hommes à cause de leur péché. Nous aimerions l’apprivoiser et le rendre souple, adaptable à nos formules et à nos modes de pensée et d’action.
Mais voici la vraie question : Sommes-nous disposés à accepter un Dieu de justice, de sainteté et de rétribution? Si nous le refusons, ne nous étonnons pas alors de la sinistre floraison de délinquance, de criminalité et de corruption généralisée dans tous les domaines. Quelle raison aurions-nous de nous plaindre, si nous acceptons une société où tout est permis, où tout est relativisé, où l’on refuse de prendre au sérieux les commandements de Dieu, indifférente à sa colère et inconsciente aux dangers et aux menaces qu’elle attire sans cesse sur elle? Si la loi morale ne fonctionne pas de manière verticale, elle ne fonctionnera pas non plus de manière horizontale.
Ainsi la question décisive demeure : Croyons-nous en un monde où doit dominer la justice de Dieu et la morale biblique? Si nous refusons de croire cela, nous n’avons aucun droit de nous scandaliser si nous sommes plongés, toujours davantage, dans l’immoralité, l’injustice, l’anarchie et le crime. Si tel est notre choix, il ne faut pas compter sur la miséricorde de Dieu. Car sa justice et sa miséricorde vont de pair. Si nous refusons la première, la seconde ne nous sera pas accordée. Seul un Dieu absolument juste peut être un Dieu absolument bon, juste et compatissant à la fois. « Regardez-moi, et vous serez sauvés. Je suis Dieu, il n’y a pas d’autre Dieu que moi ». Le salut, le bien et la liberté ne viennent que d’un Dieu absolument juste. Lorsque la Bible nous parle d’un Dieu compatissant, elle n’affirme pas que nous aurons affaire à un Dieu indulgent et sentimental, car sa bonté ne se déploie jamais aux dépens de sa justice.
C’est là d’ailleurs le secret de son amour déployé dans la vie, la passion et la mort de Jésus-Christ, son Fils unique, notre Sauveur. Christ a pris sur lui le châtiment du péché pour satisfaire aux exigences de la loi et pour supporter la colère de Dieu, afin de justifier le pécheur. Le mont Sinaï, sur lequel a été donnée la loi, est proche du mont Calvaire, où le Fils de Dieu a été crucifié.
C’est en la personne et dans le ministère de Jésus-Christ que nous voyons réunis la justice et l’amour de Dieu. Le Dieu juste qui hait le mal répand aussi la grâce qui sauve le malfaiteur lorsque celui-ci se repent et marche en nouveauté de vie. Le feu dévorant de sa sainteté se transforme alors en rayon lumineux d’une grâce surabondante. Il y a une place pour chacun d’entre nous. Vous y êtes-vous rendu en pécheur qui confesse ses fautes et qui se repent? Vous êtes-vous converti à Dieu? C’est la seule question vitale, celle dont dépend votre salut ou votre perdition, dans la vie comme face à la mort.