Cet article a pour sujet la révolution motivée par le désir d'un monde meilleur, qui ne conduit qu'à la violence, sans réel changement, alors que Jésus produit le miracle de la vie nouvelle et de la nouvelle création (2 Corinthiens 5.17).

Source: L'homme en question. 3 pages.

2 Corinthiens 5 - Révolution ou vie nouvelle

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; Voici : toutes choses sont devenues nouvelles. »

2 Corinthiens 5.17

Des révolutions violentes agitent notre monde dans bien des endroits, et parfois même, nous autres croyants, nous ressentons la fascination de ce qu’on appelle l’esprit de la révolution. Par certains de ses aspects, elle nous rappelle de manière frappante les premiers chrétiens et certains de leurs objectifs. Beaucoup de non-chrétiens sont attirés par la personnalité de Jésus et par certains aspects de son message. Notre sensibilité chrétienne n’est pas indifférente au désir d’un monde meilleur qu’on trouve chez de nombreux révolutionnaires. Ne veulent-ils pas, dans une certaine mesure, combattre le mal? Ne rêvent-ils pas de structures sociales plus justes? Ne sont-ils pas contre la discrimination raciale, l’impérialisme asservissant, les défauts des systèmes économiques en place, et que sais-je encore? Nous partageons avec eux la grande et amère déception devant l’évolution des relations internationales et de toutes les affaires de ce monde en général…

Il n’est pas étonnant que certains chrétiens aient affirmé, hâtivement et avec naïveté, que l’évangile vraiment nouveau, celui qu’il faut prêcher pour sauver le monde, est celui de la révolution! Ils ont la conviction que seul un tel esprit pourra offrir aux vieilles Églises une nouvelle chance et aux chrétiens anémiques une vigueur nouvelle pour la conquête du monde. C’est ainsi qu’à notre époque, le vent de la révolution balaye sur son passage pays et sociétés… La société, la culture, l’art et la littérature — et même l’Église chrétienne — sont remis en question et tombent sur son emprise.

Pourtant, analysé de près, cet esprit se révèle incompatible avec l’Évangile. Non pas que les chrétiens puissent se figer dans un conservatisme passif et réactionnaire, mais l’esprit de la révolution — idéaliste ou matérialiste — est celui de l’athéisme, et son slogan reste : « Ni Dieu ni maître ». Si on va jusqu’au fond des choses, toute révolution violente et athée est davantage dirigée contre Dieu que contre tel ou tel régime politique, et ne peut susciter que l’aversion du croyant. Elle conduit soit au totalitarisme — au nom même de la liberté — soit à l’anarchie, au nihilisme et à la destruction de toute valeur. Elle aboutit à l’irrationnel.

Le chrétien désire le changement, lui aussi. Mais son désir, sa faim et sa soif de justice ne sauraient être appelés « révolution chrétienne ». Le chrétien parle de la nouveauté de vie en Jésus-Christ. C’est en Christ qu’il envisage la révision totale de sa vie privée et la réfection radicale de la société dans laquelle il vit. Cette attente est inconciliable avec le programme des révolutionnaires, totalitaires ou anarchistes.

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Co 5.17). Ce texte biblique peut inspirer notre pensée et stimuler notre action. Il y est question d’une création nouvelle, il est le signe d’une rupture totale avec le passé et les choses anciennes. Il existe une telle possibilité de changement, qu’on peut vraiment parler d’une création nouvelle. Elle n’est pas révolutionnaire, car la révolution la plus violente n’est, en définitive, que le réarrangement de la société et de tout ce qui existe. Et nous savons que ce n’est pas la révolution, quelle qu’en soit la couleur, qui change le cœur de l’homme… C’est pourquoi toutes les révolutions, anciennes ou modernes, sont inutiles et inefficaces. Elles ont donné la preuve de leur totale impuissance à changer quoi que ce soit d’essentiel. Selon la conviction chrétienne, le changement ne peut être réel que par la seule intervention inattendue, surprenante et miraculeuse de Dieu. Dieu met en branle des forces nouvelles; c’est alors que surgit un mouvement dynamique qui place l’homme sur une voie nouvelle pour l’orienter vers la seule direction valable.

Création nouvelle signifie la rédemption et la libération de l’homme pour Dieu. Tout devient alors nouveau; aussi bien le cœur que la terre et le ciel. Cette nouveauté n’est pas le remodelage de ce qui est ancien ni le raccommodage de ce qui est vieux, mais le changement radical que Dieu opère quand il pénètre dans notre vie et conteste notre monde déchu, lorsqu’il réclame pour lui notre personne tout entière ainsi que tout ce qui existe.

Les méthodes que Dieu utilise sont différentes de celles qu’utilise la révolution. Celle-ci agit par la violence; l’ordre nouveau qu’elle prône doit s’établir par la destruction de l’ancien pour aboutir, fatalement, à la même corruption si ce n’est à une corruption pire. Mais si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Cette nouveauté est liée à la personne du Christ. Jésus-Christ est la condition indispensable de tout changement. L’homme nouveau est la création nouvelle par excellence, qui se trouve en Jésus-Christ. Christ est venu prêcher le règne de l’autorité de Dieu. Il a manifesté cette autorité; il a invité les hommes à la liberté; il a inauguré l’ordre nouveau dans lequel tout peut changer. Par sa vie, par sa mort et par sa résurrection, il a achevé la réconciliation aussi bien pour l’homme individuel que pour la société. Les cieux et la terre sont désormais sous le signe du rétablissement de toutes choses. Tout homme doit lui être soumis; toute pensée doit être amenée captive à Jésus-Christ le Fils de Dieu, le Sauveur des hommes.

Ainsi, la nouveauté dont nous parle saint Paul n’est pas une idée abstraite, une théorie de plus. Nous pourrons, au contraire, l’expérimenter et la vivre, si nous entrons dans la pleine communion avec le Seigneur, si notre vie est unie à la sienne. Être en Christ, c’est avoir son Esprit. La présence de son Esprit chez les apôtres et chez les premiers chrétiens n’était pas ressentie comme une influence vague, mais était liée à l’enseignement des apôtres, donnée à tous ceux qui, réunis ensemble, persévéraient dans la communion, dans la prière et dans l’amour fraternel. Grâce au Saint-Esprit, le peuple de Dieu pouvait accomplir les bonnes œuvres qui témoignaient du changement qui s’était produit dans leur existence. La grâce formait un peuple nouveau, une nation sainte, un sacerdoce royal. Ce peuple ne vivait pas selon les règles du monde, car sa citoyenneté était au ciel. Il regardait au modèle de la cité céleste, celle dont l’architecte est Dieu lui-même.

Mais alors, comment le chrétien peut-il encore contribuer à édifier la cité terrestre? Tout, dans notre vie, dépend de la foi. Ceux qui sont en Christ savent que l’esprit révolutionnaire est une attitude chimérique malgré les apparences, qu’il mène à l’anarchie et à la destruction malgré toutes ses promesses, qu’il est le mythe et le mirage des temps modernes. Les preuves, hélas!, ne manquent pas… Même si on se complaît parfois à exalter les prétendues réussites révolutionnaires, elles sont toutes des accomplissements sans lendemain.

Dieu veut le changement de notre monde. Nous pouvons y collaborer d’abord par notre témoignage, notre piété chrétienne, l’exercice de la vie spirituelle, la prière, la lecture de sa Parole et par notre participation à la mission. La société ne s’améliorera pas par l’avènement de nouveaux régimes si le terrain sur lequel ils s’instaurent est fragile et instable, si le cœur des hommes demeure inchangé… La culture ira en se dégradant et la civilisation continuera sa course inexorable vers une décomposition totale.

Mais dans la mesure où nos vies seront remplies de joie, d’espérance et de zèle missionnaire, nous aurons contribué efficacement à la transformation de notre monde. Tous les disciples de Jésus-Christ savent que leur tâche prioritaire et urgente consiste à répandre l’Évangile, à annoncer et à instaurer l’autorité de leur Sauveur. Sa croix reste au-dessus de toutes les mêlées, de toutes les agitations et de tous les désordres humains.

Suivre le Christ nous engage à rejeter l’esprit de la révolution et sa conformité avec le monde présent.

Suivre Christ nous invite à renouveler notre foi en lui et à exécuter ses ordres.

Suivre le Christ c’est croire que Dieu peut faire de grandes choses pour nous si nous lui sommes fidèles, car nous savons que notre secours vient de Dieu, qui a fait les cieux et la terre…