Cet article a pour sujet l'amour chrétien qui est indissociable de la foi et de l'espérance. C'est amour est l'amour du Christ qui nous est communiqué par sa vie en nous et qui nous permet d'aimer tous les saints.

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Aimer de l'amour de Christ

« Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Jean 13.34-35

« Nous rendons grâces à Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et nous prions sans cesse pour vous; nous avons en effet entendu parler de votre foi en Christ-Jésus et de l’amour que vous avez pour tous les saints, à cause de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux, et que la parole de vérité, celle de l’Évangile, vous a précédemment fait connaître. »

Colossiens 1.3-5

« Car c’est la volonté de Dieu qu’en faisant le bien vous réduisiez au silence l’ignorance des insensés, comme des hommes libres, sans faire de la liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais comme des serviteurs de Dieu. Honorez tout le monde; aimez vos frères, craignez Dieu; honorez le roi. »

1 Pierre 2.15-17

  1. L’amour chrétien, c’est l’amour même de Christ!
  2. La foi, l’espérance et l’amour
  3. Votre amour pour tous les saints

Je voudrais inviter chacun de vous à imaginer son cœur comme une coupe — grande ou petite, peu importe — que Dieu veut remplir jusqu’à ce qu’elle déborde.

« Tu oins d’huile ma tête et ma coupe déborde » (Ps 23.5).

Je voudrais aussi inviter chacun à imaginer son Église comme une coupe — grande ou petite, peu importe — que Dieu veut remplir jusqu’à ce qu’elle déborde.

« Qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble. C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête, descend sur les bords de ses vêtements » (Ps 133.1-2).

Ce débordement, c’est la bonne odeur de Christ, c’est le témoignage naturel des chrétiens et de l’Église dans ce monde. La phrase-résumé de mon message est celle-ci :

La vie chrétienne, c’est la vie même de Christ en nous.

1. L’amour chrétien, c’est l’amour même de Christ!🔗

Les Églises sont souvent tentées de s’organiser comme de sympathiques associations cultuelles, avec des réunions et des activités… Mais un chrétien ou une Église peuvent avoir beaucoup d’activités et peu de vie. Ne nous trompons pas!

Dans sa première lettre, l’apôtre Pierre écrit : « Avant tout, ayez les uns pour les autres un amour fraternel ardent » (1 Pi 4.8). Il ne dit pas : Faites, mais : Ayez!

Dans le même sens, Paul dit : « Si je n’ai pas l’amour, tout cela est vain! » (1 Co 13.2).

Ailleurs, et je trouve que c’est extrêmement parlant, il dit : « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5.5).

On est loin de la vie chrétienne perçue comme une morale!

On est loin également de la compréhension sentimentale de l’amour qui prévaut si souvent. Est-ce que l’amour de Christ pour ses disciples est un amour sentimental? Est-ce que notre amour pour le Seigneur est un amour sentimental?

Alors l’amour qui existe entre nous ne doit pas l’être non plus.

En réalité, c’est le même! La vie chrétienne, c’est la vie même de Christ en nous.

Et l’amour dont nous sommes appelés à nous aimer les uns les autres, c’est l’amour de Christ pour chacun de nous. C’est le même! C’est celui-là! Sinon, nous serions dans une imitation de l’expérience chrétienne…

Quand Paul écrit par exemple : « L’amour de Christ nous presse » (2 Co 5.14), on peut comprendre qu’il évoque tout à la fois l’amour de Christ pour nous, notre amour pour lui et l’amour que nous avons les uns pour les autres en tant que membres de son corps! En fait, c’est toujours l’amour de Christ!

Jésus dit précisément cela à ses disciples, quand il leur demande de « s’aimer les uns les autres comme il les a aimés » (Jn 13.34-35). Le « comme » de ce passage n’est pas un « comme » d’imitation seulement; c’est un « comme » d’implication, qui signifie : De l’amour dont je vous ai aimés (et que vous avez reçu), vous pouvez (et donc devez) vous aimer maintenant les uns les autres.

C’est comme si je dis à quelqu’un : Je t’ai donné de l’eau, ou du pain; maintenant, tu peux en donner à ton tour, puisque tu en as reçu. Et Jésus ajoute : « À cela, tous verront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13.35). Les regards seront attirés vers Jésus!

Prendre conscience de cela est à la fois magnifique et troublant.

C’est magnifique, car cela rend l’amour chrétien plus beau et précieux que ce qu’on peut imaginer. Ce n’est pas un effort pour être gentil, c’est l’amour de Christ en nous. C’est le principe même de la grâce, car l’amour n’habite pas en nous de manière naturelle. Ce principe de la grâce, nous l’avons bien accepté pour le salut, mais nous oublions parfois de l’appliquer à la vie chrétienne elle-même…

Cela peut paraître troublant aussi, car cela rappelle l’échec de l’homme naturel à aimer comme Dieu veut. Et cela signifie que l’amour véritable est le propre de l’expérience chrétienne. « Nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru » (1 Jn 4.16). « Connaître », ici, veut dire recevoir, goûter1. Cela implique que ceux qui ne l’ont pas reçu en réalité ne le connaissent pas… Ils vivent certes de la patience, de la générosité de Dieu; mais son amour, comment pourraient-ils le connaître?

2. La foi, l’espérance et l’amour🔗

N’est-ce pas aller trop loin? Voyons cela. À la fin de 1 Corinthiens 13, Paul écrit : « Trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour » (1 Co 13.13)2. Pour la pensée profane, l’amour est une réalité tout humaine, distincte de la foi et de l’espérance. Mais la Bible dit ici que ces trois réalités sont indissociables : les trois viennent de Dieu. Évidemment, ce que je rappelle là, seuls des chrétiens peuvent le comprendre.

Beaucoup se disent que bien des non-chrétiens pourtant semblent avoir autant ou plus d’amour que de nombreux chrétiens… Que penser de cela? Frères et sœurs, tout ce qui ressemble à l’amour n’est pas l’amour. Il se pourrait que nous nous trompions souvent… Souvenez-vous de ce que Paul écrit : « Je pourrais donner tous mes biens pour les pauvres, et même mon corps pour être brûlé »… sans amour (1 Co 13.3). Il aurait pu dire « sans la foi », ou « sans Dieu ». Mais il dit sans amour.

Nous avons entendu tout à l’heure ce que Paul écrit aux Colossiens. Il mentionne leur foi en Jésus-Christ et leur amour pour tous les saints, « à cause de l’espérance qui leur est réservée dans les cieux, que la parole de vérité, la parole de l’Évangile leur a fait connaître » (Col 2.3-5; voir Ép 1.15). Les trois sont bien indissociables3.

Frères et sœurs, ceux qui ne connaissent pas le Seigneur vivent aussi des moments sympathiques ou formidables entre eux. Et même de grands dévouements : il y a des non-chrétiens qui sont patients, dévoués, gentils, zélés, attentionnés, joyeux, disponibles, généreux, intelligents, efficaces, etc. Est-ce que cela fait d’eux des chrétiens? Est-ce que cela signifie qu’il y a de l’amour en eux? Ce n’est pas certain.

Les incroyants, par définition, ignorent l’amour de Dieu. Mais ils peuvent malgré tout accomplir de bonnes choses (Rm 2.14). On peut donc faire de bonnes choses sans amour, comme le dit explicitement 1 Corinthiens 13.3. Tant mieux pour les bonnes choses! Mais dommage pour l’amour… Il se pourrait que l’amour véritable soit beaucoup plus rare sur cette terre que ce que nous croyons.

Dire cela est en accord avec ce qu’enseigne l’Écriture : Jésus n’a pas appelé des hommes et des femmes gentils pour leur dire : Soyez encore un peu plus gentils! Dieu appelle des hommes et des femmes sans amour, il brise leur cœur, et il verse dans ces cœurs son amour par le Saint-Esprit. C’est la dimension de la grâce. Mais là où cet amour n’est pas versé, comment s’y trouverait-il? Un jour, il n’y aura plus que l’amour; pour le moment, la foi, l’espérance et l’amour demeurent, entièrement liés.

3. Votre amour pour tous les saints🔗

Nous avons entendu cette expression : « Votre amour pour tous les saints » (Co 1.4). Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie que l’amour fraternel n’est pas un amour sentimental : c’est l’amour de Christ pour les siens, au travers des siens. C’est un amour-propre au corps de Christ. L’amour fraternel est un amour de communion. En langage théologique, on dira que c’est un amour christocentrique, c’est-à-dire qu’il concerne Christ et ceux qui lui appartiennent, car c’est un tout (1 Co 12.12).

Et les autres alors? Les autres, « ils verront que nous sommes ses disciples », comme le dit Jésus lui-même (Jn 13.35). C’est la réalité du corps, qui nous unit au Seigneur et les uns aux autres d’une manière semblable à celle qui unit le Christ et son Père! « Qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17.21). C’est grand!

« Votre amour pour tous les saints. » Ailleurs, Paul dit : « Pourvoyez aux besoins des saints », ou encore : « Je vais à Jérusalem pour le service des saints » (Rm 15.25; voir Ac 4.34; Rm 12.13; Hé 6.10; 1 Jn 4.21 à 5.1). L’expression « les uns les autres » (Jn 13.34; 1 Pi 4.8-10) dit cela aussi, car elle désigne toujours la communauté des disciples, et c’est par utopie qu’on veut l’appliquer à l’ensemble des hommes. Si cet amour doit toucher aussi les autres, c’est par débordement. Mais il n’y aura pas de débordement si nous ne le vivons pas d’abord et suffisamment (c’est-à-dire concrètement, sans défaillance grave) au sein de la communauté chrétienne.

Je termine avec le dernier texte que nous avons lu : « Honorez tout le monde, aimez les frères, craignez Dieu, honorez le roi » (1 Pi 2.17). Honorer, c’est reconnaître la valeur de quelqu’un. Cela signifie que mon regard sur toute personne que je rencontre, quelle qu’elle soit, lui dit qu’elle a plus de valeur que ce qu’elle croit elle-même, en tant que créature de Dieu. Et cela peut se traduire de beaucoup de manières. Mais le verbe aimer est destiné aux frères dans la foi. C’est toujours ainsi. Pas parce qu’ils sont meilleurs, mais parce qu’ils appartiennent à Christ. Aimer les frères et sœurs en Christ et aimer Christ, c’est un même amour.

Quand j’aime mon frère ou ma sœur en Christ, c’est Christ que j’aime au travers de lui ou d’elle, et c’est Christ qui l’aime au travers de moi. C’est grand!

Notes

1. Dans ce sens, Calvin écrit que « la connaissance de Dieu est une vive expérience! »

2. Voir aussi Rm 5.1-5 ; Col 1.4-5; 1 Th 1.3; 5.8; 1 Pi 1.21-22.

3. Les quatre, si on compte la vérité de l’Évangile.