Cet article sur la question 128 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la conclusion du Notre Père (Matthieu 6.13), une prière de louange célèbrant le règne, la puissance et la gloire de Dieu.

Source: Certitude et réconfort. 4 pages.

C’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire

Comment conclus-tu cette prière?

Car c’est à toi qu’appartiennent, aux siècles des siècles, le règne, la puissance et la gloire, c’est-à-dire : nous te demandons tout cela parce que tu es notre Roi et qu’ayant tout en ta puissance, tu peux et tu veux nous accorder tout bien1; ainsi la gloire en revient non pas à nous, mais éternellement à ton saint Nom2.

1. Rm 10.11-13; 2 Pi 2.9.
2. Ps 115.1; Jr 33.9; Jn 14.13.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 128

« Car c’est à toi qu’appartiennent, aux siècles des siècles, le règne, la puissance et la gloire » (Mt 6.13). Cette dernière parole du Notre Père s’appelle une doxologie, du grec « doxa » (gloire) et « logos » (parole), une parole de gloire, une parole de louange qui rend gloire à Dieu.

Comment se fait-il que les catholiques romains ne terminent pas le Notre Père par cette doxologie, alors que nous utilisons cette conclusion? Parce que certains manuscrits la contiennent et d’autres manuscrits ne la contiennent pas. La grande majorité des manuscrits grecs la contiennent. Il est donc tout à fait plausible que cette doxologie était dans le texte original écrit par Matthieu. Quoi qu’il en soit, cette parole est très belle et très fidèle au reste des Écritures.

Nous nous souvenons par exemple de la prière de David :

« À toi, Éternel, la grandeur, la puissance et la splendeur, l’éternité et l’éclat, car tout ce qui est au ciel et sur la terre est à toi, Éternel, ainsi que le règne, toi qui t’élèves souverainement au-dessus de tout! C’est de toi que viennent la richesse et la gloire, c’est toi qui domines sur tout, c’est dans ta main que sont la force et la puissance, et c’est ta main qui a le pouvoir de tout agrandir et de tout affermir. Maintenant, notre Dieu, nous te célébrons et nous louons la splendeur de ton nom » (1 Ch 29.11-13).

Dans l’Apocalypse, Jean nous rapporte cette formidable vision qu’il a reçue :

« Et toutes les créatures dans le ciel, sur la terre, sous la terre et sur la mer, et tout ce qui s’y trouve, je les entendis qui disaient : À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la louange, l’honneur, la gloire et le pouvoir aux siècles des siècles! Et les quatre êtres vivants disaient : Amen! » (Ap 5.13-14).

La doxologie qui accompagne le Notre Père est une excellente conclusion à nos prières.

1. Nous reconnaissons le règne, la puissance et la gloire de Dieu🔗

À la fin de notre prière, nous sommes invités à revenir au point de départ, à Dieu lui-même, à sa grandeur et à sa majesté. Nous avions commencé par prier pour son nom, pour son règne et pour sa volonté. Nous terminons en exaltant son règne, sa puissance et sa gloire. Quel grand contraste avec les ennemis qui viennent nous tenter!

« C’est à toi qu’appartient le règne. » Nous reconnaissons que Dieu est le grand Roi, il détient l’autorité suprême sur toutes choses. Le diable est fort, il veut régner, mais le Royaume n’appartient pas à Satan. Il appartient au Père et à Jésus-Christ, son Fils bien-aimé. Son règne est déjà commencé et durera pour toujours. Dans nos épreuves et nos tentations, nous pouvons être certains qu’il tient tout dans sa main, ce qui signifie que tous devront un jour s’incliner devant lui et se soumettre à lui.

« C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2.9-11).

« C’est à toi qu’appartient la puissance. » Le monde cherche la puissance. Le monde est constamment engagé dans une lutte pour le pouvoir. C’est la loi du plus fort. Cependant, nous savons que le pouvoir suprême appartient à Dieu. En grec, il s’agit de la « dunamis » divine, d’où vient le mot français dynamite. Dieu possède une puissance explosive. Nous savons qu’il a créé le monde par la puissance de sa Parole. Il accomplit des jugements puissants. Il se sert aujourd’hui de sa puissance pour nous protéger.

Quand et comment la puissance de Dieu s’est-elle déployée avec le plus de force? Quand il a enduré la perte de son Fils bien-aimé sur la croix. La puissance de Dieu s’exprime par son amour manifesté à la croix de son Fils pour l’accomplissement de notre salut. La croix est la grande manifestation de la puissance de Dieu, confirmée par la résurrection de son Fils avec puissance. C’est pourquoi l’Évangile est une immense puissance pour quiconque croit (Rm 1.17). Mais nous n’avons pas encore tout vu! Jésus reviendra avec puissance.

« Alors le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire. Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu’à l’autre » (Mt 24.30).

Sa puissance est invincible. Rien n’est comparable à la puissance de notre Dieu.

« C’est à toi qu’appartient la gloire. » Le mot gloire à l’origine (en hébreu) signifiait « avoir du poids ». Dieu a du poids, il est impressionnant. On dit qu’une personne est glorieuse quand elle a l’honneur d’avoir réussi des accomplissements. Dieu est glorieux, non seulement parce qu’il a réussi de grands exploits. Il est glorieux en lui-même, dans sa propre personne. C’est dans sa nature d’être plein de gloire. Sa gloire est tellement resplendissante que personne ne peut voir sa face (Ex 33.19-20). Nous ne sommes même pas capables de regarder avec nos yeux la gloire du soleil qui brille. Et pourtant, le soleil n’émet qu’une infime parcelle de toute la lumière que Dieu fait briller dans toutes les étoiles. La gloire même de Dieu est tellement plus resplendissante encore! Nous ne pouvons pas la voir pleinement. Dieu nous en fait tout de même voir une partie.

De quelle façon Dieu manifeste-t-il sa gloire? « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue céleste annonce l’œuvre de ses mains » (Ps 19.2). Dans l’Ancien Testament, Dieu manifestait sa gloire par une fumée, d’abord dans la tente de la rencontre, puis dans le temple à Jérusalem. Le visage de Moïse brillait parce qu’il reflétait quelque peu sa gloire. Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ est le reflet parfait de sa gloire. Les apôtres ont contemplé sa gloire comme la gloire du Fils unique de Dieu venu du Père (Jn 1.14). Aujourd’hui, Dieu manifeste sa gloire dans l’Église. Le Saint-Esprit nous transforme de gloire en gloire à l’image du Christ (2 Co 3.18). Mais le sens premier de la gloire, dans l’expression « c’est à toi qu’appartient la gloire », signifie que cette gloire est réservée à Dieu seul. Il ne la partage avec personne d’autre. Soli Deo gloria!

2. Nous sommes certains que Dieu peut et veut répondre à nos prières🔗

Que disons-nous, au fond, quand nous concluons notre prière par cette doxologie?

« C’est à toi qu’appartiennent, aux siècles des siècles, le règne, la puissance et la gloire, c’est-à-dire : nous te demandons tout cela parce que tu es notre Roi et qu’ayant tout en ta puissance, tu peux et tu veux nous accorder tout bien » (Q&R 128).

En d’autres mots, nous nous sommes adressés à la bonne personne! Le règne appartient au Seigneur. Il possède donc l’autorité de répondre favorablement à toutes les requêtes faites pour l’avancement de son nom. Il détient aussi toute puissance. Il a donc la force et la capacité de répondre à nos requêtes. Au fond, nous disons à notre Père pourquoi nous sommes venus le prier, lui, et personne d’autre. Nous ne concluons pas notre prière par un point d’interrogation. « Répondras-tu peut-être à ma prière? Es-tu capable d’y répondre? Est-ce que tu voudrais bien m’accorder peut-être une faveur? Ai-je bien fait de m’adresser à toi? » Nous terminons, au contraire, notre prière par un point d’exclamation. Certainement, toi notre Roi tout-puissant, tu peux et tu veux nous accorder tout bien. Certainement, nous avons libre accès au trône de ta grâce « afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, en vue d’un secours opportun » (Hé 4.16).

N’est-ce pas admirable? Notre Père connaît nos besoins avant même que nous les lui présentions, et nous, de notre côté, nous savons que notre Père céleste répondra avant même que nous ayons obtenu sa réponse! Ses réponses sont parfois surprenantes, parfois inattendues, parfois mal interprétées, parfois incomprises, parfois avant même d’avoir terminé notre prière, parfois des années plus tard. Cependant, quand nous prions « Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire », nous confessons qu’il répondra certainement, d’une manière ou d’une autre, selon ses promesses. Avons-nous cette confiance quand nous prions?

3. Nous rendons gloire à Dieu seul🔗

Que faisons-nous quand nous prononçons cette prière? Nous sommes occupés à glorifier Dieu. Nous reconnaissons qu’il détient le règne et la puissance qui le rendent pleinement désireux et capable de répondre à nos prières. Il doit par conséquent recevoir la gloire, l’honneur et la première place dans nos vies. « Ainsi la gloire en revient non pas à nous, mais éternellement à ton saint nom » (Q&R 128). « Non pas à nous, Éternel, non pas à nous, mais à ton nom donne gloire » (Ps 115.1). Dieu est jaloux de la gloire de son nom. Il ne veut la partager avec personne.

De quelle façon gardons-nous souvent la gloire pour nous? Selon les inclinations de notre nature pécheresse, nous cherchons toujours notre gloire personnelle. Tous les hommes sont en quête d’autoglorification. L’Église sait toutefois que la gloire appartient à Dieu seul. Un jour, toute la terre sera remplie de sa gloire.

Dès aujourd’hui, sans attendre ce grand jour, nous sommes appelés à glorifier son nom par nos bouches et par nos vies. Nos prières devraient être à la gloire de Dieu. Quand nous prions pour que son nom soit sanctifié, pour que son règne vienne, pour que sa volonté soit faite, n’est-ce pas par souci pour sa gloire? Quand nous prions pour notre pain quotidien, pour le pardon de nos péchés et pour la protection face aux tentations, c’est également pour sa gloire! Comment oserions-nous lui demander ces choses si nous ne pensons pas que c’est pour sa gloire? « Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » (Jn 14.13). La glorification du Père par le Fils devrait être notre plus grande motivation à prier. Nous ne prions pas seulement pour obtenir de bonnes choses. En priant pour ces bonnes choses et en les espérant de Dieu, nous contribuerons à la seule gloire de son nom. Entends, Seigneur, nos prières, car c’est pour ton honneur et pour ta gloire!