Créés à l'image de Dieu (3)
Créés à l'image de Dieu (3)
Créés à l’image de Dieu : c’est le titre de la série de trois messages, dont je vous présente ici le troisième volet1. Nous avons d’abord vu ce que signifiait cette image de Dieu portée par tous les humains par le fait même de leur création. Cette image revêtait en elle-même une perfection, celle de la création parfaite de Dieu. Mais cet état de perfection n’a pas été conservé. Le premier couple humain ne s’est pas contenté de refléter l’image de Dieu, d’en être le porteur, il s’est laissé porté à croire qu’il pourrait être semblable à Dieu lui-même, devenant son égal. Reniant ainsi cette image, il a commencé à porter l’image de celui qui l’avait trompé, le tentateur. Voilà donc l’image de Dieu en l’homme déformée, contaminée, et à la suite de cette déformation, voilà l’aveuglement qui s’empare du genre humain, lequel tâtonne à la recherche de Dieu tout en essayant de s’échapper hors de sa présence. Voilà le lot des misères humaines, le mal et la corruption qui affectent l’humanité, en un mot, voilà toute la déchéance du genre humain qui fait suite à cette catastrophe morale.
Pourtant, avons-nous souligné, l’image de Dieu dont l’homme était le porteur n’a pas disparu. La Genèse nous le rappelle au moment de l’alliance conclue par Dieu avec Noé et sa descendance : « Celui qui verse le sang de l’homme par l’homme son sang sera versé. Car Dieu a fait l’homme à son image » (Gn 9.6-7). Cette affirmation possède une valeur universelle. Par le fait même qu’ils sont créés par Dieu, tous les humains sont faits à son image.
Cependant, Dieu décide de donner sa loi à un peuple qu’il choisit parmi toutes les nations environnantes, le peuple d’Israël. En cela, il lui rappelle qu’il est un Dieu parfait, saint, et que ce peuple choisi se doit de vivre dans la perfection, dans la sainteté, à l’image de celui qui l’a créé et qui conclut maintenant une alliance avec lui. Tout en restant pécheur par nature, c’est-à-dire né dans la séparation d’avec Dieu à cause de cette nature rebelle héritée du premier couple humain, le peuple d’Israël est en quelque sorte rattrapé par Dieu. Il se l’approprie de manière spéciale pour en faire une nation sainte parmi les autres nations totalement égarées et tombées dans l’idolâtrie.
Israël est donc appelé à refléter de manière consciente dans sa conduite cette image de Dieu. Dieu lui donne sa loi comme guide, comme pédagogue. La loi définit les relations que ce peuple choisi doit avoir avec Dieu, et aussi entre ses membres. En cela, la loi lui rappelle son identité : Israël est remis en présence de l’image de Dieu qu’il doit porter pour l’honorer. La loi lui enjoint de vivre tous les aspects de sa vie de manière sainte, c’est-à-dire conforme à la volonté de Dieu. Elle pointe en direction d’une créature parfaite, restaurée en la présence de Dieu, vivant dans sa communion. Elle le guide vers cette perfection.
Mais voilà, la nature humaine contaminée par le péché est incapable de marcher selon ces prescriptions. C’est ce que l’histoire du peuple d’Israël démontre amplement tout au long des pages de l’Ancien Testament. De chute en rechute, Israël manifeste son incapacité à refléter l’image de Dieu comme son Créateur le lui enjoint. Il abandonne régulièrement les prescriptions et les ordonnances de la loi, malgré les paroles des prophètes que Dieu lui envoie pour parler de sa part à son peuple infidèle et le ramener sur la voie de l’obéissance. En fin de compte, Dieu l’abandonnera aux mains de ses ennemis, ces nations idolâtres dont Israël a imité les pratiques, adoptant même leurs idoles de bois et de pierres et leur rendant un culte. N’y a-t-il alors plus aucun espoir de restaurer totalement l’image de Dieu abîmée en l’homme? L’homme parfait n’est-il qu’une illusion, une chimère, un idéal inaccessible? La Bible nous affirme à maintes reprises que ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Ce que l’homme ne peut atteindre par lui-même, Dieu peut l’atteindre pour lui.
Le Dieu personnel dont nous avons parlé dans notre premier article, ce Dieu si personnel qu’on distingue trois personnes en lui, envoie sur terre Jésus-Christ, son Fils éternel, à un moment précis de l’histoire de l’humanité. Il sera l’homme parfait, car il est à la fois Dieu et homme. Écoutez ce que dit la lettre aux Hébreux à son propos, dans le Nouveau Testament :
« À bien des reprises, et de bien des manières, Dieu a parlé autrefois à nos ancêtres par les prophètes. Et maintenant, dans ces jours qui sont les derniers, c’est par son Fils qu’il nous a parlé. Il a fait de lui l’héritier de toutes choses et c’est aussi par lui qu’il a créé l’univers. Ce Fils est le rayonnement de la gloire de Dieu et l’expression parfaite de son être » (Hé 1.1-3).
En d’autres termes, le Fils est l’image même de Dieu. Il ne porte pas ou ne reflète pas l’image de Dieu comme les créatures, il en est l’image même, et ce de toute éternité. Qui d’autre que lui pouvait avec succès travailler à restaurer l’image divine abîmée par et dans les hommes? C’est là tout le sens de l’œuvre de Jésus-Christ sur terre, à savoir la restauration de la communion entre Dieu et les hommes, la restauration de cette image divine en nous, qui fait de nous des hommes et des femmes renouvelés. Nous sommes appelés dès maintenant à vivre une vie nouvelle en conformité avec la volonté de Dieu. Grâce à Jésus-Christ, nous avons retrouvé notre identité, nous nous connaissons pour qui nous sommes, et nous pouvons directement connaître Dieu.
Voyons ensemble ce que dit le Nouveau Testament à propos de l’œuvre de Jésus-Christ. Dans un célèbre passage de sa lettre aux chrétiens de Colosses, l’apôtre Paul, parlant de Christ, déclare : « Il est l’image du Dieu invisible », et, un peu plus loin : « Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui » (Col 1.15,17). Que Jésus-Christ soit identique à Dieu, d’après ce passage, est évident du fait même qu’il est impossible pour une image de refléter ce qui est invisible à moins qu’elle soit elle-même invisible. En fait, l’image dont parle Paul manifeste pleinement la nature divine. Le même Paul, dans sa seconde lettre aux chrétiens de Corinthe, déclare à propos de l’Évangile et de Jésus-Christ :
« Si notre Évangile est encore voilé, il l’est pour ceux qui périssent; pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées, afin qu’ils ne voient pas resplendir le glorieux Évangile du Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Co 4.3-4).
Le témoignage du Nouveau Testament en ce qui concerne Jésus-Christ est donc clair : Jésus-Christ est l’image même de Dieu, et ce, de toute éternité.
Mais nous lisons encore quelque chose d’autre à son propos dans le Nouveau Testament. Paul, parlant de la résurrection des morts dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, le nomme « le nouvel Adam ». Je vous cite ce passage, tiré du chapitre 15 de cette lettre :
« C’est pourquoi il est écrit : Le premier homme, Adam, devint un être vivant. Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant. Le spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est naturel; ce qui est spirituel vient ensuite. Le premier homme tiré de la terre est terrestre. Le deuxième homme vient du ciel. Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste » (1 Co 15.45-49).
Ce que Paul nous dit là, c’est que Jésus-Christ a été donné aux hommes comme un homme nouveau, venant du ciel; il n’est pas atteint par la corruption du péché, et sa résurrection témoigne de ce que la mort n’a pas eu de prise sur lui.
Dans la mesure où ils descendent tous du premier homme, Adam, tous les hommes sont sujets à la mort, parce qu’ils sont nés avec le germe du péché en eux. Nous sommes semés méprisables et corruptibles, affirme Paul dans ce même passage. Mais grâce à la résurrection de Jésus-Christ, les croyants ressusciteront avec un corps glorieux, incorruptible, semblable au corps du Christ ressuscité. C’est en ce sens que Paul parle de Christ comme du dernier Adam qui est devenu un esprit vivifiant. Et il conclut en disant : « De même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste. » Jésus-Christ est donc le prototype d’une nouvelle humanité, délivrée de la puissance de la mort. Il restaure totalement l’image de Dieu en l’homme, car il est lui-même, nous l’avons vu, cette image de toute éternité. Voilà pourquoi, en ce qui nous concerne, « de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste ».
L’œuvre de Jésus-Christ est une œuvre de restauration de la création parfaite de Dieu. La destruction et la corruption amenées sur la création par la désobéissance d’Adam ne sont plus l’horizon ultime des hommes. Il existe une perspective totalement renouvelée, porteuse d’espérance et de joie : par la foi en Jésus-Christ, l’image de Dieu en nous est rendue de plus en plus nette et visible.
Les croyants sont appelés à ressembler à Jésus-Christ dans leur comportement, leur manière d’agir envers les autres, leur vision du monde, reflétant ainsi cette image. Ils ne le font pas d’eux-mêmes, mais parce que l’Esprit de Dieu, qui a planté le germe de la foi en eux, les y pousse. Certes, cela ne veut pas dire qu’ils aient atteint un état de perfection au cours de leur vie présente, et ils sentent tous les jours combien leur nature héritée du premier Adam les pousse irrémédiablement vers la mort, mais en même temps, ils vivent avec la certitude que Dieu a déjà établi pour eux une autre destinée, délivrée de la puissance de la mort. C’est même avec confiance qu’ils voient s’approcher le jour de leur mort, car ce jour marquera la fin de l’état corruptible de leur nature terrestre, et le passage définitif vers cette nature céleste promise par le Dieu qui a ressuscité Jésus-Christ des morts et l’a revêtu d’un corps incorruptible.
Voilà, quelles sont l’espérance et la joie des croyants : se savoir rachetés, greffés en Jésus-Christ, revêtus d’une vie nouvelle, restaurés pleinement dans cette image divine précédemment abîmée par la chute. Puissiez-vous vivre chaque jour de votre vie sous la conduite de l’Esprit de Dieu, reflétant clairement cette merveilleuse œuvre de restauration de l’image divine placée en chacun de ses enfants rachetés par le Créateur de toutes choses. Puisse cette image restaurée reluisant dans votre conduite, amener d’autres créatures vouées à la mort à connaître la puissance du salut manifesté en Jésus-Christ.
Note
1, Voir mes articles intitulés Créés à l’image de Dieu (1) et Créés à l’image de Dieu (2).