Cet article sur la question 113 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet le 10e commandement (Exode 20.17) sur l'interdiction de toute convoitise, la pureté du coeur et le contentement.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

Le début et la fin du péché

Que nous ordonne le dixième commandement?

De n’avoir jamais, dans notre cœur, la moindre envie ou pensée contraire à la Loi de Dieu1, mais de détester en tout temps le péché et de prendre plaisir à toute justice2.

1. Ps 139.23-24; Pr 4.23; Mt 15.11,19-20; Rm 7.7-8; Jc 1.14-15.
2. Ps 19.8-15.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 113

  1. Le péché commence par la convoitise
  2. Le péché cesse quand le cœur devient pur

Nous arrivons au dernier commandement : « Tu ne convoiteras […] rien qui soit à ton prochain » (Ex 20.17). Ce commandement n’est pas comme les autres. Il ne se rapporte pas à nos actions (meurtre, adultère, vol) ni à nos paroles (faux témoignage). Il vise notre cœur. Dieu veut notre cœur, un cœur tout entier à lui, obéissant à tous ses commandements, pas seulement à deux ou trois.

« Que nous ordonne le dixième commandement? De n’avoir jamais, dans notre cœur, la moindre envie ou pensée contraire à la Loi de Dieu, mais de détester en tout temps le péché et de prendre plaisir à toute justice » (Q&R 113).

Un commandement très englobant! Il vient en dernier, mais il devient en quelque sorte le premier. Il nous ramène à Dieu : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes pensées » (Mt 22.37). C’est là que le péché commence, dans notre cœur, quand nous convoitons. C’est là que le péché cesse, quand nos cœurs deviennent purs.

1. Le péché commence par la convoitise🔗

Nous connaissons l’histoire de David. Quels commandements a-t-il transgressés? Le huitième, car il a volé la femme de son prochain. Le septième, puisqu’il a commis l’adultère. Le sixième, car il est responsable de la mort d’Urie. Le neuvième, puisqu’il a menti à son propre sujet. Mais au fond, où est la source de tous ces péchés? Dans son cœur, le jour où il a convoité Bathchéba. « Tu ne convoiteras pas » est le dernier de la liste, mais c’est là que tout commence! Comment le premier péché de nos premiers parents a-t-il commencé? Par la tentation du diable. Celui-ci a fait miroiter à la femme l’idée qu’elle pourrait obtenir quelque chose qui lui manquait : « Le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux » (Gn 3.5). Cette fausse promesse enclencha tout un processus de convoitise.

L’herbe nous paraît plus verte de l’autre côté de la clôture. Au fond, la convoitise vient du mécontentement. Sommes-nous des gens mécontents, insatisfaits, qui en veulent toujours plus? Le diable est expert à cultiver le mécontentement dans nos cœurs. Il veut nous faire croire que Dieu nous prive de tant de bonnes choses. Il sait que tout commence par là. « Mais chacun est tenté, parce que sa propre convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché; et le péché, parvenu à son terme, engendre la mort » (Jc 1.14).

Dieu s’intéresse avant tout à notre cœur. Il ne vient pas à nous simplement avec une liste d’exigences : « Fais ceci, ne fais pas cela. » Dieu dit : « Mon fils, donne-moi ton cœur » (Pr 23.26). C’est là que tout commence. Le dixième commandement vient en dernier pour qu’une fois qu’il pénètre dans nos oreilles, il reste gravé dans notre esprit. Même notre société reconnaît que les crimes commencent par nos pensées. Quand la police fait une enquête, elle recherche les mobiles du crime. Il est parfois difficile pour un juge humain d’établir les motivations avec certitude, mais si l’on peut prouver qu’un homme a commis un meurtre prémédité, sa sentence sera plus sévère que dans le cas d’un meurtre non prémédité.

Le dixième commandement est toutefois unique au monde. Aucun législateur humain ne peut promulguer des lois qui vont régir ou contrôler notre cœur et nos pensées. L’État peut légiférer sur nos actions ou nos paroles, le tribunal peut tenter de déterminer les mobiles du crime, mais le gouvernement (juge ou législateur) ne peut jamais pénétrer jusque dans nos cœurs pour voir si nos pensées sont pures. Le dixième commandement révèle la nature du grand Législateur et du grand Juge. Dieu nous signifie par là qu’il veut être le Maître non seulement de nos actes et de nos paroles, mais aussi de nos pensées les plus profondes et les plus intimes. Il nous signifie qu’il est capable, lui seul, de percer les secrets de nos cœurs et de soupeser nos intentions. « Éternel, tu me sondes et tu me connais, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu comprends de loin ma pensée » (Ps 139.2).

Est-il toujours mauvais de désirer quelque chose que l’on ne possède pas? Non, bien sûr. Nous pouvons par exemple « aspirer aux dons spirituels », « chercher à les avoir en abondance pour l’édification de l’Église » (1 Co 14.1,12), « aspirer à la charge d’évêque » (1 Tm 3.1). Paul désirait ardemment revoir ses frères qui étaient loin de lui (Rm 1.11-12; 1 Th 2.17-18). La Bible ne condamne pas le désir d’avoir de la nourriture, des vêtements ou une maison. Le désir de se marier est légitime, etc. Ce qui est mal, c’est le désir perverti, illégitime qui veut s’approprier ce qui appartient au prochain. « Tu ne convoiteras rien de ce qui appartient à ton prochain », ni sa femme, ni sa maison, ni sa voiture. Ce qui est mal, c’est aussi un désir excessif, trop vouloir d’une bonne chose, ou encore un désir qui nous rend malheureux, mécontents de notre sort, et qui nous amène à critiquer les voies du Seigneur.

« Tu ne convoiteras pas », c’est le dernier commandement, mais non le moindre. C’est le plus incisif, le plus pénétrant. Nous pourrions toujours dire qu’extérieurement nous arrivons à nous conformer un peu au sixième, au septième ou au huitième commandement. Mais le dixième est très humiliant; il nous enlève toute possibilité de nous justifier. Il nous dit d’obéir, non pas seulement pour la façade, mais d’un cœur pur. Non seulement je ne commettrai pas d’adultère, mais je n’aurai pas le désir d’une autre femme dans mon cœur. Non seulement je ne volerai pas, mais je n’aurai pas le désir d’accaparer le poste ou les affaires d’un autre. Non seulement, je viendrai au culte le dimanche, mais j’aurai toujours soif de Dieu, je serai toujours content d’écouter sa Parole et de me réunir avec mes frères et sœurs pour l’adorer. Non seulement je n’aurai pas la moindre inclination au mal ni la moindre pensée contraire à aucun des commandements du Seigneur, mais je serai toujours heureux d’être son enfant, toujours disposé à lui obéir de bon cœur et à servir mon prochain!

Un tel cœur pur est-il possible? Qui peut vivre ainsi? David a eu besoin d’implorer le Seigneur.

« Ô Dieu! Fais-moi grâce selon ta bienveillance, selon ta grande compassion, efface mes crimes; lave-moi complètement de ma faute et purifie-moi de mon péché. […] Ô Dieu! Crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé » (Ps 51.3-4,).

Si nous n’avions pas Jésus-Christ, parfait Sauveur, nous serions totalement désespérés! Il a versé son sang pour nous, pour toute convoitise et tout mécontentement qui s’élèvent dans notre cœur. Il nous promet aussi son Esprit Saint afin d’opérer en nous un changement en profondeur.

« Combien plus le sang du Christ — qui par l’Esprit éternel s’est offert lui-même sans tache à Dieu — purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour que nous servions le Dieu vivant! » (Hé 9.14).

Le Seigneur nous demande tout notre cœur. « Mon fils, donne-moi ton cœur » (Pr 23.26). Nous ne serons jamais capables d’y arriver par nous-mêmes. C’est Jésus seul qui le fera par son sang et par son Esprit, et alors nous serons capables de commencer à lui donner notre cœur.

« Approchons-nous donc d’un cœur sincère, avec une foi pleine et entière, le cœur purifié d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’une eau pure » (Hé 10.22).

2. Le péché cesse quand le cœur devient pur🔗

« Que nous ordonne le dixième commandement? De détester en tout temps le péché et de prendre plaisir à toute justice » (Q&R 113). Prendre plaisir à toute justice! Il s’agit également d’un désir. Un désir bien loin de la convoitise malsaine de désirer ce que nous n’avons pas et qui nous rend malheureux et mécontents. Ne pas convoiter, c’est être content de ce que nous avons. Êtes-vous content? Avez-vous appris le secret du contentement? Cette idée est tellement à l’opposé de la société hédoniste et matérialiste dans laquelle nous vivons. Il nous faut tout, tout de suite et toujours davantage. Les publicités nous incitent sans cesse à la convoitise. Nous voulons des vêtements à la dernière mode, les derniers gadgets, la nouvelle voiture. De tous bords, tous côtés l’on s’efforce de remplir nos pensées de mauvais désirs. Sommes-nous capables de résister et de dire comme l’apôtre Paul :

« J’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve. Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout, j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette » (Ph 4.11-12).

Le secret du contentement vient d’un cœur pur; ainsi se résume le dixième commandement. Misérables que nous sommes! Ce que Dieu nous demande, nous en sommes totalement incapables. N’oublions pas que les commandements nous sont donnés pour nous permettre d’exprimer notre reconnaissance par une vie d’obéissance nouvelle. Jésus a accompli notre complète et parfaite rédemption, et cette rédemption inclut le don de son Esprit par lequel il nous renouvelle à son image. Il nous promet un cœur nouveau par son Esprit. Il veut rendre notre cœur pur comme le sien. C’est là que tout commence!

« Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. […] Je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous suiviez mes prescriptions et que vous observiez et pratiquiez mes ordonnances » (Éz 36.26-27).

Que penser de l’affirmation suivante : « Je suis incapable de contrôler mes pensées, mes désirs sont plus forts que moi »? Ce commandement nous enseigne que nous sommes responsables de notre cœur. La maîtrise de soi devrait aller jusqu’à la maîtrise de nos pensées, ce qui demande évidemment beaucoup de discipline personnelle. Lorsque nous constatons que de mauvais désirs s’élèvent dans nos cœurs, nous sommes gardés dans l’humilité. Oui, nous sommes tellement faibles! En même temps, nous sommes une nouvelle création, habitée et transformée par le Saint-Esprit.

Nous pouvons arriver à détester nos mauvaises pensées et à rejeter ces pensées loin de nous. Ces mauvaises pensées peuvent revenir, mais je peux leur dire : « Non, je ne suis pas intéressé. Je ne vais plus cultiver ces pensées. Je vais au contraire développer un cœur qui aime Dieu et sa loi. » Le Psaume 119 exprime avec force cet amour pour Dieu et cette joie de vouloir obéir de tout cœur à sa loi. Nous devons nous rappeler que des péchés commis en action ou en parole proviennent de pensées mauvaises que nous avons laissées prendre place dans notre cœur. Notre cœur est véritablement notre champ de bataille spirituel. Notre objectif, par la grâce de Dieu, est le suivant :

« Au reste, mes frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées » (Ph 4.9).

Voilà un objectif très élevé, d’une grande noblesse spirituelle! Quel était le secret de l’apôtre Paul? « Je puis tout par celui qui me fortifie » (Ph 4.13).

« Que votre conduite ne soit pas inspirée par l’amour de l’argent; contentez-vous de vos biens actuels, car Dieu lui-même a dit : Je ne te délaisserai pas ni ne t’abandonnerai. C’est pourquoi nous pouvons dire avec courage : Le Seigneur est mon secours… » (Hé 13.5).

La présence de Dieu dans nos vies par son Esprit, voilà le secret d’une vie heureuse. Il nous promet de nous donner la force d’affronter nos problèmes. Demandons-lui de purifier nos cœurs. Prions pour avoir un cœur pur. Quand la même tentation revient, courons nous réfugier en lui. Suivons Jésus-Christ et sa Parole. Qu’il soit notre désir suprême, la joie de nos cœurs.

« Je dis à l’Éternel : Tu es mon Seigneur, mon bien, il n’y a rien au-dessus de toi! […] L’Éternel est mon partage et ma coupe; c’est toi qui assures mon lot; ma part me revient en un lieu de délices; c’est un héritage magnifique pour moi » (Ps 16.2,5-6).

Nous ne pouvons pas combattre le péché par nous-mêmes ni par nos propres forces. Nos cœurs doivent être remplis de sa présence et de son Esprit. C’est là que le péché commence à cesser. C’est là que la vie nouvelle commence! « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! » (Mt 5.8).