Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Quelle est la quatrième demande?
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, c’est-à-dire : veuille nous pourvoir de tout ce qui est nécessaire à l’existence1 afin que nous reconnaissions que tu es la source unique de tout bien2 et que, sans ta bénédiction, ni nos soins, ni nos travaux, ni même tes dons ne nous profiteraient3; et qu’ainsi nous détournions notre confiance de toutes les créatures pour ne la placer qu’en toi4.
1. Ps 104.27-30; Ps 145.15-16; Mt 6.25-34.
2. Ac 14.16-17; Ac 17.25-28; Jc 1.17.
3. Dt 8.3; Ps 37.16; Ps 127.1-2; 1 Co 15.58.
4. Ps 37.3-7; Ps 55.23; Ps 62; Ps 146.2-3; Jr 17.5-8; Hé 13.5-6.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 125
- Prier pour le nécessaire
- Reconnaître que Dieu est la source de tout bien
- Dépendre entièrement de Dieu
En réponse à nos prières, le Seigneur nous donne notre pain quotidien et bien davantage! Nous avons de multiples sujets de reconnaissance. La reconnaissance est d’autant plus abondante lorsque nous avons appris à prier humblement : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » (Mt 6.11). Si nous ne prions jamais cette prière, nous aurons plus de peine à reconnaître que la nourriture sur nos tables vient de sa bonne main paternelle. Par contre, quand nous prions que Dieu nous donne notre pain et que nous le voyons répondre si fidèlement, une prière d’action de grâce jaillira alors de nos cœurs reconnaissants. Que nous enseigne exactement cette prière?
1. Prier pour le nécessaire⤒🔗
Tout d’abord, cette prière nous enseigne à prier pour le nécessaire. Le mot grec « épiousion » traduit par « quotidien » a un sens incertain. Ce mot ne se retrouve nulle part ailleurs dans la Bible (sauf dans Lc 11.3, parallèle à Mt 6.11). Il est donc difficile d’établir avec certitude sa signification. Il peut vouloir dire « pour ce jour-ci » (notre pain quotidien), ou « pour le jour suivant » (notre pain de demain), ou « pour l’avenir » (notre pain de l’avenir). Il peut même vouloir dire « nécessaire à l’existence » (donne-nous le pain dont nous avons vraiment besoin). Même si le sens de ce mot est incertain, le sens de la prière est tout à fait certain. Le pain désigne ce qui est essentiel à notre vie. Voilà ce que Jésus nous enseigne à demander. Que ce soit le pain d’aujourd’hui ou le pain de demain, nous devons demander humblement à Dieu qu’il nous accorde ce qui est nécessaire à notre vie.
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, c’est-à-dire : Veuille nous pourvoir de tout ce qui est nécessaire à l’existence » (Q&R 125). Nous avons besoin de boire et de manger. Nous avons besoin de dormir. Nous avons besoin de nous vêtir et de nous abriter. Malheureusement, ces besoins peuvent devenir notre raison d’être. Nous finissons par travailler dans le seul but de pourvoir à notre subsistance ou de nous enrichir. Nous oublions alors notre vraie vocation. Rappelons-nous que le Seigneur n’est pas indifférent à nos besoins physiques. Il sait tout ce dont nous avons besoin pour que nous puissions le servir dans nos corps sur cette terre. « Votre Père sait que vous en avez besoin » (Mt 6.32). Il se plaît à entendre nos prières pour notre pain quotidien et il y répond généreusement, non seulement pour que nous puissions boire et manger, mais pour que nous puissions accomplir notre vraie vocation, qui consiste à le servir en cherchant d’abord son Royaume.
2. Reconnaître que Dieu est la source de tout bien←⤒🔗
Cette prière est en quelque sorte une confession. En la priant, nous reconnaissons que notre Père tient toute chose dans sa main, qu’il gouverne la pluie et la sécheresse, la disette et la prospérité, la santé et la maladie, et que c’est lui qui nous accorde la nourriture et toute bonne chose. Cette prière nous enseigne donc en deuxième lieu à reconnaître que Dieu est la source de tout bien. « Veuille nous pourvoir de tout ce qui est nécessaire à l’existence afin que nous reconnaissions que tu es la source unique de tout bien » (Q&R 125). C’était l’expérience personnelle du psalmiste :
« Il fait germer l’herbe pour le bétail, et les plantes pour le service des humains, pour tirer le pain de la terre, le vin qui réjouit le cœur de l’homme, et fait plus que l’huile resplendir son visage, et le pain qui soutient le cœur de l’homme » (Ps 104.14-15).
Puisque Dieu est notre Créateur, a-t-il l’obligation de pourvoir à nos besoins? Nullement! S’il nous faut prier pour les besoins de base qui assurent notre vie, c’est que nous les recevons uniquement par une faveur de Dieu non méritée. Jacob a dit au Seigneur :
« Je suis trop petit pour toute la bienveillance et pour toute la fidélité que tu as témoignée à l’égard de ton serviteur; car j’ai passé ce Jourdain avec mon bâton et maintenant je forme deux camps » (Gn 32.11).
Quel contraste avec l’attitude si répandue aujourd’hui! Nous prenons notre pain de nécessité pour acquis, et bien plus que le pain de nécessité! Nous revendiquons, nous contestons, nous pensons que le gouvernement nous doit tout. Nous sommes souvent mécontents et malheureux de notre sort, alors que la Parole de Dieu nous exhorte à être contents de ce que Dieu nous donne, même si c’est très peu. Car même le peu qu’il nous accorde est déjà une faveur non méritée. Il pourrait très bien ne rien nous donner du tout, et nous n’aurions aucune raison de nous plaindre, alors qu’il nous bénit abondamment, bien au-delà du nécessaire!
« Que votre conduite ne soit pas inspirée par l’amour de l’argent; contentez-vous de vos biens actuels, car Dieu lui-même a dit : Je ne te délaisserai pas ni ne t’abandonnerai. C’est pourquoi nous pouvons dire avec courage : Le Seigneur est mon secours; je n’aurai pas de crainte. Que peut me faire un homme? » (Hé 13.5-6).
Si effectivement Dieu n’est pas obligé de pourvoir à nos besoins, avons-nous alors le droit de prier pour notre pain? Jésus nous demande de présenter à notre Père céleste cette prière audacieuse pour une raison bien simple : Dieu, dans son alliance, s’est engagé à prendre soin de nous. Il a promis de ne jamais nous abandonner! Il s’est lié par des promesses. Il s’est en quelque sorte « librement obligé » envers ses enfants. Qu’est-ce qui devrait nous donner l’audace de prier ainsi? Simplement le fait que nous prions au nom de Jésus. Nos « droits » dans l’alliance ont été scellés par son sang. « Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi tout avec lui, par grâce? » (Rm 8.32). Dieu veut nous prouver que sa parole est digne de confiance. Si nous gérons nos biens pour sa gloire et avec générosité, au service de l’avancement de son Église, nous devons croire que notre Père céleste pourvoira à nos besoins et que nous ne serons pas déçus. Paul a dit cette belle parole d’encouragement aux chrétiens de Philippes qui avaient soutenu généreusement l’apôtre dans l’exercice de son ministère : « Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Christ-Jésus » (Ph 4.19). Cette prière n’est donc pas motivée par nos estomacs, mais par notre foi!
3. Dépendre entièrement de Dieu←⤒🔗
Cela ne veut pas dire que nous n’aurons jamais d’inquiétude. Quand nous pensons à nos besoins pour l’avenir, notre confiance en notre bon Père céleste est mise à l’épreuve. C’est durant une période de famine qu’Abraham a menti pour sauver sa peau. C’est quand le peuple d’Israël n’avait pas d’eau et pas de nourriture dans le désert qu’il a murmuré contre Dieu. Le Seigneur a mis son peuple à l’épreuve, mais il est manifeste qu’il a échoué au test.
« Tu te souviendras de tout le chemin que l’Éternel, ton Dieu, t’a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour reconnaître ce qu’il y avait dans ton cœur et si tu observerais ses commandements, oui ou non. Il t’a humilié, il t’a fait souffrir de la faim et il t’a nourri de la manne que tu ne connaissais pas […] afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel » (Dt 8.2-3).
En priant cette quatrième requête, nous apprenons à mettre notre confiance en Dieu et en Dieu seul, même pour nos besoins de base nécessaires pour vivre. Notre Père connaît notre insécurité. C’est pourquoi il veut que nous lui demandions avec confiance le pain dont nous avons besoin. Il est bon d’apprendre à vivre dans une entière dépendance envers lui!
Un homme sage nommé Agour a bien compris l’importance de toujours dépendre de Dieu. Il a fait cette belle prière remplie de sagesse :
« Ne me donne ni pauvreté ni richesse, accorde-moi le pain qui m’est nécessaire, de peur qu’étant rassasié, je ne te renie et ne dise : Qui est l’Éternel? Ou qu’étant dans la pauvreté, je ne commette un vol et ne porte atteinte au nom de mon Dieu » (Pr 30.8-9).
Nous faisons face à deux dangers qui sont au fond très semblables. Quand nous vivons trop dans l’abondance, il est très facile de nous croire indépendants et de nous mettre à penser que c’est par notre propre force et notre propre sagesse que nous avons acquis ces richesses. La tentation est forte alors d’oublier Dieu et de ne pas reconnaître ses bénédictions. « Garde-toi de dire en ton cœur : ma force et la vigueur de ma main m’ont acquis ces richesses » (Dt 8.17). D’un autre côté, le pauvre qui vit dans la misère fait face à de grandes tentations, lui aussi. Il peut aller jusqu’à commettre des vols ou des crimes pour se procurer de la nourriture. Ce faisant, il renonce lui aussi à compter entièrement sur la bonté de Dieu et il oublie de prier cette requête pour notre pain quotidien.
Lequel de ces deux dangers menace le plus l’Église aujourd’hui? La réponse que nous pourrons donner à cette question dépendra de la situation de chaque Église, selon sa région, son pays, son histoire, ses conditions de vie particulière. Nous devons demeurer aux aguets et demander au Seigneur la grâce de nous en prémunir.
En quoi ou en qui mettons-nous notre confiance? En Dieu seul ou dans les moyens qu’il nous donne de pourvoir à nos besoins? Les enfants mettent-ils leur confiance dans le fait que leur père terrestre a un bon emploi, leur garantissant qu’ils ne souffriront jamais de la faim? Mettons-nous notre confiance dans nos capacités à travailler ou dans notre sécurité d’emploi? Regardons-nous à l’avenir avec confiance parce que nous pensons avoir fait de bons investissements? Mettons-nous notre sécurité dans notre fonds de pension? Si notre santé ou nos capacités diminuent, si la sécurité d’emploi n’est plus assurée, si les taux d’intérêt baissent, si une crise économique vient nous secouer ou si nous n’avons pas réussi à mettre de l’argent de côté pour nos vieux jours, notre confiance pour demain diminue-t-elle pour autant? Si nous mettons notre confiance en nous-mêmes, il est certain que, tôt ou tard, l’inquiétude et l’anxiété viendront nous ronger. En priant « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour », nous apprendrons, au contraire, à faire confiance en notre bon Père céleste, afin « … qu’ainsi nous détournions notre confiance de toutes les créatures pour ne la placer qu’en toi » (Q&R 125).
Même les animaux nous donnent l’exemple.
« Tous ces animaux mettent leur espoir en toi, pour que tu leur donnes leur nourriture en son temps. Tu la leur donnes, et ils la recueillent; tu ouvres ta main, et ils se rassasient de bien » (Ps 104.27-28).
À plus forte raison, nous qui sommes enfants de Dieu devrions-nous mettre notre espoir en notre Père céleste pour notre nourriture :
« Tous, avec espoir tournent les yeux vers toi, c’est toi qui leur donnes leur nourriture en son temps. Tu ouvres ta main et tu rassasies à souhait tout ce qui a vie » (Ps 145.15).
« Regardez les oiseaux du ciel : Ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une seule coudée à la durée de sa vie? » (Mt 6.26-27).
Oui, faisons-lui confiance! Il nous a prouvé son amour en Jésus-Christ. Cherchons premièrement son Royaume et sa justice et croyons que ce dont nous avons besoin nous sera donné par-dessus.
« Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi tout avec lui, par grâce? » (Rm 8.32).