Cet article a pour sujet les croyances du pentecôtisme sur le baptême et les dons spéciaux de l'Esprit. Actes 2, Actes 8, Actes 10 et Actes 19 montrent que les expériences décrites ne sont pas un modèle pour aujourd'hui.

6 pages.

Faire face au défi charismatique

  1. La Pentecôte (Ac 2)
  2. Les Samaritains (Ac 8.14-25)
  3. Corneille, le païen (Ac 10.1 à 11.18)
  4. Les disciples de Jean-Baptiste (Ac 19.1-7)
  5. La leçon que nous enseignent ces quatre épisodes
  6. Interagir avec les charismatiques

Une des différences les plus importantes entre les réformés et les pentecôtistes, ainsi que certains charismatiques, c’est que ces derniers croient que le livre des Actes serait notre guide concernant les dons spéciaux et que le baptême du Saint-Esprit, comme il apparaît dans le livre des Actes, serait une œuvre spéciale se produisant après la régénération par l’Esprit.

Ils citent la Pentecôte (Ac 2.1-41) ainsi que les événements impliquant les Samaritains (Ac 8.14-25), Corneille (Ac 10.1 à 11.18) et les disciples de Jean à Éphèse (Ac 19.1-7). Ils affirment que, dans ces passages, des gens déjà considérés comme des disciples sont ensuite baptisés par le Saint-Esprit et que ce serait là le modèle à suivre pour les chrétiens aujourd’hui. Cependant, dans chacun de ces cas, il y avait une raison particulière pour laquelle le baptême du Saint-Esprit s’est produit à ce moment précis. Par conséquent, ces passages ne constituent pas un modèle général que nous devrions essayer d’imiter aujourd’hui.

1. La Pentecôte (Ac 2)🔗

L’expérience même de la Pentecôte est l’accomplissement des paroles de Jésus qui avait déclaré à ses disciples qu’ils recevraient « la promesse du Père » : « Vous serez baptisés d’Esprit Saint. » « Vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1.4-5,8). Cette puissance qui est venue sur eux s’est non seulement manifestée lorsque « il vint du ciel un bruit comme celui d’un souffle violent qui remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres leur apparurent; elles se posèrent sur chacun d’eux » (Ac 2.2-3), mais aussi lorsque « ils furent tous remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (Ac 2.4). Ils ont été remplis du Saint-Esprit et dotés d’une puissance qui ne pouvait venir que de Jésus-Christ monté au ciel, donnant ce que son Père et lui-même avaient promis à ses disciples.

Ils ont connu le baptême du Saint-Esprit de cette façon parce qu’ils ont vécu avant et après la résurrection et l’ascension et parce qu’ils sont devenus croyants avant que la promesse puisse être donnée. Les phénomènes spectaculaires du vent et du feu ne se sont cependant pas produits à nouveau. Même les cas de parler en langues qui se sont produits ultérieurement ne semblent pas avoir été aussi importants qu’à la Pentecôte, alors que chaque personne avait pu entendre les apôtres dans sa propre langue (Ac 2.6,11).

Qu’est-ce que Pierre, qui se tenait avec les onze, a dit à ceux qui l’écoutaient? Il leur a apporté l’Évangile, puis il leur a dit :

« Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2.38-39).

Ce que les apôtres avaient reçu en deux étapes (le pardon des péchés et le don du Saint-Esprit), Pierre l’a offert à ses auditeurs en une seule offre complète, donnée et reçue simultanément. C’est là le modèle pour aujourd’hui, et non pas l’expérience particulière des apôtres. Pierre n’a pas dit à ses auditeurs d’attendre, comme Jésus avait dit aux apôtres de le faire (Ac 1.4). Ceux qui ont entendu Pierre ont au contraire répondu immédiatement (Ac 2.41). On ne mentionne pas non plus qu’ils aient reçu les signes spectaculaires que les apôtres ont reçus ni qu’ils aient parlé en langues étrangères afin que les autres puissent les entendre et les comprendre. Tout ce que le passage nous dit à leur sujet, c’est que ces croyants « persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières » (Ac 2.42). C’est uniquement au sujet des apôtres que le livre des Actes dit « qu’il se faisait beaucoup de prodiges et de signes » (Ac 2.43).

2. Les Samaritains (Ac 8.14-25)🔗

Le deuxième récit se trouve dans le contexte d’Actes 8.4-25. Le récit commence en racontant que « Philippe, descendu dans une ville de la Samarie, y prêcha le Christ » (Ac 8.5). La réponse est donnée en ces termes : « Les foules, d’un commun accord, s’attachaient à ce que disait Philippe, en apprenant et voyant les miracles qu’il faisait » (Ac 8.6). Le résultat est indiqué au verset 12 : « Mais, quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent baptiser. »

Les apôtres à Jérusalem ont appris que « la Samarie avait reçu la parole de Dieu », mais que l’Esprit Saint « n’était encore descendu sur aucun d’eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus » (Ac 8.14,16). Quand ils entendirent cela, « ils leur envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci, descendus chez eux, prièrent pour eux, afin qu’ils reçoivent l’Esprit Saint » (Ac 8.14-15). « Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint » (Ac 8.17).

Les Samaritains ont cru et ont été baptisés, mais ils n’ont pas reçu l’Esprit Saint avant que les apôtres ne leur imposent les mains. On peut déduire du texte que cette séquence des événements a été ainsi déterminée par le Seigneur pour une raison similaire à celle du cas de Corneille, alors que celui-ci et sa famille avaient d’abord reçu le Saint-Esprit, avant d’être baptisés. Dans le cas de Corneille, c’était pour convaincre les croyants circoncis qui accompagnaient Pierre et ceux qui étaient restés à Jérusalem qu’ils devaient recevoir et accueillir les païens comme des frères et sœurs dans la foi. Dans le cas présent, le but était d’unifier les croyants samaritains et les croyants juifs. Les Samaritains ont vu qu’ils dépendaient de l’imposition des mains des apôtres juifs et les juifs (représentés par les apôtres) ont vu qu’ils devaient recevoir en un seul corps, avec le seul Saint-Esprit, leurs frères croyants qui étaient Samaritains. Pierre et Jean ont continué d’annoncer « la parole du Seigneur » à ces croyants de la Samarie et « ils retournèrent à Jérusalem, en évangélisant plusieurs villages des Samaritains » (Ac 8.25).

3. Corneille, le païen (Ac 10.1 à 11.18)🔗

Le troisième récit des Actes se trouve aux chapitres 10 et 11. Dans ce passage, Pierre est convaincu par Dieu qu’il doit aller annoncer l’Évangile à Corneille et à sa maisonnée, à Césarée. Corneille était « centenier de la cohorte appelée italienne. Il était pieux et avec toute sa maison il craignait Dieu; il faisait beaucoup d’aumônes au peuple et priait Dieu constamment » (Ac 10.1-2). Après avoir présenté l’Évangile à Corneille et à ceux qui étaient avec lui, Pierre a conclu :

« Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés. Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole. Tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit soit aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient parler en langues et exalter Dieu » (Ac 10.43-46).

Encore une fois, comme en Actes 2, le message de l’Évangile, la foi en Jésus, le pardon des péchés et la réception du Saint-Esprit sont liés ensemble, mais cette fois le baptême du Saint-Esprit est venu sur ​​les païens afin de convaincre les croyants juifs que ces païens avaient vraiment été sauvés et admis dans peuple de Dieu. Notez comment Pierre les a exhortés à être baptisés parce qu’ils avaient « reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous » (Ac 10.47). Cette action de l’Esprit a convaincu non seulement ceux qui étaient avec Pierre, mais aussi les croyants juifs de Jérusalem, comme Actes 11.15-18 l’indique.

Plusieurs choses doivent être notées au sujet de cet épisode. Même si Corneille était un homme craignant Dieu, Pierre a reçu la directive d’annoncer à Corneille « des paroles par lesquelles il serait sauvé, lui et toute sa maison » (Ac 11.14). Pierre assimile le don du Saint-Esprit que Corneille et sa maison ont reçu à ce que les apôtres ont vécu, car « Dieu leur a fait le même don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ » (Ac 11.17). Il est intéressant de noter que Pierre établit un lien entre ce don et la foi des apôtres en Jésus-Christ, et rien d’autre, même si le don de l’Esprit est venu pour les apôtres après qu’ils eurent cru en Jésus-Christ, soit après son ascension. Cependant, cette perspective correspond exactement à la façon dont Jésus avait déjà présenté la promesse de l’Esprit en Jean 7.39 : « Il dit cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. »

Ainsi, Corneille et sa famille ont reçu ce baptême du Saint-Esprit, exactement comme Pierre l’avait proclamé et promis à la foule le jour de la Pentecôte (Ac 2.38-39), sauf que ce baptême a précédé leur baptême d’eau. Le Saint-Esprit est descendu sur eux avant qu’ils soient baptisés, comme témoignage aux croyants juifs qui accompagnaient Pierre ainsi qu’à ceux qui étaient restés à Jérusalem (Ac 11.15-18). Le parler en langues était un signe faisant savoir à tous que le salut et le baptême de l’Esprit étaient accordés à ces gens, qui étaient les premiers croyants d’origine païenne.

4. Les disciples de Jean-Baptiste (Ac 19.1-7)🔗

Le quatrième épisode se trouve en Actes 19.1-7. Paul est arrivé à Éphèse et il a rencontré quelques disciples à qui il a dit : « Avez-vous reçu l’Esprit Saint quand vous avez cru? » Ils ont répondu : « Nous n’avons même pas entendu dire qu’il y ait un Esprit Saint. » Paul leur a alors demandé : « Quel baptême avez-vous donc reçu? » Ils ont répondu : « Le baptême de Jean » (Ac 19.1-3). Paul leur a alors dit que Jean « disait au peuple de croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus ». Quand ils ont entendu cela, « ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Paul leur imposa les mains, et le Saint-Esprit vint sur eux » (Ac 19.4-6).

Ils étaient croyants, tout autant que Jean-Baptiste l’avait été, mais bien qu’ils aient reçu le baptême de Jean, ils n’avaient pas encore entendu que le Messie était venu. En entendant cette bonne nouvelle de la bouche de Paul, ils ont été baptisés au nom du Seigneur Jésus-Christ. « Paul leur imposa les mains, et le Saint-Esprit vint sur eux; ils se mirent à parler en langues et à prophétiser » (Ac 19.6). Ici encore, il s’agit d’une autre expérience unique. Ces hommes avaient répondu avec foi à un message venant de Jean-Baptiste que quelqu’un leur avait présenté; se reconnaissant coupables de leur péché, ils s’étaient repentis et avaient été baptisés du baptême de Jean. Ils avaient reçu « le baptême de Jean », mais pas le baptême au nom de Jésus.

Après avoir entendu de Paul que Jean n’avait pas seulement appelé les hommes à se repentir de leurs péchés, mais aussi à « croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus », ils ont cru en Jésus et ont reçu le baptême en son nom. Que ce soit pendant qu’il les baptisait ou par la suite, Paul leur a imposé les mains et le Saint-Esprit est venu sur eux. Ce baptême de l’Esprit (et le salut en Jésus qui l’accompagne) leur a été signifié, à eux et à Paul, par le fait qu’ils « se mirent à parler en langues et à prophétiser » (Ac 19.6).

5. La leçon que nous enseignent ces quatre épisodes🔗

Ces quatre épisodes ne constituent pas un modèle à suivre pour l’Église chrétienne, parce qu’ils ne présentent pas un modèle cohérent et uniforme. Le premier (la Pentecôte, Ac 2) et le quatrième (les disciples de Jean, Ac 19) sont les plus semblables, mais une différence importante existe, même entre ces deux épisodes. Certains apôtres avaient été disciples de Jean-Baptiste, mais lorsqu’ils ont entendu son message au sujet de Jésus, ils se sont tournés vers Jésus dans la vraie foi, pour ensuite devoir attendre que le Seigneur monté au ciel leur envoie le Saint-Esprit promis par Dieu. Les disciples de Jean à Éphèse n’avaient pas reçu autant que les apôtres; ils avaient entendu le message de la repentance et ils y avaient répondu, mais ils n’avaient pas encore entendu la partie concernant la foi en celui qui devait venir. Cependant, aujourd’hui, nous ne sommes pas dans cette situation ni ceux à qui nous annonçons l’Évangile.

Nous ne sommes pas non plus des Samaritains (Ac 8), méprisés par les Juifs et les détestant tout autant. Nous n’avons pas besoin d’apprendre que ce n’est que par les mains des apôtres juifs que nous pouvons recevoir le Saint-Esprit venu accomplir son œuvre puissante, vivifiante et unifiante. Nous avons reçu l’Esprit lorsque nous avons cru et nous n’avons pas eu besoin d’attendre que les apôtres ou qui que ce soit d’autre nous imposent les mains. Oui, nous sommes d’origine païenne, comme Corneille et sa famille, mais nous n’avons pas besoin de parler en langues pour convaincre des croyants juifs que nous sommes vraiment chrétiens.

Tous ceux d’entre nous qui ne vivent pas ces situations particulières et transitoires sont dans la même situation que ceux à qui Pierre a proclamé l’Évangile juste après la Pentecôte : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Ac 2.38).

En quoi cette recherche peut-elle être bienfaisante pour les croyants, dans leur âme et dans leur vie? En quoi peut-elle édifier leur esprit? C’est en leur permettant de reconnaître qu’en Jésus-Christ, ils ont tout ce dont ils ont besoin, qu’ils n’ont pas besoin de chercher quelque chose de mieux ou de plus, tel que le baptême du Saint-Esprit après la conversion. À l’exception de quelques cas particuliers dans le Nouveau Testament, où Dieu a tout spécialement enseigné à son Église que les Samaritains et les païens devenus croyants ne faisaient qu’un avec les croyants juifs et les apôtres, le Nouveau Testament affirme à plusieurs reprises que lorsque les gens sont unis au Christ par la foi, ils ont de ce fait reçu en lui le Saint-Esprit.

Ainsi, tous les chrétiens ont reçu le dynamisme découlant du fait d’être unis au Christ et d’être habités par son Saint-Esprit. Comme c’est le cas pour tant d’autres dons et tant d’autres grâces de Dieu, les chrétiens sont appelés par l’apôtre Paul à être continuellement remplis de l’Esprit et à marcher par l’Esprit, et non pas à se contenter d’avoir un jour cru, de s’être un jour repentis et d’avoir un jour été baptisés par l’Esprit.

6. Interagir avec les charismatiques🔗

Comment alors devrions-nous interagir avec nos frères chrétiens charismatiques? Lorsque l’occasion s’y prête, nous devrions leur parler en faisant preuve de compréhension et essayer de leur montrer, à partir des Écritures, que les dons surnaturels particuliers ont cessé du fait que les buts pour lesquels Dieu les avait donnés ont été atteints. Lorsque ces frères donnent leur propre vie en exemple comme preuve que leur pensée charismatique serait la bonne, nous devrions essayer de leur faire voir d’autres façons de comprendre ce qu’ils ont vécu. Étaient-ils des chrétiens de nom seulement, qui sont maintenant venus à une foi réelle en Jésus-Christ, et qui ont donc, comme les disciples d’Éphèse, reçu le baptême du Saint-Esprit lorsqu’ils ont vraiment mis leur confiance en Jésus? Ou bien étaient-ils de vrais croyants qui se sont détournés de leur marche nonchalante et sans enthousiasme lorsque Dieu, répondant à leur prière, les a remplis de son Esprit Saint dans lequel ils avaient déjà été baptisés?

Nous devons chercher à protéger le troupeau chrétien de l’erreur des charismatiques, mais, en même temps, nous devons recevoir ceux qui sont pris dans cette erreur comme des frères et sœurs dans le Seigneur et chercher à les éloigner de cette erreur.

La vitalité de la foi réformée est mise en évidence par le fait que l’œuvre de régénération de Dieu conduit immédiatement au baptême du Saint-Esprit et à l’œuvre continuelle de l’Esprit qui vient remplir les membres du peuple de Dieu. Cette œuvre de Dieu permet à son peuple de comprendre qu’il a, à l’époque apostolique, souverainement fondé son Église sur les apôtres et les prophètes, accompagnant leur témoignage d’une manifestation de dons extraordinaires. Cette œuvre permet également à son peuple de comprendre que Dieu continue de construire son Église sur ce fondement, sans que les apôtres et les prophètes soient présents aujourd’hui, par les dons spirituels ordinaires (et non pas extraordinaires) que Dieu donne encore à son Église. Cette compréhension permet à ceux qui embrassent la foi réformée de faire face au défi du mouvement charismatique et autres variantes aberrantes de la foi chrétienne.