Cet article a pour sujet l'incarnation du Fils de Dieu, sa conception miraculeuse et sa naissance, afin d'être notre Sauveur, à la fois vrai Dieu et vrai homme.

Source: La Parole faite chair - Prédications sur la naissance du Christ. 4 pages.

Le Fils de Dieu s’est fait homme

« Ah! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais », tel était la prière d’Ésaïe (És 63.19). Si tu déchirais la voûte du ciel et si tu venais à notre rencontre, c’était l’attente des fidèles de l’Ancien Testament. Eh bien oui, le ciel s’est déchiré! Le Fils de Dieu est entré dans notre monde. Puisque rien n’est impossible à Dieu, il ne s’est pas laissé arrêter devant les obstacles. Il ne s’est pas résigné devant notre révolte et notre péché. Il n’a pas abandonné sa création à la destruction. Il est venu en personne revêtir notre condition humaine et porter sur lui notre fardeau. Voici Emmanuel, Dieu avec nous! L’incarnation du Fils de Dieu par le Saint-Esprit dans la vierge Marie est l’un des plus grands, des plus profonds mystères de notre foi. La naissance de notre Sauveur, à la fois Dieu et homme, voilà l’événement que nous célébrons aujourd’hui avec tous les chrétiens de la terre.

Nous croyons fermement et nous confessons de tout notre cœur avec l’Église universelle que Jésus-Christ a été conçu du Saint-Esprit et qu’il est né de la vierge Marie. Le Fils unique de Dieu, né du Père, avant tous les siècles, lumière de la lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré et non créé, de même nature que le Père, il est descendu du ciel, il s’est fait homme!

Plusieurs trouvent ridicule ou contestent ouvertement le caractère miraculeux de cette conception, préparant cette naissance qu’on appelle virginale, c’est-à-dire qu’il est né d’une vierge. D’autres diront qu’une telle naissance est bien possible, mais qu’elle n’est pas du tout indispensable à notre rédemption. Pourtant, les credo et confessions de foi de l’Église l’affirment comme une certitude et une vérité indispensable à notre foi. Ces credo reprennent simplement le témoignage biblique :

« Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Dieu très haut te couvrira comme d’une ombre. C’est pourquoi on appellera saint et Fils de Dieu l’enfant qui doit naître » (Lc 1.35).

Jésus est réellement l’enfant de la vierge Marie. Joseph n’est que le père adoptif. Jésus est né parmi les hommes, mais non par la volonté de l’homme. Il est devenu réellement homme, avec tout ce que cela signifie. Il est semblable à nous en toutes choses, sauf le péché. Tout au long de son ministère, le Seigneur Jésus se présentera comme le Fils que le Père a envoyé. Il est venu d’en haut pour accomplir une mission et il remontera où il était auparavant pour reprendre la place qui lui revient de Seigneur et de Juge. On ne dit pas seulement de Jésus qu’il est « né », on dit de lui qu’il est « venu », parce qu’il existait déjà, « avant tous les siècles », et qu’il a été envoyé dans un but bien précis.

« La Parole s’est faite chair et elle a habité parmi nous » (Jn 1.14). Le Fils éternel du Père s’est fait homme. Dès le moment de sa conception dans l’utérus de Marie, il a pris notre nature humaine, pour être pleinement homme tout en restant à la fois pleinement Dieu, Dieu et homme en même temps! Il possède deux natures parfaitement unies en une même personne, sans être confondues ni mélangées. Qui peut sonder ce profond mystère? Qui peut expliquer l’action secrète du Saint-Esprit? Qui peut comprendre comment le Seigneur Jésus peut être à la fois Dieu et homme, sans rien perdre des qualités divines et sans empêcher qu’il soit un être humain normalement constitué?

Si nous l’acceptons, ce n’est pas parce que nous pouvons expliquer toutes les questions; si nous sommes prêts à vivre et à souffrir comme disciples de ce Jésus éternel né à Bethléem, c’est parce que nous avons entendu de nos parents le message de Noël. Nous l’avons reçu par la foi comme un message venant de celui qui nous aime, nous l’avons cru comme parole d’Évangile. Nous nous sommes mis à genoux et, à la suite des bergers et des mages, nous avons adoré cet Enfant de la crèche.

Adorons-le encore aujourd’hui, notre Dieu et notre frère, notre Créateur et notre Rédempteur! Méditons ensemble sur sa personne pour recevoir de lui les bienfaits qu’il nous donne.

Il a la vie en lui-même et il donne la vie à qui il veut. Cependant, il a accepté de recevoir la vie humaine et d’avoir une maman qui prendrait soin de lui.

Il est éternel, sans commencement de jour ni fin de vie. Pourtant, on peut situer sa vie dans une chronologie assez précise. Il est né au temps du roi Hérode et de l’empereur romain Auguste. Il est mort sous Ponce Pilate.

Lui qui, d’un seul regard, voit toute la terre, lui qui connaît tous les pays et toute la géographie du globe, lui qui peut nommer un par un chaque village, chaque localité, il est né à Bethléem, en Judée. Il a été amené par ses parents en Égypte. Il a grandi à Nazareth en Galilée. Il est appelé le Chemin, mais il a eu besoin d’emprunter le réseau routier de la Palestine pour se déplacer de ville en village.

Il vit depuis toujours un bonheur éternel et une communion parfaite dans la bienheureuse présence de son Père, mais il a accepté de vivre dans un environnement hostile et dans des conditions misérables. Dès ses premiers jours de vie humaine, il a été rejeté. « Marie le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’auberge » (Lc 2.7). Il a aussi subi l’hostilité ouverte et la moquerie publique. Il est venu parmi son peuple, mais ils ne l’ont pas accueilli.

Lui qui est saint et moralement parfait et qui, durant sa vie terrestre, n’a jamais commis de péché, il a pourtant accepté de naître au milieu d’un peuple pécheur et de côtoyer Marie-Madeleine, Pierre, la femme samaritaine, des soldats romains, Thomas, le douteur, et même Judas, le traître.

Il porte le beau nom de Fils unique de Dieu qu’il ne partage avec personne. Il a pourtant accepté d’avoir dans son arbre généalogique le nom de David, un meurtrier et d’un adultère; le nom de Ruth, une Moabite n’ayant pas de statut social en Israël; le nom de Rahab, la prostituée; et le nom de plusieurs rois infidèles comme Achaz, par exemple. Parmi ses cohéritiers, il a bien voulu inscrire le nom de chacun d’entre nous dans son livre de vie.

Lui qui donne en son temps la nourriture aux animaux et aux humains, lui qui s’appelle le Pain de vie, il a eu besoin lui-même de se nourrir, à commencer par les aliments pour bébé. Il a aussi subi l’épreuve de la faim et de la soif, il a jeûné au désert, tenté par le diable.

Lui qui fait lever le soleil, qui envoie la pluie, qui donne les saisons, il a dû suivre les rythmes saisonniers, se mettre à l’abri des chauds rayons de soleil, se vêtir adéquatement pour se protéger du froid. Dès les premiers instants de sa vie sur terre, il a été soigneusement emmailloté et déposé dans une mangeoire d’animaux.

Il est le fondement et l’architecte de l’univers, il a pourtant appris avec son père adoptif le métier de charpentier. Il a ordonné la vie des forêts; pour la croissance des arbres, il a inventé la photosynthèse, le cycle du carbone, de l’eau et de l’azote. Mais comme menuisier, il a fallu qu’il apprenne à travailler le bois, à se servir d’outils, en se faisant peut-être des échardes et en se donnant des coups de marteau sur les doigts.

Lui qui a pour temple et demeure toute la création, dont l’étendue céleste n’arrive pas à le contenir, tellement il est grand, et lui qui a soigneusement placé dans le ciel toutes ces étoiles, il a dû parfois dormir à la belle étoile, la tête sur une roche, parce qu’il n’avait pas d’endroit où habiter sur cette terre.

Il est la Parole de Dieu et le Prophète par excellence. Il est venu nous transmettre le message du salut de la part de son Père. Il connaît aussi tout ce que nous allons dire avant même que nous ouvrions la bouche. Pourtant, comme tous les enfants, il a dû apprendre à parler et à communiquer. Il a commencé par de simples syllabes, avant de pouvoir mieux s’exprimer et parler la langue en usage à l’époque. Il en a peut-être même appris deux ou trois : l’hébreu, l’araméen et peut-être le grec…

Lui qui connaît l’avenir depuis toute éternité et qui ordonne à l’avance ce qui va arriver, lui qui nous prépare un avenir et qui nous a donné à chacun une vocation, il a reçu lui-même une vocation, son Père lui a confié une mission qu’il devait accomplir à un moment précis sur la terre.

Il est notre grand Consolateur plein de compassion et de réconfort; mais il a pleuré et frémi devant la mort de son ami, Lazare.

Il est tout-puissant et ne redoute rien du haut de sa demeure céleste. Et pourtant, encore tout petit bébé, sous la menace du roi Hérode qui voulait tuer les enfants nouveau-nés de Bethléem, ses parents ont fui en Égypte pour le protéger. Plus tard, il a éprouvé des tourments intérieurs; avant son arrestation, alors qu’il luttait intérieurement et priait dans le jardin, il a eu l’angoisse de faire face non seulement à la mort, mais aux terribles tourments de la colère de Dieu contre nos péchés, jusqu’à s’écrier de terreur à la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Mt 27.46).

Lui qui est Roi et Législateur, lui qui commande et ordonne, lui à qui l’on obéit, il a appris l’obéissance et la soumission à la volonté de son Père. Il est né sous la loi, il a été accusé et maudit à notre place.

Il est le Bon Berger d’Israël qui conduit son peuple dans de verts pâturages et qui lui fait traverser sans crainte la vallée de l’ombre de la mort. En même temps, il s’est fait Agneau de Dieu. Il a été comme une brebis sans défense qu’on mène à la boucherie. Il a traversé lui-même cette vallée de la mort, donnant librement sa vie pour ses brebis.

Dans son palais royal, il ne reçoit que des invités qui ont été purifiés par son sang, mais il a accepté de se faire homme et de s’abaisser jusqu’à nous pour pouvoir rencontrer le diable en personne et le battre sur son propre terrain.

Ainsi, en ce Noël, nous célébrons ce profond mystère : le Fils de Dieu s’est fait homme. Il a uni en une seule personne deux natures si différentes : il est vrai Dieu et vrai homme! Comment pouvons-nous l’expliquer? Nous sommes plutôt appelés à en vivre. Car il est Dieu et homme pour notre salut. Son incarnation est notre plus grand profit. Vrai homme afin qu’il meure pour nous et paie notre dette à notre place, vrai Dieu pour être capable de supporter le poids de la colère de Dieu, vaincre la mort par sa puissance et nous procurer la vie éternelle par son Saint-Esprit. Vrai Dieu et vrai homme pour être notre Médiateur, égal au Père pour pouvoir intercéder en notre faveur et plaider notre cause devant lui, semblable à nous en toutes choses, sauf le péché, afin de nous comprendre, d’être compatissant à nos misères et de nous venir en aide dans nos détresses et nous procurer le secours dont nous avons besoin. C’est pourquoi Noël est notre joie, notre paix!