Cet article a pour sujet la résurrection du Christ dont le récit est rapporté par les évangiles et dont l'historicité est attestée par tout le Nouveau Testament. Cet événement certain est la pierre angulaire de la foi de l'Église apostolique.

Source: Introduction au Nouveau Testament. 3 pages.

La foi de l'Église apostolique en la résurrection du Christ

Aucun détail rapporté par le Nouveau Testament n’est sans importance. Cependant, tous ne sont pas de valeur égale. Certains faits ne sont rapportés qu’en passant. Les auteurs y font allusion sans trop s’y arrêter. Ils ne seront pas d’un poids essentiel pour l’ensemble de leur témoignage ni pour la foi de l’Église.

Mais en ce qui concerne la résurrection du Christ, nous constatons, au fur et à mesure que nous étudions le Nouveau Testament, qu’elle y occupe une place centrale, qu’elle domine aussi toute la période de formation de l’Église primitive ainsi que la pensée des chrétiens de la première génération. Ôtez la résurrection des pages du Nouveau Testament et l’Église s’éclipsera sans laisser de traces… Mais, comme vous le constaterez à chaque pas, elle est mise toujours en avant dans les discours des prédicateurs et des évangélistes.

Prenez tout à l’heure, si vous le pouvez, votre Bible, et soulignez sur les pages du Nouveau Testament les passages en rapport avec la résurrection du Christ. Vous serez étonnés de constater combien souvent elle y apparaît. Elle est la pierre d’angle sur laquelle repose l’édifice de la tradition chrétienne.

Un premier point qui arrêtera votre attention est, sous la plume des quatre évangélistes, Matthieu, Marc, Luc, Jean, le récit de la résurrection. D’une manière générale, les Évangiles ne rapportent pas les mêmes faits, sauf pour le miracle de la multiplication des pains. Même la naissance virginale, pourtant fondamentale pour comprendre la personne et l’œuvre du Christ, n’est rapportée que par deux évangélistes, Matthieu et Luc. De même, le récit de l’ascension ne se trouve que sous la plume de Marc et de Luc.

Si vous parcourez à présent le livre des Actes des apôtres, vous tomberez sur quelque dix-huit ou dix-neuf discours apostoliques, dont treize parlent clairement de la résurrection. Le tout premier chapitre de ce livre nous rapporte un entretien entre Jésus et ses disciples, et l’auteur souligne que pendant quarante jours Jésus s’est montré à eux : « C’est à eux aussi qu’avec plusieurs preuves il se présenta vivant, après avoir souffert, et leur apparut pendant quarante jours en parlant de ce qui concerne le royaume de Dieu » (Ac 1.3). Sa présence réelle et corporelle était devenue à leurs yeux indubitable.

À la fin de ce même chapitre, avoir été un témoin de la résurrection est présenté comme la condition requise pour être apôtre (Ac 1.22) et une ligne de la première lettre de saint Paul aux Corinthiens (1 Co 9.1) confirme cette condition. De même : « Avec une grande puissance, les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grande grâce reposait sur eux tous » (Ac 4.33).

Un autre point dans la lecture du livre des Actes des apôtres va nous révéler que le sujet litigieux passionnément controversé des deux côtés, les apôtres et leurs adversaires juifs, était précisément la résurrection du Christ (voir Ac 4.33 et 23.6).

L’un des gouverneurs romains de la Palestine, Porcius Festus, avait entendu l’apôtre Paul et ses adversaires se disputer au sujet de la résurrection du Christ et il en rendit compte au roi Agrippa en résumant la querelle; la controverse tournait, disait-il, autour d’un certain Jésus qui était mort, mais que Paul déclarait être vivant (Ac 25.19).

C’était exactement l’affirmation que Paul faisait partout où il avait la possibilité de prêcher. Jésus était vivant. Il y avait eu résurrection corporelle. En comparaissant devant le célèbre Aréopage, sur la colline de Mars, à Athènes, Paul n’hésite pas à affirmer devant des auditeurs à l’esprit sceptique, voire sarcastique, la résurrection du Christ (Ac 17.18).

En ouvrant les épîtres, celles de Paul ou celles des autres apôtres, nous rendons compte de nouveau de la centralité de la résurrection. Sa certitude fonde d’autres certitudes et permet d’élaborer d’autres points de doctrine.

On se souvient qu’Archimède, le savant et penseur grec de l’antiquité avait dit : « Donnez-moi un point où je puisse tenir un levier, et je soulèverai la terre! » On peut dire que les premiers chrétiens avaient découvert ce point-là en la résurrection du Christ, aussi furent-ils capables de soulever effectivement le monde, de bouleverser le cours de l’histoire et de transformer des existences. L’idée que l’Église primitive se faisait du Christ s’était formée à la lumière de sa résurrection corporelle (Rm 1.4). La justification du pécheur était fondée sur elle (Rm 4.25). L’éthique chrétienne se basait sur la résurrection (Rm 6.4). L’espérance chrétienne en l’au-delà et en l’immortalité s’inspirait de celle-ci (1 Th 4.14). La certitude du jugement final en découlait également (Ac 17.31).

La lettre aux Hébreux (que certains attribuent à la plume de Paul) partage la même conviction au sujet de la résurrection du Christ (Hé 13.20). De son côté, saint Pierre tient pour fondamentale l’historicité de la résurrection (1 Pi 1.3). Enfin, le livre de l’Apocalypse de Jean, le dernier des livres du Nouveau Testament est explicite : « Moi je suis le premier et le dernier, le vivant. J’étais mort, et me voici vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clés de la mort et du séjour des morts » (Ap 1.17-18).

Deux points ressortent avec une clarté aveuglante de l’étude des textes du Nouveau Testament que nous n’avons pu qu’effleurer ici. Tous les apôtres, ainsi que les simples fidèles, ont admis la résurrection corporelle du Christ comme un fait dont on ne saurait douter. Elle n’est pas un mythe. Non seulement ils y croient, mais encore ils la proclament avec une forte et joyeuse conviction.

Ainsi, quiconque n’inclurait pas la foi en la résurrection dans son système chrétien, qui en relativiserait l’importance ou qui la reléguerait dans le musée des croyances religieuses invérifiables se mettrait automatiquement hors de la foi de l’Église universelle. Cela demeure vrai même si, par ailleurs, il partageait certaines idées d’inspiration chrétienne ou reconnaissait quelque valeur spirituelle à l’enseignement chrétien.