Cet article sur Genèse 5.22-24 et Hébreux 11.5 a pour sujet l'histoire d'Hénoc. Sa marche en communion avec Dieu nous encourage face à l'incrédulité. Son enlèvement est signe de la vie éternelle en Jésus.

Source: Récits d'hier pour la foi d'aujourd'hui. 4 pages.

Genèse 5 - Hébreux 11 - L'histoire d'Hénoc

« Hénoc, après la naissance de Mathusalem, marcha 300 ans avec Dieu et il engendra des fils et des filles. La durée totale de sa vie fut de 365 ans. Hénoc marcha avec Dieu; puis il ne fut plus, parce que Dieu l’enleva. »

Genèse 5.22-24

« C’est par la foi qu’Hénoc fut enlevé, de sorte qu’il ne vit pas la mort; et on ne le trouva plus, parce que Dieu l’avait enlevé. Car avant son enlèvement, il a reçu le témoignage qu’il plaisait à Dieu. »

Hébreux 11.5

D’ordinaire, l’histoire des hommes est celle de leur naissance, de leur vie et de leur mort. Après quoi, on les oublie et, pour les générations futures, leur personne n’a aucune signification particulière ni décisive. Quelques-uns, de rares exceptions, laissent des traces un peu plus durables. On se souvient d’eux pour le bien ou pour le mal qu’ils ont accompli durant leur existence. « L’histoire est le juge des hommes et de leurs actes », dit-on sans trop se demander pourquoi.

C’est d’une manière tout autre, unique et originale, que l’Écriture nous fait entrer dans la galerie des hommes illustres du passé. Leurs portraits y sont dépeints soit comme des modèles à suivre, donnés en exemple, soit comme des signes d’horreur à cause de l’abîme où ils se sont précipités. En définitive, ce n’est pas leur histoire qui compte, mais la Parole de Dieu qui porte son jugement final et absolu. C’est elle qui a le pouvoir de nous gracier et de nous acquitter ou de nous juger et de nous condamner.

Dans la galerie des géants de la foi, nous rencontrons un homme d’une taille exceptionnelle : Hénoc. Il possède une biographie de toute beauté, d’une éloquence saisissante malgré son extrême brièveté : « Hénoc marcha 300 ans avec Dieu » (Gn 5.22). Certains hommes excellent dans la carrière qu’ils ont choisie, l’art, la musique, la littérature, la science et la politique, ou le plus humble des métiers manuels. Plus doués que d’autres, ils peuvent les dépasser dans le champ de la compétition. Hénoc, quant à lui, excelle dans le domaine de la foi, de la vraie. Sans doute, il s’était entraîné tout au long de sa vie à faire la bonne, la correcte profession de foi. De telle sorte que le rayonnement de celle-ci parvient encore à travers les âges jusqu’à nous, dans notre siècle de confusion, d’égarement et de désarroi.

Nous nous émerveillons de la vie et de l’exemple d’un homme de sa trempe et de sa qualité. Quelle chose rassurante et réconfortante que la courte biographie de ce croyant illustre nous est transmise non pas par les soins d’archéologues et d’historiens, mais par ceux du Saint-Esprit! C’est lui en personne qui l’imprime sur les pages du livre qu’il a inspiré, qui érige ce monument en l’honneur du croyant qui nous a devancés et qui nous montre comment encore aujourd’hui on peut croire en Dieu.

À travers lui, nous recevons tous les signes de la richesse et de la solidité qui constituent la communion de la foi. Et quelle leçon salutaire dans cette chronique pour nous, hommes et femmes du vingtième siècle, avec nos prétentions et notre orgueil! Elle nous apprend qu’en définitive nous sommes les enfants du Dieu qui nous a créés, dont nous portons l’image et avec qui nous sommes appelés à marcher. Oublier cela c’est le plus grand malheur et la plus grande tragédie de notre vie…

Prêtons donc une plus grande attention à l’exhortation de l’épître aux Hébreux : « Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu » (Hé 13.7). Oui, frères, notre foi est pétrie du souvenir de nos pères spirituels; la foi d’Israël n’est rien d’autre que le rappel constant des actes extraordinaires de Dieu, ainsi que celui de nos ancêtres qui, dans la foi, ont mis en lui leur confiance. Nous vivons entourés d’une grande nuée de témoins de Dieu, et ce rappel s’impose surtout à un moment où, sous prétexte de modernité et avec les faux arguments d’un existentialisme sans racine, on veut faire de nous des orphelins spirituels; mais vous, souvenez-vous de vos pères dans la foi. Souvenez-vous d’Hénoc, l’homme qui a marché avec Dieu.

Nous n’avons pas à inventer la foi ni à l’imaginer pour notre époque. Certes, il convient de l’exprimer d’une manière actuelle et adéquate pour la transmettre et la rendre compréhensible aux hommes de chaque génération, mais en adapter le langage n’implique pas d’en altérer le contenu. Nous ne sommes pas seuls dans cette immense aventure qui commence depuis Abel jusqu’à Hénoc et Abraham, qui va de Moïse jusqu’à Paul, et qui, de là, à travers tous les témoins et disciples, Augustin, Calvin, Luther et d’innombrables croyants, parvient jusqu’à nous. Hénoc a marché avec Dieu. Il a marché avec force et conviction. Il a marché pour annoncer la Parole et le jugement (Jude 1.14-15).

La marche d’Hénoc avec Dieu contient bien plus que nous le pensons. Elle est plus qu’un pratique ecclésiastique, une piété anodine, une vie moraliste et rigide, sans sève ni grâce. C’est la marche par excellence de la foi. Elle traduit la vie et toutes les activités d’une religion, un culte d’adoration et de service offert à Dieu. Les moindres détails comme les plus grands devoirs s’y trouvent. La vie tout entière est religion; elle est le seul moteur qui nous transporte. Elle n’est pas un aspect isolé de la vie, une pratique occasionnelle ou encore une opinion que l’on possède et qu’on exprime, un choix que l’on peut faire selon ses tendances et ses goûts. Aussi, le contraire de la religion ce n’est jamais l’athéisme, le sécularisme, l’agnosticisme, ni même la neutralité. Le contraire de la religion, de la vraie, c’est l’idolâtrie, l’apostasie, la rébellion contre Dieu.

L’incrédulité de notre cœur n’est jamais l’absence de la foi, mais une foi orientée vers un faux dieu. Personne ne peut vivre sans religion de même qu’on ne saurait vivre en dehors de sa peau. Demander à quelqu’un s’il croit en Dieu, c’est mal poser la question. Il faut plutôt demander quel est le dieu auquel il croit! Tout engagement, quelle qu’en soit la nature, est un engagement d’ordre religieux, qu’il s’agisse de la science, de la technique, de la lutte sociale, de la politique ou de la philosophie. C’est un engagement total pour une cause et une idée qui remplacent Dieu. Notre cœur est un moteur religieux qui tourne soit en direction du vrai Dieu soit en direction des idoles. Il ne tournera jamais à vide. Or, dans l’exemple d’Hénoc, nous avons précisément cette marche intégrale d’un homme avec son Dieu. Et quel contraste avec son contemporain Lémek, le descendant de Caïn! Lémek se vantait de sa force et s’appuyait sur ses armes (Gn 4.23-24). Pratiquement, Dieu était absent de sa vie. Il s’en était débarrassé. Lémek restera le modèle de toute religion centrée sur l’homme, négative et idolâtre.

« Dieu est mort, et c’est nous qui l’avons tué », écrivait l’auteur le plus triste de toute la littérature mondiale, F. Nietzsche. « Dieu est mort », ont écrit ces dernières années non des athées, mais des théologiens et des pasteurs dans la ligne de Caïn et de Lémek. C’est le refus scandaleux de la révélation au profit d’une idéologie matérialiste, d’une philosophie athée, d’une psychologie anti-biblique. Remarquons que la marche avec et selon Dieu ne suppose pas un désintéressement vis-à-vis de la vie temporelle et quotidienne. La brève chronique consacrée à Hénoc nous apprend que l’homme de la foi s’était engagé à sa manière dans la vie. Il avait engendré des fils et des filles, fondé une famille, ce qui était plus qu’une activité biotique (Gn 5.22).

En protégeant et en élevant sa famille dans une société sans doute déjà largement corrompue, il était le sel qui permettait à celle-ci de bénéficier encore de la patience de Dieu. Il accomplissait son devoir social sous le regard de son Dieu comme signe de son obéissance. Hénoc n’était pas un ascète fuyant le monde, mais le témoin de Dieu dans celui-ci. Car être témoin de Dieu dans une société rebelle ou sécularisée demande non seulement du courage, mais surtout la foi et l’espérance. Élever des enfants dans un monde de perversion c’est résister à la tentation de tout abandonner et de prendre la fuite, c’est subir l’épreuve avec succès, tenir la gageure. Il y a des époques où le croyant doit s’appuyer plus fortement encore, si l’on peut dire, sur Dieu. Et la nôtre en est une. L’incrédulité ne vient pas seulement de l’extérieur, elle sévit même dans les Églises. Le mal n’est pas simplement autour de nous, il a pénétré au milieu de nous et sape les fondements mêmes de l’Église visible.

Un monde méchant se dresse contre Dieu avec violence et insolence. « Ni Dieu, ni Maître », le vieux slogan plein d’arrogance retentit toujours avec haine et détermination. Allons-nous céder ou même devenir le complice de ces nouveaux païens?

Hénoc est, enfin, le signe prophétique de Dieu se tenant, dans cet âge reculé, auprès d’un croyant qui marche avec lui. « Hénoc marcha avec Dieu; puis il ne fut plus, parce que Dieu l’enleva » (Gn 5.24). Cela ne veut pas dire que sa vie fut terminée, mais qu’elle fut transformée en gloire. Ses contemporains ont vécu et sont morts. Est-il superflu de nous rappeler que, avec une morne régularité, la toile de fond de la vie c’est la mort? Que l’histoire de l’humanité est une longue procession funéraire? Les descendants de Caïn n’ont pas d’âge, car ils n’ont pas d’avenir. Mais Hénoc, lui, entre directement dans son avenir glorieux, préservé de la mort. « C’est par la foi qu’Hénoc fut enlevé, de sorte qu’il ne vit pas la mort; et on ne le trouva plus, parce que Dieu l’avait enlevé » (Hé 11.5). Dieu, qui a décidé que le salaire du péché serait la mort, en exempte exceptionnellement cet homme pour lui accorder directement la vie.

Ainsi la révélation de Dieu sur le passé et sur l’avenir éclate dans l’existence d’un homme, dès l’aube de l’humanité. Nous lui serons semblables, car à cet effet Dieu nous a donné une plus grande assurance, celle que nous obtenons par la victoire et la résurrection de son Fils.

Hénoc vécut moins longtemps que d’autres, moins que son fils Mathusalem. Si parfois la longévité peut devenir une bénédiction, car elle permet de se repentir et de se préparer à rencontrer Dieu, elle peut aussi être l’occasion de traîner des fardeaux et de subir les effets du péché. Mais voici qu’un homme appartenant comme vous et moi à la race humaine fut enlevé auprès de Dieu et transporté à une vie glorieuse, appelé à la vie éternelle. Jésus-Christ a vaincu la mort et l’a détruite. C’est lui qui nous rassure : « Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort » (Jn 11.25).