Hébreux 8 - Le modèle à suivre
Hébreux 8 - Le modèle à suivre
« Or voici le point capital de ce que nous disons : nous avons un souverain sacrificateur qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux; il est ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, dressé par le Seigneur et non par un homme. Tout souverain sacrificateur, en effet, est établi pour présenter des offrandes et des sacrifices; d’où la nécessité, pour lui aussi, d’avoir quelque chose à présenter. Or, s’il était sur la terre, il ne serait pas même sacrificateur, étant donné qu’il y en a d’autres qui présentent des offrandes selon la loi. Ceux-ci célèbrent un culte qui est une image et une ombre des réalités célestes, ainsi que Moïse en fut divinement averti, quand il allait construire le tabernacle : Regarde, lui dit Dieu, tu feras tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne. »
Hébreux 8.1-5
Nous nous trouvons au seuil du troisième millénaire, et ce passage véhicule pour un grand nombre de nos contemporains tout un cortège de peurs… Nous trouvons-nous à l’aube d’un monde meilleur, ou bien, selon des prévisions plus pessimistes, allons-nous entrer dans une période plus effrayante que toutes celles que l’histoire des hommes a connues jusqu’à ce jour? Ceux qui s’interrogent à ce sujet voient des ombres gigantesques se projeter sur le proche avenir de l’humanité, et ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas cherchent la clarté et recherchent le discernement. Comment donner courage aux uns et aux autres au cœur de ce monde troublé?
Au milieu de cette peur qui fait parfois plus de mal que le mal lui-même, et alors que nous sommes à la quête d’arches pouvant nous placer au-dessus des eaux mortelles du crépuscule d’une époque, nous écoutons une voix, un conseil, un avertissement : « Tu feras tout d’après le modèle qui t’a été montré » (Hé 8.5).
Nous vivons des temps et dans des circonstances différentes de celles des hommes qui écoutèrent cet appel pour la première fois, les chrétiens hébreux. L’on dit que nous vivons à l’époque « post-chrétienne », tout au moins en ce qui concerne l’Occident autrefois christianisé. Plus aucun secteur de la vie publique ne reçoit son impulsion de l’Évangile, car ils sont tous dissociés de la vie de l’Église. Il se trouve même nombre de chrétiens, ou soi-disant tels, pour prôner l’identification de l’Église avec le monde et sa conformité au siècle présent. Or, l’avertissement de l’apôtre nous dit que, ce qui en définitive est essentiel et décisif, ce n’est ni le passé ni l’avenir, ni même le présent, mais la Parole prononcée et écrite il y a longtemps, à l’aube du premier millénaire. Quels que soient donc les mutations du monde et le cours de l’histoire, notre vocation chrétienne demeure la même.
D’autres, avant nous, sont restés fidèles à cet appel, attentifs à l’exhortation, soucieux de tout faire selon le modèle donné par la Parole du Dieu vivant. Il n’y a aucune raison, même de nos jours, pour ne pas agir de la même manière. Les chrétiens de jadis prirent cet appel à la lettre parce qu’ils y discernèrent la Parole de vie. Ils crurent que le Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement, accordant ses dons et son Esprit pour que les fidèles ne s’appuient que sur le discernement de l’Esprit et se conduisent dans la clarté de la sagesse divine.
Nous ne saurions pas vivre en nous prévalant de notre sagesse humaine, et encore moins en nous inspirant des idéologies en vogue ou de ces théologies dites « progressistes » et des systèmes artificieux qu’elles proposent. La sagesse de Dieu nous a été révélée dans toute sa clarté.
Qui oserait prétendre avoir la sagesse nécessaire en dehors de lui? Avoir la lumière suffisante sans être éclairé par la lampe divine? Car sans elle tout n’est qu’obscurité, malgré les reflets inquiétants de la science et de la technique de cette fin de vingtième siècle. Obscurité chez les chercheurs, chez les savants et chez les techniciens, qui, pourtant, au lieu d’apporter des solutions aux hommes, semblent l’égarer toujours davantage dans le labyrinthe de problèmes de plus en plus complexes. Malgré les prétentions de la psychologie moderne de rétablir la communication, nos contemporains vivent seuls, impuissants à se supporter, et ainsi que l’écrivait il y a déjà plusieurs années Pierre Emmanuel, le poète chrétien : « Ils sont deux mille millions, et chacun est seul… »
L’énigme de l’existence, le mystère des origines et les secrets inquiétants que renferme l’avenir plongent notre génération dans l’angoisse et la perplexité au seuil de ce nouveau millénaire envisagé dans la peur et la perplexité. Serait-ce donc l’anéantissement qui nous attend, dans le chaos que nous sommes en train de créer, ou bien y a-t-il une lueur d’espoir, un message qui rassure et qui réconforte?
Qui prononcera une parole de sagesse? Qui indiquera une issue? Qui lèvera la voix pour annoncer un message d’espoir? Seraient-ce les chrétiens qui, à cor et à cri, se prononcent pour la disparition des Églises? Les théologies dites de la révolution ou de la libération? Les idéologies irrationnelles ou perverses, souvent les deux à la fois? Certainement pas! La Parole d’espérance est la Parole biblique, dans son actualité aussi bien que dans sa pérennité : « Tu feras tout d’après le modèle qui t’a été montré. »
C’est Dieu en personne qui a prononcé cette Parole de sagesse et d’espérance. Il a parlé autrefois, et ces derniers temps il nous a parlé en son Fils Jésus-Christ. Personne ne peut bâtir l’avenir, et ceci malgré les illusions des illuminés. C’est Dieu qui prépare un avenir dans lequel il se manifestera dans sa clarté éblouissante et avec sa sagesse libératrice. Tout ce qui appartient à l’âge présent, quel qu’en soit le millénaire et quelle qu’en soit l’heure sur l’horloge de l’histoire, tout est appelé à disparaître dans le fracas, la poussière et les ruines et à sombrer dans l’oubli, pour la plus grande confusion des orgueilleux de ce siècle.
L’avenir, lui, viendra d’en haut. Le Temple de Dieu, le Tabernacle, celui auquel fait allusion notre texte biblique, est bâti par les mains mêmes de Dieu, afin que sa gloire s’y déploie et que son pouvoir se manifeste.
Jésus-Christ y est installé comme le Grand-Prêtre, l’officiant par excellence. Il œuvre en faveur de son Église et des chrétiens qui en font partie. Il intercède en faveur de son peuple, qu’il conduit de manière sûre et certaine. Aussi obscur que l’avenir nous paraisse, nous savons qu’il y aura une Église, une Église chrétienne, à laquelle sont promis et offerts le salut et la libération.
Certes, nous devons déchiffrer les mentalités modernes, les cultures nouvelles et la langue des hommes de notre temps. Mais les hommes d’aujourd’hui, comme l’Église de cette fin de siècle, auront constamment besoin, comme ceux du passé, d’entendre le message de la croix de Jésus, élevée au milieu du monde et au centre de l’histoire, dont elle constitue l’axe. Le sang du Fils de Dieu a été répandu pour réconcilier l’homme égaré dans les ténèbres, cet homme à la recherche éperdue de son identité avec son Dieu, Créateur et Libérateur. L’espérance de tout homme, et tout particulièrement du croyant, se trouve en lui.
Nous sommes au seuil du troisième millénaire, mais aujourd’hui comme hier, et dans l’attente de la fin, il n’y a que ce message qui rassure, qui éclaire et qui donne courage. Avec un tel message, nous pouvons affronter la fin du siècle et surmonter tous les dangers et toutes les situations, aussi explosives qu’elles soient. N’écoutons pas les voix séduisantes, mais combien trompeuses, des sauveteurs utopistes et autres faux prophètes… Le mystère des origines et les secrets de l’avenir nous sont connus, parce que nous connaissons celui qui les détient. Dans sa sagesse et son Alliance, Dieu décide de s’occuper des hommes et il vient en personne les éclairer.
Il nous appartient de tout faire selon le modèle qu’il nous a donné et de demeurer co-ouvriers avec lui. C’est ainsi que nous recevrons la clarté, le discernement et l’assurance dont nous avons besoin.
L’Esprit de Dieu fera jaillir pour nous la lumière et répandra la vérité. L’Esprit est réellement dans le monde, présent et efficace pour transformer les relations entre les hommes, entre ceux-ci et la création et surtout entre l’homme pécheur et son Dieu. Souvenons-nous donc du modèle reçu. Contrairement aux tentatives sécularistes ou pseudo-chrétiennes de libérer l’homme, nous savons qu’en l’an de grâce que Dieu nous permet de franchir et jusqu’à la fin des temps, c’est en notre constant retour aux Écritures et au modèle divin que nous avons la promesse de renouveau.