Cet article sur Jacques 5.14-16 a pour sujet la prière de la foi pour les malades, en présence des anciens de l'Église, avec la promesse de guérison et de pardon des péchés confessés.

Source: Grandir en maturité - Méditations sur l'épître de Jacques. 4 pages.

Jacques 5 - Prière et guérison

« Quelqu’un parmi vous est-il malade? Qu’il appelle les anciens de l’Église et que ceux-ci prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur; la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière agissante du juste a une grande efficacité. »

Jacques 5.14-16

« La prière de la foi sauvera le malade. » Il est question dans cette phrase de la foi et de la prière. Dieu nous invite à nous présenter les uns et les autres à lui, dans la misère de notre faiblesse et de nos maladies. Dieu nous révèle qu’une promesse est attachée à la prière que l’on fait l’un avec l’autre et l’un pour l’autre. À la confession mutuelle de nos péchés, Dieu nous offre la guérison et le pardon. C’est là un langage qui ne nous est pas habituel, pour la bonne raison que nous n’accordons pas tant de puissance à notre prière. Nous avons besoin que la grâce de prier nous soit accordée de nouveau.

Mais prenons-y bien garde, car il est dit : « La prière de la foi sauvera le malade », à quoi Jacques ajoute encore : « Et le Seigneur le relèvera ». Il nous est clairement dit que ce n’est pas nous qui sauverons le malade par notre foi ou par notre prière. C’est le Seigneur qui relève! Nous sommes, il va sans dire, invités à la prière de la foi, mais ce n’est pas encore le salut lui-même. Ce n’est ni la foi ni la prière qui sauvent, mais Dieu seul. Il doit donner à la foi et à la prière leur efficacité. Ce n’est pas en notre prière que nous devons croire, mais en Dieu.

C’est de cette manière qu’il faut comprendre cette parole de Jésus lui-même au malade : « Ta foi t’a sauvé »! La foi n’est pas un remède, qui pourrait être utilisé comme n’importe quel moyen de guérison. Nous n’avons qu’une seule chose à faire : nous jeter sans condition dans les bras du Père; c’est cela que signifie croire et prier. Telle est la foi que Dieu attend de nous. Tout cela devait être dit très clairement, parce que cette invitation de Jacques à la prière de la foi, ce conseil de faire venir les anciens afin de prier pour les malades, a donné lieu à divers abus.

Les hommes se laissent toujours attirer par n’importe quelle science à caractère mystérieux, par toutes sortes de magies qu’ils s’imaginent pouvoir leur permettre d’échapper à la souffrance et à la mort. Pour peu que la science proposée et la magie offerte soient enrobées d’une terminologie chrétienne, alors tout le monde est content. Ce n’est pas pour rien que de telles formes de « christianisme » ont tant de partisans… Mais ici, il faut être extrêmement prudent, car il y a une limite très précise qui sépare le salut que Dieu nous promet dans l’Écriture sainte, en réponse à la prière de la foi, des abus qu’on en fait.

La foi qui sauve est la foi en Jésus-Christ; son salut est le salut qui vient de son sang répandu sur la croix et de sa résurrection d’entre les morts. C’est donc toute autre chose qu’un salut humain, spirituel ou démoniaque. Il s’agit ici de l’établissement de la majesté et du règne du Père; c’est le nom du Seigneur qui seul peut être invoqué, comme Jacques précise clairement. C’est ainsi que Dieu a choisi de nous manifester sa puissance.

Cela dit, nous devons croire et prier. Il est nécessaire et possible de faire quelque chose de notre côté. Dieu attend de nous cette prière de la foi. Il reste évident que l’œuvre de Dieu lui-même précède toujours notre foi et notre prière. Mais Dieu a choisi de nous appeler à cette œuvre, qui est la sienne, et de nous y entraîner. Nous devons accepter cette possibilité que Dieu nous offre.

« Quelqu’un parmi vous est-il malade? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que ceux-ci prient pour lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur. » Ce n’est pas par hasard que Jacques prend l’exemple de la maladie. Il aurait pu très bien dire par exemple : « Quelqu’un parmi vous est-il malheureux? Ou dans la détresse? Ou insensé? Ou dans l’embarras? » Tout cela serait possible et, au fond, est inclus dans la question de Jacques. Mais si Jacques présente ici la question précise de la maladie, c’est sans doute parce qu’il pense à Jésus, qui a choisi particulièrement d’être l’ami des malades. « Il a pris nos infirmités, il s’est chargé de nos maladies », écrivait le prophète Ésaïe, et lui-même déclare dans sa parabole : « J’ai été malade ». Jésus est près des malades, qui comptent beaucoup à ses yeux. Ils ne sont pas laissés de côté. Il étend une main secourable sur les hôpitaux, sur toutes les salles d’opération, sur les maisons d’aliénés, comme aussi sur toutes les chambres de malades isolés.

L’importance d’un homme diminue aux yeux du monde quand il est malade. L’Église doit savoir que les malades n’ont pas moins d’importance que les autres. Nous devons chercher Jésus-Christ plutôt du côté des malades que des bien portants. Le malade est l’être le plus désarmé et le plus menacé. Il a épuisé ses forces, et en cela il nous révèle ce que nous sommes tous : des enfants du péché, même lorsque nous sommes bien portants. Mais le Fils de Dieu est venu pour sauver les pécheurs, les condamnés à mort que nous sommes tous. C’est aux faibles et aux misérables que Jésus donne sa grâce. C’est pourquoi un temps de maladie nous rend souvent plus accessible la connaissance de Jésus.

Jacques exhorte le malade à appeler les anciens de l’Église. Ce n’est pas l’action d’un seul que Jacques appelle au chevet du malade, mais l’action de l’Église. En effet, la prière commune, la confession commune des péchés, l’invocation du nom de Dieu dont parle ici l’auteur, ne rendent vraiment gloire à Dieu que pratiquées dans l’Église.

Nous savons bien que l’orgueil nous pousse à l’isolement. Nous devons appeler à l’aide. Il faut vaincre la fausse fierté, refuser de suivre le penchant de notre cœur, reconnaître qu’on ne peut pas s’en tirer tout seul. « Quelqu’un est-il malade? » Qu’il appelle Dieu! Mais pour pouvoir vraiment appeler Dieu, il faut faire appel à quelqu’un qui nous aide à aller avec toutes nos souffrances jusqu’au Père.

Un mot à propos de cette « huile » dont les anciens doivent oindre le malade. Dans l’antiquité, l’huile était un médicament. L’ordre d’oindre d’huile le malade est tout simplement une recommandation de ne pas négliger la médecine. Alors que, justement, notre fierté serait satisfaite si nous pouvions nous passer et du médecin et de la médecine… Mais la prière n’est pas là pour remplacer le médecin. La médecine, ici l’huile, est aussi considérée comme un véhicule du salut de Dieu, qui donne la vie. L’onction d’huile était aussi le signe de la joie glorieuse qui régnait lors d’un banquet. Vue sous cet angle, l’onction d’huile signifie que le malade, malgré la solitude qui lui impose la maladie, est aussi au nombre des invités que Dieu convie à sa table, dans son Royaume.

Reste encore un dernier point, le plus difficile qui soit soulevé ici : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris! » La maladie est un état qui nous permet de comprendre que notre vie est troublée, et même bouleversée, parce que le lien qui nous unit au Père est rompu. La maladie nous détruit parce que nous ne sommes pas en règle avec Dieu. Ce qui ne veut pas dire que nous puissions faire remonter chaque maladie à un péché précis. Jésus l’a défendu expressément. Cependant, pour quiconque connaît la Bible, il est évident qu’il y a un rapport entre le péché et la mort.

Pour que nous apprenions qui nous sommes devant lui et qu’il puisse à nouveau nous faire don de sa grâce, Dieu nous envoie des hommes devant lesquels nous avons à confesser nos péchés. Au Psaume 32, David raconte cette expérience profonde :

« Tant que je me suis tu, mes os se consumaient, je gémissais toute la journée. J’ai fait connaître mon péché, je n’ai pas caché mon iniquité; j’ai dit : j’avouerai mes transgressions à l’Éternel! Et tu as effacé la peine de mon péché. »

Personne n’est absous sans une sincère confession. Une très grande bénédiction est attachée à une sincère confession des péchés, qui nous permet de nous révéler les uns aux autres toute l’opposition qui existe en nous contre Dieu et contre sa volonté. Le péché que nous cachons et que nous ne voulons pas reconnaître nous ferme l’accès au Père. « Confessez donc vos péchés les uns aux autres. »

Telle Église a fait de l’onction d’huile, chose curieuse, le sacrement de la mort. Or il n’en est pas du tout question ici. Au contraire, il est question ici de la guérison et du salut. C’est la raison pour laquelle nous devons, quant à nous, nous abstenir de faire de cette onction d’huile un signe arbitraire que Dieu n’a pas voulu nous donner. Jésus-Christ a institué deux sacrements : celui du Baptême et celui de la sainte Cène. Nous sommes tous malades, nous sommes tous éprouvés d’une manière ou d’une autre; acceptons donc humblement ces deux signes. Ils sont la véritable huile dont nous devons être oints.