Cet article sur Jean 2.1-11 a pour sujet le miracle de Jésus aux noces de Cana où il est venu révéler la nature de la vraie joie donnée en particulier au mariage et à la famille.

Source: Les miracles de Jésus. 4 pages.

Jean 2 - Les noces de Cana - Joie pour la famille

« Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus fut aussi invité aux noces, ainsi que ses disciples. Comme le vin venait à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin. Jésus lui dit : Femme, qu’y a-t-il entre toi et moi? Mon heure n’est pas encore venue. Sa mère dit aux serviteurs : Faites tout ce qu’il vous dira. Il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus leur dit : Remplissez d’eau ces jarres. Et ils les remplirent jusqu’en haut. Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l’organisateur du repas. Et ils lui en portèrent. L’organisateur du repas goûta l’eau changée en vin; il ne savait d’où venait ce vin, tandis que les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient; il appela l’époux et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on s’est enivré; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. Tel fut à Cana, en Galilée, le commencement des miracles que fit Jésus. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

Jean 2.1-11

Plus encore qu’autrefois, il y a actuellement la nécessité de faire pénétrer Jésus-Christ et l’esprit chrétien dans toutes les sphères de la vie, dans les relations humaines, sociales, économiques, industrielles, voire politiques, dans les lois autant que dans les mœurs personnelles, dans la littérature et dans les informations. Nous avons, plus que jamais, besoin d’un christianisme qui soit aussi bien social qu’individuel. Cette conception du christianisme répond à une situation réelle, à des besoins vrais, à des devoirs urgents, que nul n’a le droit de négliger.

Entre l’individu et la société, il y a un domaine intermédiaire dont on parle moins souvent, comme s’il n’avait pas autant d’importance, et qui, pourtant, est à la fois le berceau des âmes et la pépinière de la société : la famille.

C’est le cercle de la famille que nous présente le passage biblique lu à l’instant. Nous suivrons Jésus, pas à pas, jusqu’à Cana. Et nous verrons ce qu’il y est pour la famille, ce qu’il y fait lorsqu’il y est reçu, aujourd’hui comme au cours de son ministère terrestre.

Il y avait — lisons-nous dans l’Évangile — un repas de noces à Cana. Jésus y est invité, ainsi que sa mère et certains de ses intimes. Dans ce passage, nous voyons Jésus dans la famille aux jours de fête, aux jours exceptionnels de joie débordante; et nous pouvons juger, d’après cela, ce qu’il est pour la famille dans la vie ordinaire, aux jours de bonheur paisible, lisses et unis comme une mer calme…

La réalité était simple. Si modeste la famille qui avait invité Jésus et ses disciples fut-elle, si simples fussent les noces de Cana, c’étaient de vraies noces. Il y avait un festin; il y avait, pour les besoins des circonstances, une organisation imitée des grandes maisons; il y avait des gens de service et un ordonnateur du repas; un maître d’hôtel. Enfin, tout indique dans le texte évangélique qu’il y avait parmi les conviés cet entrain, cet oubli momentané des soucis de la vie, cette bonne volonté générale de donner congé à l’ennui pour être tout entier à la joie, cette atmosphère propre aux jours de fête, qui n’en est pas le moindre des charmes… Et Jésus était là! Il y était venu librement et il y restait de même.

Il y a quelque chose qui nous étonne et qui, pour quelques-uns peut-être, va jusqu’à friser le scandale. Je me hâte de dire que si scandale il y a, c’est dans cet étonnement qu’il se trouverait, et nulle part ailleurs.

Je le sais, nous sommes si habitués à ne voir en Jésus que l’homme de douleur, l’homme de Gethsémani et de Golgotha, que nous avons de la peine à nous le figurer à un repas de noces, au milieu de guirlandes et de joyeux propos. Il y a été, cependant. Assister aux noces de Cana et contribuer par un miracle à la joie de la fête a été l’un des premiers actes de sa vie publique. Cela suffit à nous montrer que nous ne devons pas limiter Jésus-Christ dans sa parfaite humanité. S’il a été de plus en plus l’homme de douleur pendant sa vie terrestre, n’oublions pas que ç’a été la faute des hommes, celle des Juifs, ses contemporains, la nôtre aussi, indirectement, mais réellement, nous autres pécheurs, qui sommes devenus les complices des contemporains de Jésus par notre lenteur à le comprendre et à le croire; nous dont les péchés l’ont crucifié autant qu’il a dépendu de nous, et le crucifions peut-être encore par notre opposition à sa grâce rédemptrice et à son enseignement illuminant.

Oui, ce sont nos péchés qui ont fait de lui l’homme de douleur. Quant à lui, il était venu du séjour de la joie éternelle apporter au monde la joie. Il est donc aussi l’homme de la joie — ce qui est toute autre chose, que d’être un homme de plaisir —, l’homme de la joie pure et vraie, telle que Dieu l’a faite et telle que Dieu la veut; il est l’homme de la joie tout autant que l’homme de la douleur. Voilà pourquoi, au début de son ministère, une sorte d’attrait l’appelait au banquet des noces de Cana, afin d’y révéler la nature de la vraie joie, aussi bien que dans la maison de deuil, afin d’y rouvrir les sources taries du bonheur.

Quelqu’un pourrait m’objecter le caractère profane d’un repas de noces… Je protesterais énergiquement contre cette application du terme profane. Je répondrais avec Calvin : « C’est une grande louange pour le mariage que Christ non seulement a daigné se trouver au banquet des noces, mais aussi l’a honoré du premier de ses miracles. » Je répondrais encore : Rien n’est profane pour le chrétien si ce n’est le mal.

Avec plus d’apparences de raison, on pourrait objecter la dissipation, les excès qui se mêlent si aisément à la célébration des noces, et qui s’y mêlaient parfois chez les Juifs comme ailleurs. Partant de là, on pourrait émettre des doutes non pas assurément sur la pureté des intentions qui font asseoir Jésus aux noces de Cana, mais sur l’opportunité de sa présence à cette fête.

Je repousse cette objection comme la précédente. Lorsque Jésus et ses disciples prirent place au banquet de Cana, une chose leur garantissait qu’ils n’auraient pas à subir la vue du scandale et à le sanctionner en quelque sorte par leur présence; c’était cette présence même, c’était le fait qu’on les eût invités, eux qu’on savait être de vrais trouble-fête pour qui eut voulu se livrer devant eux à de coupables entraînements…

Jésus aux noces de Cana, avec son cercle de disciples convaincus de sa mission divine, avec sa renommée d’homme de Dieu, de prophète galiléen, de Messie publiquement désigné comme tel par la voix du Baptiste; Jésus aux noces de Cana avec son pur regard, sa majesté tranquille, avec le rayonnement de Dieu sur son front et dans ses paroles, avec son ardent et généreux amour pour les hommes déchus et malheureux, c’était l’honneur de ce banquet, et c’en était aussi la sauvegarde!

Pour les nouveaux époux, la présence de Jésus était une promesse vivante de divine bénédiction. Pour les disciples, ç’allait être la confirmation du mouvement d’enthousiasme qui les avait enchaînés aux pas du jeune Maître de Nazareth. Pour les convives, quels qu’ils fussent, sans doute assez nombreux et mélangés, c’était une protection salutaire contre les tentations possibles de l’intempérance et des propos risqués; il se dégageait aussi de lui je ne sais quel charme secret, que tous subissaient sans bien s’en rendre compte…

La participation de Jésus aux noces de Cana dans les premiers temps de son ministère, c’était comme une riante aurore pleine de rayons et de chants, comme la rosée d’un matin tranquille, avant le jour laborieux et fécond qui devait expirer dans le couchant ensanglanté du Calvaire, pour se rallumer plus brillant dans la gloire sans fin du Christ ressuscité.

Emmanuel, Dieu avec nous, partout, toujours, dans les fêtes comme dans les deuils, voilà ce que disait la présence de Jésus-Christ aux convives du banquet de Cana. Voilà ce qu’elle nous dit encore dans nos familles, si nous savons l’y inviter, l’y retenir aussi par nos prières.

Fiancés et jeunes époux qui allez fonder ou qui venez de fonder un nouveau foyer, de nouvelles familles, vous qui avez coutume de venir implorer dans nos temples, lieux de culte, la bénédiction de Dieu sur votre mariage; et par là, comme les nouveaux mariés de Cana, vous invitez en quelque sorte Jésus-Christ à vos noces. Cela est bien! Mais cette invitation n’a-t-elle pas souvent un caractère trop officiel, trop formaliste? N’est-ce pas, bien souvent, une concession à la tradition plus qu’un besoin du cœur et de la foi?

Et n’arrive-t-il pas aux nouveaux époux de congédier, hélas! au sortir du sanctuaire, Jésus-Christ qui vient de les bénir, comme s’ils n’avaient plus rien désormais à recevoir de lui? Ah! songez, je vous en prie, que ce n’est pas seulement dans nos temples, pendant les courts moments de la bénédiction nuptiale, que vous avez besoin de Jésus-Christ; c’est tous les jours, dans votre foyer, au sein de ce bonheur que vous tenez de lui, sachez-le bien, et que lui seul, par sa présence spirituelle, peut rendre saint et immortel.

Et vous, qui depuis longtemps déjà avez fondé une famille, et pour qui la vie dans ce monde n’a cessé d’être une fête, un long jour de paix et de bonheur; vous que la foule envie et que Dieu épargne, permettez-moi de vous demander : avez-vous pensé à inviter Jésus à s’asseoir à votre foyer, témoin de tant de joies et de bénédictions, et à y demeurer? Vous hésitez à répondre à cette question… Vous penserez à lui plus tard, pendant les heures difficiles et sombres, puisque, dit-on, tôt ou tard ces heures viennent pour chacun… Alors il sera le bienvenu chez vous, car vous savez qu’il est le grand consolateur; mais maintenant, il vous semble que vous êtes tout aussi heureux sans lui, et vous ne voyez pas véritablement ce qu’il pourrait ajouter à votre bonheur.

Heureux sans Jésus-Christ? Ce bonheur-là ne saurait être que bien précaire et superficiel, bien égoïste aussi, souillé d’ingratitude. Égoïste vis-à-vis des malheureux, que l’on oublie loin de Jésus-Christ; souillé d’ingratitude vis-à-vis de celui qui s’est donné pour nous sur la croix du Calvaire. Hâtez-vous, croyez-moi, hâtez-vous d’inviter Jésus-Christ à devenir l’hôte quotidien de votre heureux foyer. Votre bonheur n’en sera que plus grand, plus pur, et surtout plus durable, moins sujet à s’évanouir en fumée au premier vent de malheur si, d’aventure, venait souffler sur vous comme une tempête.