Cet article a pour sujet les raisons pour lesquelles les chrétiens devraient s'engager en politique, car Jésus-Christ règne et gouverne ce monde pour le bien de son Église; nous sommes ses sujets et avons la responsabilité d'obéir à notre Roi et de proclamer à tous sa souveraineté.

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La royauté du Christ et la politique Pourquoi s’intéresser à la politique?

  1. Jésus-Christ règne!
  2. Notre responsabilité
  3. Le gouvernement et la seigneurie du Christ
  4. Conclusion

Vaut-il la peine de s’engager dans les affaires politiques de notre ville, de notre province ou de notre pays? Notre monde est en train de passer (1 Jn 2.17) et, en fin de compte, nous ne sommes ici que temporairement. Après tout, notre citoyenneté est au ciel, d’où viendra notre Sauveur que nous attendons avec empressement (Ph 3.20). Nous ne sommes que des voyageurs, des étrangers, des résidents temporaires (Hé 11.13; 1 Pi 2.11). De plus, nous sommes bien assez occupés à toutes sortes d’autres bonnes activités. Pourquoi alors se préoccuper de politique?

Sans nier les réalités mentionnées ci-dessus, il n’en demeure pas moins qu’il y a de bonnes raisons d’être engagés sur le plan politique, ne serait-ce que de façon minimale en participant aux élections, en envoyant des lettres à nos élus ou encore en signant des pétitions. Il est normal de s’engager sur le plan politique, car Jésus-Christ gouverne ce monde et nous sommes ses sujets, des sujets qui cherchent à l’honorer dans tout ce qu’ils font.

1. Jésus-Christ règne!🔗

Avant son ascension, notre Sauveur a dit à ses disciples : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (Mt 28.18). Il est monté dans la gloire céleste et il est maintenant assis à la droite du Père qui a tout mis sous ses pieds (Ép 1.20-22). Il est vraiment le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs (Ap 1.5; 19.16). Il est « le Seigneur de tous » (Ac 10.36). Il n’est pas seulement le Seigneur de l’Église. Non, il est le Seigneur de toute la création (Col 1.17-18)! Lors de son ascension au ciel :

« Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2.9-11).

Mais, un instant, dira quelqu’un. Comment se fait-il que nous ne voyions pas davantage de signes de son règne? La sécularisation et le mépris général à l’égard de la loi morale de Dieu sont le signe de notre temps. En fait, Satan, le prince de ce monde, semble dominer (Jn 12.31). Comment harmoniser cette réalité avec la seigneurie du Christ?

Il est bien vrai que « nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises » (Hé 2.8). En même temps, il ne fait aucun doute que Jésus-Christ est le souverain Maître de la situation. La Bible l’affirme et le monde ne pourrait exister sans son soutien de la création (Col 1.16-17). En ce qui a trait à notre question, nous nous devons de garder certaines choses à l’esprit. C’est de la façon et au temps fixés par le Seigneur que le Royaume du Christ viendra dans toute sa gloire et que tous le verront. Il ne tarde pas à accomplir sa promesse, mais il est patient et ne veut pas qu’aucun périsse (2 Pi 3.9).

Jésus règne en gardant à l’esprit le bien-être de l’Église (Ép 1.22-23), dont les membres sont citoyens du Royaume. Comme il veut que le nombre de citoyens de son Royaume soit complet avant qu’il ne revienne, l’Évangile doit être proclamé à toutes les nations avant son retour glorieux (Mt 24.14). Ainsi, avant son ascension, Jésus n’a pas seulement dit à ses disciples que toute autorité dans le ciel et sur la terre lui avait été donnée, il a aussi ajouté : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28.19). Afin de les préparer à cette mission, l’Esprit a été déversé le jour de la Pentecôte (Ac 2). L’Esprit a été envoyé au nom du Christ pour convaincre le monde de péché et rassembler ceux qui croient en lui (Jn 14.26; 16.8). Cette conviction et ce rassemblement se font au moyen de la proclamation de l’Évangile (2 Tm 3.16; 4.2). Cette proclamation est donc de la plus haute importance pour la venue du Royaume de Jésus-Christ dans toute sa gloire.

Lorsque la Parole est prêchée, produisant foi et repentance, Jésus-Christ transforme les gens en de nouvelles créatures (2 Co 5.17). Il gouverne sur son peuple par sa Parole et son Esprit (Catéchisme de Heidelberg, Q&R 12). Cependant, puisque les croyants sont encore dans la vieille création déchue à cause du péché, le diable attaque la nouvelle création partout où il peut et chaque fois qu’il le peut. « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs des ténèbres d’ici-bas, contre les esprits du mal dans les lieux célestes » (Ép 6.12). En tant que Seigneur souverain, Jésus-Christ nous assure que, dans ce combat, personne ne pourra nous arracher de sa main (Jn 10.28) et qu’il nous gardera à l’heure de l’épreuve qui viendra sur le monde entier (Ap 3.10). Après tout, il nous a confié une mission.

2. Notre responsabilité🔗

En tant que sujets du Roi, nous avons la sainte obligation de lui obéir, en reconnaissant qu’un énorme combat fait rage. Cette obéissance inclut la reconnaissance de la souveraineté du Christ sur l’ensemble de la vie. Abraham Kuyper est célèbre pour avoir déclaré lors de l’ouverture de l’Université libre d’Amsterdam en 1880 : « Il n’y a pas un pouce carré de tous les domaines de notre vie humaine au sujet duquel Jésus-Christ, qui est souverain sur toutes choses, ne déclare pas : “Ceci m’appartient!” » Puisque nous appartenons au Royaume de Jésus-Christ, nous cherchons à mettre en pratique ce qu’il demande de nous dans tous les aspects de la vie : dans la famille et dans l’Église, mais aussi dans les autres domaines de la vie, incluant la politique. Nous ne pouvons pas limiter notre identité de citoyens du Royaume du Christ à la vie privée du foyer et à la sécurité de l’Église. Le Roi des rois règne sur toutes choses.

Bien qu’il puisse y avoir des exceptions, l’Église n’a pas reçu de Dieu le mandat de s’engager dans les processus politiques du pays. La responsabilité de l’Église est de prêcher l’Évangile et de former les chrétiens pour qu’ils puissent être une lumière dans ce monde et rechercher la véritable justice (Mt 5.14-16; 6.33). Sur le plan politique, cela signifie que les chrétiens doivent faire connaître le fait que Jésus-Christ est au-dessus de tous et qu’il règne sur notre pays aussi. C’est particulièrement urgent dans notre pays où les églises construites au centre des villes et des villages témoignent de la forte influence chrétienne exercée dans le passé. Le Seigneur jugera selon ce que chacun aura reçu, mais tous seront jugés selon ses normes (voir Lc 10.12-14; Rm 2). Le monde occidental a reçu la pleine révélation de Dieu. Un tel héritage fait reposer sur notre société et sur notre gouvernement une responsabilité considérable.

Dans une telle situation, en particulier dans une démocratie qui encourage la participation de tous les citoyens, les sujets du Christ ne peuvent pas garder le silence. Bien entendu, il y a beaucoup de problèmes modernes dont les Écritures ne traitent pas directement. Il nous faut donc étudier attentivement les principes bibliques et chercher à appliquer la sagesse de la Parole aux problèmes complexes actuels. Cependant, la première chose est de nous assurer que nos politiciens connaissent la volonté de Dieu concernant les grandes questions morales de notre temps. Après tout, ils occupent des postes de direction non pas d’abord pour servir le peuple, mais bien pour servir Dieu (Rm 13.4). C’est en faisant la volonté de Dieu que le gouvernement servira au mieux la municipalité, la province ou le pays qui lui a été confié.

Alors, quelles sont les incidences de la seigneurie du Christ sur les devoirs du gouvernement?

3. Le gouvernement et la seigneurie du Christ🔗

En tant que serviteur de Dieu, le gouvernement devrait refléter les normes de la seigneurie du Christ. Les politiciens, qui, ultimement, ont reçu leur position d’autorité de Dieu lui-même, doivent donner une bonne direction en ce qui a trait aux enjeux moraux de notre temps. Dieu leur a confié, par exemple, la responsabilité de protéger le don de la vie humaine — du début jusqu’aux derniers instants. Dieu leur a également confié la responsabilité de protéger ses ordonnances créationnelles, telles que le mariage. Bien que la position biblique sur plusieurs questions politiques modernes ne soit pas toujours claire, il n’y a pas d’ambiguïté quant à ce genre d’enjeux moraux. Un pays qui possède une morale biblique solide sera davantage à même de prendre des décisions justes dans d’autres domaines.

Un gouvernement qui reflète la seigneurie du Christ devrait-il donc aller plus loin, devrait-il chercher à établir une nation chrétienne, à faire disparaître toute idolâtrie et toute fausse adoration pour que le royaume de l’Antichrist soit détruit? Non. Kuyper, qui a souligné l’importance de la seigneurie du Christ dans tous les domaines de la vie, s’est fortement opposé, à bon droit, à ce qu’une telle responsabilité relève du gouvernement. L’institution du gouvernement n’a pas la compétence pour décider quelle religion ou quelle Église constitue le vrai messager de Dieu sur terre.

Plus important encore, essayer de créer un État chrétien ne refléterait pas le règne actuel du Christ sur ce monde. Quand Jésus-Christ était sur terre, il a lancé un appel à la repentance et il a annoncé la venue de son Royaume (Mt 4.17; 10.7). Il a toutefois également dit que son Royaume n’était pas de ce monde (Jn 18.36). C’est pourquoi il n’a pas essayé d’établir son règne sur le plan politique et a empêché les gens d’essayer de faire de lui un roi terrestre (Jn 6.15). Son Royaume est un royaume spirituel, gouverné par sa Parole et son Esprit. Ses citoyens sont ceux qui croient en sa Parole.

Le Royaume du Christ est comme ce semeur qui a semé une bonne semence, mais qui découvre que de mauvaises herbes ont également poussé. Quand les serviteurs suggèrent d’arracher les mauvaises herbes semées par un ennemi, le propriétaire dit non, car ils risqueraient d’arracher le blé en même temps. Que les deux croissent jusqu’au moment de la récolte. Les mauvaises herbes seront alors séparées du blé et brûlées dans le feu (Mt 13.24-30). De même, le gouvernement, qui est au service de Dieu pour préparer la venue de son Royaume, est incapable d’arracher les mauvaises herbes sans nuire au bon grain. C’est pourquoi, une certaine dose de tolérance est requise, dans le temps présent, pour des choses que Jésus-Christ ne tolérera pas au jour du jugement. Une telle situation n’exempte toutefois pas le gouvernement de sa responsabilité de donner une direction morale au pays. Il se doit de le faire.

Il est important de noter que ce n’est pas le gouvernement qui peut résoudre les malheurs et les péchés de ce monde. Il n’existe pas de solution politique à la dépravation humaine. Le cœur des gens doit être changé. Ils ont besoin de l’Évangile. C’est pourquoi l’Esprit a été déversé le jour de la Pentecôte et c’est pourquoi le gouvernement, en tant que serviteur de Dieu, a l’obligation de donner à l’Église toute la liberté dont elle a besoin pour pouvoir annoncer l’Évangile. Nous sommes exhortés à prier pour cette liberté et cette paix (1 Tm 2.1-4). C’est là également une responsabilité importante dont les implications politiques sont nombreuses! La proclamation de l’Évangile est une activité cruciale pour l’avancement du Royaume dans ces temps qui sont les derniers. La Parole est l’épée de l’Esprit (Ép 6.17), et c’est par ce moyen que le combat pour le Royaume du Christ doit ultimement être mené. Lorsque l’Évangile du Royaume aura été proclamé à toutes les nations, alors viendra la fin (Mt 24.14).

4. Conclusion🔗

En tant que chrétiens vivant dans un monde déchu, nous ne pouvons pas, durant cette vie, espérer racheter la culture de la société pour Jésus-Christ ni nous attendre à vivre le triomphe de la seigneurie du Christ dans un pays ou un monde renouvelé. Nous devons demeurer sobres et réalistes en ce qui concerne nos activités politiques. Le triomphalisme n’a pas sa place. Après tout, quand Jésus-Christ reviendra sur les nuages dans le ciel, il ne viendra pas pour prendre le pouvoir sur un monde déjà racheté de tout mal; il viendra plutôt pour juger les péchés de ce monde et inaugurer la nouvelle création, rendue possible uniquement grâce à son œuvre rédemptrice.

En même temps, le règne du Christ est pour nous un grand encouragement. Alors que nous continuons de prier et d’être actifs pour Jésus-Christ dans tous les domaines de la vie, y compris dans le domaine politique, nous avons l’assurance que notre travail pour le Seigneur n’est pas vain (1 Co 15.58). Lorsque nous annonçons que Jésus-Christ est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, nous rendons témoignage à sa suprématie souveraine auprès des pouvoirs actuels. Ce témoignage est le message que tous ont besoin d’entendre.