Cet article sur Luc 15.1-10 a pour sujet les paraboles de la brebis perdue et de la drachme perdue illustrant notre égarement et perdition et les efforts du bon Berger venu nous chercher pour avoir la joie de nous sauver.

Source: L'Évangile en paraboles. 4 pages.

Luc 15 - L'extase de Dieu - Paraboles de la brebis perdue et de la drachme perdue

« Tous les péagers et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Les pharisiens et les scribes murmuraient et disaient : Celui-ci accueille des pécheurs et mange avec eux. Mais il leur dit cette parabole : Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis et qu’il en perde une, ne laisse les 99 autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve? Lorsqu’il l’a trouvée, il la met avec joie sur ses épaules, et, de retour à la maison, il appelle chez lui ses amis et ses voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue. De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance. Ou quelle femme, si elle a dix drachmes et qu’elle en perde une, n’allume une lampe, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle la trouve? Lorsqu’elle l’a trouvée, elle appelle chez elle ses amies et ses voisines, et dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue. De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. »

Luc 15.1-10

C’est à Jean Brun, professeur de philosophie à Dijon, en France, que j’emprunte ce premier paragraphe de mon exposé d’aujourd’hui. Il s’agit d’un extrait de l’un de ses ouvrages intitulé À la recherche du paradis perdu :
« Depuis que l’homme a une histoire, il n’a cessé de travailler à substituer au jardin d’Eden, dont il gardait la nostalgie, un paradis terrestre que la science et la technique lui disaient être à la portée de sa main. Mais force est de reconnaître que les solutions que le monde se donne à lui-même posent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Le désarroi est devenu le lot d’une humanité qui se prétend pourtant capable de se diriger elle-même, de vaincre la superstition, l’erreur, la passion et le mal grâce aux ressources infinies de l’action… De plus en plus inexorablement happés par les tourbillons pour lesquels nous programmons nos machines et nos cités, nous gardons cependant le sentiment obscur que nous n’avons pas de message et que nous sommes immergés dans un temps impitoyablement creux. Mais, comble de dérision, pour tenter de bien remplir ce vide, nous multiplions aussitôt nos machines et nous implorons la cité, accroissant par là notre douleur et notre tourment… Face à la tristesse de ce monde qui engendre la mort, le christianisme est venu apporter le message… La passion du Christ, elle, a témoigné de l’amour qui sauve et nous a montré le chemin de la vérité. »

L’extrait que je viens de vous lire me permet d’actualiser le drame de la parabole racontée par Jésus; j’appellerai ces deux courtes histoires « l’extase de Dieu ». La parabole du Christ décrit notre propre égarement, mais également l’impossibilité qu’il y a pour un mercenaire de nous chercher avec amour et de nous trouver.

L’égarement est quotidien, la perdition la seule chose dont nous soyons assurés. Nous ne savons vers où nous allons et, amnésiques que nous sommes, nous ne savons d’où nous venons. Voici donc cette brebis égarée de l’histoire de Jésus, qui illustre parfaitement notre égarement et notre perdition. Et ce qui nous décourage c’est surtout de savoir que nous ne sommes pas de simples victimes de circonstances qui nous éloigneraient de notre but, de notre destinée, mais encore les auteurs coupables de notre aliénation. Nous avons versé beaucoup de larmes sur les misères infinies de l’homme et déploré sa fragilité de roseau pensant, mais nous avons surtout, comme d’ordinaire, accusé l’Autre, Dieu, de nos propres forfaits. Nous l’avons jugé et condamné comme le seul artisan de nos malheurs et comme l’unique coupable.

L’Évangile parle de nous sans complaisance ni faux-fuyants. Il arrivait à Jésus de fréquenter des gens appartenant à des milieux très peu recommandables, ce qui d’ailleurs motiva le récit de l’inimitable parabole du bon Berger et de la brebis égarée. Il leur tint sans aucun doute le même discours réaliste qu’aux « bien-pensants » de son époque, leur déclarant qu’ils n’étaient pas de simples malades, mais des pécheurs coupables. Jésus ne cachait pas leurs faits et ne les disculpait surtout pas. Car il était dépourvu du romantisme maladif qui afflige tant de nos contemporains, qui estiment que les bandits de grand chemin et les pervers de tout acabit ne sont que de pauvres gens méritant notre commisération, parce que purement victimes de la société environnante…

Ni les gens de mauvaise réputation ni même les honnêtes citoyens ne sont, à ses yeux, des gens au-dessus de tout soupçon et innocents de leurs égarements.

L’émouvante parabole de la brebis perdue et de la drachme perdue, c’est notre histoire à tous. Jésus explique pour commencer en quoi consiste la tragédie qui nous frappe tous, sans exception. Il s’agit de l’offense que nous avons causée à Dieu, de la peine que nous lui avons infligée, à lui, le Créateur et le Seigneur. Car l’homme-brebis, c’est-à-dire vous et moi, nous faisons partie de son cheptel, de son bercail, de sa maisonnée. Alors, le grand Propriétaire de nous tous ne prend pas son parti de ces faits, de notre irresponsabilité, de notre perdition, de notre choix de nous laisser mourir loin de lui… Il ne se résigne pas devant notre infinie bêtise, il ne veut pas notre mort; son cœur paternel se refuse à fermer la porte de son bercail; il ne nous dépossède pas de la part d’héritage qu’il nous a réservée. Lui, notre Père, la seule source de notre vie, ne fait pas définitivement le lit abandonné; il ne ferme pas à clé la porte de la chambre laissée en désordre lorsque, dans notre ingratitude, nous sommes partis en claquant la porte… Il n’enterre pas notre souvenir ni ne se cantonne dans une amertume pesante.

Mais en dépit de son cœur blessé, il prend la décision d’aller chercher ce qui lui appartient. Il grimpe sur les sentiers rocailleux et, malgré la longueur du parcours, les intempéries, les précipices dangereux et les bêtes sauvages, il cherche sa brebis afin de la ramener dans la bergerie, quoi qu’il lui en coûte… Et pour la drachme perdue, cette petite pièce de monnaie, que fait-il? Il se dit : « J’éclairerai toute la maison et, dans une débauche de lumière, je mettrai sens dessus dessous tous les meubles, je fouillerai chaque coin et recoin, jusqu’à ce que je la découvre. » Cette petite pièce de monnaie, qui ne représente pas une bien grande valeur, lui appartient, elle est sortie de sa trésorerie. Il se dit : « Je n’aurai ni paix ni repos jusqu’à ce que je retrouve celle-ci et que je ramène à la maison celle-là. »

Tout l’Évangile de la grâce est ici contenu. Celui dont nous avons le privilège d’entendre parler en cet instant. C’est l’Évangile qui coûta au Fils de Dieu les larmes de son agonie, la trahison et la lâcheté de ses intimes, les railleries et les blasphèmes de ceux qui le clouèrent sur la croix… Et parce qu’il s’est mis en route à notre recherche, plus rien ne peut s’opposer à ce qu’il nous retrouve et nous ramène sains et saufs. À moins que, obstinés, nous nous rebiffions stupidement contre lui…

Jésus-Christ, le Fils de Dieu, notre Sauveur, lorsqu’il trouve l’égaré et le perdu, fait part de son immense joie. C’est pourquoi j’ai tenu à intituler cet exposé « l’extase de Dieu ». Le ciel tout entier se met à tressaillir de joie, d’une allégresse cosmique, lorsqu’un seul pécheur égaré est retrouvé et ramené à Dieu. Il y éclate un tel débordement de joie que les anges, créatures célestes, se mettent aussitôt à entonner des hosannas.

Jésus ne se comporte pas comme un simple mercenaire qui se contenterait tant bien que mal de ramener la brebis dans l’enclos, sans faire de trop grands efforts… C’est avec amour, avec une infinie délicatesse qu’il place la brebis égarée sur ses épaules. C’est ainsi que saint Paul, l’un de ces égarés retrouvés par le bon Berger, écrivait dans sa lettre aux Romains : « Là où le péché a abondé, là la grâce a surabondé » (Rm 5.20).

Bonne nouvelle, mon ami! L’extase de Dieu déchire les cieux et parvient jusqu’à vous. Elle vous apporte le salut si, dans la foi et dans la repentance, vous acceptez de rentrer dans son bercail, dans sa maisonnée, si vous répondez oui et amen à son amour paternel.

Un tel Évangile, vous ne le trouverez nulle part ailleurs. Même pas dans d’autres religions dites monothéistes, ou encore dans ces « spiritualités » qui, à l’heure actuelle, poussent un peu partout comme des champignons vénéneux… Vous ne le trouverez pas davantage dans les idéologies politiques, devenues toutes des mécanismes pour manipuler les consciences et même des outils pour écraser brutalement la personne humaine. Une religion qui ne connaît pas l’histoire du bon Berger, même si elle se dit monothéiste, ne pourra vous offrir que déceptions, voire larmes et souffrances causées par un légalisme inhumain. Vous n’avez qu’à regarder autour de vous et voir ce qui se passe dans les pays où sévissent de telles religions monothéistes…

Mais laissez-moi vous relire cette phrase de la parabole : « Lorsqu’il l’a retrouvée [la brebis], il la met avec joie sur ses épaules » (Lc 15.5).

Dans un autre discours mémorable, Jésus déclara encore ceci : « Je suis le bon Berger, le bon Berger donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10.11).