Cet article sur Matthieu 3.13-17, Marc 1.9-11 et Luc 3.21-22 a pour sujet le baptême de Jésus par Jean-Baptiste qui prêchait la repentance et le Royaume. Le Messie inaugure son ministère par sa consécration et par l'Esprit sur lui.

Source: La vie de Jésus. 7 pages.

Matthieu 3 - Marc 1 - Luc 3 - Le baptême de Jésus

  1. Une espérance messianique
  2. La mission de Jean le précurseur
  3. Jésus et Jean-Baptiste
  4. Le baptême de Jésus
  5. La signification du baptême de Jésus

1. Une espérance messianique

« Repentez-vous, car le Royaume des cieux est proche » (Mt 3.2). La voix qui criait dans le désert suscitait des échos à travers le pays tout entier. Des gens émus, inquiets, et même repentants accouraient des villes, des bourgades, des hameaux. Les auditeurs les plus étranges se rendaient sur les berges du Jourdain et, pour une fois, les distinctions non seulement entre pharisiens et sadducéens s’estompaient, mais aussi celles entre gens de la loi et vulgaires publicains, demi-mercenaires et suppôts honnis de l’envahisseur : tous côtoyaient et bousculaient l’honnête Palestinien de l’époque. Ils se rencontraient sur l’unique terrain sur lequel l’unité, ou plutôt la solidarité de la race humaine pouvait se voir : celui de leur commune misère, due au péché; mais également celui d’une espérance appelée messianique, le dernier espoir du peuple de l’Alliance.

Le dernier mot de l’Ancien Testament avait été prononcé au sujet du Royaume messianique. Même si, pour tout Israélite pieux, demeurant sur le sol national ou dans tous les confins de la diaspora, le culte et les sacrifices rituels constituaient une partie essentielle de sa pratique religieuse, il savait qu’en réalité ils n’étaient que des poteaux indicateurs vers la réalité à venir et ardemment attendue. Le Royaume messianique cristallisait tous ses espoirs, car il savait, l’Israélite pieux, que le sang des taureaux ou des béliers immolés ne saurait purifier le cœur et que les cérémonies, riches en profondeur symbolique, ne sauraient rendre pure sa conscience souillée comme l’exigeait la loi du Seigneur. Pour reprendre une expression de l’auteur anonyme de la lettre aux Hébreux, ils n’étaient que « l’ombre des biens à venir » (Hé 10.1), l’ombre d’une Alliance nouvelle, meilleure, durable, fondée sur la promesse. Ainsi dominait suprêmement la pensée du Royaume.

Les livres prophétiques, comme aussi la littérature apocalyptique, entretenaient sans cesse son espoir vivant. Espoir exerçant une fascination avec d’autant plus de force que les circonstances historiques avaient rendu l’humiliation d’Israël extrême, puisqu’il était réduit à la condition de nation soumise, presque écrasée. C’est donc au cœur d’une telle situation que le peuple, mis à part quelques consciences récalcitrantes, répondit presque unanimement au cri venant du désert.

2. La mission de Jean le précurseur

Ce fut à quelques kilomètres seulement de Jérusalem, « dans le désert », près des rives du Jourdain, que la voix du solitaire se fit entendre. Il n’est pas étonnant d’apprendre que les pharisiens et sadducéens accoururent vers ce point géographique de la patrie. Ce message n’avait rien pour les surprendre ou les choquer. Il ne lançait pas d’appel au soulèvement ou à la résistance armée. Il exhortait et invitait à la repentance. Ils savaient tous que ce geste profond de la conversion des esprits devait précéder l’avènement du Royaume. L’espoir en gestation n’offrait pas le mirage d’une possession terrestre. Il entretenait comme un feu l’attente de la pureté absolue et sans entraves.

Nous l’avons écrit dans un article précédent1 : ce fut aux environs de l’an 27 après J.-C. qu’apparut publiquement l’étrange figure du Baptiste. L’attention qu’il attirait sur sa personne devenait d’autant plus intense que, d’après l’opinion générale, l’ère prophétique était révolue (Ps 74.9; Mc 8.27) et qu’elle ne se raviverait qu’avec l’inauguration de l’ère eschatologique, lorsque le Messie apparaîtrait (1 M 4.46; 14.41; Jl 2.28).

Jean parla à la manière de tous les prophètes de l’Ancien Testament, sans compromis et sans mâcher ses mots. Les vieux accents d’Amos et d’Ésaïe résonnaient de nouveau, lourds, martelant chaque mot, dans l’étendue aride de la Judée. Il était, dans ce contexte, assimilable à tous points de vue à une figure prophétique de jadis. Il vint au désert, dans le pays montagneux aux confins de la Palestine, avant de succomber plus tard au milieu d’une civilisation brillante qui n’avait pas supporté son message. Les vieux oracles de l’Ancien Testament s’y étaient fait entendre autrefois. Le Baptiste rappelait plus spécialement l’un d’entre eux, la figure prodigieuse d’Élie. L’Évangile selon Matthieu le désigne clairement comme « l’Élie qui devait venir » (Mt 11.14). Jean vint à la manière d’Élie troubler Israël. Il dénonça le péché et il avertit de l’imminence de la « krisis », du jugement. Habillé comme Élie, son menu était presque identique à celui du prophète du 8siècle avant le Christ. Le contenu de son message était en tous points le même : appel à la « métanoia » (repentance) et retour vers l’ancienne voie, à la tradition des pères.

Remarquons cependant que la repentance dont il s’agit est de nature plus « légale ». Quoique sa prédication différera de celle des prophètes, en ce sens que les prophètes laissaient entendre l’avènement d’une ère nouvelle en des temps eschatologiques plus ou moins lointains, Jean, lui, annonce l’imminence, la proximité… toute proche du Royaume. Il n’est plus « promesse future », mais réalité présente (sémérologique). Le Royaume était à portée de la main, en la personne de celui qui lui était supérieur et dont il n’avait même pas le droit de lier les sandales, tant il le dépassait en autorité et en dignité.

À une époque où sous l’oppression romaine les Juifs auraient été heureux, comblés même, de répondre à un appel à se soulever militairement en vue d’une solution définitive, à savoir l’inauguration de l’ère nouvelle (dominer le monde, écraser les ennemis), le message du Baptiste aurait pu être interprété comme les prémices de ces temps nouveaux et glorieux. L’heure avait-elle sonné? Fidèle à sa vocation prophétique, Jean balaya toutes les illusions sur une époque messianique à caractère politique. Il attira l’attention de ses auditeurs sur la condition spirituelle, à la fois individuelle, sociale et nationale de son peuple. Le fait d’être « fils d’Abraham » ne leur était d’aucun secours. Le juste jugement ne se baserait pas sur une discrimination raciale, mais sur la justice morale et la fidélité religieuse. Aussi, avec vigueur et même avec véhémence, il s’en prenait à la convoitise, aux extorsions et à toutes les violences perpétrées ouvertement ou hypocritement.

On a fait remarquer que ce fut durant une année sabbatique que les foules, relevées de leurs activités routinières, se rendirent vers lui. Il avait atteint le point le plus septentrional de sa mission, vers Beth-Abara (maison de passage ou, selon une autre appellation, Béthanie) lorsqu’il se mit à baptiser. Il n’omit pas de signaler qu’il n’était pas celui qu’attendait Israël. Le Messie, lui, baptiserait de feu (Éz 36.25-27; Lc 3.16). Sa personne et sa mission n’étaient que la préparation de l’événement eschatologique. Sa parole trouva, on peut dire, un accueil favorable. Son appel tomba non dans des oreilles sourdes, mais dans des cœurs enclins à l’écoute. Émus, les gens savaient que depuis longtemps Israël n’avait pas entendu un tel message. D’après l’historien Josèphe, qui souligna le vaste mouvement national provoqué par le précurseur, le baptême était simple rite de purification. Les Évangiles parlent unanimement du baptême en vue de la rémission des péchés. Il est certain que le Baptiste ne venait pas des rangs des esséniens et encore moins des groupes de zélotes. Le baptême qu’il pratiqua fut le signe de la venue du Messie.

3. Jésus et Jean-Baptiste

Parmi la foule qui vint vers le Baptiste se trouva un jour Jésus. Jésus et Jean-Baptiste se sont-ils connus avant? Depuis toujours, on s’est posé la question de savoir quels avaient été leurs rapports antérieurs, puisque, selon l’Évangile de Luc, ils étaient cousins. Pour certains, le chemin de Jésus et celui du Baptiste se sont croisés sur les rives du Jourdain, pour se séparer ensuite définitivement. Ceci expliquerait en partie le doute du Baptiste emprisonné. Il nous semble plutôt naturel de considérer ce doute normal chez un emprisonné qui, malgré la révélation qu’il a eue de Jésus, n’espérait pourtant pas un Messie triomphant, venant briser les portes de sa prison. Pourquoi Jésus s’est-il rendu vers Jean, en quittant son village de Nazareth?

4. Le baptême de Jésus

Examinons d’abord le témoignage des Évangiles avant de tenter de comprendre la signification du baptême de Jésus. Les trois récits du baptême se trouvent dans Matthieu 3.13-17; Marc 1.9-11; Luc 3.21-22. Le texte de Matthieu est le plus long. Il rapporte le dialogue. Rien n’est inventé; le Baptiste s’oppose à la démarche de Jésus. On peut en conclure qu’il devait bien le connaître. Il le tenait pour le Messie. Est-ce à dire qu’il y aurait une contradiction entre les synoptiques et le quatrième Évangile? « Et moi, je ne le connaissais pas, mais, afin qu’il soit manifesté à Israël, je suis venu baptiser d’eau » (Jn 1.31). Est-ce à dire que le Baptiste n’aurait pas connu Jésus avant cet instant, de même que le peuple ne le connaît pas?

Quelques remarques d’ordre grammatical concernant le texte grec original nous aideront à comprendre le sens de la démarche de Jésus. Le génitif de but « baptisthenai », au verset 13, montre que Jésus n’est pas venu auprès du Baptiste pour faire une enquête, mais bel et bien pour se faire baptiser. Le « paraginetai » (venir, arriver) indique le présent historique et la préposition « pros » précédant le nom de Jean (« Iôannès »), la relation proche et amicale entre les deux. C’est ainsi que Jésus s’approcha de Jean.

L’opposition du Baptiste (« diecoluen ») se traduit par un verbe très expressif qui contient l’idée de durée et d’insistance, pour dissuader Jésus de se faire baptiser. Ainsi, le précurseur se faisait une haute idée de Jésus. Il est son supérieur, mais à présent, il voit les rôles renversés.

La réponse de Jésus, quoiqu’aimable, se fait catégorique. Il demande de laisser faire, de tolérer. Non parce qu’il refuse l’hommage qui lui est rendu, mais, pour le moment, le renversement est indispensable (« prepon estin », il est convenable) : c’est afin de remplir, d’observer la justice divine (Hé 2.10). Pour lui, il ne s’agit pas d’obligation légale, puisque la loi n’ordonnait pas le baptême. Jésus ne parle pas d’obligation (« dikaêma »), mais de justice (« dikaiosunè »). Il emploie également le terme « plurosia », observer, et non « lusai », comportant un sens de contrainte. Il vint accomplir tous ses devoirs envers Dieu. Jean accomplissait ce devoir par sa mission, Jésus doit commencer à le faire, par son baptême. Ceci est donc loin d’être une preuve de subordination de Jésus envers le Baptiste. L’Évangile de Marc (qui mentionne que Jésus vint de Nazareth en Galilée, Mc 1.9), ne fait pas quant à lui allusion à l’hésitation du Baptiste.

Le troisième Évangile a un récit plus rapide encore que le précédent. Ici, nous n’avons pas d’indication géographique, mais l’auteur va droit aux faits. Une note intéressante chez lui est la prière de Jésus au moment du baptême. Au sujet de l’Esprit Saint descendant sur Jésus sous forme de colombe, il ajoute aussi l’adverbe « somatikè », signifiant corporellement, physiquement, c’est-à-dire indiquant l’objectivité, le caractère matériel des signes qui accompagnent le baptême.

Quant au quatrième Évangile, bien qu’il mette en présence Jean et Jésus, il ne parle pas de baptême. Il souligne la supériorité de Jésus. Mais les quelques versets de Jean contiennent l’essentiel des synoptiques, même si le récit proprement dit ne s’y trouve pas. Aucun des quatre Évangiles ne parle des gens assistant à la scène. Jésus a-t-il été baptisé au milieu de la foule? On pourrait en envisager la probabilité, d’après le texte de Luc, toutefois pas de façon certaine. D’après Matthieu, il semblerait que seuls les deux protagonistes ont été mis en présence.

Des signes accompagnèrent ce baptême. Ils sont au nombre de trois. Le ciel s’ouvre soudain (« euthus »), se déchire (« schizomenous », chez Marc), le Saint-Esprit descend sur Jésus sous la forme d’une colombe, une voix céleste se fait entendre.

Ici, nous chercherons en vain une description du ciel. Il suffit de savoir que la personne physique de Jésus est la révélation parfaite de ce qui est invisible, du Dieu du ciel (Ac 7.55). L’ouverture des cieux apparaît donc comme un élément accessoire. Plus importante, voire capitale est la descente du Saint-Esprit. Nous avons rappelé que Luc insiste sur la matérialité des faits, sur le caractère concret de ce phénomène miraculeux.

Cette manifestation en forme de colombe aurait, a-t-on prétendu, une certaine coloration de culte païen (l’oiseau de la Vénus syrienne était une colombe). À notre avis, l’explication nous est donnée par l’Écriture elle-même. Déjà dans Genèse 8, la colombe apparaît apportant le rameau d’olivier, ce qui lui donne dans l’Ancien Testament l’image d’un oiseau doux, tendre et pacifique (voir aussi És 38.14; Na 2.8). On peut aussi rapprocher cela du fait que les tourterelles, qui sont quasi des colombes, étaient offertes en sacrifice au Temple.

La voix céleste est destinée à proclamer solennellement la messianité du Fils bien-aimé. Tant Jésus que le Baptiste ont entendu la voix. Matthieu se place du point de vue de Jésus, sans qu’il puisse y avoir aucune contradiction entre les récits des trois synoptiques.

Les termes utilisés (bien-aimé, « agapètos ») indiquent toute la tendresse de Dieu. Le verbe « eudokesen » (« en qui je prends plaisir ») rappelle Ésaïe 53.2. On sait qu’aussi bien Jean que Jésus se nourrissaient des paroles prophétiques. Une variante textuelle dans le Codex D et le Codex Bezae donne « ego summeron gegeneka se » (aujourd’hui, je t’ai engendré), mais l’ensemble des manuscrits ne soutient pas ceci. Nombre de Pères de l’Église l’ont pourtant conservée; elle est une citation du Psaume 2.7. Cette variante a donné à certains l’idée que ce fut lors du baptême que Jésus fut adopté et déclaré Fils de Dieu (thèse adoptianiste).

Cette interprétation tendancieuse nous amène à en considérer une autre. La descente du Saint-Esprit serait le moment où Jésus en serait pénétré pour la première fois. Des critiques affirment que ce ne fut pas lors de son ministère terrestre, mais après sa résurrection, qu’il en aurait été rempli. Ils se fondent sur la déclaration de Romains 1.3-4. D’autres, dont Bultmann, affirment que nous avons ici un exemple de récit de légende cultuelle. Ce récit, en liant le baptême de Jésus à l’effusion du Saint-Esprit, verrait dans le baptême du Sauveur le prototype du baptême chrétien.

Pour ce qui est de la voix céleste, on a tenté d’expliquer le phénomène en prétendant que la vision extatique de Pierre, lors de la transfiguration de Jésus, ainsi que certaines christophanies post-pascales seraient antidatées au beau milieu, et même au début du ministère de Jésus. Rien n’autorise une telle conjecture. Si le baptême et les signes qui l’accompagnent sont des inventions, qu’est-ce qui nous assure que le reste de l’Évangile n’est pas aussi une invention? Pour nous, les récits sont histoire, et non pas une explication ou une théorie christologique. D’ailleurs, cette scène historique et messianique présente une exceptionnelle importance christologique et sotériologique. C’est sur cela que nous porterons notre attention, pour conclure cet article.

5. La signification du baptême de Jésus

Il est impossible de comprendre les relations de Jésus et de Jean, et le sens du baptême de Jésus, sans se mettre dans le climat national et religieux du peuple juif que nous évoquions plus haut. Le messianisme revêtit une forme politique et eschatologique accusée. L’attente était plus ou moins grossie de matérialisme. L’eschatologie juive était surtout fondée sur le livre du prophète Daniel. Pendant l’attente du Messie, sa venue allait être précédée par un précurseur. Alors paraîtrait l’Oint, le Fils de l’homme, de la race de David, originaire de Bethléem, mais de souche surnaturelle, céleste. Dans cette perspective-là, les nations seraient jugées, les Juifs rassemblés, Jérusalem rebâtie et Israël dominerait l’univers. Viendraient ensuite la résurrection et le jugement final. La vie éternelle commencerait ainsi.

L’idée d’un Messie souffrant n’était pas absente, mais les souffrances étaient considérées comme temporaires, placées avant l’inauguration de l’ère messianique proprement dite. Quel sens christologique possède l’événement historique du baptême de Jésus?

C’est de façon délibérée que Jésus vint se faire baptiser. Sa démarche est surprenante, car Jean demandait à tous les candidats de faire une confession publique de leurs péchés. Or, Jésus, parfaitement saint et juste, n’avait pas besoin de s’humilier. Pourtant, cet acte est appelé « convenable ». « Laisse faire », dit-il à Jean. Signe d’abaissement spontané de Jésus, preuve de sa soumission à la volonté du Père, moment où il a pu prononcer lors de sa prière : « Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Ps 40.8-9; Hé 10.7).

Nous signalerons le quadruple sens que nous découvrons à cet événement inaugural du ministère de Jésus. Jésus vint s’identifier avec la foule (« apanta ton laon », tout le peuple, Luc 3.21, « kai Iesous », Jésus aussi). Si dans la vie du Juste il n’y a pas de place pour la confession des péchés, il agit cependant comme les prophètes Ésaïe, Daniel, Néhémie, en confessant le péché de son peuple. Ésaïe 53 s’accomplit déjà, en cet instant. Il est déterminé à se placer du côté des pécheurs. Celui qui n’a commis aucun péché fait preuve de son amour envers le pécheur qu’il est venu chercher et sauver. Ainsi, le Seigneur de toute gloire a été compté dès le début parmi les transgresseurs. Sur les rives du Jourdain, Jésus fit sienne la honte des pécheurs, le trouble de tous les chargés. Jésus s’efface du livre de la vie afin que notre nom y soit inscrit.

Jésus scelle sa consécration. Tel est le sens des signes miraculeux qui l’ont accompagnée : ouverture des cieux, descente de la colombe, voix céleste. Notons le fait qu’il a prié. Ses dispositions ne sont donc pas indifférentes. Son humanité est réelle. Au départ de son ministère public, il vient chercher sa consécration. L’Esprit qui descend sur lui est le signe de l’onction qu’il reçoit, non pas qu’il l’ait reçue à un moment précis, mais parce qu’elle lui accorde une confirmation nouvelle et publique.

À partir de ce moment, Jésus émerge comme le désigné, l’Élu qualifié, le Roi. Il vient de recevoir la plénitude de l’Esprit et, par là, l’approbation du Père, la ratification de la promesse davidique, la déclaration solennelle de Dieu sur Jésus le Messie, l’inauguration de son ministère. Il sort des eaux, la puissance de Dieu l’enveloppant, tel le Sauveur des élus.

Enfin, comment ne pas voir dans cet acte une signification plus profonde, celle de son sacrifice? Le Baptiste l’avait déjà parfaitement saisi. « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jn 1.29). Le baptême de Jésus est une annonce prophétique de sa mort. Il nous faut le placer à la lumière de Luc 12.50 : « Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien je suis pressé qu’il soit accompli! » Et, comme nous l’avons déjà indiqué, la colombe n’est-elle pas le sacrifice offert par les pauvres?

Nous concluons avec la conviction que le baptême de Jésus, événement historique, ne peut se comprendre autrement qu’à la lumière de cette quadruple signification christologique que nous y découvrons.

Note