Cet article sur le Symbole de Nicée-Constantinople a pour sujet la foi en Dieu le Père qui est le précieux privilège reçu par ceux qui croient en Jésus-Christ son Fils unique et qui remplit les coeurs croyants de bonheur.

Source: Nous croyons - Explication de la foi chrétienne en suivant l'ordre du Symbole de Nicée-Constantinople. 4 pages.

Nous croyons - Le Père

« Notre Père qui es aux cieux. »

Matthieu 6.9

Un mot suprême rend notre confession de foi infiniment plus précieuse que toutes les idées communément admises au sujet de Dieu. Certes, nous avons reconnu que tout être raisonnable peut confesser une foi au Dieu Créateur.

Mais le chrétien fait infiniment plus qu’admettre et reconnaître le Créateur; il jubile lorsqu’il précise : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant. »

Le Dieu dont parle le Symbole de Nicée-Constantinople n’est pas seulement le Dieu révélé, le Jahvé de l’Ancien Testament, c’est aussi le Dieu qui a souffert en son Fils et dont la paternité a été expérimentée par le fidèle, lequel a retrouvé en Jésus-Christ l’unité de l’homme et de Dieu. Celui qui confesse ainsi sa foi déclare que par Christ il est enfant de Dieu. « Je crois en Dieu », n’est-ce pas déclarer déjà qu’on veut vivre une filiation confiante qui trouve son bonheur dans l’approbation paternelle?

L’invocation du nom de Père est spécifiquement d’origine et d’inspiration chrétienne. Pour pouvoir l’appeler comme tel, nous avons l’autorisation du Fils unique de Dieu, Jésus-Christ.

Certainement, avant son apparition il y eut plusieurs tentatives visant à appeler Dieu Père. Écoutons un théologien du début du siècle :

« Une vague notion de paternité divine se retrouve dans l’histoire des religions dès la plus haute antiquité. Le Jupiter des Grecs n’est autre que le “Dyaus-Pater”, le Père lumineux des anciens Aryens asiatiques. “Pitar” : pater, père. Au pays des Sumériens, qui fut l’inspirateur du culte des Sémites, le dieu de la ville d’Ur, d’où sortit Abraham, est invoqué sous le vocable : “Père Nanna!”
Homère, dans ses légendes, tient Zeus pour le père des humains et des dieux. Mais chez lui le terme est sali par un sens vulgaire. Si certains des poètes grecs déclaraient qu’ils étaient de la race des dieux, ainsi que le signale l’apôtre des païens, ils prononçaient là néanmoins, une vérité sans se rendre compte de sa réelle signification. Car les anciens Grecs, comme les peuples de l’ignorance de jadis, pensaient que les dieux eux-mêmes étaient issus de l’accouplement des femmes mortelles avec le Père de toutes les divinités olympiennes, Zeus, ou le Jupiter des Latins. Il suffit de rappeler cela pour montrer combien vulgaire était l’intelligence de la vérité dont inconsciemment ils se faisaient l’écho.
Même l’Ancien Testament fixait la notion du Père céleste en révélant Jahvé, le Dieu unique et Créateur, le Dieu de justice et d’amour, Père et Protecteur d’Israël seulement.
Il était réservé au Christ de nous apprendre tout ce que son Église rachetée peut mettre d’abandon filial, de bienheureuse espérance dans l’appellation : “Notre Père qui es aux cieux”.
Il a expliqué cette vérité non en son acception physique, mais dans son sens profondément spirituel. Homère ne faisait qu’amoindrir le dieu des imaginations en le traitant de Père. Christ a élevé l’homme en le tenant pour le fils du Dieu Créateur et en tenant celui-ci comme le Père tout-puissant. La différence est infinie. »

Confesser le nom de Dieu est l’obligation de tout être raisonnable. Croire en Dieu le Père tout-puissant est le privilège le plus précieux et le droit imprescriptible du seul chrétien.

Nous pouvons donc appeler Dieu notre Père. Il est notre Père en Jésus-Christ, notre Seigneur. Il est le Père de tous les croyants qui ont reconnu en Jésus le Christ de Dieu et le Fils unique, et qui vivent bénéficiaires de sa grâce miséricordieuse. Dieu a dissipé les temps de l’ignorance. Quelle folie insensée que de nous attarder dans l’obscurité lorsque le soleil éclatant brille sur le firmament et inonde de ses chauds rayons l’univers ainsi que nos propres cœurs!

Dès lors, quel besoin avons-nous de le chercher par mille moyens primitifs, tous également fallacieux et incomplets, ou encore à travers nos instincts religieux. Quel besoin avons-nous de nous adonner à des recherches savantes ou vouloir nous fonder à tout prix sur une logique implacable? Ce qui aujourd’hui présente quelque actualité pour la satisfaction intellectuelle, disparaîtra demain pour laisser encore nos âmes sur leur faim…

Dieu en personne a visité les humains. L’inconnu s’est fait connaître ouvertement. Il s’est révélé dans sa loi qu’il a accordée sur le Sinaï, dans les oracles des prophètes qui ont témoigné inlassablement de lui et, finalement, dans la chair et le sang de son Fils incarné, conçu du Saint-Esprit et né de la vierge Marie. L’Évangile nous fait entendre sa voix gracieuse et nous fait éprouver sa tendresse paternelle : « Venez à moi et apprenez de moi, et vos âmes trouveront le repos » (Mt 11.28-29). Son amour rédempteur et libérateur s’est déployé dans l’humilité de la crèche et s’est offert jusqu’au bout sur la croix du Calvaire; le voile du Temple s’est déchiré en deux afin que celui dont le visage était jusque-là caché, et dont la présence était totalement inaccessible au pécheur mortel, permette désormais à celui-ci d’avoir enfin un libre accès à sa majesté divine. Dieu s’est manifesté et voilà, il est devenu notre Père.

Entre reconnaître Dieu simplement comme le créateur horloger et nous attacher à lui comme à notre Père affectueux, quelle infinie distance; comme les implications d’une telle confiance sont merveilleuses. C’est en cela que consistent à la fois le mystère merveilleux de notre salut et le dévoilement inouï de sa grâce paternelle.

Quel bien cela ferait-il à mon éternelle destinée de penser dans mes peines et mes épreuves quotidiennes à une pure puissance sans visage, que les hommes seraient d’accord pour reconnaître sans grande peine, tandis qu’ils observent l’univers et en étudient les lois mystérieuses?

Celui qui, dans le passé enveloppé de mystère et dans un avenir inaccessible à notre perception, établit les systèmes stellaires et pousse la roue de l’évolution des corps célestes, condescend à visiter et à séjourner sur l’un des points de son univers infini. Il vient y vivre pendant quelques années, la durée d’un souffle humain, en compagnie d’existences insignifiantes, misérablement dévorées par des passions inutiles et hantées par le doute… Voilà Dieu le Père. Un « Être suprême » inconnu et méconnaissable, sans voix et dépourvu d’amour, se moquerait à la rigueur de l’indescriptible misère humaine, et son sarcasme secouerait les fondements du cosmos, nous faisant trembler devant sa froide et terrifiante présence. Il rirait de nos maladroits tâtonnements, ferait fi de toute quête humaine à la recherche d’une bribe de compassion divine. Mais le Dieu du Symbole de Nicée-Constantinople, le Dieu des chrétiens et de l’Église, celui des prophètes et des patriarches, des apôtres et de Jésus-Christ, se déclare notre Père; il refuse de garder un silence cruel; il renonce à maintenir la distance infranchissable entre nous, vers misérables, et lui, le Dieu de suprême majesté.

Non seulement il trace les limites de l’étendue et il donne naissance aux luminaires, mais encore il crée l’homme selon son image et sa ressemblance. Sa grandeur ne dépend pas de l’étendue infinie de ses œuvres qu’il accomplit parfaitement. Seule sa libéralité nous explique cette création. À ses yeux, la fondation des montagnes, la masse des océans, la course régulière parfaitement réglée de la terre, l’incessant mouvement des millions de systèmes galactiques ne sont, en définitive, que des faits secondaires, dépourvus de signification décisive, comparés à la consolation qu’il offre à nos cœurs désemparés, à l’encouragement qu’il inspire à nos âmes immortelles; à ses yeux, leur poids dans la balance du salut éternel pèse plus lourd que la masse de la création incommensurable.

Un inconnu trônant au-delà des régions azurées de l’espace n’est rien par rapport au Dieu Créateur et Père tout-puissant qui, selon le témoignage de la Genèse, rend visite, durant les premières heures de la matinée, au couple qu’il vient de créer. Il est celui qui entend nos cris de détresse, qui accourt pour apporter le secours, qui se déclare le protecteur de la veuve et de l’orphelin, qui nourrit les moineaux du ciel et s’occupe des simples lys des champs, qu’il habille d’une gloire plus grande encore que celle du plus glorieux monarque de l’antiquité. Il compatit à nos peines, de même qu’il se réjouit de nos joies. Il nous couronne d’honneur, il nous conserve pour sa gloire éternelle, il nous sauve à cause de son nom.

Il est notre Père, non le Dieu des philosophes. Il nous a créés libres afin que la réponse qu’il attend de nous ne soit pas prononcée sous la contrainte. Il nous a créés de telle sorte que nous ne sommes pas livrés à un destin inexorable.

Quelle monstrueuse caricature de sa personne et de sa bonne création ne faisons-nous pas en l’assimilant à de faux dieux et à de vaines idoles, produits de notre mensonge, création de notre péché!

De cette œuvre de création, le livre de Jérémie dans la Bible nous donne une illustration saisissante. Comme le potier travaille l’argile pour lui donner une forme, de même Dieu nous prend en main et nous façonne selon son plan. Mais l’argile a ses caractéristiques. Elle n’est pas docile, elle résiste entre les mains de l’artisan. Pourtant, celui-ci ne se décourage pas, ses doigts s’appliquent sans cesse à réaliser son œuvre. Il en est ainsi du divin Potier. Sa créativité est patiente et sa patience illimitée. Dieu a un but pour notre vie, et celle-ci ne peut pas se dérouler dans la délectation morose d’une destinée absurde. Si nous sommes l’argile rebelle, nous œuvrerons consciemment à notre propre perte. Mais celui qui a eu le bonheur de placer sa foi en Dieu sait que ni le hasard ni l’absurde ne sont les forces motrices de l’univers et de l’histoire.

Notre consolation quotidienne et notre espérance pour l’avenir dépendent de notre confiance connaissante et de notre connaissance confiante en un tel Dieu, et en nul autre. Le Credo de Nicée-Constantinople nous aide non seulement à le connaître, mais encore à le servir et à l’adorer.

Alors, sachons-le aussi; celui-là seul résistera au milieu de toutes les turbulences de l’orage, puisera courage au sein d’amères déceptions, demeurera inébranlable quand les édifices réputés solides s’effondreront, parcourra la course avec persévérance et audace, celui qui, s’étant joint aux générations passées, associera sa voix aux multitudes de croyants pour confesser :

« Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles. »