Cet article a pour sujet le parler en langues, la priorité de l'amour, du bon ordre, des paroles intelligibles pour l'édification et de la traduction des langues pour faire progresser l'Évangile et la mission.

Source: Questions et réponses (ÉK). 3 pages.

Pourquoi interdire de parler en langues?

« Paul écrit “N’empêchez pas de parler en langues” (1 Co 14.39).
Alors pourquoi les Églises traditionnelles interdisent-elles aux gens de parler en langues? »

Question d’un correspondant

Le parler en langues : voilà un thème très controversé parmi de nombreux chrétiens, pas seulement de nos jours, d’ailleurs, mais depuis l’époque des pères de l’Église, à partir du second siècle de notre ère. Il faudrait passer beaucoup de temps à répondre à cette question. Qu’il me suffise de dire que dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul insiste beaucoup sur la nécessité de prononcer des paroles compréhensibles pour l’édification des croyants, voire des visiteurs non-croyants de l’Église. Le don des langues n’est d’aucune utilité, dit-il, s’il n’édifie pas les autres. Paul veut aussi montrer aux Corinthiens, au début du chapitre 13, qu’il existe des dons supérieurs à celui des langues ou de la prophétie. Il vient de mettre le don des langues au bas de la hiérarchie des dons que confère le Saint-Esprit.

« Dans l’Église, Dieu a établi premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des enseignants; puis viennent les dons de faire des miracles, de guérir des malades, d’aider, de diriger l’Église, et enfin de parler diverses sortes de langues inconnues » (1 Co 12.28).

L’apôtre encourage les Corinthiens à rechercher les dons les meilleurs :

« En effet, supposons que je parle les langues des hommes et même celle des anges; si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien de plus qu’une trompette claironnante ou une cymbale bruyante » (1 Co 13.1).

Paul déclare même que dans les réunions de l’Église il préfère dire seulement cinq paroles compréhensibles pour instruire les autres plutôt que dix mille paroles dans une langue inconnue. Il continue sur cette lancée :

« En effet, imaginez que l’Église se réunisse tout entière, et que tous parlent en des langues inconnues : si des personnes non averties ou des incroyants surviennent, ne diront-ils pas que vous avez perdu la raison? Si, au contraire, tous apportent des messages inspirés par Dieu et qu’il entre un visiteur incroyant ou un homme quelconque, ne se sentira-t-il pas convaincu de péché et sa conscience ne sera-t-elle pas touchée? Les secrets de son cœur seront mis à nu. Alors il tombera sur sa face en adorant Dieu et s’écriera : Certainement, Dieu est présent au milieu de vous » (1 Co 14.23-25).

Plus loin encore, au dernier verset de ce chapitre 14, Paul écrit :

« En résumé, mes frères, recherchez ardemment le don d’apporter des messages de la part de Dieu et ne vous opposez pas à ce qu’on parle en des langues inconnues. Mais veillez à ce que tout se passe convenablement et non dans le désordre » (1 Co 14.39-40).

Ces dernières paroles nous fournissent une règle fondamentale pour la vie de l’Église : tout doit s’y faire convenablement et non dans le désordre. Paul en a donné la raison un peu auparavant, au verset 33 : « Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. » Bien des Églises dans le monde devraient se souvenir de cette injonction pour modeler leurs pratiques sur cet esprit-là.

Pour répondre à la question de notre correspondant, c’est sans doute cet aspect qui a amené les Églises traditionnelles à ne pas encourager le parler en langues. La pratique du parler en langues engendre souvent du désordre, comme nous voyons que c’était le cas dans l’Église de Corinthe. C’est pourquoi Paul demande que s’il n’y a personne pour interpréter les langues inconnues, alors ce don doit être pratiqué en privé :

« S’il n’y a pas d’interprète, que celui qui a le don des langues garde le silence dans l’assemblée, qu’il se contente de parler à lui-même et à Dieu » (1 Co 14.28).

Il semble aussi que certains à Corinthe aient insisté pour que chacun prouve qu’il était rempli du Saint-Esprit en exhibant le don des langues. Pour Paul, c’est manquer d’amour, d’autant plus que tous les dons ne sont pas accordés à tous :

« Tous sont-ils apôtres? Tous sont-ils prophètes? Tous sont-ils enseignants? Tous peuvent-ils faire des miracles, guérir des malades, parler des langues inconnues ou les interpréter? » (1 Co 12.29-30).

Évidemment non! On ne peut donc pas faire du don des langues le test d’une foi sincère, encore moins de l’appartenance à l’Église. Il est aussi important de constater que ce n’est que dans l’Église de Corinthe que ce don apparaît, car aucune autre des lettres adressées aux Églises dans le Nouveau Testament n’en fait directement mention. Certains ont dit que l’apparition de ce don particulier a été limitée par Dieu au temps où les écrits du Nouveau Testament n’étaient pas encore rédigés et mis ensemble dans le recueil que nous connaissons aujourd’hui. Le Saint-Esprit aurait donc pallié ceci en accordant ce don surnaturel.

Une autre question se pose pourtant : s’agissait-il de langues existantes, comme celles qu’ont parlées les disciples rassemblés lors de la Pentecôte? Ou bien de sons inarticulés n’ayant rien à voir avec une langue qui est parlée quelque part dans le monde? Reprenons le passage correspondant du livre des Actes, au chapitre 2, et regardons son contexte : au moment de la Pentecôte, lorsque le Saint-Esprit est descendu sur les disciples rassemblés, ils ont commencé à parler dans différentes langues, chacun s’exprimant comme le Saint-Esprit lui donnait de le faire. Luc écrit ensuite :

« Or, à ce moment-là, des Juifs pieux, venus de toutes les nations du monde, séjournaient à Jérusalem. En entendant ce bruit, ils accoururent en foule et furent saisis de stupeur. En effet, chacun d’eux les entendait parler dans sa propre langue. Dans leur étonnement, ils n’en croyaient pas leurs oreilles et disaient : Voyons! Ces gens qui parlent ne viennent-ils pas tous de Galilée? Comment se fait-il donc que nous les entendions s’exprimer chacun dans notre langue maternelle? » (Ac 2.5-8).

Le don des langues à la Pentecôte a une portée missionnaire évidente. Il permet aux disciples de raconter les merveilles de l’action de Dieu à des personnes qui autrement n’en entendraient pas parler. C’est aussi pourquoi Paul insiste pour que les langues inconnues que parlent ceux qui ont reçu ce don soient toujours traduites lorsque les chrétiens sont rassemblés.

Aujourd’hui, il n’est pas impossible que le Saint-Esprit accorde encore à des croyants ce don, mais son exercice devrait toujours se faire en tenant compte de l’enseignement de l’apôtre Paul tel que nous venons de le voir.