Cet article a pour sujet quelques erreurs de la théorie de l'évolution d'après des citations de Jean Brun, Rémy Chauvin et Daniel Vernet.

Source: Évolution ou création?. 4 pages.

À propos de l'évolution

Cet article sera consacré au sujet de l’évolution tel que traité dans trois textes d’auteurs contemporains, un philosophe, notre ami Jean Brun, et deux scientifiques dont Rémy Chauvin et Daniel Vernet, ce dernier notre professeur en Faculté de théologie. Tous les trois disent avec force et conviction ce qu’est réellement l’hypothèse de l’évolution des espèces. Commençons par Jean Brun.

« Charles Darwin et la lutte pour la vie », sous-titre Jean Brun les deux pages qu’il consacre à l’inventeur de l’hypothèse de l’évolution des espèces, dans son Europe Philosophe.

« La saga marxiste de l’histoire, débouchant sur l’Oméga de la société sans classes, s’est dédoublée de ce que l’on a pu appeler “un conte de fées pour grandes personnes” : l’évolutionnisme de Charles Darwin. Son œuvre principale, De l’origine des espèces par voie de sélection naturelle (1859), excelle à faire passer des hypothèses pour des conclusions. Un évolutionniste comme Y. Delage avoue : “Je reconnais sans peine que l’on n’a jamais vu une espèce en engendrer une autre, et que l’on n’a aucune observation absolument formelle démontrant que cela n’ait jamais eu lieu. […] Je considère cependant l’évolution comme aussi certaine que si elle était démontrée objectivement.”
Il faut donc que cette théorie soit vraie; elle a réussi à se faire passer aujourd’hui pour indiscutable (tous les travaux des biologistes qui la critiquent sont l’objet d’une efficace conspiration du silence) et elle apparaît tellement évidente que le commun des mortels pense qu’il serait aussi ridicule de ne pas y croire que de nier que la terre tourne autour du soleil. Cette idée d’évolution est une très vieille idée, que Darwin n’a nullement inventée mais qu’il a cru pouvoir vérifier scientifiquement; elle se trouvait déjà chez Vanini, chez Diderot, Benoît de Maillet, Camper, Goethe, chez des théosophes du 18siècle et chez bien d’autres encore. Tout ce qui précède doit inciter à penser que cette “théorie” s’est imposée parce qu’elle était surdéterminée par toute autre chose que par des démonstrations scientifiques qui lui font d’ailleurs totalement défaut.
Darwin a voulu greffer l’arbre de la connaissance sur l’arbre de vie afin de donner une réponse humaine aux questions métaphysiques : “D’où venons-nous?” et “Où allons-nous?” et de jeter les bases d’une nouvelle Genèse récusant celle de la Bible en lui substituant une génétique. Il s’agit là de spéculations gnostico-biologiques qui n’osent se reconnaître comme telles. Au Deus ex machina que l’on dénonce, on substitue une ou plusieurs monères primitives qui se seraient développées, en passant par des séries successives de préhominiens et de parahominiens contenant l’homme en puissance; homme en puissance qu’une sélection naturelle, c’est-à-dire une nature sélective, aurait fait lentement passer de la puissance à l’acte en en explicitant l’entéléchie latente; cette sélection naturelle a beau être qualifiée de “naturelle”, elle n’en reste pas moins étrangement “sélective”, à la manière de la nature aristotélicienne qui ne faisait rien en vain.
L’évolutionnisme donne à l’homme la satisfaction prométhéenne d’être devenu capable de lire ses archives organiques et intellectuelles en n’ayant recours qu’à une histoire visible; non seulement il a ainsi le sentiment de pouvoir se passer de tout mystère, mais il a la satisfaction de se considérer comme le produit de ses propres acquisitions et de ne plus dépendre d’un Père créateur. Ce gnosticisme de l’originaire se prolonge d’ailleurs dans l’annonce prophético-déductive d’un progrès générateur d’un temps guéri et guérisseur, auquel il faut obligatoirement faire confiance. Tous les évolutionnistes débouchent, en effet, dans des philosophies du progrès qui chargent l’évolution de conduire l’espèce à bon port en sélectionnant ce qui lui convient et en éliminant ce qui lui est nuisible. L’évolution devient ainsi une sorte de rédemption en marche où le Dieu vivant a cédé la place à une vie déifiée. Finalement, l’ultra-humain se trouve incarné par l’espèce ou par la Cité investies d’une véritable mission salvatrice.
L’acharnement intellectuel à imposer l’évolutionnisme est mis aussi bien au service des scientismes anticléricaux les plus sommaires qui prêchent l’égalité et la fraternité par la cellule, qu’au service de spiritualismes d’inspiration chrétienne, comme ceux de Teilhard de Chardin, soucieux d’annexer une théorie dans laquelle ils cherchent la preuve rationnelle et expérimentale du bien-fondé de leurs propres positions. Tantôt, l’évolutionnisme sert à récuser la Genèse, tantôt on lui demande de la confirmer. Mauvaise science et mauvaise théologie se rejoignent finalement dans un confusionnisme de récupération mutuelle et la religion de la science finit ainsi par donner la main à la religion par la science. Il ne faut pas oublier, enfin, que si l’évolutionnisme a pu inspirer des évolutionnistes “de gauche” dans lesquels la lutte des classes joue le rôle d’une véritable sélection historique, ou des mysticismes d’origine chrétienne, il a servi également d’alibi à des racismes cherchant à accélérer la sélection naturelle par l’extermination de races dites “inférieures” et vouées, selon eux, à une indiscutable élimination.1 »

Citons maintenant Rémy Chauvin, le biologiste français, célèbre pour ses travaux sur les fourmis et les insectes :

« La science moderne commence à reconnaître que l’univers n’est pas gouverné par le hasard, comme le prétendait Darwin. Mille faits scientifiques démontrent que l’évolution de la vie est régie par un projet. La Bible chrétienne ne l’affirmait-elle pas déjà?
On commence à découvrir aujourd’hui non seulement que l’apparition de la vie n’est pas le fruit du plus improbable des hasards, comme le croyait Jacques Monod, mais les biogénéticiens soutiennent que, la Terre étant constituée comme elle l’est, la vie ne pouvait manquer d’y apparaître. Attention! il ne s’agit pas de spéculation, mais de calculs et d’expériences d’une chimie très élaborée que nous savons maintenant réaliser… Darwin est mort il y a belle lurette, mais nous commençons à nous apercevoir que ses idées sont complètement dépassées. L’image du monde darwinien, régi par le hasard, se fissure aussi de toute part. On ne sait très bien ce qu’est la sélection et beaucoup commencent à comprendre qu’il s’agissait en fait d’un tour de passe-passe dialectique. La vie poursuit sûrement un but sur la Terre… mais quel but? Eh bien, ce but suprême, suivant la théorie anthropique, est sans doute de faire éclore l’intelligence; c’est pour cela que toute la matière et le cosmos seraient ordonnés. Il n’y aurait donc rien de plus important que l’intelligence et la conscience. Partie indispensable des phénomènes, comme le soutiennent beaucoup de physiciens des quanta.
Si ahurissant que cela puisse paraître, il s’agit maintenant d’idées banales pour les spécialistes. Je voudrais les exposer sous une forme évidemment très résumée, non point dans l’espoir de démontrer quelque chose, mais uniquement de montrer le nouveau paysage de la science.
[…] Un raisonnement familier aux darwiniens laisse entendre qu’un organe peu spécialisé serait plus primitif, moins sophistiqué, donc moins adapté qu’un organe plus spécialisé. À les en croire, une patte de tigre, moins spécialisée que celle de l’antilope, est moins performante. Hélas!, demandez son avis à l’antilope.
[…] Les grandes questions qu’avait cru résoudre Darwin sont plus inextricables que jamais. Il n’y a décidément trace ni des nombreuses formes de transition postulées par la théorie ni des innombrables tâtonnements d’une hypothétique sélection naturelle. Et rien ne prouve que les modifications du milieu aient un rôle aussi décisif qu’on l’a dit dans l’évolution des formes vivantes. Reste que l’origine des grands groupes de notre Terre est plus obscure que jamais. […] Une chose est frappante dans tous ces cas; dès qu’on tombe dans les couches primitives des espèces on constate qu’il ne s’agit pas de ces monstres de bande dessinée, d’une étrangeté totale, mais toujours d’honorables représentants de groupes qui prolifèrent encore aujourd’hui. Et rien d’autre entre les deux! Il semble donc que les formes intermédiaires des espèces futures n’existent tout simplement pas : il n’y a rien dans les fossiles trouvés jusqu’ici qui évoque, de près ou de loin, les longs tâtonnements de l’origine qui auraient dû engendrer les formes actuelles. […]
Il y a peu, une publication du British Museum avouait : “Aucune des espèces fossiles que nous étudions ne peut être considérée comme l’ancêtre d’une autre”. […] Comment la notion de hasard peut-elle s’insérer, se combiner dans une évolution orientée de la sorte dans la voie de la complexité? Quel est finalement son rôle? En tout cas, il n’est certainement pas un fournisseur complaisant de solutions possibles à la sélection naturelle. D’abord parce que ce serait sa négation même, puisqu’il faudrait alors lui supposer une direction. Ensuite, parce que la sélection elle-même, si elle ne se fonde que sur le hasard, serait bien incapable d’édifier les mécanismes complexes des organismes vivants modernes.2 »

Enfin, je cite, pour conclure, un paragraphe extrêmement important encore :

« Le tout est plus que la somme de ses parties. La totalité détermine la nature des parties. On ne peut comprendre ces parties tant qu’on les considère isolément, sans référence à la totalité. Les parties sont dynamiquement reliées entre elles dans une interdépendance incessante. En conséquence, l’approche analytique, atomiste, caractéristique de la physique newtonienne classique, se révèle inadéquate pour comprendre la vie dans son ensemble, ou dans ses différentes expressions animales ou végétales. »

Voici enfin quelques lignes que je cite à partir des notes prises lors d’un cours professé par le professeur Daniel Vernet :

« En France, notamment, c’était l’hostilité à peu près générale contre le darwinisme. Parmi ses défenseurs, on ne peut guère citer que Charles Martins et Albert Gaudry. Parmi les adversaires, mentionnons Louis Agassiz, Flourens. […] Le physiologiste Flourens exposa en particulier ses idées dans un ouvrage intitulé Examen du livre de Ch. Darwin sur l’origine des espèces. […] Flourens déclarait notamment : “Enfin, l’ouvrage de M. Darwin a paru. On ne peut qu’être frappé du talent de l’auteur. Mais que d’idées obscures, que d’idées fausses! Quel jargon métaphysique jeté mal à propos dans l’histoire naturelle, qui tombe dans le galimatias dès qu’elle sort des idées claires, des idées pures! Quel langage prétentieux et vide! Quelles personnifications puériles et surannées! Ô lucidité! Ô solidité de l’esprit français, que devenez-vous?” Pour Flourens le nombre des œuvres directement émanées de Dieu est égal à la somme des unités spécifiques comprises dans les deux règnes. Et comme c’est Dieu qui les a faites ce qu’elles sont, qui les a mises à la place qu’elles occupent et qui leur a assigné la fin qu’elles remplissent, elles sont nécessairement inaltérables. En plusieurs passages de son livre, Flourens insiste sur la fixité de l’espèce… »

Notes

1. Jean Brun; L’Europe Philosophe, Stock, Paris, p. 311-313. 2

2. Rémy Chauvin, Dieu des fournis, Dieu des étoiles, Le Pré aux clercs, Paris, 1988.