« L’Éternel règne : que la terre soit dans l’allégresse, que les îles nombreuses se réjouissent! La nuée et l’obscurité l’environnent, la justice et le droit sont la base de son trône. Un feu marche devant lui et embrase ses adversaires à l’entour. Ses éclairs illuminent le monde, la terre le voit et tremble; les montagnes fondent comme de la cire devant l’Éternel, devant le Seigneur de toute la terre. »

Psaume 97.1-5

Au moment où j’écris ces lignes, il reste moins d’une semaine avant les élections fédérales. Hier soir, le lecteur de nouvelles de la Société Radio-Canada nous informait que les plus récents sondages mettaient les deux principaux partis nez à nez et que l’issue du scrutin nous était donc toujours inconnue.

N’est-ce pas précisément pour cela que nous avons des élections? Pourquoi donc dépenser autant d’argent et fournir autant d’énergie à tenir tous ces sondages, alors que le seul véritable scrutin qui compte est celui qui aura lieu le jour des élections? Les sondages permettent évidemment aux partis de « sentir le vent », de rectifier le tir et de modifier la stratégie au goût de la majorité. Les sondages exercent également une influence non négligeable sur certains électeurs qui préfèrent voter pour le gagnant ou accorder aux perdants une force de contrepoids. Mais en quoi le résultat des derniers sondages m’aide-t-il à décider de manière responsable pour qui je devrais voter? Car pendant ce temps, le contenu des programmes des différents partis est peu discuté et les électeurs demeurent bien souvent très mal informés.

Toutefois, au-delà de la mêlée des stratégies électorales et au-delà même des programmes et des enjeux, il y a une chose que le lecteur de nouvelles a omis de dire. C’est que le résultat des élections est déjà connu d’avance par celui qui règne dans les cieux. Plus encore, c’est le Roi des rois lui-même qui choisit et qui établit nos dirigeants! Certes, les députés sont élus démocratiquement par la volonté populaire. Mais n’est-ce pas le Dieu souverain qui tient dans sa main toute circonstance?

L’apôtre Paul nous dit qu’« il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu » (Rm 13.1). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous devons nous soumettre aux autorités et prier pour nos dirigeants, mis en place par Dieu lui-même, dans la mesure où cette soumission ne nous amène pas à déroger à la loi du Seigneur. En tant que chrétiens, ce sera là notre façon de reconnaître la main du Seigneur dans la vie publique. Les gouvernements qui sont élus, qu’ils fassent notre affaire ou non, sont institués par Dieu et détiennent de ce fait une autorité dérivée, non du peuple, mais de Dieu lui-même. Ce gouvernement est ainsi « au service de Dieu » pour exercer la justice et punir les malfaiteurs (Rm 13.4). Que les élus le reconnaissent ou non, ils sont des instruments dans les mains du Seigneur, car « le cœur du roi est un courant d’eau dans la main de l’Éternel; il l’incline partout où il veut » (Pr 21.1).

Est-ce la garantie d’un bon gouvernement? Certes non. Pouvons-nous prétendre que Dieu est d’accord avec tout ce que ce gouvernement accomplira de bon ou de mauvais? Non plus, loin de là. Car n’est-ce pas à des chrétiens vivant sous le règne de l’infâme empereur Néron que Paul écrivit Romains 13? Le prophète Daniel nous annonce la majestueuse royauté de Dieu et nous assure que « c’est lui qui renverse les rois et qui établit les rois » (Dn 2.21). S’adressant à Neboukadnetsar, roi de Babylone, cruel et plein d’orgueil, Daniel lui a lancé ce courageux appel : « Reconnais que le Très-Haut domine sur toute royauté humaine, et qu’il la donne à qui il lui plaît » (Dn 4.22). Comme nos politiciens ont besoin d’entendre cette parole! Même les mauvais dirigeants, c’est Dieu qui les établit! Sans pour autant justifier ou entériner leurs injustices, bien au contraire. Le peuple et les dirigeants sont toutefois appelés à reconnaître humblement que « l’Éternel règne » (Ps 97.1). « Car toi, Éternel! tu es le Très-Haut sur toute la terre, tu es souverainement élevé au-dessus de tous les dieux » (Ps 97.9).

N’est-ce pas là pour l’Église du Seigneur une immense consolation? Il nous faut bien le reconnaître, les campagnes électorales se succèdent et nous permettent chaque fois de tristement constater l’iniquité qui prévaut parmi plusieurs de nos dirigeants ou de ceux qui aspirent à le devenir. Nous remarquons, par exemple, l’assurance, l’audace et l’agressivité avec laquelle le droit à l’avortement est chaudement défendu ou tenu pour acquis. Pour s’attirer des votes, on prétend haut et fort protéger les droits des « minorités »; par contre, on n’ose pas parler courageusement, alors que les faibles enfants sans protection dans le ventre de leur mère continuent d’être sauvagement abattus par milliers chaque année. Pensons également au mariage homosexuel qui est une menace directe au mariage biblique tel qu’institué par Dieu, ou encore au prétendu droit à l’euthanasie que l’on cherche à promouvoir, alors que la responsabilité des médecins est de soigner les malades, et non pas de les aider à mourir…

Mais quel que soit le gouvernement qui est mis en place au lendemain des élections, et, quel que soit son degré d’orgueil ou de timidité devant la loi du Seigneur, nous avons une immense consolation. « L’Éternel règne : que la terre soit dans l’allégresse! » (Ps 97.1). Nous ne savons pas pourquoi le Seigneur établit tel gouvernement plutôt que tel autre. Nous ne savons pas pourquoi il permet que prévale pour un temps ce profond déclin moral et spirituel. Mais nous savons qu’il règne! Il se sert des dirigeants pour parvenir à ses fins, en vue de glorifier son nom et de rassembler ses élus pour le grand jour de gloire. Le Seigneur n’a besoin ni de sondages d’opinion ni d’élections pour gouverner avec justice. Il n’a pas besoin de « sentir le vent » ni de suivre la ligne du parti.

« La justice et le droit sont la base de son trône, un feu marche devant lui et embrase ses adversaires à l’entour. Ses éclairs illuminent le monde, la terre le voit et tremble, les montagnes fondent comme de la cire devant l’Éternel, devant le Seigneur de toute la terre » (Ps 97.2-5).

Quel grand Dieu nous avons! Sachons nous confier sans cesse en lui!

Cette assurance du règne de Dieu sera notre joie. Elle nous servira d’antidote au mépris ou au cynisme que bon nombre de politiciens pourraient nous inspirer. Elle nous donnera la motivation de chercher d’abord le Royaume et la justice de Dieu dans tous les domaines de notre vie. Elle nous procurera un grand encouragement dans nos luttes et tentations. Avouons-le, nous sommes bien souvent tentés, nous aussi, de conduire nos propres « sondages d’opinion » auprès de notre entourage, afin de « sentir le vent » et de nous ranger du côté de la popularité, au lieu de reconnaître humblement le règne de Dieu et de chercher courageusement sa justice. Nous avons tant besoin de la grâce du Seigneur Jésus, de son pardon et de la force de son Esprit Saint! Que ton règne vienne, Seigneur Jésus!

Nos nouveaux élus contribueront-ils à faire valoir le droit? C’est à espérer, mais nous ne pouvons pas en avoir l’assurance. Notre espérance ne se trouve pas dans les hommes, mais en Dieu seul qui, par son Fils, fera venir un monde meilleur où régneront la justice et la paix. Quelle est donc notre responsabilité?

« On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; et ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques le droit, que tu aimes la loyauté, et que tu marches humblement avec ton Dieu » (Mi 6.8).

Le règne de l’Éternel se traduira dans nos vies en action et en combat, en obéissance et en humilité, mais aussi en joie profonde.

« Vous qui aimez l’Éternel, haïssez le mal! Il garde les âmes de ses fidèles, il les délivre de la main des méchants. La lumière est semée pour le juste, et la joie pour ceux dont le cœur est droit. Justes, réjouissez-vous en l’Éternel et célébrez son saint nom! » (Ps 97.10-12).

Oui, l’Éternel règne! Il continue d’œuvrer non seulement à travers nos dirigeants qu’il a lui-même établis, mais encore davantage par sa Parole et son Esprit dans nos vies. Le Seigneur rassemble de jour en jour son Église au moyen de sa Parole et de son Esprit afin de l’adorer et de le servir avec la force qu’il nous donne. Il agit en vue d’établir pour de bon son Royaume, dans nos cœurs, dans nos vies et dans le monde nouveau qui vient bientôt. Mais déjà, « l’Éternel règne : que la terre soit dans l’allégresse! »