Cette fiche de formation a pour sujet la prédestination qui doit être abordée à la lumière de toute l'Écriture et de la doctrine de la corruption de l'homme. La foi est un don de Dieu qui découle de l'élection divine depuis toute éternité.

4 pages.

Regard sur la doctrine de la prédestination

  1. Trois remarques en préambule
    a. L’Écriture et l’Esprit
    b. L’Écriture comme un tout
    c. Les grandes doctrines sont liées à des vérités-réalités spirituelles et donc pastorales
  2. La prédestination et la corruption de l’homme
    a. La corruption de l’homme
    b. Que rappeler succinctement sur cette doctrine?
    c. Deux questions
  3. L’enseignement sur la prédestination
  4. Questions en lien avec la prédestination

1. Trois remarques en préambule🔗

a. L’Écriture et l’Esprit🔗

Le lieu où la foi prend place, c’est le cœur (dans le sens biblique du terme). Mais la source et le moteur de la foi, c’est l’Écriture et l’Esprit. Les deux. Je parle bien sûr de la foi chrétienne, car la foi d’un chef d’entreprise ou d’un religieux fanatique est d’une autre nature. En d’autres termes, la foi est bien quelque chose de personnel, puisque le lieu où elle s’inscrit et agit, c’est le cœur; mais l’auteur de la foi, c’est Dieu.

  • Hébreux 12.2 appelle Jésus : « le chef et le consommateur de la foi ». Le grec dit : l’initiateur et l’accomplisseur de la foi. Une autre traduction dit : « l’auteur de la foi et celui qui la mène à la perfection ».

  • Paul montre que la foi est vaine si elle n’est pas fondée objectivement (1 Co 15.1-3; Jude 1.3).

  • Après sa résurrection, Jésus met en évidence le lien entre l’Écriture et l’Esprit (Lc 24.44-46).

  • Beaucoup de références bibliques confirment cela (Ac 2.42; 17.11; 24.14-15; Rm 10.17; 2 Pi 1.20-21).

b. L’Écriture comme un tout🔗

Le fait que Jésus cite si souvent l’Ancien Testament, le fait qu’il soit désigné par les apôtres comme l’accomplissement des prophéties et du dessein de Dieu, le fait que l’enseignement demeure au cœur de la vie de l’Église primitive, tout cela démontre l’unité de la révélation biblique comme un tout cohérent. Ainsi, aucune doctrine ne peut être abordée d’une manière isolée. On en voit un signe en Actes 20.27. Cela impose une juste utilisation de l’Écriture et une démarche théologique, c’est à dire :

  • situer chaque texte biblique dans le contexte de toute la Bible,

  • repérer les constantes de la révélation biblique, les principes qui reviennent tout au long,

  • éclairer les textes difficiles ou secondaires à la lumière des textes clairs et principaux.

Est-ce faire entrer la Bible dans un cadre humain? Au contraire, c’est respecter sa nature et renoncer à la faire entrer dans un cadre de logique ou de raisonnement tout humain.

c. Les grandes doctrines sont liées à des vérités-réalités spirituelles et donc pastorales🔗

Elles ont des implications concrètes, pratiques, immédiates pour la vie du chrétien et de l’Église. Le Psaume 119 le dit explicitement. C’est d’ailleurs là une des raisons pour lesquelles il n’est pas aisé d’enseigner, car ces vérités nécessitent la foi et un désir de marcher avec Dieu. Celui qui veut marcher selon sa propre volonté ne peut les recevoir. On comprend pourquoi l’apôtre Pierre dit : « Nous devons nous consacrer à la prière et au ministère de la parole » (Ac 6.4; voir Pr 28.5; És 29.11-12; Ac 20.26-31; Ép 2.11, 19; 3.1, 13; 4.1, 17, 25; 5 et 6).

2. La prédestination et la corruption de l’homme🔗

La question de la prédestination me paraît être une des mieux fondées de l’Écriture. Il est vrai qu’elle s’inscrit en flagrante contradiction avec la philosophie humaniste ambiante. Il est vrai aussi qu’elle ne doit pas être abordée de manière isolée, car elle dépend d’autres doctrines capitales.

a. La corruption de l’homme🔗

Cette doctrine que l’on peut qualifier de « pessimiste » permet de comprendre la radicalité du message de l’Évangile, celle de la croix, celle de la régénération. Et celle de la grâce qui porte et nourrit la totalité de la vie chrétienne.

Si on évite la doctrine de la corruption, on se retrouve dans un incessant marchandage avec Dieu, des arrangements, des compromis, en somme l’attitude « religieuse » dont Jésus a clairement démontré le caractère hypocrite et méchant.

b. Que rappeler succinctement sur cette doctrine?🔗

  • La corruption est distincte de la création qui n’est pas le résultat d’une chute et qui est bonne.

  • La corruption est consécutive à une transgression qui est à l’initiative d’un autre, le Diable.

  • La corruption n’a pas pour conséquence un amoindrissement, mais une rupture, une mort. « Vous étiez morts par vos offenses, par l’incirconcision de votre chair » (Col 2.13).

  • La conséquence de cette mort est double : incapacité à pratiquer le bien, incapacité à se changer.
    « Un léopard peut-il changer ses taches? » (Jr 13.23).
    « Il n’y a pas de juste, pas même un seul. Nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu » (Rm 3.10).

Martin Luther, après avoir découvert le salut par la grâce seule, écrit son livre : Du serf arbitre.

Henri Blocher dit que le péché atteint l’homme extensivement (il n’y a rien qui ne soit corrompu), mais pas intensivement (il demeure une capacité de pratiquer un certain bien, mais « pas à salut, pas même à justice »).

« Méchants comme vous êtes, vous donnez de bonnes choses à vos enfants » (Mt 7.11).

c. Deux questions🔗

  1. Cet état de corruption rend-il l’homme irresponsable? Nullement. Il démontre au contraire son endurcissement.

« Ce jugement, c’est que les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres sont ténèbres » (Jn 1.5; 3.19).
« Ils sont inexcusables, car ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu » (Rm 1.21). « … à cause de leur endurcissement » (Ép 4.18).
  1. Dieu n’est-il pas injuste en demandant à l’homme une chose impossible? Le chapitre 9 de la lettre aux Romains répond exactement à cette question.

« Y a-t-il en Dieu de l’injustice? Loin de là! Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde et j’aurai compassion de qui j’ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. […] Tu me diras : Pourquoi blâme-t-il encore? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté? Ô homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu? » (Rm 9.14-20).

Paul achève cet enseignement non par un trouble, mais par une louange à Dieu :

« Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies impossibles à cerner! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller? Qui lui a donné en premier pour qu’il ait à recevoir en retour? C’est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire dans tous les siècles! » (Rm 11.33-36; voir Rm 12.1-3).

3. L’enseignement sur la prédestination🔗

Cet enseignement s’inscrit naturellement dans cette logique de la révélation biblique :

« Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. […] Nul ne vient à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6.37, 44; voir Mt 11.25-27).

Dans sa prière (Jn 17.6-8), Jésus montre que la foi n’est pas le départ. Le départ, c’est le dessein de Dieu : « Ils étaient à toi et tu me les as donnés. […] Ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi et ils ont cru. » Remarquer l’ordre des verbes. La foi vient en dernier : elle est le fruit de la régénération opérée par la Parole de Dieu et par l’Esprit dans le cœur. Sinon, la foi serait une œuvre!

Dans sa lettre aux Éphésiens, Paul dit la même chose (Ép 1.4-6), résumée ainsi : « Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Ép 2.8). La foi est un don de Dieu, de même que l’amour (Rm 5.5).

4. Questions en lien avec la prédestination🔗

Et la responsabilité de l’homme? Elle est entière. Il rendra compte pour chaque mot prononcé!

Et son humilité? Elle est profonde, rappelée quand nous prenons le pain et le vin de la cène. Nous ne méritons rien!

Et la reconnaissance? Elle est infinie. C’est la source de notre culte et de notre obéissance!

Et la confiance? Elle est totale. C’est la source du repos dans lequel le chrétien puise ses forces. « Qui nous séparera de l’amour de Christ? » (Rm 8.28-39).