Cet article sur Romains 8.26-27 a pour sujet la prière en Esprit. Puisque nous ne savons pas comment prier, l'Esprit Saint vient à notre aide par son ministère d'intercession, afin que nous soyons assurés de l'exaucement de nos prières.

Source: La prière en Esprit. 5 pages.

Romains 8 - La prière en Esprit

« De même aussi l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables; et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : C’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. »

Romains 8.26-27

Que nous récitions régulièrement ou à intervalles variables le Notre Père, à bon escient ou parfois inconsciemment, ce qui nous apparaît très clairement, aux uns et aux autres, c’est que la prière est un exercice difficile. Nous ne devrions pas manquer une seule occasion de nous interroger : Nos prières atteignent-elles Dieu? Et si elles l’atteignent, les écoute-t-il afin de les exaucer? Saint Paul semble renchérir à cet endroit par les mots contenus dans le texte célèbre de sa lettre aux Romains : « Nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Rm 8.26). Il existe mille raisons pour que nous doutions non seulement de l’efficacité de la prière, mais encore de son opportunité, voire de sa légitimité. En effet, quelle entreprise hors du commun pour les créatures insignifiantes que nous sommes, occupant un tout petit coin de l’univers, que de pouvoir nous adresser à celui qui en est à l’origine et qui le gouvernera pour toujours!

Chaque fois qu’à travers nos télescopes géants nous observons l’immensité du cosmos, nous sommes un peu plus conscients de notre néant, tout au moins, je l’espère… Il est bon que nous en ayons conscience, qu’avec une lucide humilité nous contemplions l’étendue de ce ciel dont l’immensité nous effraie en dépit de nos récentes incursions dans la banlieue de notre planète, à vrai dire sur un tout petit bout du trottoir de l’espace sidéral, une parcelle minuscule de cet édifice incommensurable… Les progrès insoupçonnés et les prouesses de l’astronautique dans l’exploration spatiale nous apprennent que des milliers d’années seront nécessaires pour atteindre la plus proche des étoiles de notre galaxie, qui en compte quelque 100 milliards! Notre planète, cette petite boule de terre un million de fois plus petite que le soleil, n’est, à vrai dire, qu’un grain de sable dans l’étendue de l’univers dont nous ignorons les limites, plus reculées à chacune de nos investigations. Alors, n’est-il pas légitime de nous interroger sur notre présomption à prier l’Architecte universel, le Créateur des cieux et de la terre, et de savoir si celui-ci veut nous entendre et s’il veut surtout nous répondre?

Grisés parfois par des succès qui enivrent nos cerveaux frivoles, nous finissons par nous faire de notre personne des idées plus grandes et plus glorieuses les unes que les autres. À l’occasion, nous nous regardons même par l’autre bout du télescope, afin de nous voir démesurément agrandis. Quelle vision flatteuse pour notre mentalité arrogante! L’univers, lui, se rapetisse au fur et à mesure que gonfle notre orgueilleuse vanité et que nous prenons à nos propres yeux des dimensions gigantesques qui sont, bien entendu, tout à fait imaginaires. Prothée, cette figure de la mythologie grecque, parvenait toujours à changer les choses en leur contraire. Les modernes que nous sommes venons tout droit de sa lignée. Nous sommes tous des descendants culturels de Prothée!

Ceci explique, à ne pas en douter, que nous nous offrions le luxe de tant de tumultes, de tant de vacarmes assourdissants qui se répercutent à la vitesse, non pas même du son, mais de la lumière. Nous labourons dur et transpirons fort pour posséder davantage, pour avancer ne serait-ce que d’un pouce, tel l’alpiniste au bout de sa corde et accroché à un pic, pour nous vanter d’exploits à la mesure de nos vanités futiles. Une nation guerroie contre une autre ou même contre plusieurs pour établir de nouvelles frontières qui deviennent aussitôt intangibles… Les États forts se partagent souverainement les dépouilles des pays faibles, souvent avec quelle cruauté, tels des rapaces s’abattant sur des proies sans défense et instaurant ainsi, sans scrupules, leurs zones d’influence. L’excitation bien calculée (entrevue et développée pendant de longs mois, si ce n’est des années, avant nos élections ou plébiscites) explose au moment où enfin ils ont lieu. Comme si le cosmos tout entier dépendait du choix fait par notre maigre vote… Même les organisations supranationales de la communauté internationale n’échappent pas à cette règle. Comme si les pays du monde n’avaient réuni que la crème de leurs citoyens pour résoudre les problèmes épineux de notre monde contemporain!

Songeons aussi à tous les fabricants de nouvelles et à tous les artisans de la désinformation par la presse écrite, orale ou visuelle. Il semble que le souci primordial de la plupart d’entre eux soit celui de manipuler les consciences et de désorienter les simples citoyens comme vous et moi. On ne voit que des acrobates culturels ici, des funambules politiques là-bas… Bref, bien souvent ce sont des irresponsables qui semblent s’être donné comme mission de maintenir la planète terre sur son orbite! Alors que, les uns et les autres, sont plutôt des experts pour désorienter et manipuler les uns et les autres… Allons-nous, les yeux fermés, confier notre sort aux mains de certains hommes sans foi ni loi qui ont la prétention de nous gouverner?

Mais si nous retournions le bout du télescope, dans un de ces rares moments de lucidité que nous avons tous, nous nous rendrions quand même compte de notre misère. Dans Sa Majesté des Mouches (Lord of the Flies), l’auteur, William Golding, décrit de façon émouvante la situation des hommes modernes. Nos bruits déchaînés et nos discours insolents ne sont qu’insignifiance, mesquinerie, petitesse, médiocrité, « vanité », pour reprendre une célèbre expression de la Bible chrétienne. Nous sommes certes des créatures supérieures aux chiens et aux chats, mais nous restons aussi des vermisseaux rampant sur le petit grain de sable, habitants du pays des lilliputiens. Apprendrons-nous la leçon salutaire et le commencement de la lucidité?

Le commencement de la lucidité apparaît comme une grâce du ciel, lorsque nous nous rendons compte qu’au bout du télescope se trouve un Créateur et non pas nos petites et misérables personnes. C’est lui qui le soutient comme il nous soutient à chaque instant, comme il permet que notre souffle nous maintienne en vie. Et voici la réponse à la question que nous posions au début. Les systèmes de galaxies, comme notre existence personnelle, sont sortis de ses mains et sont le résultat de sa Parole créatrice et de son Esprit qui insuffle la vie. Comparé à Dieu, l’univers, infini et incommensurable à nos yeux, n’est qu’une toute petite chose. Aussi il ne peut subsister que par sa providence. Une fois nos yeux ouverts, nous ne devons pas nous étonner que, devant tant de grandeur et de majesté, les plus lucides d’entre nous puissent douter de la possibilité de la prière, même s’ils en ressentent confusément la nécessité…

Quelle audace, en effet, que de prier! La prière va-t-elle de soi? Ce Dieu que nous invoquons tiendra-t-il compte de certains de nos discours et des formules parfois indécentes des mendiants bavards que nous sommes par nature? Nous sommes bien naïfs si nous nous imaginons que nous pouvons nous adresser, sans autre, à ce Dieu dont les mains contiennent notre univers et dont le souffle le soutient. Or, nous osons parfois nous entretenir avec lui, présomptueux et téméraires, d’une façon que nous ne nous permettrions pas avec le dernier chef d’atelier! Dieu serait-il à ce point notre obligé? Ou bien ne prendrait-il plaisir qu’à nous contempler? Il ne nous vient pas à l’esprit qu’il puisse être occupé avec d’autres sujets ou qu’il ait d’autres engagements… Et lorsque nous n’avons pas obtenu l’objet de nos revendications, de nos convoitises, quel zèle pour boycotter la prière!

Nos requêtes impertinentes sont parfois des propos de lèse-majesté, outrance d’hypocrisie religieuse. Nous avons assimilé Dieu à une sorte de « grand copain du ciel » et nous nous dissimulons adroitement, sournoisement, le fait qu’il puisse porter sur nous son regard réprobateur ou faire sentir sa colère indignée. C’est une folie que de nous représenter un Dieu autre que celui dont témoigne le Livre saint, l’Écriture. C’est sur ces pages que nous le rencontrons, soit effrayés soit ravis de joie. Nous y découvrons qu’il n’existe pas de droit naturel nous autorisant à nous adresser à lui. Nous ne savons même pas comment l’invoquer… Prier Dieu, le Dieu révélé, est une grâce gratuite.

Voici, enfin, la réponse à notre question au sujet de la possibilité et de l’opportunité de la prière. Dieu n’a pas envoyé seulement son Fils. Il nous donne aussi son Esprit afin que notre prière devienne possible. Si le Fils nous a acquis le droit de l’invoquer, l’Esprit, lui, nous a appris la manière d’exercer ce même droit. Selon l’apôtre Paul, la prière est possible même pour celui qui pense qu’elle ne l’est pas, car la troisième personne de la Trinité est venue se placer au niveau même où nous nous trouvons. Nous n’avons aucune raison de renoncer à la prière, même si des expériences passées ont pu nous plonger dans la perplexité ou nous jeter dans le doute. D’autant plus que le Saint-Esprit intercède pour nous, qu’il nous aide à prier par ces soupirs inexprimables qui dépassent les confins du langage intelligible. Il se trouve en lutte en nous, à cause de nous, en notre faveur. Parfois, il est même « en agonie » lorsqu’il prie avec nous.

Si vous avez subi une grande épreuve, vous avez dû apprécier la prière d’intercession des frères dans la foi. Mais combien plus précieux et encourageant est de savoir que dans nos épreuves nous sommes portés et soutenus par l’Esprit Saint de Dieu! Aucune autre prière prononcée en notre faveur n’atteindra la force et la grâce de cette prière en Esprit. C’est un mystère que notre foi devra accueillir, non pas un mystère obscur, puisqu’il est expliqué par la révélation claire et suffisante de l’Écriture sainte. Même notre expérience intérieure porte témoignage à ce mystère qui nous soutient et nous permet de balbutier nos faibles requêtes. Aucune de nos prières ne serait efficace sans la coopération de celle qu’engendre en nous l’Esprit Saint.

La question décisive au sujet de la prière sera la suivante : Avons-nous l’Esprit de Dieu qui prie pour nous et qui nous enseigne chaque jour comment invoquer le Dieu de l’univers, notre Père en Jésus-Christ, qui demeure en nous dans la communion de son Esprit?

Examinons de plus près l’opération de l’Esprit Saint dans le domaine particulier de l’expérience chrétienne. Comme dans ce qui précède, nous ne voulons pas aborder de façon extensive tous les problèmes relatifs à la prière, par exemple la question de savoir si elle est efficace, etc. Qu’il me soit permis de signaler qu’actuellement, sous le couvert d’expériences spirituelles chrétiennes, on met le Saint-Esprit à toutes les sauces et on pratique des formes de piété effarantes, si ce n’est dégradantes… Je vous recommande la lecture de l’Institution de la religion chrétienne de Jean Calvin, le grand réformateur français du 16e siècle, surtout le livre II, qui est un chef-d’œuvre de piété et de spiritualité chrétiennes. À ceux qui lisent l’anglais, je recommande la lecture de Calvin’s Doctrine of the Christian Life de l’écossais Ronald Wallace. Ils y découvriront des trésors insoupçonnés de piété.

Mon propos ici est d’examiner, sous un angle restreint, la nature de la prière par rapport aux pratiques qui s’inspirent de mystiques et qui ne sont, au fond, qu’une imitation frauduleuse de la prière biblique. La prière biblique est prononcée et offerte à Dieu au nom de Jésus-Christ et en l’Esprit Saint. L’Écriture nous annonce que l’Esprit en nous est l’auteur de toute prière; il place les mots dans notre bouche; il formule les requêtes dans nos cœurs; il fonde la conviction de l’exaucement et il nous rend hardis pour accéder au trône de la grâce.

Le ministère de l’Esprit est intimement lié à la prière du fidèle. C’est parce que nous ne savons pas comment il convient de prier que le Saint-Esprit nous enseigne à prier. Il nous secourt dans notre infirmité. Si nous avons de la peine à saisir le comment de cette opération intime, Dieu, lui, connaît la pensée de l’Esprit. Il exauce toujours ce que l’Esprit met dans nos cœurs. Il intercède pour nous selon la volonté de Dieu. L’exaucement de notre prière est certain, aussi bien à cause de la prière du Christ en notre faveur qu’à cause du fait que notre prière d’enfants de Dieu repose sur l’intercession de l’Esprit en nous.

Il ne faudrait pas concevoir deux causes. L’Esprit qui prie en nous est l’Esprit du Christ. Le ministère d’intercession du Christ ne nous est pas étranger. Le Fils de Dieu, devenu notre Sauveur, poursuit actuellement son ministère de Souverain Sacrificateur. Il console son Église et tous ceux qui lui appartiennent. « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père » (1 Jn 2.1). « C’est pour cela aussi qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Hé 7.25). Le terme qui retient tout d’abord notre attention dans ces deux textes bibliques est celui de « paraclet », c’est-à-dire consolateur ou avocat. Le Christ est notre Avocat et, comme tel, il nous protège éternellement. Dans Romains 8, l’apôtre expose ses raisons de jubilation : Le Christ poursuit auprès de Dieu son œuvre actuelle en notre faveur.

Mais il a aussi promis l’envoi d’un Assistant, qu’il appelle également en grec le « Paraclètos ». L’Évangile atteste non seulement la permanence de notre communion avec le Christ, mais encore la certitude de la présence de son Esprit en nous. L’Esprit nous accorde la même consolation que le Fils incarné, actuellement monté au ciel.

L’Église chrétienne a la consolation parce qu’elle sait qu’elle participe à la grâce de la Trinité et que cette consolation n’est pas une parole partielle, mais un fait fermement établi dans l’œuvre de notre salut.

Ce passage de Romains 8 traite du plus profond secret de l’œuvre de l’Esprit dans la vie du croyant. L’Esprit prie en nous à cause de notre faiblesse; il n’est pas simplement en nous, mais en relation avec le fidèle qui poursuit la lutte malgré sa faiblesse. Cette action n’ôte pas, au moins pas totalement, nos infirmités. Autrement, son secours aurait été superflu. C’est parce que nous ne savons pas prier comme il faut que l’Esprit vient à notre secours. Le temps présent est celui de la souffrance, et les enfants de Dieu n’en sont pas épargnés.

L’aspiration à la gloire à venir ne prend pas son origine dans le cœur humain. Elle est le don de l’Esprit. Nulle part mieux qu’à cet endroit la Bible n’exprime la vérité que, si nous pouvons persévérer dans la foi, la raison en est que l’Esprit nous secourt, car cette persévérance ne va pas de soi. L’Esprit nous secourt et il fait monter nos prières, parfois nos soupirs inexprimables, vers Dieu.

Si l’apôtre nous entretient de l’intervention de l’Esprit, il le fait en vue de notre consolation. Dieu, qui sonde nos cœurs, connaît aussi les intentions de l’Esprit qui nous habite. Celui-ci plaide en notre faveur selon la volonté expresse de Dieu; nous sommes alors assurés que notre prière sera exaucée. L’intercession de l’Esprit transcende notre prière et la rend efficace. Il ne faut pas s’étonner de voir l’apôtre conclure ce passage par l’affirmation : « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28). Après avoir montré l’Esprit à l’œuvre en notre faveur, l’apôtre nous entraîne à sa suite afin de nous associer à son hymne de victoire. La persévérance dans l’espérance est possible grâce à l’Esprit, qui se trouve au-dessus de nos faiblesses. La prière n’est pas l’emportement de nos émotions, le débordement de nos viscères! Nous avons reçu au préalable les arrhes de tout ce que Dieu veut nous accorder dès à présent. C’est la principale raison pour laquelle nous devons cesser de bavarder au sujet des prétendus différents baptêmes de l’Esprit… Il suffit de demander la présence de celui-ci et d’aspirer à sa plénitude.