Cet article sur la question 79 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la sainte Cène qui nous offre le don merveilleux du Christ, étant un signe et un gage de la promesse de Dieu, et un appel à croire.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

La sainte cène nous offre un don merveilleux

Pourquoi donc le Christ appelle-t-il le pain son corps, et la coupe son sang ou la nouvelle alliance en son sang; et saint Paul : la communion au corps et au sang de Jésus-Christ?

Le Christ ne parle pas ainsi sans bonnes raisons : car non seulement il veut nous enseigner que, comme le pain et le vin entretiennent la vie temporelle, de même son corps crucifié et son sang répandu sont la vraie nourriture et la vraie boisson de nos âmes pour la vie éternelle1, bien plus, il veut nous assurer par ces signes et ces gages visibles que nous sommes faits participants de son vrai corps et de son vrai sang par l’œuvre du Saint-Esprit2, aussi véritablement que nous recevons par la bouche ces signes sacrés en mémoire de lui3; et qu’ainsi toute sa passion et son obéissance nous appartiennent aussi sûrement que si nous avions nous-mêmes souffert et payé pour nos péchés4.

1. Jn 6.51,55.
2. 1 Co 10.16-17.
3. 1 Co 11.26.
4. Rm 6.5-11.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 79

Quelles sont nos attentes lorsque nous venons participer à la sainte cène? Nous avons vu dans un article précédent que nous ne devrions pas avoir des attentes trop élevées, sinon nous risquons d’être déçus. La sainte cène n’est pas un rituel magique. Le pain et le vin n’agissent pas chimiquement dans nos corps comme un médicament. Ils ne sont pas non plus transformés comme par magie en corps et en sang matériels de Jésus-Christ. Il ne faut pas non plus s’attendre à ce que la sainte cène produise un effet soudain pour nous guérir de nos péchés ou qu’elle nous donne une solution instantanée à nos problèmes.

Par contre, si nos attentes sont trop petites, nous risquons de passer à côté de la richesse que le Seigneur veut nous offrir. La sainte cène est-elle seulement un symbole? Plusieurs évangéliques la comprennent ainsi. À force de réagir contre la transsubstantiation, nous risquons de vider le sacrement de sa signification et de toute sa richesse.

1. La cène nous offre un don merveilleux🔗

« Pourquoi donc le Christ appelle-t-il le pain son corps, et la coupe son sang ou la nouvelle alliance en son sang; et saint Paul : la communion au corps et au sang de Jésus-Christ? Le Christ ne parle pas ainsi sans bonne raison… » (Q&R 79).

Jésus a dit : « Ceci est mon corps » (Lc 22.19). De la même manière et dans le même contexte, il a dit : « Cette coupe est la nouvelle alliance » (Lc 22.20). L’apôtre Paul a pris la peine de le rappeler (1 Co 11.25). Bien entendu, la coupe (en métal, en terre cuite ou en verre) n’est pas en elle-même l’alliance entre Dieu et nous, pas plus que le jonc que portent les mariés — que l’on appelle alliance — n’est en lui-même la vie conjugale des époux. Le jonc en métal des mariés, le jour de leur mariage, n’a pas été « transsubstantié » en vœux solennels ni en amour entre les époux. De même, la coupe qui est bénie n’est pas transformée en alliance, en relation d’amour et de fidélité entre Dieu et ses enfants. Cette coupe représente et garantit l’alliance de Dieu. Elle nous rappelle et nous assure de son amour et de sa grâce à cause du sang de Jésus-Christ versé une fois pour toutes pour nos péchés. Il nous faut donc comprendre « ceci est mon corps » de la même manière que nous comprenons « cette coupe est la nouvelle alliance ».

Mais pourquoi Jésus n’a-t-il pas dit « Ceci représente mon corps » ou « Cette coupe représente la nouvelle alliance »? Cela n’aurait-il pas été plus simple pour nous? Il ne l’a pas dit pour la même raison que, lorsque nous examinons une carte routière, nous ne disons pas : « Ce point représente la ville de Québec », ou « cette ligne représente l’autoroute 20 ». Nous disons simplement : « C’est Québec » et « c’est l’autoroute 20 ». Nous comprenons tout de suite que le signe sur la carte et la chose signifiée sur le terrain réel sont unis, mais ne sont pas confondus. L’encre et le papier ne sont pas transformés en édifices ou en asphalte! Nous parlons d’un point ou d’une ligne sur la carte comme s’ils étaient des réalités sur le terrain en sachant très bien faire la différence entre les deux. Le signe et la chose signifiée sont unis sans être confondus, distincts sans être séparés. De même, le Seigneur Jésus a parlé du pain et du vin comme s’ils étaient son corps et son sang, en sachant très bien que les deux, s’ils sont unis, ne sont toutefois pas confondus.

Au moment de l’institution de ce repas, le Seigneur tenait le pain et le vin entre ses mains, il ne pouvait pas se tenir lui-même! De plus, à ce moment-là, son corps n’avait pas encore été brisé ni son sang versé sur la croix. Ce n’est toutefois pas sans raison qu’il a parlé de cette manière. Une carte routière nous est très utile. Elle est remplie d’informations et ces informations ne nous trompent pas! Nous comprenons bien la correspondance entre la carte et le terrain. De même, le Seigneur veut nous communiquer de grandes richesses au moyen du pain et du vin. Il veut nous assurer que nous avons avec lui une vraie communion spirituelle par son corps livré et son sang versé pour nous sur la croix. Le message qu’il nous transmet ne nous trompe pas! Il est à saisir par la foi!

2. C’est Jésus-Christ lui-même qui nous est offert🔗

Quelles devraient alors être nos attentes? Nous ne venons pas à la table du Seigneur seulement pour recevoir du pain et du vin. Nous venons participer à Jésus-Christ! Il n’y a pas de séparation entre le signe et la réalité. Le pasteur ou l’ancien nous offre un morceau de pain et une gorgée de vin; ce n’est pas grand-chose. Mais le Seigneur nous offre la vraie richesse : son corps livré pour nous affranchir de nos péchés et son sang versé pour nous accorder son pardon. L’apôtre Paul dit :

« La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps du Christ? » (1 Co 10.16).

Paul ne dit pas « le corps de Jésus que nous sacrifions », mais « le pain que nous rompons ». Le pain reste du pain. Un peu plus loin, au chapitre suivant, aussitôt après avoir rappelé les paroles d’institution, Paul dit clairement que c’est du pain que nous mangeons, simplement du pain! « Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co 11.26). À trois reprises, dans ce même passage, il répète que c’est bien du pain que nous mangeons (1 Co 11.26-28).

Mais pourquoi, au chapitre précédent, parle-t-il de communion au corps et au sang du Christ? Dans le contexte, Paul avertit les chrétiens de Corinthe de ne pas participer à la nourriture offerte aux idoles. Pourquoi? Parce que manger dans le temple d’une idole scelle une communion avec les idoles. Une idole n’est rien, mais participer au symbole est très grave parce que cela met les participants en communion avec les démons (1 Co 10.20-21). Dieu prend les symboles très au sérieux! De même, les symboles du pain et du vin sont importants et significatifs. Quand nous mangeons et buvons avec foi, nous participons réellement à ce que les symboles représentent. Nous communions spirituellement au corps et au sang du Seigneur Jésus!

« Il veut nous assurer par ces signes et ces gages visibles que nous sommes faits participants de son vrai corps et de son vrai sang par l’œuvre du Saint-Esprit, aussi véritablement que nous recevons par la bouche ces signes sacrés en mémoire de lui » (Q&R 79).

Nous ne mangeons pas le Christ physiquement, mais nous sommes faits participants de son corps et de son sang spirituellement, « par l’œuvre du Saint-Esprit ». Nous mangeons le pain et nous buvons le vin avec notre bouche. Nous participons à Jésus-Christ avec notre cœur. Tout ce que la bouche reçoit, c’est du pain et du vin, rien de plus. Mais dans notre cœur, par la foi, nous ne recevons rien de moins que Jésus-Christ! Que faut-il pour manger du pain et boire du vin? Une bouche, rien de plus. Que faut-il pour recevoir Jésus-Christ? Rien de moins que la foi, un cœur croyant. Nous devrions avoir de grandes attentes! Jésus vient à nous et nous le recevons par la foi. Il nous donne le signe et le gage de son amour. Il vient pour fortifier notre foi et nous assurer qu’il est véritablement notre Sauveur parfait.

« Il veut nous assurer […] qu’ainsi toute sa passion et son obéissance nous appartiennent aussi sûrement que si nous avions nous-mêmes souffert et payé pour nos péchés » (Q&R 79).

3. Le repas de la cène est un appel à croire🔗

Chaque jour, nous avons besoin de manger et de nous abreuver pour nous garder en santé physique. Nous avons également besoin de continuer à croire en Jésus-Christ pour grandir et nous garder en santé spirituelle. C’est un processus continuel. Nous avons besoin de croire que son corps et son sang ont été donnés pour que nos péchés soient entièrement payés et notre dette soit totalement remise. Quand nous participons à la table du Seigneur, prenons donc garde de ne pas simplement répéter les mêmes gestes mécaniquement, sans plus. Nous avons besoin de la foi pour être continuellement nourris de sa nourriture spirituelle.

« Comme le pain et le vin entretiennent la vie temporelle, de même son corps crucifié et son sang répandu sont la vraie nourriture et la vraie boisson de nos âmes pour la vie éternelle » (Q&R 79).

N’oublions pas que ce repas est un signe et un gage! Le Seigneur est bienveillant.

« Il veut nous assurer par ces signes et ces gages visibles que nous sommes faits participants de son vrai corps et de son vrai sang par l’œuvre du Saint-Esprit » (Q&R 79).

Nos cœurs sont facilement troublés. Le doute vient souvent s’immiscer dans nos pensées. Notre Dieu est bon et généreux! Il veut que nous vivions dans l’assurance de la foi. Il veut que nous ayons la certitude que ses promesses de pardon et de vie éternelle ne sont pas seulement pour les autres, mais aussi pour chacun de nous individuellement. Il veut nous fortifier dans la joie de notre assurance, et pour cela, il nous a donné des signes visibles qui viennent sceller ses promesses invisibles. Recevons-les par la foi! Nous retournerons alors à la maison nourris et désaltérés spirituellement.

4. Nous devrions nous émerveiller🔗

Nous ne pouvons pas manipuler le Seigneur Jésus, mais nous le recevons comme il s’offre à nous, en Esprit et en vérité! Quelle richesse! Quel don merveilleux! Que veut dire « merveilleux »? Cela veut dire que cette réalité nous remplit d’étonnement. Elle dépasse notre entendement et va bien au-delà de toutes nos attentes!

L’effet que la nourriture matérielle produit dans nos corps est déjà quelque chose de grand et de merveilleux. Le système digestif transforme les aliments par des enzymes et des sucs gastriques; ces aliments absorbés passent ensuite dans le système sanguin et sont redistribués dans toutes les cellules de notre corps, pour que nous puissions faire toutes nos activités de la journée. Au Psaume 139, David s’est exclamé en voyant que Dieu avait fait de lui une créature merveilleuse. Il n’arrivait pas à comprendre les merveilles de l’œuvre créatrice de Dieu qui le dépassait.

Que penser maintenant de son œuvre rédemptrice? Nous recevons véritablement Jésus-Christ par la foi. Nous obtenons par son sacrifice le pardon complet de tous les péchés que nous commettons chaque jour. Nous sommes nourris et désaltérés spirituellement dans notre âme. Le repas du Seigneur en est le signe et le gage. Le Saint-Esprit fait son œuvre dans notre cœur par sa Parole et par les sacrements. Le Seigneur Jésus est en nous et avec nous par son Esprit. Comment comprendre? Tout cela nous dépasse et devrait nous émerveiller. Que tes œuvres sont grandes, ô Éternel! Que tes pensées sont profondes!