Cet article sur la Confession des Pays-Bas (article 31) a pour sujet l'égalité des pasteurs au service du Christ. Ils ont même autorité, ils sont tous serviteurs de Jésus-Christ, le seul Chef de son Église.

Source: La raison de notre espérance. 6 pages.

L’égalité des pasteurs au service du Christ

Les pasteurs, les anciens et les diacres

« Nous croyons que les ministres de la Parole de Dieu, les anciens et les diacres doivent être élus en leurs fonctions par une élection légitime de l’Église, en invoquant le nom de Dieu et avec bon ordre, comme la Parole de Dieu l’enseigne. Chacun doit donc se garder de s’imposer par des moyens illégitimes. Il doit attendre le temps où il sera ainsi appelé par Dieu, afin qu’il ait le témoignage de sa vocation et qu’il soit certain et assuré qu’elle lui vient du Seigneur.

Quant aux ministres de la Parole, ils ont tous un même pouvoir et une même autorité, où qu’ils se trouvent, puisqu’ils sont tous ministres de Jésus‑Christ, seul Évêque universel et seul Chef de l’Église.

De plus, afin que la sainte ordonnance de Dieu ne puisse être violée ou méprisée, nous disons que chacun doit tenir en haute estime les ministres de la Parole, les anciens et les diacres de l’Église, pour l’œuvre qu’ils accomplissent, et être en paix avec eux, sans murmure ni dispute, autant que possible. »

Confession de foi des Pays-Bas, article 31

  1. Les pasteurs ont tous une même autorité
  2. Ils sont tous serviteurs de Jésus-Christ
  3. Jésus-Christ est le seul Chef de son Église

Il est fascinant de découvrir que tous les sujets abordés dans la Parole de Dieu nous révèlent la sagesse de Dieu, incluant le sujet de l’organisation et du gouvernement de l’Église. La Confession de foi des Pays-Bas prend le temps d’expliquer, à la lumière de la Bible, comment l’Église doit être gouvernée.

1. Les pasteurs ont tous une même autorité🔗

L’article 31 ajoute encore cet élément important : « Quant aux ministres de la Parole, ils ont tous un même pouvoir et une même autorité, où qu’ils se trouvent. » Le Seigneur a confié une autorité aux pasteurs, aux anciens et aux diacres pour prendre soin de son Église selon sa Parole. Cependant, le système de gouvernement réformé de l’Église est anti-hiérarchique. Le Seigneur n’a pas établi de rangs supérieurs ou inférieurs parmi les pasteurs. Ils détiennent tous une même autorité, qu’ils soient jeunes ou expérimentés, qu’ils servent une Église plus grande ou plus petite, que cette Église soit située dans une grande ville ou dans un petit village.

« Que personne ne méprise ta jeunesse; mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté. Jusqu’à ce que je vienne, applique-toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement. Ne néglige pas le don qui est en toi et qui t’a été donné par la prophétie, avec l’imposition des mains du collège des anciens. Applique-toi et sois tout entier à cette tâche, afin que tes progrès soient évidents pour tous. Veille sur toi-même et sur ton enseignement, avec persévérance. Car en agissant ainsi, tu sauveras et toi-même et ceux qui t’écoutent » (1 Tm 4.12-16).

Il n’existe pas de hiérarchie parmi les pasteurs. Bien que le jeune pasteur Timothée devait encore faire des progrès dans son ministère, il ne devait pas s’estimer inférieur aux autres à cause de sa jeunesse. Il avait reçu la même charge pastorale que tout autre pasteur, avec les mêmes responsabilités et la même autorité d’enseigner la Parole, d’exercer son pastorat et d’être un modèle pour l’Église. Tous doivent se soumettre à la seigneurie de Jésus-Christ qui conduit son peuple par sa Parole et par son Esprit. Le pasteur d’une Église n’est pas le capitaine du bateau, il ne détient pas plus d’autorité que les anciens. Il est un ancien parmi les anciens.

L’apôtre Paul n’a pas hésité à reprendre sévèrement l’apôtre Pierre quand le comportement de ce dernier a mis en péril la vérité même de l’Évangile (Ga 2.11-14). Pierre n’était pas au-dessus de Paul. Il n’a jamais prétendu être le chef de l’Église. En s’adressant à des anciens, Pierre lui-même s’est nommé « ancien comme eux » (1 Pi 5.1).

La Confession des Pays-Bas se limite à faire mention des ministres de la Parole, sans doute parce que leur fonction les expose davantage au danger de dominer, mais le même principe s’applique aux anciens et aux diacres. Aucun ancien n’a plus d’autorité qu’un autre ancien. Bien qu’une distinction soit faite entre les anciens « qui président bien » et « qui prennent de la peine à la prédication et à l’enseignement » et les autres anciens (1 Tm 5.17), leur ministère à l’intérieur d’une Église est toujours présenté comme étant une responsabilité partagée parmi des anciens au pluriel qui travaillent en collégialité et non sous l’autorité d’un dirigeant qui serait au-dessus des autres (Ex 3.16-18; Nb 11.16-17; Ac 11.30; 14.23; 15.2-6,22-23; 16.4; 20.17; 21.18; 22.5; 1 Tm 4.14; Tt 1.5; Jc 5.14; 1 Pi 5.1,5).

De même, aucun diacre n’a plus d’autorité qu’un autre diacre. Tous sont appelés à servir selon leurs dons (Rm 12.7; 1 Tm 3.10). Les sept hommes qui ont été établis pour assurer le bon déroulement du service dans l’Église de Jérusalem ont tous reçu la même imposition des mains et la même charge dont ils devaient ensemble s’acquittent sous la direction de la Parole de Dieu et de l’Esprit (Ac 6.3-6).

Il n’existe pas non plus de rang hiérarchique entre les pasteurs, les anciens et les diacres. Ils sont appelés à exercer des ministères différents, ayant reçu chacun des responsabilités distinctes, mais aucun n’a reçu l’autorité de dominer sur les autres. Dans sa lettre à l’Église à Philippes, Paul s’adresse « aux évêques et aux diacres » ensemble (Ph 1.1), car les deux groupes, bien qu’exerçant des ministères différents, participaient ensemble à la direction de l’Église. Dans ses recommandations à Timothée, Paul présente en parallèle les qualités pour être évêques (1 Tm 3.1-7) et celles pour être diacres (1 Tm 3.8-10,12-13), sans la moindre allusion à un présumé rang supérieur ou inférieur. Paul dit plutôt : « Ceux qui ont bien exercé le diaconat s’acquièrent un rang honorable et une grande assurance dans la foi en Christ-Jésus » (1 Tm 3.13).

De même, aucune Église locale ne devrait dominer sur les autres Églises et le synode n’est pas non plus au-dessus des conseils locaux. En fait, seuls les conseils locaux sont des conseils permanents ayant reçu directement du Seigneur l’autorité de diriger l’Église selon la Parole de Dieu. Un synode ne détient qu’une autorité dérivée, en vertu du principe de délégation, afin de permettre à un groupe d’Églises locales de se soutenir mutuellement et de travailler ensemble, sans que le synode s’impose au-dessus des conseils locaux. Dans le Nouveau Testament, il n’existe pas de synode régional, provincial ou national, mais seulement des Églises locales avec leurs conseils d’anciens respectifs qui sont en communion entre elles et qui collaborent ensemble à la mission et à l’entraide.

À noter que l’assemblée de Jérusalem en Actes 15, parfois proposée comme modèle synodal, est pourtant de nature très différente de ce que nous appelons aujourd’hui un synode. Tout d’abord, cette assemblée s’est tenue sous la direction des apôtres et des anciens de Jérusalem pendant la période où le canon des Écritures saintes n’était pas encore complété. Ensuite, il n’y avait aucun délégué des Églises provenant du monde païen, alors que les décisions qui ont été prises à Jérusalem les concernaient directement. Barnabas et Paul ne sont pas intervenus à titre de pasteurs ou anciens de ces Églises, mais en tant que missionnaires témoins de l’œuvre de Dieu au milieu des païens, Paul étant lui-même apôtre de Jésus-Christ auprès des païens. Enfin, les décisions prises à Jérusalem ont été consignées par écrit dans le canon des Écritures saintes. Revêtues du sceau apostolique, elles détiennent l’autorité de la Parole infaillible de Dieu s’étendant sur l’Église universelle. Aucun synode ne pourrait légitimement agir ainsi ni prétendre détenir une telle autorité!

Ainsi donc, ensemble, ces hommes — pasteurs, anciens et diacres — sont à l’écoute de la Parole de Dieu. Ensemble, ils discutent de sujets se rapportant à son Église. Ensemble, ils sont appelés à prendre des décisions en vue du bien du troupeau du Seigneur. Ensemble, ils doivent veiller à demeurer dans la vérité, l’amour et la sainteté.

Cet article 31 vise particulièrement le système hiérarchique de l’Église catholique romaine avec ses diacres et sous-diacres, ses prêtres, ses évêques, ses archevêques, ses cardinaux et son pape. Cette hiérarchie s’est rapidement développée dans les premiers siècles de l’histoire de l’Église, à partir du moment où ceux qui avaient reçu la charge de prêcher et d’enseigner se sont élevés au-dessus des anciens et des diacres. Puis, les évêques des grandes villes, surtout celles considérées « sièges apostoliques », se sont mis à exercer une domination sur les évêques des plus petits villages. Toute la hiérarchie catholique romaine s’est développée à partir de là, en suivant en quelque sorte, non pas le modèle biblique, mais le modèle de gouvernement hiérarchique de l’Empire romain.

Cet article vise également les individus charismatiques dans les groupes anabaptistes qui pensaient que leurs dons et leurs talents faisaient d’eux des gens supérieurs aux autres et les libérait de l’obligation de se soumettre à la direction du conseil. Puisque le péché se manifeste aussi chez ceux qui sont appelés à exercer des ministères particuliers dans l’Église, il est nécessaire de réaffirmer l’égalité des pasteurs.

2. Ils sont tous serviteurs de Jésus-Christ🔗

Pourquoi devrions-nous refuser une structure hiérarchique dans l’Église? D’abord, parce que nous sommes serviteurs de Jésus-Christ. Les pasteurs ont tous une même autorité « puisqu’ils sont tous ministres de Jésus‑Christ » (art. 31), ministre étant synonyme de serviteur. Nous ne sommes pas appelés à exercer un magistère, à nous comporter en maîtres, mais plutôt à exercer un ministère, à servir humblement le Seigneur Jésus et son Église. Paul se reconnaissait serviteur du Christ.

« Ainsi, qu’on nous regarde comme des serviteurs de Christ et des administrateurs des mystères de Dieu. Du reste, ce qu’on demande des administrateurs, c’est que chacun soit trouvé fidèle » (1 Co 4.1).

Il se reconnaissait également serviteur de ses frères.

« Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, c’est le Christ-Jésus, le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus » (2 Co 4.5).

Une telle attitude ne naît pas spontanément dans le cœur humain pécheur. Nous sommes bien plutôt portés à vouloir nous élever au-dessus des autres. Un jour, les disciples de Jésus discutaient entre eux pour savoir qui était le plus grand. Jésus a donné une leçon d’humilité à ses disciples remplis d’orgueil. « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9.35). Un peu plus tard, la mère des fils de Zébédée est revenue à la charge en demandant au Seigneur que ses deux fils soient assis à sa droite et à sa gauche dans son Royaume. Jésus, profitant de l’occasion, leur a enseigné cette même vérité qu’ils avaient tant besoin d’entendre.

« Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent et que les grands abusent de leur pouvoir sur elles. Il n’en sera pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur et quiconque veut être le premier parmi vous sera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Mt 20.25-28).

Nous avons bien besoin de nous en rappeler, nous aussi, et de regarder à l’œuvre du Christ à la croix, lui qui s’est fait humble serviteur pour nous racheter de nos péchés.

Pierre s’est souvenu de la leçon. Il a écrit :

« J’exhorte donc les anciens qui sont parmi vous, moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ et participant à la gloire qui doit être révélée : Faites paître le troupeau de Dieu qui est avec vous, non par contrainte, mais volontairement selon Dieu; ni pour un gain sordide, mais de bon cœur; non en tyrannisant ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau » (1 Pi 5.1-4).

Les hommes que Dieu appelle à exercer un ministère particulier sont là pour prendre soin du troupeau du Seigneur. Tout comme le Chef de l’Église a donné sa vie pour servir l’Église, de même ses serviteurs doivent se donner pour servir son Église.

Nous ne devons pas profiter de notre ministère en vue d’un gain personnel, mais plutôt nous dévouer avec amour et désintéressement. Nous ne devons pas non plus dominer ou exercer un pouvoir autoritaire sur ceux qui ont été confiés à nos soins. Nous sommes appelés à être des modèles du troupeau et à servir de bon cœur. Servir l’Église du Christ est une grande responsabilité qui nous est confiée par le souverain Berger lui-même. Il promet une grande récompense à ceux qui accomplissent fidèlement ce service. « Et, lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous remporterez la couronne incorruptible de la gloire » (1 Pi 5.4).

3. Jésus-Christ est le seul Chef de son Église🔗

Nous rejetons toute hiérarchie dans l’Église non seulement parce que nous sommes serviteurs, mais aussi parce que le Christ est notre seul Chef : « Jésus‑Christ, seul Évêque universel et seul Chef de l’Église » (art. 31). L’importance de s’en souvenir est démontrée par le fait que Dieu se donne la peine de le répéter à plusieurs reprises dans sa Parole.

« Il a tout mis sous ses pieds et l’a donné pour chef suprême à l’Église » (Ép 1.22). « Il est la tête du corps, de l’Église. Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier » (Col 1.18).

Ailleurs, Jésus est appelé « le chef de l’Église » (Ép 5.23), « le grand berger des brebis » (Hé 13.20), « le berger et le gardien [évêque] de vos âmes » (1 Pi 2.25), « le souverain berger » (1 Pi 5.4), « le chef de toute principauté et de tout pouvoir » (Col 2.10), « Seigneur des seigneurs et Roi des rois » (Ap 17.14).

Les pasteurs, les anciens et les diacres ne sont pas autorisés à exercer une domination sur leurs collègues ni sur les membres de l’Église, car ils sont tous sous l’autorité de Jésus-Christ, le Chef suprême de l’Église.

« Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre père, car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs, car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, et qui s’abaissera sera élevé » (Mt 23.8-12).

Quand nous considérons la manière dont le Seigneur veut que son Église soit organisée, nous nous réjouissons de voir combien Dieu est bon et sage. Dès que nous nous éloignons de la volonté de Dieu, nous voyons apparaître des abus de toutes sortes qui ternissent la gloire de Dieu et qui nuisent à l’édification de son Église. À l’inverse, quand l’Église, avec ses pasteurs, ses anciens et ses diacres, se soumet à la Parole de Dieu, c’est tout à la gloire de Dieu et pour le bien de son Église.