Cet article sur la question 54 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet l'Église. Elle est la communauté de ceux qui appartiennent à Jésus-Christ. Il s'est donné pour elle et il la rassemble depuis le commencement du monde jusqu'à la fin.

Source: Certitude et réconfort. 6 pages.

L’Église appartient à Jésus-Christ

Que crois-tu de la Sainte Église universelle?

Parmi tout le genre humain1, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin2, le Fils de Dieu assemble autour de lui3 une communauté élue pour la vie éternelle4. Il la protège et il la maintient5 par son Esprit et sa Parole6 dans l’unité de la vraie foi7; j’en suis un membre vivant8 et le resterai éternellement9.

1. Gn 26.4; Ap 5.9.
2. És 59.21; 1 Co 11.26.
3. Jn 10.11; Ac 20.28; Ép 4.11-13; Col 1.18.
4. Rm 8.29-30; Ép 1.3-14.
5. Ps 129.1-5; Mt 16.18; Jn 10.28-30.
6. Rm 1.16; Rm 10.14-17; Ép 5.26.
7. Ac 2.42-47; Ép 4.1-6.
8. 1 Jn 3.14,19-21.
9. Ps 23.6; Jn 10.27-28; 1 Co 1.4-9; 1 Pi 1.3-5.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 54

  1. Quelle est la nature de l’Église?
  2. Quel est son déploiement dans l’histoire?
  3. Quelles sont les implications?

« Quelle est ton unique assurance dans la vie comme dans la mort? » (Q&R 1). C’est la question thème de tout le Catéchisme. Cette question nous amène à confesser notre foi avec confiance et enthousiasme. Les vérités de la Parole de Dieu nous procurent une grande assurance et un grand réconfort en Jésus-Christ. Cependant, quand nous arrivons à la doctrine de l’Église, l’assurance et le réconfort ont souvent tendance à diminuer. Quand nous nous mettons à traiter du sujet de l’Église, cela provoque souvent plus de confusion que d’assurance.

Pourquoi donc? Est-ce parce que les Écritures manquent de clarté à ce sujet? Sûrement pas! C’est plutôt parce que nous avons tendance à nous fier à ce que nous voyons ou à ce que nous pensons, au lieu de nous demander ce que la Parole de Dieu nous enseigne au sujet de l’Église. Si nous prenons comme point de départ ce que nous voyons autour de nous ou si nous nous appuyons sur nos propres opinions concernant l’Église, nous allons rester confus.

Nous devrions plutôt commencer par considérer ce que Dieu nous révèle dans sa Parole. L’important n’est pas « Que voyons-nous? » ou « Quel est ton avis? », mais « Que croyons-nous? » Cette foi doit être fondée sur la Parole de Dieu. Sa Parole est limpide et réjouit nos cœurs! C’est pourquoi nous pouvons confesser avec joie et assurance que l’Église appartient à Jésus-Christ! C’est le thème de la question à l’étude :

« Que crois-tu de la sainte Église universelle? Parmi tout le genre humain, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin, le Fils de Dieu assemble autour de lui une communauté élue pour la vie éternelle. Il la protège et il la maintient par son Esprit et sa Parole dans l’unité de la vraie foi; j’en suis un membre vivant et le resterai éternellement » (Q&R 54).

Voilà une confession de foi remplie de joie et d’assurance! C’est lui, Jésus-Christ, qui assemble, protège et maintient son Église élue pour la vie éternelle!

1. Quelle est la nature de l’Église?🔗

Qu’est-ce qui fait que l’Église est l’Église? Certains diront que l’Église est simplement une organisation humaine comme les autres. Elle n’a rien de spécial. C’est un groupe social au même titre que n’importe quel club social ou association de gens qui ont des intérêts communs. Les sondages d’opinion, par exemple, présentent l’Église de cette manière. Les gens auront peut-être l’Église en haute estime ou en faible estime; ils diront peut-être que l’Église s’est modernisée ou qu’elle est restée arriérée. Si notre évaluation se base uniquement sur l’aspect humain de l’Église, nous passerons à côté de l’essentiel. Les gens parlent très rarement de l’Église sous l’angle de Dieu et de son œuvre.

Le Catéchisme aborde le sujet de l’Église d’une tout autre façon, avec les yeux de la foi. Nous croyons en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Par conséquent, nous croyons la sainte Église universelle. Cela ne veut pas dire que nous mettons notre confiance dans l’Église. La doctrine de l’Église n’est pas une quatrième partie du Symbole des apôtres, comme si l’on disait : « Je crois au Père, je crois au Fils, je crois au Saint-Esprit et finalement je crois en l’Église, je mets ma confiance en elle. » Non! L’Église est plutôt la suite de la troisième partie du Symbole. « Je crois au Saint-Esprit », par conséquent, je crois que l’œuvre de l’Esprit dans le monde produit l’Église. Tout comme le pardon des péchés et la vie éternelle sont le fruit de l’œuvre de Jésus que l’Esprit communique à nos vies.

« Je crois l’Église » est une confession qui découle de l’œuvre du Saint-Esprit. C’est en Dieu seul que nous mettons notre confiance, mais nous ne pouvons pas croire en Dieu sans en même temps confesser que Dieu forme et rassemble son Église. Je ne peux pas me déclarer chrétien et en même temps dire : « Non, l’Église, je n’y crois pas, ce n’est pas pour moi, je n’en ai pas besoin ou je n’en veux pas. »

Qu’est-ce qui fait que l’Église est tout à fait spéciale? Est-ce parce qu’elle regroupe des gens qui ont des intérêts communs? Ou des gens qui sont meilleurs que les autres? Ou des gens qui ont des idées ou des convictions différentes des autres? Non, l’Église appartient à Dieu; c’est cela qui fait qu’elle est différente de toutes les autres organisations.

Le Seigneur nous dit : « Vous êtes mon peuple et je suis votre Dieu. »

« Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple racheté. […] Vous qui, autrefois, n’étiez pas un peuple et qui, maintenant, êtes le peuple de Dieu; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde et qui, maintenant, avez obtenu miséricorde » (1 Pi 2.9-10).

L’Église est la communauté de ceux qui sont rassemblés, protégés et maintenus par Jésus-Christ. Sans la grâce et la miséricorde de Dieu, il n’y aurait pas d’Église. Sans son action puissante, il y a longtemps que l’Église aurait disparu.

« Que crois-tu de la sainte Église universelle? » (Q&R 54). La sainte Église! Oui, l’Église est sainte! Dans la Bible, les membres de l’Église sont appelés « saints », comme nous voyons fréquemment dans les salutations apostoliques (Ép 1.1; Ph 1.1). De même, toute l’Église est appelée « sainte ». Pierre dit : « Vous êtes une nation sainte » (1 Pi 2.9). Pierre cite Exode 19.6 où Dieu avait fait la même déclaration au peuple d’Israël, le jour où l’Église de l’Ancien Testament a été constituée au Sinaï : « Vous êtes une nation sainte. » Comment cela? Est-ce à cause de nous? Cette qualité est-elle produite par notre piété ou notre sainteté personnelle? Non, si l’Église est sainte, cela n’a rien à voir avec les qualités propres aux membres de l’Église eux-mêmes. Nous sommes encore de misérables pécheurs, des pécheurs pardonnés. Les membres de l’Église sont saints et l’Église est sainte à cause de l’œuvre de rédemption de Jésus-Christ. Il nous a mis à part afin d’être « une nation sainte, un peuple racheté », pour être l’objet de son affection toute spéciale.

La Bible dit que l’Église a été rachetée par le sang du Seigneur Jésus. Il nous a lavés et purifiés par son sang précieux pour que nous soyons une Église sainte. L’Église est inséparable du sacrifice du Christ sur la croix. Si Jésus-Christ n’était pas mort sur la croix, il n’y aurait pas d’Église. Puisqu’il est mort pour nous racheter, l’Église existe. « Je suis le bon Berger. Le bon Berger donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10.11). Voyez de quel amour le Seigneur Jésus aime son Église! Voyez le lien profond et puissant qui unit le Sauveur à son Église!

2. Quel est son déploiement dans l’histoire?🔗

Le sacrifice de Jésus pour le salut de son peuple est tellement précieux! Cette œuvre du Christ rassemblant son Église est au cœur de tout le plan de Dieu pour le monde. Voilà pourquoi Dieu n’a jamais permis qu’il y ait une période dans l’histoire de la terre sans Église et sans croyants dans le monde, comme il ne permettra jamais que l’Église disparaisse de la terre d’ici la fin du monde. Oui, Jésus rassemble son Église « depuis le commencement du monde jusqu’à la fin » (Q&R 54). C’est ce que nous croyons et confessons joyeusement!

Cela exclut toute possibilité d’une évolution ou d’une création progressive échelonnée sur des milliards d’années avant la création d’Adam. Sinon, la terre serait restée sans Église et sans le règne du Christ sur son Église pendant un temps incroyablement long. Le règne du Christ sur son Église est une réalité trop précieuse aux yeux de Dieu pour qu’il permette une telle chose sur la terre.

« Cette Église existe depuis le commencement du monde et continuera d’exister jusqu’à la fin, car Christ est un Roi éternel qui ne peut pas être sans sujets » (Confession de foi des Pays-Bas, article 27).

C’est la dignité même du Christ, de son sacrifice et de son office royal qui sont en jeu!

Cela exclut également l’idée répandue selon laquelle l’Église aurait commencé le jour de la Pentecôte et qu’il n’y aurait pas eu d’Église sur terre durant toute la période de l’Ancien Testament. En réalité, le mot « Église » lui-même vient de l’Ancien Testament et désigne le peuple d’Israël. Le mot « ekklèsia » utilisé par les écrivains du Nouveau Testament pour désigner l’Église était déjà bien connu au temps de Jésus et des apôtres puisqu’il était employé dans la traduction grecque de l’Ancien Testament en usage à l’époque (la Septante). Ce mot grec traduit les mots hébreux « qahal » ou « edah », désignant l’assemblée ou le rassemblement du peuple d’Israël, par exemple lorsqu’ils étaient rassemblés par Dieu lors de la sortie d’Égypte, puis au Sinaï et dans le désert après l’Exode. « Telles sont les paroles que l’Éternel adressa à toute votre assemblée, à haute voix sur la montagne… » (Dt 5.22; voir Ex 12.6; Lv 16.17,33; 9.10; 18.16; Dt 23.2-4; etc). C’est pourquoi Étienne dira à propos de Moïse :

« C’est lui qui, dans l’Église [ekklèsia] au désert, était avec l’ange qui lui parlait sur le mont Sinaï; et avec nos père, ils reçut de vivants oracles pour vous les donner » (Ac 7.28).

Hébreux 11 présente pour notre encouragement une grande nuée de témoins qui nous ont laissé un bon témoignage, patriarches, prophètes, juges et autres croyants de l’Ancien Testament qui se sont confiés d’avance dans les promesses de grâce en Jésus-Christ. Ces héros de la foi, qui se sont réjouis d’avance de la venue du Christ et qui ont vu d’avance son opprobre, ont fait partie de cette Église que le Seigneur Jésus avait commencé à rassembler pour lui-même depuis le commencement du monde.

Cette conviction selon laquelle il rassemble son Église « depuis le commencement du monde jusqu’à la fin » exclut enfin toute possibilité d’un prétendu « enlèvement » de l’Église quelques années avant le retour du Christ, comme certains l’enseignent. L’enlèvement mentionné en 1 Thessaloniciens 4.17 coïncidera avec le retour de Jésus en gloire et avec notre entrée avec lui dans l’éternité, « et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur », nous dit l’apôtre Paul. D’ici son retour en gloire, nous avons l’assurance, selon sa promesse, qu’il sera avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mt 28.19-20), ce qui implique que l’Église demeurera sur terre jusqu’à la fin de monde pour rendre témoignage à son Seigneur et qu’elle recevra sans cesse de lui le soutien indéfectible dont elle a besoin pour sa mission et son existence.

3. Quelles sont les implications?🔗

Malgré toutes ses imperfections et malgré tous ses péchés, l’Église est une réalité glorieuse! Nous devrions toujours nous en souvenir. La Parole de Dieu désigne l’Église par plusieurs noms riches de signification qui démontrent toute son importance aux yeux de Dieu. L’Église est le peuple de Dieu, le corps du Christ, le temple du Saint-Esprit, la maison de Dieu, l’épouse du Christ, le troupeau du bon Berger, la vigne du Seigneur, etc.

Aux yeux de Dieu, elle n’est pas un petit ajout survenant des milliards d’années après le début de l’histoire de la terre ni une « parenthèse » débutant à l’époque du Nouveau Testament et se terminant avant la fin de l’histoire. L’Église est au cœur même de tout ce qui se déroule sur la terre, depuis le commencement du monde, encore aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps. Quelle réalité glorieuse! Nous devrions toujours le reconnaître et l’apprécier avec foi.

Chaque fois que nous parlons de l’Église ou que nous pensons à l’Église, nous devrions toujours nous rappeler qu’elle est la communauté de ceux que Dieu appelle hors du monde pour lui appartenir et pour vivre en communion avec lui. Il nous a mis à part, il nous a séparés du péché pour que nous appartenions à Jésus-Christ. Depuis tous les temps, nous sommes son bien le plus précieux! C’est le sens même du mot « Église » : une assemblée, une communauté rassemblée par Jésus-Christ. Il n’y aurait pas d’Église si Jésus-Christ ne rassemblait pas les siens et s’il ne protégeait pas son peuple. Quand nous regardons à l’Église, nous devrions toujours penser que c’est Jésus qui est à l’œuvre.

Si l’Église était simplement une association libre et volontaire, nous aurions le choix d’en faire partie ou non. Si l’Église n’était qu’une institution humaine, nous aurions toute liberté de choisir une confession plutôt qu’une autre, selon nos goûts et nos préférences. À partir du moment où l’Église où nous sommes membres ne ferait plus notre affaire, nous aurions toute liberté de partir pour aller ailleurs ou de simplement rester chez nous, sans nous joindre à aucune Église. Le facteur déterminant, dans cette optique, serait l’aspect humain, par exemple lorsque nous nous sentons bien accueillis, lorsque nous aimons les chants ou que les autres sont aimables envers nous. Nos préférences viendraient prendre la place de la norme révélée par Dieu dans sa Parole. Il est si facile de tomber dans ce piège. Nous avons naturellement tendance à regarder aux hommes plutôt qu’à l’œuvre du Seigneur.

En réalité, l’Église appartient à Jésus-Christ. C’est cela qui fait toute la différence! Voilà une vérité toute simple, mais fondamentale et remplie de conséquences pratiques. « Je bâtirai mon Église », a dit Jésus (Mt 16.18). Mon Église! L’Église n’est pas le résultat de nos efforts, de notre sagesse ou de nos stratégies. Nous avons une très grande responsabilité à l’égard de l’Église. Nous avons la responsabilité de nous joindre au corps du Seigneur, d’y participer, d’y apporter notre contribution. Nous ne devrions toutefois jamais penser que l’Église est le fruit de notre propre travail. Nous pouvons faire beaucoup de tort à l’Église ou nous pouvons apporter une grande contribution à sa construction, mais en fin de compte, l’Église est une institution divine qui appartient à Jésus-Christ. Elle est l’œuvre du Christ, le fruit de son œuvre de salut.

C’est ce qui fait que l’Église est tout à fait spéciale. Ses qualités essentielles ne viennent pas des gens qui la composent, mais dépendent du Seigneur qui la rassemble. Quand nous regardons à l’Église, nous devrions penser avant tout à notre Seigneur et Sauveur qui la bâtit avant de penser aux membres qui en font partie.

Puisque l’Église trouve son origine en Dieu et qu’elle doit son existence à Jésus-Christ et à l’œuvre de son Esprit Saint, et puisque le Seigneur rassemble son Église depuis le commencement du monde jusqu’à la fin, nous pouvons être assurés que son avenir est entre bonnes mains. Le Seigneur nous confie de grandes responsabilités dans l’Église, mais l’avenir de son Église lui appartient. « Les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16.18). Le diable avec toute sa méchanceté qu’il essaie de nous cracher à la figure ne réussira jamais à la détruire. On dit parfois que les jeunes, c’est l’avenir de l’Église. Humainement parlant, cela est vrai jusqu’à un certain point, mais en réalité, nous confessons avec joie et avec assurance que c’est le Seigneur qui bâtit son Église. C’est lui qui est l’avenir de l’Église! Ayons confiance que c’est lui qui rassemble de jour en jour son Église, qui la protège et qui la maintient, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin.