Cet article sur les questions 6 à 8 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet l'origine du péché qui vient d'Adam et qui nous a plongés dans une corruption entière. Seul le miracle de la régénération peut nous changer.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

L’origine et l’étendue du péché

Dieu a-t-il donc créé l’homme si méchant et si pervers?

Non; au contraire, Dieu a créé l’homme bon1 et à son image2, c’est-à-dire vraiment juste et saint3, afin qu’il ait de Dieu son Créateur une droite connaissance4, qu’il l’aime de tout son cœur et qu’il vive avec lui dans un éternel bonheur pour le louer et le bénir5.

1. Gn 1.31.
2. Gn 1.26-27; 2 Co 3.18.
3. Ép 4.23-24.
4 Col 3.9-10.
5. Ps 8.

D’où vient donc cette corruption de la nature humaine?

Elle vient de la chute et de la désobéissance de nos premiers parents, Adam et Ève, dans le Paradis1; par la chute, notre nature a été si corrompue2 que nous sommes tous conçus et nés dans le péché3.

1. Gn 3.1-6.
2. Rm 5.12; Rm 5.18-19.
3. Ps 14.2-3; Ps 51.7.

Mais sommes-nous corrompus au point d’être absolument incapables d’aucun bien et enclins à tout mal?

Oui1. Il nous faut donc être régénérés par le Saint-Esprit2.

1. Gn 6.5; Gn 8.21; Jb 14.4; Jb 15.14-16; És 53.6; Jr 17.9.
2. Jn 3.3-6.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 6 à 8

  1. Dieu n’est pas à blâmer (Q&R 6)
  2. Tout a commencé avec nos premiers parents (Q&R 7)
  3. Seul un grand miracle peut nous en sortir (Q&R 8)

Nous sommes affligés d’un grave problème que la Bible appelle le péché. Nous reconnaissons notre péché lorsque le miroir de la loi parfaite de Dieu est placé devant nous. Cette loi nous demande d’aimer Dieu de tout notre cœur et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Elle nous fait donc prendre conscience que nous sommes enclins à détester Dieu et notre prochain.

D’où vient cette réalité tant déplorable? Comment sommes-nous tombés dans cet état si misérable? Afin d’apprécier à sa juste mesure le remède qui nous est proposé, il est important d’aller à la racine du problème. Pour pouvoir vivre et mourir dans la joie de notre unique réconfort, nous devons être disposés à écouter ce que la Bible dit au sujet de l’origine et de la profondeur de notre péché.

1. Dieu n’est pas à blâmer (Q&R 6)🔗

Nous trouvons facilement des excuses. Quand nous demandons à des enfants : « Qui a fait ça? », la réponse vient rapidement : « Pas moi; c’est elle qui m’a poussé; c’est lui qui m’agaçait… » Les adultes ne sont pas mieux. Nous avons tant de difficulté à accepter un reproche. Nous sommes habiles à rejeter la responsabilité et la faire porter sur quelqu’un d’autre, sur une circonstance ou sur nos changements d’humeur causés par le mauvais temps. Lorsqu’un homme commet un crime, la défense invoque le prétexte que l’accusé est inapte mentalement, qu’il a reçu une mauvaise éducation, que ses parents l’ont maltraité ou que les autres lui ont causé du tort.

Le Seigneur nous convainc par sa Loi et par son Esprit. Nous sommes démasqués. Oui, c’est bien vrai, nous détestons Dieu et notre prochain. Oui, nous sommes coupables, la Bible le dit.

Un tel aveu n’est pas si facile à obtenir. Nous cherchons encore des excuses. Pourquoi en est-il ainsi? Comment l’homme est-il devenu pécheur? Si nous pouvions faire porter la responsabilité sur un autre. Sur Dieu, bien sûr! Oui, c’est Dieu qu’il faut tenir responsable de toute cette misère dans le monde et dans nos vies. Après tout, n’est-ce pas Dieu qui a créé l’homme? Celui qui vient d’acheter une voiture neuve qui a des problèmes mécaniques va sûrement retourner voir le concessionnaire…

Que dit la Parole de Dieu? Nous lisons sur la première page de la Bible que Dieu a fait l’homme à son image et selon sa ressemblance (Gn 1.26-27). Il l’a créé juste et bon. Aujourd’hui, nous sommes enclins à détester Dieu et notre prochain, mais au commencement, il n’en était pas ainsi. À l’origine, le monde était bien différent. L’homme est sorti du « concessionnaire » en parfaite condition. C’est seulement plus tard que la voiture s’est détériorée à cause d’un accident déplorable. Voici comment notre Catéchisme résume l’enseignement biblique sur la condition morale et spirituelle de l’homme et de la femme au commencement :

« Dieu a-t-il donc créé l’homme si méchant et si pervers? Non; au contraire, Dieu a créé l’homme bon et à son image, c’est-à-dire vraiment juste et saint, afin qu’il ait de Dieu son Créateur une droite connaissance, qu’il l’aime de tout son cœur et qu’il vive avec lui dans un éternel bonheur pour le louer et le bénir » (Q&R 6).

Oui, Dieu est juste et bon! Il n’est pas l’auteur du péché et n’en est aucunement responsable. Toutes les voies du Seigneur sont justes et parfaites. « L’Éternel est juste dans toutes ses voies et bienveillant dans toutes ses œuvres » (Ps 145.17). Dieu n’a pas créé l’homme pour qu’il déteste son Dieu et son prochain! Il l’a créé juste et parfait pour qu’il puisse aimer son Créateur de tout son cœur et son prochain comme lui-même. Ce n’est pas la faute de Dieu si nous détestons Dieu et notre prochain. Il nous tient entièrement responsables des choix que nous faisons. L’homme était pleinement capable d’aimer Dieu et il a rejeté son Créateur! Cela nous rend d’autant plus inexcusables!

2. Tout a commencé avec nos premiers parents (Q&R 7)🔗

Il s’ensuit forcément cette autre question :

« D’où vient donc cette corruption de la nature humaine? Elle vient de la chute et de la désobéissance de nos premiers parents, Adam et Ève, dans le Paradis » (Q&R 7).

La Bible ne nous explique pas l’origine du péché. La Genèse ne nous dit rien sur la révolte des anges ou sur les raisons pour lesquelles Satan, qui a été créé pur, s’est révolté contre son Créateur. Elle nous décrit simplement ce qui s’est produit. Le serpent est venu tenter Ève qui s’est laissée prendre au piège et qui, à son tour, a entraîné Adam, de sorte que, par la désobéissance d’un homme, le péché est entré dans le monde (Gn 3.1-6). Dieu avait strictement défendu à Adam de manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2.16-17). Malgré tout, ils en ont mangé. En conséquence de cette désobéissance, ils ont perdu leur pureté originelle. Une fois la faute commise, ils avaient honte, ils avaient peur, ils se sont cachés, ils sont devenus égoïstes. Ils se sont accusés mutuellement et ils ont même accusé leur Créateur. Leur communion avec Dieu était rompue.

Cette révolte n’était pas une action isolée, mais un péché qui a eu des conséquences dramatiques pour nous tous. Adam avait été choisi par Dieu pour être le représentant de toute la race humaine. À partir de sa désobéissance, tous ses descendants sont devenus désespérément méchants, la mort est entrée dans le monde et s’est étendue sur tous (Rm 5.12-14). Le péché de nos premiers parents est la racine de notre propre corruption. Comme le dit l’apôtre Paul :

« C’est pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé sur tous les hommes, parce que tous ont péché. […] Par la faute d’un seul, beaucoup sont morts […] Par une seule faute, la condamnation s’étend à tous les hommes… » (Rm 5.12,15,18).

L’universalité du péché, devenu inévitable, est indéniable, comme le rappelle encore l’apôtre dans une autre lettre :

« Vous étiez morts par vos fautes et par vos péchés. […] Nous tous aussi, nous étions de leur nombre […] et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres » (Ép 2.1,3).

Certains s’imaginent qu’un bébé naissant est pur et innocent. Lorsque David a confessé son péché, il a plutôt dit : « Voici : je suis né dans la faute, et ma mère m’a conçu dans le péché » (Ps 51.7). Cette constatation de David ne dénigre aucunement l’acte de procréation, mais signifie plutôt que tout enfant est déjà contaminé dès sa naissance, même dès sa conception. « Par la chute, notre nature a été si corrompue que nous sommes tous conçus et nés dans le péché » (Q&R 7).

Cette idée que le péché a commencé avec la chute de nos premiers parents est aujourd’hui ridiculisée. Même des chrétiens prétendent qu’Adam serait simplement une figure métaphorique servant à nous enseigner des leçons, ou bien un chaînon dans le processus évolutif qui ne serait pas le père de toute l’humanité. Tous les moyens sont bons pour rejeter la doctrine biblique du péché.

Beaucoup de gens, à la suite de l’humanisme, affirment que l’homme est bon. Tout cela est flatteur pour notre égo. Nous aimons mieux recevoir des compliments que de nous faire critiquer. Cependant, pour véritablement goûter à la joie de notre unique réconfort en Jésus-Christ, nous devons absolument admettre que le péché est la faute de l’homme et que c’est aussi notre propre faute. Nous avons notre responsabilité personnelle. Nous ne pouvons pas nous cacher derrière la faute des autres. Selon l’aveu de David : « J’ai péché contre toi, contre toi seul, et j’ai fait le mal à tes yeux » (Ps 51.6). La confession de nos propres péchés est une condition essentielle à notre salut. Si nous ne sommes pas prêts à accepter le diagnostic, il nous sera impossible de recevoir le remède.

3. Seul un grand miracle peut nous en sortir (Q&R 8)🔗

Serions-nous seulement quelque peu affaiblis? La Bible nous enseigne au contraire que nous sommes totalement corrompus. Totalement veut dire dans tout notre être, dans les moindres parties de nos pensées, de nos sentiments et de notre volonté. Imaginez si quelqu’un vous disait : « Il n’y a rien de bon en toi. » Ce ne serait pas facile à avaler.

Sommes-nous si mauvais? Voilà un sujet qui a suscité beaucoup de controverse dans l’histoire de l’Église. Au 4siècle, Pélage a affirmé que l’homme est bon et que, s’il pèche, c’est à cause du mauvais exemple de son environnement. Pour pouvoir s’en sortir, il a seulement besoin d’un bon exemple. D’autres ont plus tard enseigné que l’homme est entaché par le péché, mais qu’il y a encore beaucoup de bon en lui. Nous pourrions ainsi, avec l’aide de Dieu, contribuer à mériter notre salut. Au 17siècle, Arminius a prétendu que l’homme est affaibli, mais qu’il peut encore se tourner lui-même vers Dieu. Plusieurs aujourd’hui adhèrent encore à ces idées. Il nous faut reconnaître à la lumière des Écritures saintes que le péché n’est pas une maladie bénigne, mais un poison mortel qui nous a tués spirituellement.

Pour nous en convaincre, la Bible nous dit que seul un grand miracle peut nous délivrer. Quelle est donc cette puissance requise pour guérir notre corruption et nous rendre à nouveau capables d’aimer Dieu? Rien de moins que la régénération intérieure par le Saint-Esprit. « Il faut que vous naissiez de nouveau », a dit Jésus (Jn 3.7). L’entretien de Jésus avec Nicodème nous apprend que la nouvelle naissance est une action puissante, nécessaire, mystérieuse et miraculeuse du Saint-Esprit (Jean 3). L’Esprit de Dieu agit de façon libre et souveraine, sans l’aide de notre volonté. Les enfants de Dieu « sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jn 1.13). Notre chute est tellement complète que nous n’avons aucune possibilité de nous aider nous-mêmes. Seul le Saint-Esprit peut nous donner un cœur nouveau et nous faire vivre un nouveau commencement à la gloire de Dieu. Quelle joie et quel réconfort!

« Mais Dieu est riche en miséricorde et, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ. C’est par grâce que vous êtes sauvés » (Ép 2.4-5).

Ce sombre tableau sur notre condition naturelle n’est aucunement réjouissant en lui-même, mais acceptons avec foi ce que la Parole de Dieu dit au sujet de notre corruption. Ce sera la seule façon de vivre dans la joie nouvelle de notre unique assurance en Jésus-Christ!