1 Corinthiens 1 - Éphésiens 6 - Un équipement singulier
1 Corinthiens 1 - Éphésiens 6 - Un équipement singulier
« Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes. »
1 Corinthiens 1.27
« Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur et par sa force souveraine. Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs des ténèbres d’ici-bas, contre les esprits du mal dans les lieux célestes. C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour et tenir ferme après avoir tout surmonté. Tenez donc ferme : ayez à vos reins la vérité pour ceinture; revêtez la cuirasse de la justice; mettez pour chaussures à vos pieds les bonnes dispositions que donne l’Évangile de paix; prenez, en toutes circonstances, le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin; prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu. Priez en tout temps par l’Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications. Veillez-y avec une entière persévérance. »
Éphésiens 6.10-18
Le terme « équipement » est passé dans notre vocabulaire quotidien pour désigner, selon la définition qu’en donne le dictionnaire, « l’ensemble des objets nécessaires à une militaire, à une troupe, pour faire campagne ». La presse écrite et orale et même nos conversations courantes ne parlent que d’engins puissants tels que sous-marins atomiques, missiles à longue portée, bombes infiniment plus puissantes et meurtrières que celles lancées il y a quelques décennies… Et l’on comprend aisément la surprise et parfois l’indignation des citoyens de tel ou tel pays lorsqu’ils pensent que leurs ennemis possèdent des armes plus efficaces que les leurs. Nulle nation se prétendant moderne ne voudrait rester à la traîne dans sa défense militaire; son ambition est celle de posséder à tout prix des armes plus puissantes et plus efficaces que celles de ses adversaires, réels ou hypothétiques.
À tel point que le profane que je suis et que vous êtes peut-être ne saurait comprendre tous les aspects et tous les méandres d’une telle entreprise de puissance. D’ailleurs, la compétition est telle que nous avons parfois le vertige en présence de la mécanique complexe et toujours plus perfectionnée du prodigieux développement technique. Aéronautique, exploration sous-marine, découverte d’astres nouveaux… Rien de ceci ne serait concevable sans le recours à l’équipement électronique d’une extraordinaire complexité.
Notre vie quotidienne bénéficie, elle aussi, d’équipements modernes dont nous n’aurions pas osé rêver il y a quelques décennies, sur le plan du confort ménager, des moyens de transport et des conditions de travail, et ceci malgré des lacunes et des retards.
L’équipement est devenu la hantise de nos contemporains, à tel point qu’une grande partie de notre temps est passé à nous préparer en vue de bien nous équiper pour l’avenir. Dans cette course enfiévrée pour le futur, il est à craindre que les hommes oublient quelque peu la raison pour laquelle ils se préparent et les activités pour lesquelles ils s’équipent.
Mais du côté de Dieu, et c’est cela qui nous intéresse surtout ici, il y a aussi la préoccupation d’équiper les siens, et notamment les ministres de sa Parole, à qui il a confié une mission toute spéciale. Mais quelle différence entre ses méthodes et les moyens prodigieux que les hommes détiennent et utilisent! À vue humaine, on dirait que, du côté de Dieu, les mesures sont non seulement insuffisantes, mais encore dérisoires! Les siens ont l’air d’être toujours en deçà de la norme…
Prenons par exemple l’histoire du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament. Ceci nous aidera à voir combien déjà, dans ces temps reculés, l’équipement des témoins de Dieu pouvait paraître dérisoire… Ce n’est donc pas une expérience nouvelle que celle de se comparer aux puissances environnantes et de trouver que l’on se situe nettement en dessous de la cote… L’histoire du peuple élu est jalonnée d’exemples et d’actes quasi insensés de la part d’hommes faibles comparés aux grandes puissances de l’époque et qui, paradoxalement, les ont confondues et même terrassées.
L’histoire la plus connue et sans doute l’une des plus émouvantes est celle d’un adolescent, le berger David. Ce garçon qui affronte un géant sur le champ de bataille, le Philistin Goliath, et qui va, à la surprise générale d’amis et d’ennemis, renoncer à un armement lourd pour n’avoir recours qu’à une simple fronde, apparemment plus jouet qu’arme, et à quelques cailloux ramassés en toute hâte dans un torrent tout proche… Quelle rencontre inégale et quel équipement insensé! Mais c’est avec cet équipement-là que ce berger de 16 ans abattra le plus redoutable guerrier du camp ennemi.
Gédéon est un autre exemple frappant de confrontation entre forces inégales. Sa tactique mettrait les stratèges, anciens ou modernes, dans le plus grand embarras! Pourtant, ce fut cette stratégie-là qui écrasa et mit en déroute les hordes de Madianites aguerris et suréquipés. Réduire le nombre d’hommes de troupe, s’armer de pots en terre cuite et de quelques torches et trompettes… Quel piètre armement! Mais le jeune Gédéon protégé par l’Éternel remporta une éclatante victoire.
Moïse avait été choisi pour défier l’autocrate le plus redoutable de son époque. Ce n’est qu’armé d’un bâton de berger qu’il brava ce monarque puissant et cruel. Et lorsque des siècles plus tard vint le tour des chrétiens, ce fut malgré leur faiblesse, parfois même leur inculture et leur ignorance, qu’ils renversèrent les puissances de l’époque afin « d’amener toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2 Co 10.5). Leur combat fut mené sans armes d’apparence redoutable, à l’aide de la seule Parole de Dieu et par leur témoignage de disciples convaincus et fervents, allant parfois jusqu’au sacrifice de leurs vies.
Mais n’oublions pas que ces témoins savaient que Dieu est l’unique invincible… Ils n’auraient donc pas songé à lui reprocher les moyens dérisoires qu’il mettait à leur disposition. Ils ne s’étaient pas dérobés par des arguments apparemment valables : « Je ne puis m’opposer à de si puissants adversaires. Comment entrer en compétition avec eux, comment répondre aux idéologies modernes ou aux thèses scientifiques qui jettent le défi à notre foi; aux partis politiques tout-puissants, aux séductions des idéologies en vogue… Comment résister à l’adversaire qui attaque sur tous les fronts et tente de démolir ma foi et d’obscurcir ma vie? » Oui, combien souvent les chrétiens, dans le monde, font figure de pauvres… Que doivent-ils dire pour être pris au sérieux? Certains d’entre eux sont tellement persuadés de l’inanité de leur foi qu’ils sont complètement découragés, tandis que d’autres nous invitent ouvertement à la trahir au profit d’idées plus modernes et apparemment plus fortes.
Panique, découragement, compromissions de toutes sortes, inefficacité… Tout ceci parce que l’équipement prévu par Dieu n’est pas pris au sérieux. À quoi bon lutter, résister, persévérer, entend-on ici et là; la lutte est inégale et sans doute perdue d’avance…
Il me semble que nous devons nous rendre compte, tout d’abord, de qui sont nos adversaires modernes. J’en mentionnerai quelques-uns en passant. Le monde occidental connaît quatre structures de pouvoir : les gouvernements, de plus en plus totalitaires même lorsqu’ils s’affichent démocrates; l’industrie et son pouvoir impressionnant; la science et la technologie, qui deviennent de plus en plus puissantes et qui, de surcroît, jouissent d’une grande autorité et, enfin, les moyens de communication modernes, dont le pouvoir ne réside pas tant en leur technique que dans le message qu’ils véhiculent et les mensonges que, trop souvent, ils divulguent et font pénétrer dans notre société en général et chez les individus en particulier. Nos contemporains sont mesmérisés, presque drogués, par les médias de masse.
Reconnaître ces pouvoirs et leurs structures est le premier pas que nous devons faire pour les braver avec lucidité et conviction, au nom même de notre foi en Dieu. Même si l’équipement que Dieu nous fournit nous semble à première vue dérisoire, l’Évangile reste puissance de salut pour tout âge, aujourd’hui comme hier.
L’Évangile c’est la personne même du Christ, en qui nous avons une puissance singulière, efficace et triomphante. C’est lui qui est la puissance réelle. C’est sa personne et son œuvre qui sont les armes de Dieu. Ce n’est pas une idée métaphysique, un pouvoir esthétique, une capacité pour affecter tel ou tel domaine isolé de nos vies, mais la puissance qui peut transformer l’existence de tout homme; le Christ est, en fait, la puissance la plus efficace qui existe. Celui qui le rencontre et croit en lui peut l’éprouver. Notre Seigneur détient actuellement toute l’autorité en tant que Fils de Dieu et en tant que Fils de l’homme. Il peut accorder le seul pouvoir qui fonctionne réellement sans entraves; il ne nous accorde pas simplement une énergie dynamique, une autorité légale, mais équipe encore les siens de telle manière qu’il les rend efficaces en dépit des apparences.
Pourtant, au regard de l’incroyant, l’Évangile et les fidèles qui s’appuient sur lui sont d’une inefficacité totale. C’est d’ailleurs la rengaine avec laquelle on nous rabat constamment nos oreilles : « Où est votre force? Que faites-vous d’autre que prêcher ou prier? Quelles piètres institutions, que vos Églises! Votre vie ne rime à rien… » Mais qu’importent l’ennemi et son aveuglement, les critiques et les calomnies, puisque les « forts » seront confondus et les « sages » réduits au silence.
Au cœur de Dieu il y a une croix depuis la mort de son Fils, et les moyens dont il dote les siens ne sont que la réplique d’un instrument aussi insensé pour remporter la victoire. Le Christ a vaincu par elle, outil faible, méprisable et scandaleux… À présent, nous savons que nous luttons non pas contre « la chair et le sang », mais contre un adversaire diabolique. Or, précisément, le chef de file de ces êtres redoutables a été abattu par une croix. Par moments, il nous semble que Dieu nous abandonne, comme au soir de Gethsémané ou comme au matin du Vendredi saint, lors de l’inoubliable mise à mort de son Fils unique.
Dieu nous laisserait-il seuls pour affronter l’adversaire, pour lui résister, pour lutter sans répit? Non, car la croix et le tombeau vide du Sauveur sont les outils dont nous avons besoin pour ce combat.
« Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur » (2 Co 10.17). Et c’est le Seigneur lui-même qui nous rassure :
« Sois sans crainte, car je suis avec toi; n’ouvre pas des yeux inquiets, car je suis ton Dieu; je te fortifie, je viens à ton secours. […] Je suis l’Éternel ton Dieu, qui saisis ta main, qui te dis : sois sans crainte. Je viens à ton secours » (És 41.10,13).