Cet article sur Apocalypse 7 a pour sujet la vision de l'ange annonçant la protection des croyants par le sceau qui assure leur salut éternel. La plénitude de l'Église sera rassemblée en sécurité pour l'adoration de son Seigneur.

Source: Le Dieu invincible - Méditations sur l'Apocalypse. 6 pages.

Apocalypse 7 - Ceux qui subsistent

« Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre. Ils retenaient les quatre vents de la terre, afin qu’il ne souffle pas de vent sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. Et je vis un autre ange qui montait du côté du soleil levant et qui tenait le sceau du Dieu vivant. Il cria d’une voix forte aux quatre anges à qui il avait été donné de faire du mal à la terre et à la mer : Ne touchez pas à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, 144 000 de toutes les tribus des fils d’Israël : de la tribu de Juda, 12 000 marqués du sceau; de la tribu de Ruben, 12 000; de la tribu de Gad, 12 000; de la tribu d’Aser, 12 000; de la tribu de Nephtali, 12 000; de la tribu de Manassé, 12 000; de la tribu de Siméon, 12 000; de la tribu de Lévi, 12 000; de la tribu d’Issacar, 12 000; de la tribu de Zabulon, 12 000; de la tribu de Joseph, 12 000; de la tribu de Benjamin, 12 000 marqués du sceau. Après cela, je regardai, et voici une grande foule que nul ne pouvait compter, de toute nation, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues. Ils se tenaient devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, et des palmes à la main. Et ils criaient d’une voix forte : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l’Agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône, des anciens et des quatre êtres vivants; ils tombèrent la face contre terre devant le trône et ils adorèrent Dieu, en disant : Amen. La louange, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance et la force sont à notre Dieu, aux siècles des siècles! Amen. Alors l’un des anciens prit la parole et me dit : Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où sont-ils venus? Je lui répondis : Mon seigneur, tu le sais. Et il me dit : Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation. Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et lui rendent un culte jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux; ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur. Car l’Agneau qui est au milieu du trône les fera paître et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

Apocalypse 7

Le chapitre 6 de l’Apocalypse se terminait par une question, par un cri d’angoisse plutôt, lancé dans une détresse sans fond. « Qui pourrait subsister? » Car les jugements de Dieu s’abattaient, les uns plus terrifiants que les autres, sur un monde impénitent. « Le monde réfractaire est acculé de plus en plus à l’impasse finale; ses délires et ses fanfares ne nous donneront pas le change là-dessus.1 »

Le sixième sceau avait lâché des vents impétueux qui secouaient tout le firmament et ce qui est étendu au-dessous de lui. La parole du Christ trouvait son accomplissement. « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche; puis l’on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent » (Jn 15.6). L’ouverture du sixième sceau nous préparait à la fin de l’histoire. Et les vents soufflant et l’orage s’abattant allaient prouver une fois pour toutes st la maison de quelqu’un était bien fondée sur le roc, ou si elle avait été élevée précipitamment, négligemment construite sur le sable. Ce qui est branlant et ce qui demeure ferme étaient devenus apparents aux yeux des anges et des hommes.

Des orages et des tempêtes, plus violents les uns que les autres, courent depuis lors, et depuis toujours, tels des chevaux de bataille en furie. Ils soufflent par-dessus la tête d’hommes prostrés, agonisants. Ceux-ci gardent le silence, un silence de mort, et ne savent plus où donner de la tête. En effet, qui pourrait subsister lorsque Dieu demande aux vents sortis des quatre coins du monde : « Soufflez et emportez. » Et l’orage ne se fait jamais attendre. Dans la Bible, les vents sont toujours le symbole de ce qui est mal. Ils ont un pouvoir dévastateur irrésistible (voir Ps 104.3-4; Jr 4.11; 51.1; Dn 7.2).

Pourtant, les vents ne sont absolus que vus du côté de l’homme. Car ils sont à leur tour soumis à la volonté de celui qui leur donne l’ordre de tout emporter. Celui qui ordonne « soufflez et détruisez » est le même qui ordonne « arrêtez, silence, paix! » Et alors c’est l’accalmie totale.

Dans le chapitre 7 de l’Apocalypse, nous assistons à une nouvelle vision. Avant que le septième sceau ne soit décacheté (Ap 8.1), il y aura une interruption, un répit. Au milieu de l’obscurité opaque et épaisse apparaît un ange nouveau qui porte un nouveau sceau contenant l’arrêté miséricordieux. Il monte du côté du soleil levant, symbole d’espérance et de joie, parce qu’annonciateur de délivrance. L’ange surgit pour encourager ceux qui appartiennent au peuple de Dieu. Il vient le soutenir au milieu de leurs terreurs, les assurer de leur sécurité éternelle, les préparer à l’avènement de leur Sauveur; les aider à fixer le regard, par delà les ordalies innommables, sur celui qui est assis sur le trône. L’Église, communauté d’espérance, peut vivre et persévérer dans la foi.

Dieu a donné l’ordre de ne toucher à la terre pour la détruire qu’après que les siens auront été mis à l’écart et préservés, après qu’ils auront été scellés et qu’ils seront en pleine sécurité. En vertu de sa grâce, qui depuis toute éternité a élu un peuple pour sa gloire et son service, il met ses serviteurs à part et le sceau est destiné à assurer ceux-ci contre les assauts des puissances démoniaques qui vont être ouvertement manifestées.

Ainsi est inscrite, plus profondément encore que le récit des cataclysmes et du déchaînement des tempêtes, l’histoire de la grâce qui signe une alliance nouvelle avec les recrues de son nouveau peuple. Quel contraste à présent avec les images de crainte et de panique s’emparant du monde impénitent! Le monde ne voit que les quatre anges se tenant aux quatre coins du monde pour exécuter le dernier acte du jugement final. Jugement universel puisque nul ne saurait lui échapper. Mais parce que Dieu a pris soin de préserver son peuple pendant un temps, il annonce un intermède et il épargne. Aucun vent ne soufflera sur la terre, sur la mer et sur les arbres. L’acte final de l’histoire et la dernière scène du jugement ne débuteront que lorsque l’Église du Christ sera en sécurité.

Mais retenons bien ceci : l’acte de sceller les élus de Dieu est l’acte le plus important de toute l’histoire, plus important même que l’ordre donné de déverser sur la tête des humains des déluges dévastateurs.

Dans la Bible, le sceau et l’acte de sceller ont une importance telle qu’ils font partie du dessein salvateur du Dieu révélé. Le croyant est assuré de son salut éternel. Il est protégé par le Christ et il en est devenu la propriété (2 Tm 2.19). Le sceau qu’il porte est l’emblème de sa sécurité 
(Ép 1.13-14). Il est le signe que portent ceux qui ne se sont pas conformés et confondus avec le monde (Éz 9.4). Ils ont été scellés de l’Esprit Saint. Ils ont reçu dans leur corps mortel la racine d’une vie nouvelle.

Le sceau de Dieu certifie sa grâce qui élit et qui justifie, mais qui exige également notre sainteté et notre sanctification. Satan cherche à accuser les élus de Dieu (Za 3.1-2), mais Dieu fait grâce à qui il veut faire grâce et il justifie celui qu’il a élu depuis toute éternité. C’est la raison pour laquelle le fidèle peut subsister.

Rappelons-nous le sceau placé sur les linteaux des portes des Israélites en Égypte, lors de la dernière plaie frappant Pharaon et brisant son cœur endurci. L’ange exterminateur passait outre ceux qui s’étaient mis à l’abri et pour qui l’agneau immolé de la première Pâque devenait le moyen et l’assurance de leur sécurité (voir d’autres textes du Nouveau Testament relatifs au sceau et à l’action de sceller : Rm 4.11, la mise à part par la circoncision; Jn 6.27, l’élection en Christ; 2 Co 1.22, Ép 1.13; 4.30, l’élection des fidèles).

Le sceau constitue un certificat d’authenticité, une marque d’appartenance. Il protège. Le tombeau du Christ a été scellé (Mt 27.66). Il marque la propriété (Ct 8.6). Il garantit le caractère d’authenticité (Est 3.12). Le chrétien est scellé par le Père, car le croyant jouit de la protection du Père toute sa vie. Le Fils le scelle en faisant de lui le membre de son corps, en vertu de sa mort expiatoire sur la croix. L’Esprit le scelle en certifiant à son esprit qu’il est enfant de Dieu.

Ce n’est pas sans raison qu’on pourrait évoquer à cet endroit, même si ce n’est qu’en passant, le sceau visible du Dieu trinitaire, attesté par notre baptême. Pourtant, ce n’est pas au baptême d’eau que nous devrions songer d’abord, celui de notre enfance ou celui de l’âge adulte. Le sceau divin nous rappelle un autre baptême, celui du feu : le Christ en parlait dans l’Évangile. Ce baptême lui coûta l’agonie du Calvaire et la mort de la croix. Nous aussi nous avons été baptisés dans l’Esprit en vue de cela. Notre baptême en Esprit ne signifie pas ce que lui font dire les bavardages modernes des admirateurs de la glossolalie et du sensationnel; il n’est pas celui des élucubrations spiritualistes d’intoxiqués des dons imaginaires de l’Esprit et des adeptes de l’irrationnel baptisé chrétien, mais le baptême de feu dans l’épreuve et la souffrance, la tribulation et même l’échec apparent. Baptême d’identification avec le Christ et conformité à sa mort. Baptême de l’épreuve lorsque Dieu nous teste et lorsqu’il nous émonde telle une branche qui ne porte pas de fruit. C’est le baptême de la mort à soi-même et de la fidélité jusqu’à la fin.

Un jour, Jean et Jacques, disciples du Christ, lui demandèrent l’honneur de s’asseoir avec lui à ses côtés, dans le royaume qu’ils espéraient proche, victorieux et glorieux. « Vous ne savez ce que vous demandez », leur répondit celui qui avait reçu l’Esprit et qui allait s’immerger dans la fournaise ardente. « Êtes-vous capables de boire de la coupe que je dois boire? » (Mt 20.20-22).

Chrétiens mes amis, les vents soufflent sur notre monde et ils mettent de nouveau tout homme à l’épreuve. Mais Dieu connaît les siens. Nous nous connaissons aussi si nous avons été scellés par son Esprit. Éprouvés de cette façon, nous saurons que nous faisons aussi partie de la multitude innombrable réunie autour du trône.

Mais pourquoi ces hommes et ces femmes sont-ils encore exposés à la colère du monde, aux attaques de Satan, aux tentations de la chair? L’idée que nous nous faisons de la sécurité spirituelle et de la foi est différente de celle de Dieu. Elle tourne invariablement autour de la défaite, de la tribulation et de la souffrance. Or, aux yeux de Dieu, le mal véritable c’est le péché. Dieu nous met à l’abri du mal en nous en arrachant et en nous plaçant éternellement sous son pouvoir. Il nous protège de telle sorte que le péché ne nous emportera pas définitivement. Le reste, même le malheur, peut contribuer au bien de ceux qui aiment Dieu. Mais le salut n’est pas notre œuvre. Nous sommes justifiés par le sang de l’Agneau. Les maux n’atteindront pas les élus de Dieu, car c’est par les blessures et les meurtrissures du Serviteur souffrant, Jésus-Christ, que nous avons trouvé notre guérison (És 53.6; Rm 8.28; 1 Pi 2.24). Qui nous séparerait de l’amour de Dieu manifesté en Christ? (Jn 6.39; Rm 8.35-39).

Qui sont alors les 144 000? Nous n’examinerons pas toutes les fantaisies et les élucubrations sectaires qui ont fait de ce nombre la somme précise de leurs adeptes. Nous aurons mieux à faire en en retenant le sens biblique.

C’est un chiffre symbolique. À sa racine se trouve le chiffre sacré de trois qui symbolise la sainte Trinité, ensuite le nombre quatre, qui est le symbole du monde; douze est leur multiple, qui représente ainsi la perfection et la plénitude. C’est par ces chiffres-là que sont représentées dans la Bible les personnes de la Trinité. La Trinité (trois) opère dans l’univers (quatre); le Père opère par le Fils, dans le Saint-Esprit, en vue de la rédemption divine.

L’ancienne dispensation était représentée par les douze tribus d’Israël, la nouvelle l’est par les douze apôtres. Douze fois douze donnent cent quarante-quatre. D’après le chapitre 21 de notre livre, la Jérusalem céleste possède douze portes et douze fondements. Sur les douze fondements sont inscrits les noms des douze apôtres. Les murs sont un ensemble cubique de cent quarante-quatre mètres de hauteur. La multitude scellée représente à présent l’Église de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, l’Église militante des deux dispensations.

« Carré du chiffre sacré douze, multiplié par le coefficient de multitude mille, ce nombre signifie qu’à Dieu appartient le dénombrement des siens. C’est un nombre qualifié par opposition aux simples énumérations quantitatives.2 »

Les 144 000 représentent l’Israël spirituel, le nouveau peuple de Dieu, formé de Juifs et de païens. Pourquoi la tribu de Dan n’est-elle pas mentionnée? Certains ont rappelé que Dan avait été la première à se glisser sur la pente de l’idolâtrie. Pourtant, elle ne fut pas la seule! D’autres estiment trouver une certaine malédiction prononcée sur elle dans Genèse 49! Juda est mentionnée la première du fait que le Christ est issu d’elle. Mais, dans l’Ancien Testament, elle n’apparaît qu’en quatrième position seulement.

L’essentiel de cette page consiste à nous assurer que l’Église est au complet et, pour ne pas briser la symétrie, l’auteur nous donne le chiffre douze.

C’est en vertu de la croix du Christ et non de leur vaillance arc-boutée que les élus innombrables sont devant le trône et l’adorent jour et nuit dans son temple. Le Seigneur a achevé son œuvre en eux. Il n’est pas étonnant qu’ils brandissent des palmes et l’honorent. Ils servent Dieu dans un culte ininterrompu. Ils sont entourés de la multitude des anges et ensemble ils rendent hommage à Dieu dans un double Amen. Le nouveau corps est au complet, bien que le nombre en soit illimité.

À travers tous les âges, les chrétiens se sont consolés à la lecture de cette page du livre de l’Apocalypse. L’Église qui l’a lue a pu aussi demeurer ferme.

Après les horreurs, la victoire et la gloire, Dieu essuiera toutes les larmes. Ils n’auront ni faim ni soif. Ils ont été délivrés de l’affliction, non parce qu’ils ont laissé le désert derrière eux, mais parce que l’Agneau, leur Berger, les nourrit, les désaltère et les conduit. Leur victoire n’est pas un secours négatif, un salut « sauve qui peut » pour échapper à la calamité, mais un secours positif, à cause de la présence permanente du Christ auprès d’eux. Dans le vocabulaire biblique, salut signifie à la fois victoire et délivrance.

Le salut qu’ils goûtent n’est pas dû à leurs efforts, mais à l’œuvre divine. Il comporte toutes les formes de délivrance : de la malédiction de la loi, du pouvoir du péché, des périls de la vie (voir Ps 118.14; Ga 3.13; Ph 3.9). Dieu est l’Auteur du parfait salut, de sorte que la joie apparaîtra sur leurs visages, dans la béatitude de la gloire, et la communion sera goûtée dans une vie de plénitude.

Ils ont lavé leurs robes (Jn 13.8-11 et 1 Jn 1.7). En l’Agneau qui ôte les péchés du monde, ceux qui viennent de la grande tribulation trouvent le pardon et la puissance spirituelle, l’espérance au milieu des lassitudes quotidiennes. Ils sont devant le trône divin et ils voient Dieu (1 Jn 3.2).

À chaque âge, c’est avec beaucoup de tribulations que nous entrerons dans le Royaume. Mais ceux qui ont servi Dieu ici-bas le serviront encore au ciel. Le temps de l’épreuve et de la tribulation est terminé. Ils sont dans la « shekinah » de Dieu, entourés de cette gloire qui couvrait déjà le peuple élu dans l’Ancienne Alliance.

Notes

1. Ch. Brütsch.

2. Ch. Brütsch.