Cet article sur la question 32 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la participation des chrétiens à l'onction du Christ. Nous sommes prophètes, sacrificateurs et rois et mettons nos dons au service des autres avec sa force.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

Les chrétiens participent à l’onction du Christ

Mais toi, pourquoi es-tu appelé chrétien1?

Parce que je suis, par la foi, un membre du Christ2 et participe ainsi à son onction3

  • pour confesser son Nom4,
  • pour m’offrir à lui en un vivant sacrifice de reconnaissance5,
  • pour combattre dans cette vie, avec une conscience libre, contre le péché et le Diable6, et régner enfin éternellement avec lui sur toutes les créatures7.

1. Ac 11.26.
2. 1 Co 6.15; 1 Co 12.12-17.
3. És 59.21; Jl 2.28; Ac 2.17; 1 Jn 2.20,27.
4. Mt 10.32; Mc 8.38; Rm 10.9-10; Hé 13.15.
5. Rm 12.1; 1 Pi 2.5,9; Ap 1.6; Ap 5.10.
6. Rm 6.12; Ga 5.16; Ép 6.11-12; 1 Tm 1.18-19.
7. Mt 25.34; 2 Tm 2.12; Ap 3.21.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 32

  1. Nous participons à l’onction de Jésus-Christ
  2. Un triple travail
  3. Vivre comme chrétiens
  4. Une promesse

Curieusement, le Catéchisme de Heidelberg semble maintenant changer de sujet. Il parlait du Christ et, tout à coup, il parle de nous. Pourtant, c’est un sujet tout à fait approprié, qui est bien à sa place : « Mais toi, pourquoi es-tu appelé chrétien? » (Q&R 32).

Jésus est le Christ et nous sommes chrétiens. C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples ont été appelés « chrétiens » (Ac 11.26). Était-ce pour se moquer d’eux? Était-ce un titre honorifique ou simplement un nom pour les désigner? Nous ne savons pas. Nous pouvons toutefois affirmer que l’Église a accepté ce nom avec reconnaissance. C’est un honneur de porter le nom de notre Sauveur!

Ce nom nous aide à voir le lien qui nous unit à lui. « Pourquoi es-tu appelé chrétien? Parce que je suis, par la foi, un membre du Christ et participe ainsi à son onction » (Q&R 32). Cette réponse contient deux éléments : D’abord, nous sommes unis au Christ par la foi. Qu’est-ce qui fait de nous des chrétiens? Ce n’est pas le fait d’accomplir certains rituels, c’est la foi en lui. C’est par la foi que nous sommes sauvés et que nous sommes unis à lui. Deuxièmement, en tant que membres de son corps, nous participons à son onction. Nous sommes unis à sa personne, mais nous sommes également unis à son travail.

1. Nous participons à l’onction de Jésus-Christ🔗

Nous nous souvenons que le mot Christ veut dire « oint », celui qui a reçu une onction. Jésus a reçu de son Père un travail. Il a été officiellement établi dans ce travail le jour de son baptême. Il a reçu l’onction de l’Esprit Saint et cette onction l’a rendu capable de faire son travail. Nous qui sommes chrétiens, nous participons à son onction!

« Vous-mêmes, vous avez une onction de la part de celui qui est saint, et tous, vous avez la connaissance. […] Pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous… » (1 Jn 2.20).

Remarquez bien, il ne s’agit pas de deux onctions différentes. Il s’agit de la même onction que celle du Christ. Nous participons à son onction. Nous avons part à son Esprit. Le jour de la Pentecôte, Pierre a dit aux Israélites réunis à Jérusalem à propos du Christ et de ses disciples qui venaient de recevoir l’effusion de l’Esprit : « Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui avait été promis, et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez » (Ac 2.33).

Cela nous fait penser au Psaume 133. Quand le grand-prêtre recevait l’onction, l’huile était versée sur sa tête. Mais comme il y avait beaucoup d’huile, celle-ci coulait sur sa figure, dans sa barbe et sur ses vêtements. La tête reçoit l’onction, mais tout le corps participe à la même onction. Il en est de même avec nous. Jésus est le Christ, celui qui est oint, mais l’Esprit qui a été déversé sur lui est également déversé sur nous. Nous sommes oints avec lui. Nous participons à son onction. L’Esprit Saint vient du Père, il passe par le Christ et coule jusqu’à nous! C’est pourquoi nous sommes « chrétiens ». Nous avons reçu une même onction que notre Sauveur. Être chrétien, c’est un très beau nom! Nous portons un nom qui convient très bien.

Être oint signifie recevoir un travail. Dieu nous confie un service à accomplir. Nous sommes établis officiellement dans un ministère et nous avons la responsabilité d’être fidèles envers celui qui nous a établis dans ce ministère. En tant que chrétiens, quel ministère avons-nous reçu du Seigneur? Quel travail nous demande-t-il d’accomplir?

2. Un triple travail🔗

Tout comme pour Jésus, nous avons reçu un triple office, une triple fonction : celle de prophète, sacrificateur et roi. Évidemment, nous n’avons pas le même rôle que le Seigneur Jésus. Nous ne révélons pas la Parole de Dieu. Nous ne donnons pas nos vies en sacrifice pour nos péchés. Nous n’avons pas à nous battre contre le diable et vaincre les démons par nous-mêmes. Tout cela, c’est le Christ qui l’a fait, lui seul. C’est lui le souverain Prophète, l’unique souverain Sacrificateur et le Roi éternel. Cependant, notre rôle est tout de même semblable au sien. Jésus a été oint en tant que Prophète, Sacrificateur et Roi pour que nous soyons nous aussi prophètes, sacrificateurs et rois.

Quel travail avons-nous à faire en tant que prophètes? Nous avons à « confesser son nom » (Q&R 32). Cela veut dire que nous devons nous fier à la Parole de Dieu, la connaître, y croire, y obéir, l’appliquer à nos vies et témoigner de la bonne nouvelle du Seigneur dans tout ce que nous disons. Nous avons un rôle prophétique dans le monde.

« Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple racheté, afin d’annoncer les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pi 2.9).

Toute notre vie doit être un témoignage de l’Évangile de la grâce. Nous avons reçu l’appel à être la lumière du monde et le sel de la terre (Mt 5.13-16). Il ne nous a pas sauvés simplement pour que nous nous sentions bien, mais pour que nous annoncions ses œuvres merveilleuses.

Quel travail avons-nous à faire en tant que sacrificateurs? Il nous demande de nous « offrir à lui en un vivant sacrifice de reconnaissance » (Q&R 32). Je devrais pouvoir dire avec joie : « Me voici, Seigneur, pour faire ta volonté. » Après avoir exposé en détail l’Évangile de la grâce, l’apôtre Paul en tire les implications pratiques pour nos vies en commençant par nous dire : « Je vous exhorte donc, frères, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable » (Rm 12.2). Nous sommes appelés à nous offrir nous-mêmes comme un sacrifice vivant et saint pour le si grand amour dont il nous a aimés. Nous avons un rôle sacerdotal et ce rôle implique la sainteté.

Nous devons faire attention à la manière dont nous parlons, à ce que nous lisons, à ce que nous regardons, avec qui nous développons nos amitiés, comment nous agissons, comment nous traitons les autres. En tant que sacrificateurs, nous devons tous les jours nous présenter à l’autel de Dieu et renoncer à nous-mêmes, nous offrir en un vivant sacrifice de reconnaissance. Notre vie au service de Dieu implique des sacrifices douloureux, mais qui sont faits par gratitude. Un sacrificateur n’est pas au service de lui-même, de ses désirs ou de sa propre volonté. Un sacrificateur est au service de Dieu.

Quel travail avons-nous à faire en tant que rois? Nous devons « combattre dans cette vie, avec une conscience libre, contre le péché et contre le diable, et régner enfin éternellement avec lui sur toutes les créatures » (Q&R 32). Cela signifie qu’il faut faire davantage que se détourner du péché ou essayer de l’éviter. Il nous faut le combattre activement par la puissance du Saint-Esprit. Si le péché est présent dans nos vies, dans nos familles, dans notre Église, dans notre société, nous devons le combattre. Comment nous attaquer au péché et au diable? Avec les armes du chrétien : la ceinture de la vérité, la cuirasse de la justice, le bouclier de la foi, le casque du salut, l’épée de l’Esprit qu’est la Parole de Dieu ainsi que la prière (Ép 6.10-18). Nous sommes appelés à combattre avec humilité, avec amour et avec courage, sans relâche, chaque jour de nos vies. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras et de nous rendre à l’ennemi.

3. Vivre comme chrétiens🔗

Nous vivons à une époque où la caméra est très importante. Notre culture est une culture du spectacle, où les gens sont attirés par ce qui brille et scintille. Nous sommes tous influencés à divers degrés par la pensée et les valeurs du monde qui nous entoure. Cette influence a pour effet que nous pouvons malheureusement être amenés à penser qu’un bon ministère dans l’Église est un ministère visible (pasteur, ancien, diacre, enseignement, musicien, présidence, animation, etc.). Oui, les ministères visibles sont importants, mais de nombreux autres ministères moins apparents ou moins connus ont également une grande importance.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le Seigneur a confié à chacun de nous des rôles différents dans son corps et que ces rôles ne sont pas tous aussi visibles et apparents les uns que les autres. En réalité, dans la plupart des Églises, il y a beaucoup de ministères qui sont exercés régulièrement, des ministères simples et discrets, qui ne sont pas toujours reconnus, mais qui sont tellement appréciés et qui contribuent grandement à enrichir, solidifier et édifier l’Église. Nous devrions donc chercher à servir du mieux que nous pouvons selon les dons que le Seigneur nous donne, peu importe le degré de visibilité du ministère exercé. Nous devrions enseigner cela à nos jeunes dès leur plus jeune âge.

Cependant, nous ne devons pas perdre de vue un aspect essentiel de la vie chrétienne. Nous avons tous des dons et des services particuliers à exercer dans l’Église. Nous avons aussi un même appel. Nous sommes d’abord chrétiens et nous devons d’abord vivre comme chrétiens. En tant que chrétiens, nous sommes tous prophètes, sacrificateurs et rois. C’est notre premier ministère et c’est le premier ministère auquel nos enfants sont appelés. Si nous comprenons mieux ce rôle ou ce travail qui est très riche — le plus riche de tous —, nous pourrons ensuite mieux exercer nos ministères particuliers.

Soyons d’abord des prophètes : Des gens qui lisent la Parole tous les jours, qui l’enseignent à leurs enfants, qui en parlent aux autres, qui font connaître le nom de Jésus-Christ dans l’entourage. Soyons d’abord des sacrificateurs, prêts à renoncer à nous-mêmes, prêts à sacrifier notre vie au Seigneur, en lui disant chaque matin : « Que ta volonté soit faite, Seigneur, et non la mienne. » Soyons d’abord des rois qui combattent tous les jours contre le péché et contre les ruses du diable, avec la lumière de la Parole de Dieu et la force du Saint-Esprit.

Vivre en tant que prophètes, sacrificateurs et rois : voilà un ministère essentiel dans l’Église et dans le monde! Ce ministère est simplement celui de chrétien. C’est un ministère qui ne brille pas nécessairement à l’avant-scène, mais c’est le plus beau des ministères! Quand nous deviendrons de meilleurs prophètes, sacrificateurs et rois, autrement dit de meilleurs chrétiens, nous serons mieux en mesure d’exercer un service particulier.

4. Une promesse🔗

Nous participons à l’onction du Christ. Cela signifie que nous avons reçu de Dieu un travail officiel. Cela signifie aussi que nous avons reçu une promesse. Quelle est cette promesse? Il nous a fait la promesse de nous donner la force nécessaire pour accomplir ce travail. Il nous a donné son Saint-Esprit, un Esprit de sagesse et d’intelligence, un Esprit de force, d’amour et de sagesse pour nous rendre capables d’accomplir notre travail (2 Tm 1.7). Il nous a donné son Esprit et sa Parole pour que nous soyons capables d’accomplir notre appel de chrétiens.

Nous n’accomplirons jamais un service parfait sur cette terre, mais nous pouvons compter sur ses promesses. Nous pouvons servir « avec une conscience libre ». Nous pouvons combattre le bon combat de la foi, avec joie. Dans notre travail quotidien, le Seigneur nous donne même la perspective de l’éternité. Après cette vie, « nous régnerons enfin éternellement avec lui sur toutes les créatures » (Q&R 32). Nous avons part à l’onction du Christ; nous aurons également part à sa gloire. « Le vainqueur, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône » (Ap 3.21). Aujourd’hui, si nous portons son nom humblement et avec joie, demain nous récolterons la gloire éternelle avec lui.