Christologie (13) - La christologie de Jean Calvin - Le salut en Christ seul
Christologie (13) - La christologie de Jean Calvin - Le salut en Christ seul
Nous citons encore l’Institution (II.17) de Jean Calvin :
1. « Certains esprits, plus subtils qu’orthodoxes, affirment bien que nous obtenons le salut par Christ, mais ne veulent pas qu’on parle du mérite de Christ, parce que ce serait selon eux obscurcir la grâce de Dieu. Pour eux, Christ a été l’instrument de notre salut, et non son auteur et son chef, ou selon l’expression de Pierre, le Prince de la vie. […] En parlant du mérite du Christ, nous ne disons pas que l’origine du salut est en lui; nous remontons à la décision de Dieu, qui en est la cause puisque c’est la libre grâce de Dieu qui l’a établi Médiateur pour nous sauver. Il est donc arbitraire d’opposer le mérite de Christ à la miséricorde de Dieu. […] Retenons que, puisque le mérite de Christ provient de la seule grâce de Dieu, qui a choisi pour nous cette voie du salut, ce mérite et cette grâce excluent l’un et l’autre l’idée de tout mérite humain. […]
2. Cette interprétation est soutenue par de nombreux passages de l’Écriture, tel que : Dieu a tant aimé le monde qu’il a livré son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas. Nous voyons que l’amour de Dieu est mentionné d’abord, comme la cause première, ou la source du salut, et ensuite la foi en Christ, comme la cause seconde et immédiate. […] Si le Christ a expié nos péchés, s’il a subi le châtiment qui nous était dû, si par son obéissance il a apaisé la colère de son Père, si enfin il a souffert, lui juste, pour les pécheurs, il nous a acquis le salut par sa justice ou, ce qui revient au même, par son mérite. »
L’article du Credo que Calvin expose montre que sa théologie peut se dire christocentrique. Avec Actes 4.12, il montre que notre salut est entièrement en lui. Il met en garde d’en négliger une partie. Suit alors un hymne de louange, un morceau d’une rare éloquence de la piété, à la toute suffisance du Christ :
« Si nous cherchons le salut, le seul nom de Jésus nous enseigne qu’il est en lui. Si nous désirons les dons du Saint-Esprit, nous les trouvons dans son onction. Si nous cherchons la force, elle est dans sa seigneurie. Si nous voulons trouver la bonté, tournons-nous vers sa naissance, par laquelle il a été fait semblable à nous pour apprendre à nous être compatissant. Si nous demandons la rédemption, sa passion nous la donne. Dans sa condamnation, nous avons notre absolution. Si nous voulons échapper à la malédiction, la croix nous procure ce bien. Notre rançon est dans son sacrifice; l’expiation dans son sang; notre réconciliation a été effectuée par sa descente aux enfers. La mortification de notre chair se trouve dans son sépulcre; la nouveauté de vie dans sa résurrection, qui nous donne aussi l’espérance de l’immortalité. Si nous cherchons l’héritage céleste, il nous est assuré par son ascension. Si nous souhaitons aide et réconfort, l’abondance de tous biens, nous les avons en son règne. Si nous désirons attendre le jugement en sécurité, ce bien nous est également acquis, car il est notre Juge. En somme, puisque tous les biens sont réunis en lui, c’est à ce trésor qu’il faut puiser pour être rassasiés, à l’exclusion de toute autre source. »