Cet article sur la question 55 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet l'obligation de vivre la communion des saints. Tous les croyants ont reçu des dons particuliers, avec la responsabilité de les mettre au service des autres dans l'Église, pour l'encouragement et l'édification mutuels.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

L’obligation stimulante de vivre la communion des saints

Qu’entends-tu par la communion des saints?

D’abord, que tous les fidèles en général et chacun en particulier, comme membres du Christ Seigneur1, ont part à toutes ses richesses et à tous ses dons2; ensuite, que chacun doit savoir qu’il est tenu d’employer, de bon cœur et avec joie3, les dons qu’il a reçus4, au bénéfice et au salut des autres membres5.

1. 1 Co 1.9; 1 Co 6.15,17; Hé 3.14; 1 Jn 1.3.
2. Rm 8.32; 1 Co 12.4-13.
3. 1 Co 13.1-7; Ph. 2.4-8.
4. Rm 12.4-8; 1 Co 12.7-13; 1 Pi 4.10-11.
5. 1 Co 12.7,20-27.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 55

  1. Une belle déclaration de foi
  2. Une grande responsabilité
  3. Nos dons sont la propriété de toute l’Église
  4. Des obstacles à la communion
  5. La bonne attitude dans l’emploi de nos dons
  6. Améliorer la communion dans l’Église

1. Une belle déclaration de foi🔗

« Je crois la communion des saints. » Quand nous disons « Je crois », cela veut dire que nous acceptons par la foi tout ce que Dieu nous dit dans sa Parole. Nous n’en avons pas nécessairement la preuve tangible. Cependant, le Seigneur le dit, alors je crois. Je crois au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Cette foi trinitaire correspond aux trois grandes parties du Symbole des apôtres. Dans la troisième partie, sur l’Esprit, nous incluons une déclaration de foi sur les actions du Saint-Esprit. « Je crois la sainte Église universelle, la communion des saints. » Il ne s’agit pas d’une quatrième partie du Symbole qui serait séparée du Saint-Esprit, mais d’une réalité découlant du Saint-Esprit. La communion des saints dans l’Église est l’œuvre du Saint-Esprit. Si je crois au Saint-Esprit, je crois qu’il produit cette communion parmi nous.

Quand nous parlons du Père, du Fils ou de l’Esprit, nous ne nous basons pas sur notre expérience, nous nous basons sur ce que nous dit la Parole et nous y croyons. Mais curieusement, quand nous parlons de l’Église et de la communion des saints, très souvent, nous préférons nous baser sur notre expérience, sur ce que nous vivons de bon ou de malheureux dans l’Église. Pourtant, là encore, nous devrions nous fonder sur ce que la Parole nous dit et y croire, au lieu de nous fier à nos impressions. « Je crois la communion des saints. » Oui, j’y crois parce que la Bible me dit que le Seigneur Jésus, par son Esprit, produit parmi nous cette communion. C’est son œuvre à lui, et nous y avons part. Puisque j’y crois, j’y travaille!

2. Une grande responsabilité🔗

Dans la section précédente, nous avons traité de l’immense privilège de vivre la communion des saints. Cette fois-ci, nous allons considérer la grande responsabilité de vivre cette communion. Puisque le Seigneur nous accorde le privilège de cette communion, alors nous avons la responsabilité d’y travailler. La communion des saints est une réalité belle et délicieuse. « Qu’il est bon pour des frères de demeurer unis ensemble » (Ps 133.1). En même temps, c’est une obligation stimulante qui demande des efforts. « Par amour, soyez serviteurs les uns des autres » (Ga 5.13).

Quelle est cette obligation? En un mot, le Seigneur nous demande de vivre ce que nous sommes déjà. Soyez ce que vous êtes! Puisque nous formons un seul corps, alors vivons comme un corps! La communion des saints est un excellent cadeau du Seigneur, alors nous avons la responsabilité de vivre cette communion. Nous n’avons pas atteint la perfection, loin de là. Il reste encore beaucoup de travail avant d’y parvenir. Nous remercions le Seigneur de mettre parmi nous des marques tangibles d’amour, de joie, de paix, de patience, de bonté, de bienveillance, etc. Mais nous n’avons encore qu’un petit commencement de ce fruit de l’Esprit. Il nous faut prier et travailler à le développer ensemble.

3. Nos dons sont la propriété de toute l’Église🔗

Afin de nous aider à mieux comprendre notre responsabilité, la Bible utilise l’image du corps. « Nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ et nous sommes tous membres les uns des autres. Mais nous avons des dons différents » (Rm 12.5). En 1 Corinthiens 12, Paul explique en détail que l’Église est comme un corps bien coordonné et il nous enseigne que Dieu a disposé le corps de telle manière « que les membres aient également soin les uns des autres » (1 Co 12.25). Nous avons tous part aux mêmes richesses en Jésus-Christ, mais nous avons aussi reçu chacun un don particulier, différent de celui que les autres ont reçu.

Quelles sont les mêmes richesses que nous avons reçues en commun? Nous avons tous en commun son pardon par son sang, l’espérance de la vie éternelle, la présence de son Esprit, etc. Quels sont les dons particuliers qui sont donnés en propre à chacun? La Bible énumère plusieurs dons différents : sagesse, connaissance, foi, guérison, miracles, prophétie, discernement, langues, service, enseignement, exhortation, générosité, présidence (ou direction), miséricorde, etc. Nous avons donc « un fonds commun » et « des comptes personnalisés », pour employer des termes financiers. Nous avons une richesse que nous partageons tous ensemble et nous avons chacun des dons particuliers qui nous sont uniques. Nous avons chacun une spécialité qui nous est propre.

Pouvons-nous dire que nos dons nous appartiennent en propre? Non! Bien entendu, ils sont reçus par chaque croyant de façon personnelle, mais en réalité ces dons spirituels sont la propriété de toute l’Église. Celui qui a reçu le don de miséricorde, par exemple, est celui qui est appelé à l’employer, le développer, le faire fructifier. Cependant, c’est toute l’Église qui devra en profiter. Le Seigneur envoie des dons variés à différentes adresses, nous recevons chacun ces dons à notre adresse personnelle, mais le véritable destinataire qui doit profiter de ces dons, c’est l’Église.

« Il y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de services, mais le même Seigneur; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune » (1 Co 12.7).

Le don que chacun d’entre nous a reçu demeure la propriété de l’Église. C’est la combinaison de tous ces dons mis en action par la puissance de l’Esprit qui permet à la communion des saints de devenir une réalité vécue.

4. Des obstacles à la communion🔗

Qu’est-ce qui peut empêcher que cette communion soit bien vécue? Ne pas employer nos dons au service des autres ou négliger de les développer et d’en faire profiter les autres peut nuire à la communion des saints. Jésus, le Chef de son Église et la Tête du corps, n’enrichit pas de certains dons des individus isolés des autres. Ces individus sont membres d’un corps. C’est le corps tout entier que le Seigneur enrichit en accordant des dons particuliers à chacun des membres de son corps. Nous avons donc la responsabilité d’employer les dons que nous avons reçus « au bénéfice et au salut des autres membres » (Q&R 55), d’une manière qui soit conforme à la Parole de Dieu.

Communion ne veut pas dire « consommation », comme si j’étais un consommateur d’Église. Communion veut dire partage. Je partage ce que j’ai reçu avec les autres. Cela ne veut pas seulement dire que je passe du bon temps avec mes frères et sœurs, comme on entend parfois par « communion fraternelle ». La véritable communion des saints signifie bien plus. Le Seigneur m’a donné un cœur pour que j’aie compassion de mes frères et sœurs. Il m’a donné une intelligence pour que je puisse les aider à réfléchir. Il m’a donné une bouche pour que je puisse parler avec eux pour les réconforter ou les exhorter. Il m’a donné des mains pour que je puisse leur rendre service. Il m’a donné des ressources financières pour aider ceux dans le besoin. Il m’a donné la capacité de discerner pour pouvoir les prévenir du danger ou les conseiller. Il m’a donné la connaissance pour que je puisse la transmettre. Il m’a donné du dynamisme et de l’enthousiasme pour que je puisse donner de l’élan stimulant et de l’encouragement aux autres, etc. « Puisque chacun a reçu un don, mettez-le au service des autres en bons intendants de la grâce si diverse de Dieu » (1 Pi 4.10).

Pourquoi est-ce un péché que de s’isoler ou s’éloigner du reste du corps? D’abord, une telle attitude démontre un refus de se soumettre humblement au joug du Christ. Si nous nous isolons de la communauté chrétienne, cela signifie que nous ne sommes pas prêts à accepter la direction du Seigneur à travers les pasteurs et les anciens qu’il a établis dans son Église. Ensuite, s’éloigner du corps fait preuve d’orgueil à penser que l’on pourrait se passer des autres que Dieu a placés dans l’Église pour le bien de tous. Enfin, s’éloigner du corps, c’est faire preuve d’égoïsme, quelles que soient les raisons qui pourraient motiver un tel choix. En nous éloignant de l’Église, nous privons les autres membres du corps des dons que nous avons reçus. L’unité de l’Église s’en trouve ainsi brisée.

5. La bonne attitude dans l’emploi de nos dons🔗

Nous devrions employer nos dons « de bon cœur et avec joie » (Q&R 55). Le Seigneur nous appelle à employer nos dons avec joie et enthousiasme pour le bien de nos frères et sœurs dans l’Église. Il s’agit bel et bien d’une obligation, mais pas d’un fardeau, du moins il ne faudrait pas que cela soit un fardeau.

Que signifie employer nos dons « de bon cœur et avec joie »? Cela signifie que je vais employer mes dons sans penser à l’avantage personnel que je pourrais en retirer, sans chercher ma gloire, sans chercher à me mettre en valeur ou à acquérir une « position » dans l’Église qui me permettrait d’être bien vu. Je le fais « de bon cœur », sans qu’on ait besoin de toujours me le demander et sans qu’il me soit pénible d’aller aider un frère ou une sœur parce que ma routine s’en trouve bousculée. J’offre simplement mon aide en toute simplicité. Je ne le fais pas seulement avec quelques personnes préférées, mais avec tous mes frères et sœurs dans l’Église. Tous font partie du même corps et tous ont besoin de notre contribution particulière. Je le fais simplement pour le bien de mes frères et sœurs, par amour pour eux, avec l’amour de Jésus-Christ. L’amour de mon Sauveur me stimule à servir. N’oublions pas quel est le don par excellence : l’amour. « Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence » (1 Co 12.31). Cette voie par excellence est présentée dans le fameux chapitre qui suit sur l’amour en 1 Corinthiens 13!

Qu’est-ce qui risque encore de détruire la communion? Le manque d’amour, bien entendu. L’orgueil, l’arrogance, l’égoïsme, l’entêtement, les paroles dures, etc. Nous devrions éliminer tout cela de notre vie en Église. Nous devrions considérer les autres comme étant meilleurs que nous et supérieurs à nous-mêmes. Nous devrions penser au bien de l’autre plutôt que de faire passer notre bien-être en premier (Ph 2.1-8).

6. Améliorer la communion dans l’Église🔗

Le Seigneur nous a mis ensemble pour nous entraider, nous soutenir, nous encourager, et non pour nous décourager, nous nuire, nous accuser mutuellement. Il serait bon de réfléchir sérieusement à cette obligation. Non pas en nous demandant comment les autres dans l’Église devraient la mettre en pratique, mais plutôt en nous demandant comment cela s’applique à chacun d’entre nous. Pour paraphraser une fameuse intervention d’un ancien président américain, ne nous demandons pas : « Comment les autres pourraient-ils ou devraient-ils améliorer la communion dans notre Église? », demandons-nous plutôt : « Qu’est-ce que moi je peux faire et je dois faire pour améliorer notre communion ensemble? » Non pas : « Comment les autres pourraient-ils m’aimer? », mais : « Comment puis-je aimer les autres? »

Si nous sommes honnêtes, nous allons tous trouver des raisons d’avoir honte devant Dieu, moi le premier. Regardons à Jésus-Christ. Recherchons son pardon. Imitons son exemple. Cherchons sa force. « Si quelqu’un sert, que ce soit par la force que Dieu lui accorde, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ » (1 Pi 4.11). L’Église est son œuvre, pas la nôtre. Il nous a mis ensemble pour vivre en communion avec lui et en communion les uns avec les autres. C’est lui qui nourrit et fait grandir cette communion. Si nous sommes unis à lui, dirigés par sa Parole et par son Esprit, nous pourrons vivre et grandir dans l’harmonie et la communion ensemble. Je crois la communion des saints. Oui, j’y crois, car la Parole de Dieu me dit que c’est une réalité bien réelle. Alors, puisque j’y crois, j’y travaille activement. Vivons ce que nous sommes!