Cet article sur la question 80 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet les différences entre la Cène et la messe romaine. La Cène nous annonce un sacrifice unique, la présence corporelle du Christ au ciel et une adoration véritable du Christ dans sa gloire au ciel.

Source: Certitude et réconfort. 6 pages.

Différences entre la sainte cène et la messe romaine

Quelle différence y a-t-il entre la Cène du Seigneur et la messe romaine?

La Cène nous atteste que nous avons l’entière rémission de tous nos péchés par le sacrifice unique de Jésus-Christ, accompli une fois pour toutes sur la croix1, et que par le Saint-Esprit nous sommes incorporés au Christ2 qui est maintenant corporellement au ciel à la droite du Père3 et veut y être adoré4; tandis que la messe enseigne que les vivants et les morts n’ont pas la rémission des péchés par la passion du Christ, à moins que le Christ ne soit encore sacrifié chaque jour pour eux par les prêtres à la messe; et que le Christ est corporellement sous les apparences du pain et du vin et doit, par conséquent, y être adoré. Ainsi la messe n’est au fond rien d’autre qu’une négation du caractère unique du sacrifice et de la passion de Jésus-Christ et une maudite idolâtrie.

1. Mt 26.28; Jn 19.30; Hé 7.27; Hé 9.11-14,25-26; Hé 10.9-18.
2. 1 Co 6.17; 1 Co 10.16-17.
3. Jn 20.17; Ac 7.55-56; Hé 1.3; Hé 8.1.
4. Lc 24.52; Jn 4.21-24; Ph 3.20-21; Col 3.1; 1 Th 1.10.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 80

Nous arrivons à la fameuse question et réponse 80 du Catéchisme. Pourquoi encore un article sur la sainte cène? Pourquoi utiliser un langage aussi dur et tranchant? Vous l’aurez remarqué, cette réponse se termine par un jugement sévère sur la messe romaine. Pourtant, le reste du Catéchisme est écrit sur un ton doux et pastoral. Il est utile de noter que cette réponse ne se trouvait pas dans la première édition du Catéchisme. Elle a été ajoutée dans la seconde édition. Que s’est-il passé entre les deux? Le Concile de Trente (1545-1563) a rendu sa décision. Ce Concile a condamné la doctrine réformée selon laquelle nous sommes sauvés par la foi seule, par le seul sacrifice de Jésus-Christ. La réponse 80 serait-elle alors seulement une réaction de vengeance? Non, car nous n’avons pas affaire ici à une petite différence d’opinions. L’enjeu est très important. Il était nécessaire de bien clarifier les différences entre la sainte cène et la messe romaine. Il fallait présenter au peuple de Dieu une mise en garde sans ambiguïté.

La situation aujourd’hui a-t-elle changé? Devrions-nous enlever ou atténuer cet article? Certains voudraient le faire, non par souci de vérité, mais uniquement pour tenter un rapprochement ou une « détente » avec les catholiques romains. C’est peut-être une intention louable, mais sans bien réaliser le fossé profond qui nous sépare de l’Église de Rome et de la messe romaine. La doctrine officielle de l’Église de Rome n’a pourtant pas changé depuis le temps de la Réforme. La réponse 80 est toujours d’actualité! Nous avons toujours besoin de la même mise en garde.

Il faut toutefois comprendre que cette réponse n’est pas là simplement pour attaquer les autres ou par vengeance. Elle est là pour la gloire de Dieu, pour notre bien et pour faire preuve d’amour envers notre prochain. « Quelle est ton unique assurance dans la vie comme dans la mort? » (Q&R 1). Telle est la première question du Catéchisme qui donne le ton à l’ensemble. Ce que nous confessons ici nous aidera à vivre et à grandir dans cette unique assurance. Quelles sont donc les différences entre la sainte cène et la messe romaine? Nous comptons trois différences fondamentales. En les expliquant, nous découvrirons de grandes richesses positives pour notre vie.

1. Un sacrifice unique🔗

Considérons une première différence.

« La Cène nous atteste que nous avons l’entière rémission de tous nos péchés par le sacrifice unique de Jésus-Christ, accompli une fois pour toutes sur la croix […] tandis que la messe enseigne que les vivants et les morts n’ont pas la rémission des péchés par la passion du Christ, à moins que le Christ ne soit encore sacrifié chaque jour pour eux par les prêtres à la messe » (Q&R 80).

Cette première différence est fondamentale. Il faut choisir entre un sacrifice unique et complet qui nous procure le pardon complet de tous nos péchés, ou bien un sacrifice qui doit être répété chaque jour, sans quoi notre pardon n’est jamais garanti.

Pourquoi soutenir l’idée d’un sacrifice répété, réactualisé ou « rendu présent »? Cette doctrine met l’accent sur nous. Le Christ est mort sur la croix, bien entendu, mais il faudrait également que le prêtre offre à nouveau Jésus en sacrifice pour que nos péchés soient payés. Le Catéchisme de l’Église catholique romaine de 1992 dit ceci au paragraphe 1545 :

« Le sacrifice rédempteur du Christ est unique, accompli une fois pour toutes. Et pourtant, il est rendu présent dans le sacrifice eucharistique de l’Église. Il en est de même de l’unique sacerdoce du Christ : il est rendu présent par le sacerdoce ministériel sans que soit diminuée l’unicité du sacerdoce du Christ : Aussi le Christ est-il le seul vrai prêtre, les autres n’étant que ses ministres. »

Cette formulation contient une contradiction en voulant tenir ensemble le fait que le sacrifice du Christ a été accompli une fois pour toutes et qu’en même temps (« et pourtant… ») il doit être rendu présent dans le sacrifice eucharistique de l’Église. Il n’y a qu’un sacrifice, offert une seule fois à la croix, mais il y aurait aussi le sacrifice offert à répétition sur l’autel lors de la messe. Il n’y a qu’un seul vrai prêtre et un sacrifice unique, mais les autres prêtres seraient nécessaires et l’offrande qu’ils présentent sur l’autel serait prétendument requise pour rendre le sacrifice du Christ accessible aux fidèles. Le seul sacrifice de Jésus-Christ une fois pour toutes sur la croix ne serait pas suffisant; la contribution humaine serait également nécessaire. Le prêtre doit à nouveau présenter le sacrifice de la messe, autrement, l’œuvre de Jésus-Christ à la croix ne nous serait d’aucune utilité. Comment devenir juste devant Dieu? Il faut Jésus-Christ plus quelque chose, Jésus-Christ plus une contribution humaine supplémentaire. Voilà l’enseignement officiel de l’Église catholique romaine, le salut par la grâce plus nos bonnes œuvres méritoires.

La Bible est cependant très claire. Nous ne pouvons apporter aucune contribution à notre salut.

« Il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang. C’est ainsi qu’il nous a obtenu une rédemption éternelle » (Hé 9.12).

Remarquez le temps du verbe : « Il nous a obtenu une rédemption éternelle. » Cette action est passée, terminée, accomplie définitivement.

« Il n’y est pas entré afin de s’offrir plusieurs fois, comme le souverain sacrificateur entre chaque année dans le sanctuaire avec du sang étranger; car alors, le Christ aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde. Mais maintenant, à la fin des siècles, il a paru une seule fois pour abolir le péché par son sacrifice » (Hé 9.25).

Un seul sacrifice parfait et complet, non répété, offert une seule fois il y a 2000 ans, a produit un résultat décisif : il a aboli le péché!

L’épître aux Hébreux est tellement pleine de lumière et de clarté! Pourquoi offrir le Seigneur Jésus en sacrifice encore aujourd’hui? C’est complètement inutile et pire encore, c’est « une négation du caractère unique du sacrifice et de la passion de Jésus-Christ » (Q&R 80). Quels sont en retour les bons fruits de la doctrine de la sainte cène? Tout d’abord, toute la gloire est rendue à Dieu seul et à l’unique sacrifice de son Fils, ensuite nous recevons à la table du Seigneur une pleine assurance du pardon de nos péchés. Quelle joie et quelle consolation!

2. Une présence corporelle au ciel🔗

Considérons maintenant une deuxième différence entre la sainte cène et la messe romaine.

« La Cène nous atteste […] que par le Saint-Esprit nous sommes incorporés au Christ qui est maintenant corporellement au ciel à la droite du Père […] tandis que la messe enseigne […] que le Christ est corporellement sous les apparences du pain et du vin » (Q&R 80).

Voilà une autre différence absolument fondamentale! Jésus-Christ est-il au ciel ou bien sur l’autel en face de nous? Où son corps se trouve-t-il?

L’épître aux Hébreux répond encore admirablement à cette question. « Ce Fils […] après avoir accompli la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très-hauts » (Hé 1.3). Remarquez bien la séquence présentée dans ce passage : « après avoir accompli la purification des péchés » (c’est complété une fois pour toutes par son sacrifice unique offert sur la croix), « il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très-hauts », où il siège encore aujourd’hui. Notre Catéchisme n’invente rien. Il s’enracine dans la révélation biblique! C’est précisément parce que le Christ nous a obtenu une rédemption éternelle qu’il est entré dans le lieu très saint, une fois pour toutes. Son Père l’a accueilli à bras grands ouverts parce que son sacrifice était complet, parfaitement acceptable aux yeux du Dieu trois fois saint.

En Jean 14.2-3, Jésus nous dit qu’il est allé auprès du Père nous préparer une place, et que lorsqu’il reviendra corporellement, ce sera pour nous prendre avec lui pour l’éternité. Il n’a jamais promis de revenir nous visiter corporellement avant cela. Il est occupé aujourd’hui à prier et à intercéder pour nous « auprès du Père » (1 Jn 2.1).

« Nous avons un souverain sacrificateur qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux; il est ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, dressé par le Seigneur et non par un homme » (Hé 8.1).

Comment notre Sauveur pourrait-il accepter de redescendre et de s’humilier encore chaque jour? Pourquoi aurait-il besoin d’entrer dans un tabernacle fait par la main des hommes? Il est certain que jamais il ne redescendra de sa position suprême avant son retour en gloire. Quand il reviendra corporellement, ce sera pour parachever son règne, rassembler ses élus dans son Royaume et être admiré par tous dans toute sa gloire.

3. Une adoration véritable🔗

La troisième grande différence entre la cène et la messe découle des deux premières. La cène nous enseigne que le Seigneur Jésus est à la droite du Père et qu’il « veut y être adoré », tandis que, d’après la doctrine de la messe, le Seigneur devrait être adoré sous les apparences du pain et du vin. Le Catéchisme de l’Église catholique romaine dit ceci au paragraphe 1378 :

« Dans la liturgie de la messe, nous exprimons notre foi en la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin, entre autres, en fléchissant les genoux, ou en nous inclinant profondément en signe d’adoration du Seigneur. L’Église catholique a rendu et continue de rendre ce culte d’adoration qui est dû au sacrement de l’Eucharistie non seulement durant la messe, mais aussi en dehors de sa célébration : en conservant avec le plus grand soin les hosties consacrées, en les présentant aux fidèles pour qu’ils les vénèrent avec solennité, en les portant en procession. »

Mais où Jésus-Christ a-t-il donc commandé d’adorer le pain et le vin, de les conserver soigneusement et de les porter en procession? Les seuls commandements qu’il a donnés sont les suivants : « Prenez et mangez []. Buvez-en tous » (Mt 26.26-27). « Faites ceci en mémoire de moi » (Lc 22.19; 1 Co 11.24-25).

Puisque nous avons l’entière rémission de tous nos péchés par son sacrifice unique et puisque le corps glorifié du Christ est aujourd’hui au ciel, à la droite du Père, et non pas sur l’autel, nous pouvons et devons l’adorer en esprit et en vérité (Jn 4.21-23). Nous avons la joie et la liberté de l’adorer, lui, notre parfait Sauveur et notre unique Médiateur. Nous avons aussi le devoir de l’adorer correctement. La doctrine de la cène touche à un aspect essentiel de notre vie : l’adoration! Nous n’adorons pas le pain et le vin, c’est une idolâtrie! Comment pourrions-nous incliner nos têtes devant le prêtre et aller « communier » à la messe en bonne conscience? Nous n’adorons pas l’hostie ni la coupe, ni un Jésus descendu du ciel et fabriqué sur l’autel par le prêtre. Nous adorons Jésus-Christ assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très-hauts. « Mais celui qui a été fait pour un peu de temps inférieur aux anges, Jésus, nous le contemplons, couronné de gloire et d’honneur » (Hé 2.9).

Où le contemplons-nous couronné de gloire et d’honneur? Sur l’autel de la messe avec nos yeux? Sous les apparences du pain et du vin? Quelle humiliation et quel déshonneur pour le Seigneur Jésus! Devoir apparaître sous une forme aussi rabaissée qu’une croûte de pain et une gorgée de vin! Avoir besoin d’être offert en sacrifice de nouveau chaque jour! Non, il s’est abaissé « pour un peu de temps », quand il est venu sur terre et qu’il est mort sur la croix. Une fois suffit! Son temps d’humiliation est maintenant terminé. Après ses souffrances et sa mort infâme, il est ressuscité victorieux. Après sa résurrection, il a été élevé dans la gloire. Il avait d’ailleurs prié son Père en lui demandant expressément ceci pour lui-même : « Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que le monde fût » (Jn 17.5). Son Père l’a exaucé en l’élevant à sa droite et en l’intronisant dans son règne. Ni le Fils ni le Père n’accepteront que Jésus-Christ soit de nouveau humilié en quittant sa position glorieuse. C’est là, dans la gloire céleste, qu’il demeure jusqu’à son retour en gloire. C’est là que nous le contemplons, avec les yeux de la foi, couronné de gloire et d’honneur! Nous l’adorons, non par la vue, mais par la foi!

Sur quoi portons-nous notre attention quand nous participons à la table du Seigneur? Nos yeux regardent le pain et le vin. C’est normal, notre Seigneur nous a donné ces éléments comme signes visibles et gages de son amour. Nous prenons le pain et la coupe dans nos mains, nous mangeons et buvons avec notre bouche. Mais notre cœur, vers où se tourne-t-il? Vers le ciel! C’est là que notre Seigneur se trouve et c’est là qu’il veut être adoré.

En résumé, la question et réponse 80 du Catéchisme est très riche. Cette confession est un témoignage de l’Évangile de la grâce! En même temps, elle contient une mise en garde sérieuse contre un faux évangile et un faux christianisme. Nous confessons le parfait sacrifice de Jésus-Christ accompli pour nous une fois pour toutes. À la table du Seigneur, nous recevons l’assurance que nous sommes entièrement libérés de nos péchés. Nous confessons en même temps la position glorieuse que Jésus-Christ glorifié occupe aujourd’hui. Nos cœurs sont alors conduits à adorer notre Seigneur en esprit et en vérité. Levons donc les yeux vers le ciel avec joie et reconnaissance! Adorons et admirons notre merveilleux Sauveur couronné de gloire et d’honneur!