Cet article a pour sujet les guérisons opérées par Jésus qui sont des miracles attestant sa divinité et son autorité et démontrant sa compassion envers les malades et les malheureux, et sa victoire sur le mal et sur Satan.

Source: La vie de Jésus. 4 pages.

Les guérisons opérées par Jésus

Parmi tous les miracles rapportés par le quadruple Évangile, nous tenons à accorder une place à part aux guérisons opérées par Jésus. Le ministère de guérison fait partie intégrante de son œuvre, c’est un élément essentiel de sa vocation et de sa mission.

Cette fonction de guérison, qui accompagne le ministère d’enseignement et de prédication de Jésus, est d’une importance capitale et non un « à côté » que l’on pourrait facilement négliger. Les guérisons miraculeuses ne sont pas des actes, des gestes occasionnels de compassion, mais l’expression de la conviction de Jésus qu’il était venu dans le monde pour sauver l’homme du péché dans ses aspects les plus avilissants, aussi bien spirituels que physiques, afin de présenter à Dieu, son Père, des hommes intégrés. Il n’est pas besoin d’insister, une fois de plus, sur l’unité du corps et de l’âme dans la personne humaine. Le Christ s’est présenté comme le grand Médecin. En envoyant ses disciples vers le monde, il leur confie un double apostolat : celui de la prédication et celui de la guérison (Mc 3.15; Lc 10.9).

Toute tentative de ne retenir de Jésus que son aspect de rabbi célèbre, de prédicateur exceptionnel, de vouloir reconstruire un Évangile sans les actes puissants de guérison et de tout ce qui est miraculeux serait une tentative vouée à l’échec. Certains se seraient volontiers contentés d’un Jésus uniquement enseignant. Mais une chose est certaine : si, en éliminant l’élément surnaturel de la vie et du ministère de Jésus on peut encore en conserver des choses valables, on ne rencontrera sûrement pas le Christ des Évangiles.

« Jésus eut compassion. » Voici clairement le motif des miracles de guérison qu’il accomplit. Essayons de les interpréter. Pourquoi et comment? Deux questions qui nous confrontent, l’une concernant le motif, l’autre la méthode. Pourquoi Jésus s’est-il consacré à guérir les malades? Comment s’y est-il pris?

Disons pour commencer que Jésus a accompli tout d’abord des miracles pour prouver sa divinité et pour renforcer l’autorité de son enseignement. Les actes dramatiques appelés miracles furent le moyen pour atteindre ce but; les lettres de créance pour prouver ses droits; le témoignage rendu à sa divinité; le moyen d’authentifier sa personne et de révéler son identité. Ils devaient aider à croire en lui.

Ceci n’explique pas tout. Nul besoin de démontrer, le lecteur le plus candide l’aura découvert par lui-même, que Jésus a fui systématiquement toute publicité faite autour de sa personne. Il ordonnera à plusieurs reprises à ceux qu’il avait guéris de ne pas divulguer la chose, mais d’en garder le secret (Mt 8.4; Mc 8.26; Lc 8.26). Pourquoi était-il attaché à ce secret et déterminé à ne pas faire de ces miracles un témoignage public rendu à sa personne? Parce que l’idée de s’adresser aux hommes au moyen de miracles et de les enthousiasmer à l’aide d’actes dramatiques paraît étrangère à sa nature. Dans le désert de la tentation, il y avait renoncé une fois pour toutes. S’il devait gagner des hommes à lui, ce ne serait jamais à travers des actes extraordinaires, mais à cause de la sainteté de sa vie, de son amour sacrificiel et de sa personne offerte comme rançon. Le ministère de guérison ne fut jamais exercé en vue d’en tirer gloire, mais pour servir de révélateur et annoncer « le Royaume qui vient et qui est déjà au milieu de vous ».

Le motif exclusif du miracle de guérison n’a donc pas été d’exalter sa propre personne. De toute manière, un tel motif aurait rencontré l’échec, car les miracles en soi ne créent pas la foi. Nous l’avons déjà vu1. En tout cas, certainement pas celle qui sauve… Et Jésus s’en était bien rendu compte. « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts » (Lc 16.31). Déclaration qui se vérifia même lors de sa propre résurrection. Ce n’est pas ainsi que vient la conviction chrétienne. Commencer les miracles pour remonter ensuite vers le Christ est un mauvais point de départ. Parce que les premiers disciples avaient cru en lui, ils crurent aussi aux miracles. Les œuvres puissantes du Christ avaient un autre motif : la compassion de Jésus pour tous les malheureux. Lorsque Jésus mettait ses mains sur les plaies d’un lépreux, il ne voulait produire aucun effet sur le public : il voulait simplement la guérison du malheureux parce qu’il avait compassion de lui.

Jésus porte dans son sein « les agneaux » qu’il est venu chercher et sauver parce qu’il les a aimés, parce que son cœur est plein de compassion. Une telle compassion ne fut pas bon marché. Le mot, un composé du latin, est l’équivalent de notre sympathie (en grec). Jésus a souffert avec les malheureux, avec l’épileptique, avec le père anxieux, la mère en deuil… Son identification fut tellement totale avec ses frères et sœurs que chacune de leurs blessures devint sa propre blessure, chacune de leurs peines sa peine, parce qu’il ressentait cruellement chacune de leurs souffrances. Dans certains milieux chrétiens (romains), on parle des cinq plaies de Jésus. Cinq seulement? Mille, mille fois mille… Matthieu l’évangéliste rapporte les paroles du prophète Ésaïe : « Afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par Ésaïe le prophète : Il a pris nos langueurs et s’est chargé de nos maladies » (Mt 8.17; És 53.4). Sa compassion qui nous guérit fut une longue agonie pour le Sauveur…

Considérons encore un autre motif pour les actes miraculeux de Jésus. Selon l’Évangile, il a toujours considéré le mal comme une intrusion illégitime dans le monde de Dieu, car il ne faisait pas partie de son plan initial. Le mal n’est pas natif du Royaume de Dieu, mais un étranger indésirable. Aussi, partout où il le rencontra, il le détruisit.

Cet aspect des choses n’a pas été assez adéquatement expliqué. Il n’y avait pas de la fausse résignation chez Jésus. Jamais un être humain plongé dans la souffrance et s’approchant de lui ne s’en retourna avec des paroles telles que : « Je regrette, mon ami, mais je ne peux rien pour toi, car Dieu veut que tu souffres… » Jésus ne se résigna pas devant la lèpre; il la combattit. Il ne se décida pas à accepter la mort d’une adolescente ni de celle du fils unique d’une pauvre veuve. Devant les côtés sombres de la vie, Jésus agit et réagit. Jésus ne peut pas nous servir de modèle pour accepter le mal stoïquement, comme une fatalité, car il fut toujours un combattant, le Combattant.

Il est intéressant de noter que les miracles de guérison de Jésus, comme ceux de ses disciples, servirent à démontrer qu’une lutte gigantesque s’était engagée contre les forces de Satan. À l’époque, les maladies étaient attribuées à l’activité fébrile des démons, non seulement les véritables possessions, mais encore toutes les maladies, des plus grandes aux plus petites. Le monde invisible, infernal, était responsable de ces influences malignes, des émissaires du Malin agissant sans répit pour estropier, déformer, enchaîner et rendre malheureux hommes, femmes et enfants. Là où un miracle de guérison était accompli, il arrivait qu’un esprit mauvais était expulsé et écrasé, le prince de ce monde était vaincu (Lc 10.17-18; 11.20). Le miracle a prouvé le pouvoir de Dieu en Jésus et la perfection morale de celui-ci. Les œuvres puissantes du Christ, on ne saurait assez y insister, n’étaient en aucune façon des actes magiques, mais des actes moraux.

Nous sommes enclins à discuter nous-mêmes de ce qui est possible ou non dans le monde présent. Pourrions-nous prétendre, nous autres créatures limitées par le péché, comprendre parfaitement ce qui est réellement possible à Dieu? Le fait est qu’une personne sans péché apparut parmi les hommes en Jésus de Nazareth, et les miracles furent l’expression normale de sa personnalité, dont l’instance suprême fut la résurrection.

Un autre facteur intervient encore dans le ministère des miracles : la foi en Dieu (Mt 17.20). Le Christ se pencha sur un cas désespéré et, en un instant, la guérison fut opérée. Les disciples avaient cherché à l’accomplir avant lui, mais sans succès, à cause de leur foi craintive et hésitante dans le pouvoir de Dieu. Le Christ, lui, était absolument confiant (Mt 21.22). Sa vie entière fut une longue application de ce principe.

Jésus s’entretenait longuement avec ses interlocuteurs avant d’accomplir un geste (Mc 7.33), afin d’engendrer la foi et de cristalliser l’espérance en lui. Alors venait la guérison, mais pas avant. Jésus attendait que les hommes osent s’adresser à lui, certains qu’ils rencontreraient la réponse essentielle à leur question (Mc 10.46-52).

En Christ, le pouvoir de Dieu s’est exprimé sur terre de manière ordinaire, mais aussi miraculeuse, à travers l’Esprit de Dieu vivant et actif. L’histoire de Jésus faisant le bien partout est celle d’une puissance incommensurable comblant des besoins précis. C’est l’amour éternel du ciel rencontrant les tragédies terrestres. Ce qui s’accomplit sur ce champ de combat est ce qui devait s’y accomplir. L’amour et la vie remportèrent une victoire décisive. L’œuvre de miracles de Jésus est l’œuvre même du Dieu éternel et tout-puissant2.

Notes

1. Voir mon article Le miracle comme signe.

2. On trouvera plusieurs exemples de ce ministère de guérison dans ma série d’articles intitulée Les miracles de Jésus.