La pornographie devrait être interdite en raison de son lien indéniable avec la violence sexuelle
La pornographie devrait être interdite en raison de son lien indéniable avec la violence sexuelle
Il y a dix ans, la question de savoir si la pornographie contribuait de manière significative aux violences sexuelles faisait l’objet d’un vif débat public. J’ai débattu du sujet à la radio publique et j’ai fait des présentations sur les campus pour expliquer comment la pornographie alimentait la culture du viol. Chaque fois, je me suis heurté à de nombreuses réticences. Prétendre que la consommation de pornographie façonne le comportement sexuel, m’a-t-on dit — y compris de la part de « professeurs de pornographie » tels que le Dr David Ley, défenseur de la pornographie, utilisateur et auteur — constituait une vision paranoïaque dérivée des fulminations de la droite religieuse des années 1980.
Aujourd’hui, le consensus public a changé1. Même les hommes politiques de gauche discutent rarement du fait que l’omniprésence de la pornographie numérique a brûlé comme de l’acide notre contexte sexuel collectif. Le débat ne porte plus sur la question de savoir si la pornographie cause du tort à notre société, mais sur celle de savoir comment traiter au mieux ce problème. Certains, comme le vice-président J.D. Vance, ont lancé l’idée d’interdire la pornographie; des pays comme le Népal ont déjà pris cette mesure. D’autres, comme le procureur général français, ont suggéré de poursuivre les pornographes. La plupart des hommes politiques semblent penser qu’une certaine forme de vérification de l’âge constitue la meilleure option, les pays de l’Union européenne et les États américains ayant adopté cette approche.
Plus récemment, la députée travailliste britannique Tonia Antoniazzi a de nouveau appelé le gouvernement à se concentrer sur la contribution de la pornographie à la violence sexuelle2. Elle a noté que « de nombreuses preuves » existent démontrant que « la consommation de pornographie alimente la violence sexuelle » et avertissant que la pornographie déforme la vision qu’ont les consommateurs d’un comportement sexuel sain et « sert à déshumaniser les femmes et à les réduire à l’état d’objet sexuel ». Mme Antoniazzi a ensuite demandé aux ministres du gouvernement de « mettre un frein aux activités illégales des sites pornographiques ». Notez bien : Ce n’est pas un politicien conservateur qui a proposé cela, mais une députée travailliste.
Les études se succèdent et confirment le lien entre la pornographie et les agressions sexuelles. Une étude publiée en 2019 dans les Archives of Sexual Behavior [Archives du comportement sexuel] et intitulée « Association entre l’exposition à la pornographie violente et la violence dans les relations amoureuses chez les élèves de 10e année3 » révèle que les adolescents exposés à la pornographie violente — ce qui concerne la grande majorité d’entre eux — font deux à trois fois plus souvent des victimes parmi les filles, principalement sous la forme d’une agression sexuelle.
Une étude publiée en 2008 dans NeuroImage a démontré que, lorsque les hommes sont excités par la pornographie, les neurones miroirs du cerveau s’activent, ce qui signifie ceci :
« Le cerveau imagine naturellement le spectateur de pornographie dans la scène. L’homme ne réagit pas simplement à une femme nue. Son cerveau reproduit la scène pornographique dans laquelle le spectateur devient le personnage principal, ce qui accroît l’excitation.4 »
La normalisation de la violence sexuelle découle, à l’échelle de la culture, du fait que les hommes et les garçons s’imaginent commettre des agressions dans des millions et des millions de scènes pornographiques. Considérons les faits suivants :
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Une étude britannique a révélé que 44 % des garçons âgés de 11 à 16 ans qui ont regardé de la pornographie ont déclaré que la pornographie leur donnait des idées d’actes sexuels qu’ils voulaient essayer5.
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Une étude de 2016 a révélé que 53 % des garçons âgés de 11 à 16 ans et 39 % des filles du même âge ont déclaré qu’ils pensaient que la pornographie présentait une image réaliste de la sexualité6.
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Une étude réalisée en 2021 a révélé qu’une vidéo pornographique sur huit présentée aux nouveaux utilisateurs sur les pages d’accueil des sites pornographiques contient des actes de violence sexuelle7.
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Une étude réalisée en 2021 a révélé que 24,5 % des jeunes adultes ont cité la pornographie comme la ressource la plus utile pour apprendre à avoir des relations sexuelles8.
Les filles et les femmes envisagent désormais les rencontres et les relations sur toile de fond façonnée par la pornographie9. La violence sexuelle est devenue la norme dans tout l’Occident, non seulement pour les adultes qui copient la pornographie numérique et les divertissements sexuels, tel que Fifty Shades of Grey [Cinquante nuances de Grey], mais aussi pour les mineurs et les enfants. La vérité, c’est que, maintenant, la majorité des violences sexuelles commises dans notre société font simplement partie de la manière dont les hommes et les femmes, les garçons et les filles se traitent les uns les autres. Une grande partie de ce comportement se déroule dans la zone grise de plus en plus large entre le consentement, le crime et la coercition.
Tonia Antoniazzi a raison de tirer la sonnette d’alarme. J’irais même plus loin en me faisant l’écho de ceux qui reconnaissent la nécessité d’une action radicale : interdire la pornographie devient urgent.
Notes
1. N.D.T. : Voir d’autres articles de Jonathon Van Maren sur les effets destructeurs de la pornographie :
- La pornographie empoisonne : Nous devrions l’interdire
- Ce que les filles disent de la culture pornographique dans laquelle elles sont forcées de grandir
- Pourquoi les femmes ont-elles peur des rencontres?
- La culture pornographique prend nos filles à la gorge
- La pornographie violente incite-t-elle les filles à s’identifier comme transgenres?
- Une nouvelle étude établit un lien entre la consommation de pornographie et la dépression et la détresse psychologique
2. « “Porn is fuelling sexual violence against women”, MP warns » [« La pornographie alimente la violence sexuelle à l’encontre des femmes », avertit un député], The Christian Institute, 1er août 2024.
3. Whitney L. Rostad et coll., « The Association Between Exposure to Violent Pornography and Teen Dating Violence in Grade 10 High School Students » [Association entre l’exposition à la pornographie violente et la violence dans les relations amoureuses chez les élèves de 10e année], Archives of Sexual Behavior, vol. 48, p. 2137-2147, 15 juillet 2019.
4. Matt Fradd, The Porn Myth: Exposing the Reality Behind the Fantasy of graphy [Le mythe de la pornographie : Dénoncer la réalité derrière le fantasme de la graphie], Ignatius Press, 15 mars 2017, p. 194.
5. E. Martellozzo, A. Monaghan, J.R. Adler, J. Davidson, R. Leyva, et M.A.H. Horvath, M.A.H. (2016). « I wasn’t sure it was normal to watch it ». A quantitative and qualitative examination of the impact of online pornography on the values, attitudes, beliefs and behaviours of children and young people [« Je n’étais pas sûr qu’il était normal de regarder ça. » Un examen quantitatif et qualitatif de l’impact de la pornographie en ligne sur les valeurs, les attitudes, les croyances et les comportements des enfants et des jeunes]. Children’s Commissioner Promoting and Protecting Children’s Right. London, Middlesex University, NSPCC, 2016, révisé en mai 2017.
6. E. Martellozzo, A. Monaghan, J.R. Adler, J. Davidson, R. Leyva, et M.A.H. Horvath, M.A.H. (2016). « I wasn’t sure it was normal to watch it ». A quantitative and qualitative examination of the impact of online pornography on the values, attitudes, beliefs and behaviours of children and young people [« Je n’étais pas sûr qu’il était normal de regarder ça. » Un examen quantitatif et qualitatif de l’impact de la pornographie en ligne sur les valeurs, les attitudes, les croyances et les comportements des enfants et des jeunes]. Children’s Commissioner Promoting and Protecting Children’s Right. London, Middlesex University, NSPCC, 2016, révisé en mai 2017.
7. F. Vera-Gray, C. McGlynn, I. Kureshi et K. Butterby, « Sexual violence as a sexual script in mainstream online pornography » [La violence sexuelle en tant que scénario sexuel dans la pornographie en ligne grand public], The British Journal of Criminology. vol. 61, no 5, septembre 2021, p. 1243–1260.
8. E.F. Rothman, J.J. Beckmeyer, D. Herbenick, T.C. Fu, B. Dodge, et J.D. Fortenberry, « The Prevalence of Using Pornography for Information About How to Have Sex: Findings from a Nationally Representative Survey of U.S. Adolescents and Young Adults » [La prévalence de l’utilisation de la pornographie pour obtenir des informations sur la manière d’avoir des rapports sexuels : Résultats d’une enquête nationale représentative auprès des adolescents et des jeunes adultes américains], Archives of Sexual Behavior, vol. 50, no 2, 4 janvier 2021, p. 629–646
9. N.D.T. : Voir aussi de Jonathon Van Maren, Pourquoi les femmes ont-elles peur des rencontres?
