Cet article sur la question 66 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la signification des sacrements qui sont des signes et sceaux des promesses de l'Évangile qui sont importants pour fortifier notre foi.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

La signification et l’importance des sacrements

Qu’est-ce qu’un sacrement?

C’est un signe visible et saint et un sceau institués par Dieu, qui s’en sert pour nous faire mieux comprendre la promesse de l’Évangile et la sceller en nous1. La promesse est celle-ci : il nous donne par grâce le pardon des péchés et la vie éternelle à cause du sacrifice unique du Christ accompli sur la croix2.

1. Gn 17.11-12; Dt 30.6; Rm 4.11.
2. Mt 26.27-28; Ac 2.38; Hé 10.10.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 66

 

 

Nous sommes dans l’atelier du Saint-Esprit. C’est lui, l’Esprit de Dieu, qui fait naître en nous la foi en Jésus-Christ. Il est le grand forgeron. L’Esprit Saint utilise habituellement des outils bien précis qu’il a lui-même choisis pour faire son œuvre dans nos cœurs. Quels sont les deux principaux outils qu’il utilise? La Parole et les sacrements. Ces outils sont bien adaptés au résultat qu’il veut produire dans nos vies.

Nous avons déjà vu l’outil de la Parole. Notre Catéchisme, comme d’ailleurs toutes les confessions de foi de la Réforme, contient une longue section sur les sacrements. Cela n’est pas surprenant, puisqu’au temps de la Réforme les sacrements constituaient un important sujet de débat où les principaux éléments de la foi chrétienne étaient en jeu — comme c’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui. D’une part, il fallait répondre au « sacramentalisme » catholique romain. D’autre part, il fallait répondre aux anabaptistes qui rejetaient le baptême des enfants et rebaptisaient ceux qui avaient déjà été baptisés dans leur enfance.

Nous aborderons dans des articles subséquents chacun des deux sacrements pour eux-mêmes, mais considérons d’abord les sacrements de façon générale.

1. Quelle est la signification des sacrements?🔗

Nous confessons qu’un sacrement « est un signe visible et saint et un sceau institués par Dieu » (Q&R 66). Un signe et un sceau. D’où vient cette expression? A-t-elle été inventée par les réformateurs? Non, car elle vient directement de la Bible. L’apôtre Paul nous dit qu’Abraham « reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi, quand il était incirconcis » (Rm 4.11).

a. Un signe🔗

Les sacrements sont d’abord un signe. Les sacrements ont pour but d’être vus. Un sacrement représente sous une forme simple et évidente ce que nous avons en Christ. Dans les sacrements, le Seigneur présente visiblement, devant nos yeux, ce que nous entendons dans la prédication. Les sacrements ne nous apportent aucune nouvelle révélation, ils nous présentent et nous confirment ce qui a déjà été dit dans la Parole. Les sacrements s’appuient toujours sur la prédication; sans la prédication, ils perdent leur signification.

Dans l’atelier d’un menuisier, il est possible d’utiliser un marteau sans nécessairement avoir besoin d’un tournevis. Cependant, dans l’atelier du Seigneur, on ne peut pas utiliser les sacrements sans la Parole; tout comme le menuisier ne peut utiliser un clou seul, sans marteau, s’il veut que le clou soit efficace. La Parole peut être utilisée seule pour faire comprendre l’Évangile — c’est la partie « audio » de l’atelier —, mais la partie « visuelle » ne fonctionne pas seule. L’écoute est combinée à la vue. Les signes visibles des sacrements sans l’explication de la Parole demeurent incompréhensibles. Le Saint-Esprit travaille en « audiovisuel ». Voilà pourquoi les sacrements devraient être administrés seulement dans un culte où la Parole est également prêchée.

Le baptême et la cène sont des images, comme les images que nous retrouvons à côté du texte dans un livre illustré. Les images sont intéressantes, elles « nous parlent », elles nous rejoignent, elles touchent nos sens. Toutefois, pour comprendre l’histoire, il faut absolument lire le texte, sans quoi les images seules ne nous disent pas grand-chose. Les sacrements sont une illustration de l’Évangile. Tout comme l’eau lave les saletés de notre corps, de même le sang du Christ lave les saletés de notre âme. Tout comme le pain et le vin nourrissent et désaltèrent notre corps, de même le corps et le sang de Jésus sacrifié pour nos péchés nourrissent et désaltèrent notre âme. Les sacrements sont des images de l’Évangile, des représentations visibles d’une réalité intérieure que le Seigneur a promis de produire en nous par son Esprit.

b. Un sceau🔗

Les sacrements sont toutefois plus qu’un signe. Ils sont également un sceau. Qu’est-ce qu’un sceau? Un sceau confère à un acte ou à un document une authentification officielle, une garantie certaine, de sorte que notre confiance peut reposer sur un fondement solide. Le signe représente visiblement l’Évangile. Mais comment puis-je savoir que la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ est vraie pour moi? Dieu ne veut pas que nous doutions. Quand il me donne personnellement le sacrement du baptême, le Saint-Esprit place sur moi de l’eau pour que je ne doute pas que mes péchés sont lavés par le sang de Jésus. « Sois baptisé et lavé de tes péchés, en invoquant son nom » (Ac 22.16). Dieu ne veut pas que nous doutions. Quand le pain du repas du Seigneur m’est donné personnellement et que le vin m’est donné par le pasteur ou les anciens, le Saint-Esprit me donne le pain et le vin pour que je ne doute pas que Jésus est mort pour moi. « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est répandu pour vous » (Lc 22.20).

C’est ainsi que nous confessons avec joie :

« Qu’est-ce qu’un sacrement? C’est un signe visible et saint et un sceau institués par Dieu, qui s’en sert pour nous faire mieux comprendre la promesse de l’Évangile et la sceller en nous » (Q&R 66).

Les sacrements ne sont pas là seulement pour mieux nous faire comprendre la promesse de l’Évangile, mais aussi pour sceller cette promesse en nous.

2. Quelle est l’importance des sacrements?🔗

Puisque les sacrements ont été institués par notre Seigneur Jésus-Christ, ils sont d’une grande importance. Nous ne devons pas les négliger! En même temps, il ne faut pas non plus les surestimer. Quel serait le problème d’accorder trop d’importance aux sacrements? Ce serait croire que les sacrements sont absolument nécessaires à notre salut. Une telle idée conduit inévitablement à refuser de reconnaître que la Parole de Dieu est suffisante pour notre salut. Les sacrements finissent alors par devenir un rituel vide de sens. La proclamation de l’Évangile est ainsi négligée et les sacrements sont alors faussement compris comme possédant une efficacité en eux-mêmes, comme s’ils pouvaient automatiquement produire et nourrir la foi.

Rappelons-nous que le Seigneur n’a pas donné les sacrements pour qu’ils agissent de façon quasi magique ou mécanique. Ils ne sont pas là pour remplacer sa Parole ou pour combler les supposées « déficiences » de sa Parole. La Parole de Dieu est parfaite et complète en elle-même. « La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme » (Ps 19.8). Elle est un outil pleinement suffisant pour nous modeler à l’image de Jésus-Christ. Alors, pourquoi le Seigneur a-t-il voulu ajouter le deuxième outil des sacrements? Si sa Parole est suffisante, avons-nous réellement besoin des sacrements? Ne pourrions-nous pas nous en passer? Puisque le Seigneur nous les a donnés, il doit y avoir une raison.

Le Seigneur est très sage. Il tient compte de notre faiblesse et de notre infirmité. Il nous donne les sacrements dans le but de nourrir et de soutenir notre foi. Le Saint-Esprit fait naître notre foi et la développe par la prédication de la Parole de Dieu. Cette foi a besoin d’être affermie au moyen des sacrements, afin que nous ne doutions pas des promesses de Dieu.

Abraham a d’abord été appelé par Dieu et il a répondu à cet appel avec foi et obéissance (Gn 12). Il a reçu avec foi les promesses du Tout-Puissant. « Abram crut en l’Éternel qui le lui compta comme justice » (Gn 15.6). Il a cru à la bonne nouvelle du salut qui viendrait à travers sa descendance et il a ainsi gratuitement reçu le salut et la justification par la foi (Rm 4.1-4). Mais comme la promesse d’un descendant tardait à s’accomplir, il a eu ses moments de doute et de péché, en particulier lorsqu’il est allé vers sa servante Agar pour avoir un fils illégitime avec elle (Gn 16). C’est alors que Dieu est revenu vers lui pour lui confirmer son alliance et ses promesses en instituant le sacrement de la circoncision (Gn 17). « Et il reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi, quand il était incirconcis » (Rm 4.11). Dieu, dans sa grâce, est venu en aide à son faible serviteur. Par ce signe visible et ce sceau de sa promesse, le Seigneur a voulu fortifier la foi d’Abraham pour qu’il continue de s’accrocher à la promesse divine et que, dans sa grande vieillesse, il soit rendu capable d’espérer contre toute espérance.

Il en est de même pour nous avec notre baptême, reçu une fois pour toutes, et de notre participation régulière à la sainte cène. Ces deux sacrements nous ont été donnés par le Seigneur pour nous aider dans notre faiblesse et nous fortifier dans notre foi. Le Seigneur nous a donné ces signes et sceaux visibles de sa grâce afin que nous puissions continuer de nous accrocher à sa promesse. Malgré nos faiblesses et nos péchés qui sont encore là dans nos vies, le baptême et la cène nous aident à croire que le Seigneur veut réellement nous purifier par son sang et nous nourrir spirituellement par l’œuvre de salut qu’il a accomplie une fois pour toutes à la croix. Quel bonheur d’avoir ces signes et sceaux qui nous aident à regarder à notre Sauveur lui-même!

Les sacrements n’ajoutent rien à la Parole. Ils n’y ajoutent aucune information nouvelle ni aucune force supplémentaire; ils n’y ajoutent rien qui soit indépendant de sa Parole. Ils viennent simplement appuyer et confirmer la Parole de Dieu. Ce n’est pas la Parole qui est déficiente, c’est nous, de notre côté, qui sommes déficients. Les sacrements nous sont donnés « pour nous faire mieux comprendre la promesse de l’Évangile » (Q&R 66), non parce que l’Évangile manquerait de clarté, mais parce que nous sommes faibles et que nous avons de la difficulté à comprendre. Compte tenu de notre faiblesse, nous avons besoin des sacrements. Dieu tient compte de nos faiblesses et s’abaisse à notre niveau en se servant non seulement de sa Parole, mais également des sacrements pour nous fortifier.

Quel serait alors le problème d’accorder trop peu d’importance aux sacrements? Ce serait agir avec présomption et orgueil. Ce serait nous croire plus sages que Dieu et plus forts que nous ne le sommes en réalité. Ceux qui pensent pouvoir vivre leur foi et leur christianisme loin de l’atelier du Seigneur, loin de son Église où sa Parole est fidèlement prêchée et où les sacrements sont correctement administrés, méprisent la grâce de Dieu. Ils négligent les « moyens de grâce », c’est-à-dire les outils que le Seigneur a prévus pour notre bien.

3. L’usage des sacrements est-il facultatif?🔗

Nous n’avons pas le droit de librement décider de nous passer des sacrements. Le Seigneur lui-même a commandé à son Église de les administrer et il a commandé à ses fidèles d’y participer. Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu avait dit à Abraham :

« Vous vous circoncirez comme signe d’alliance entre vous et moi. […] Un mâle incirconcis qui n’aura pas subi la circoncision dans sa chair sera retranché du milieu de son peuple; il aura rompu mon alliance » (Gn 17.11,14).

Ce sont là des paroles très fortes. Dans le Nouveau Testament, Jésus a institué et ordonné le baptême. « Baptisez-les » (Mt 28.19). Le baptême remplace la circoncision (Col 2.11-12) et le Saint-Esprit utilise ce signe visible de l’Évangile pour fortifier la foi de son peuple. C’est pourquoi nous devons baptiser les adultes croyants qui ne sont pas encore baptisés ainsi que les enfants des croyants, qui ont également part à l’alliance et à la promesse du salut (Ac 2.39).

Pour ce qui est de la sainte cène, Jésus a dit : « Prenez et mangez », « buvez-en tous », « faites ceci en mémoire de moi » (Mt 26.26-26; 1 Co 11.24). Encore là, la participation à la table du Seigneur n’est pas facultative. C’est un commandement auquel nous sommes tenus d’obéir. Cela ne veut pas dire que nous ne pourrions pas être sauvés sans être baptisés ou sans participer à la sainte cène, mais puisque le Seigneur lui-même nous a donné ces outils, nous sommes responsables de nous en servir comme il nous l’a prescrit. Ne pas les utiliser, c’est manquer de gratitude et c’est désobéir au Seigneur à nos risques et périls. Le Saint-Esprit se plaît à les utiliser pour notre bien dans son atelier.

Le Seigneur n’utilise pas seulement la Parole proclamée que nous entendons, il utilise aussi la Parole annoncée visiblement, que nous voyons et que nous goûtons. Nous devrions recevoir les sacrements avec beaucoup de joie et de reconnaissance, car ils nous ont été donnés pour notre bien et pour la gloire de Dieu. Les deux sacrements institués par le Seigneur nous font tourner nos regards vers Jésus-Christ, pour que nous mettions notre foi en lui, l’Auteur de notre foi et celui qui la mène à la perfection.