Cet article a pour sujet la doctrine de la création fondée sur l'historicité de Genèse 1, qui nous fait connaître le Dieu Créateur et la dignité de l'homme créé à son image, ce qui est le fondement pour la morale. Nous ne sommes pas le produit de l'évolution ou du hasard impersonnel.

Source: Évolution ou création?. 8 pages.

La signification théologique de la doctrine de la création

La Bible nous révèle que Dieu créa les cieux et la terre, c’est-à-dire l’univers visible et invisible, à partir du néant (ex nihilo) par sa seule Parole. Cette doctrine est capitale pour nous faire saisir la profonde vérité sur tout ce qui existe : qui nous sommes, c’est-à-dire notre humanité, et surtout qui est Dieu, à l’image duquel nous avons été créés. Dissemblables à lui, nous sommes cependant créés à sa ressemblance. Cette révélation fonde également notre responsabilité de créatures morales, notre liberté et les limites tracées à celle-ci, car elle doit rester au service de Dieu et être utilisée pour sa gloire.

Dès lors, je ne puis tenir les deux premiers chapitres de la Genèse pour une saga, un mythe ou encore une légende dépourvue de fondement historique ne recelant qu’une certaine vérité religieuse présentée sous forme de symbole. La foi chrétienne, lorsqu’elle est fidèle, confesse le caractère absolument digne de foi du récit de la création tel que le rapporte le livre de la Genèse.

Pour commencer et contrairement à certaines hypothèses modernes prétendument scientifiques déclarant le caractère évolutif de la création, la Genèse déclare le caractère surnaturel de ses origines. C’est un acte direct de Dieu, qui donna naissance à l’univers et qui fit apparaître l’homme à la surface de la terre. À ce titre, les deux premiers chapitres de la Genèse ne doivent pas être comparés aux récits des cosmogonies mythiques anciennes, comme celui d’Enuma Elish babylonien par exemple. J’ai des raisons solidement fondées pour reconnaître l’historicité des deux premiers chapitres de la Genèse. En voici une brève énumération.

1. Le langage et le style n’en sont nullement poétiques; leur intention est de nous communiquer des faits qui se sont réellement produits. La Bible emploie parfois, à certains endroits, un langage poétique, mais pas à cet endroit.

2. L’Écriture, dans sa totalité, regarde cette histoire comme réelle et digne de foi. Il existe au moins deux douzaines de passages qui le confirment. Les références directes ou indirectes abondent (Ex 31.17; Dt 4.32; Ps 33.6; 90.2; 136.5-7; 148.2-5; És 40.25; 42.5; 44.24; 45.12; 48.13; 51.13; Am 4.13; Jr 10.12; Za 12.1; Mt 19.4-11; Jn 1.2-3; Ép 3.9; Col 1.16; 1 Tm 2.13; Hé 1.2; 11.3; Ap 4.11; 10.6-7). Dans chacune de celles-ci, le récit de la Genèse se trouve à l’arrière-plan comme étant entièrement digne de foi. Si nous doutions de ces premiers chapitres de la Bible, alors nous devrions douter aussi du reste des Écritures.

3. Les deux généalogies dans le premier livre des Chroniques, dans l’Ancien Testament, et celle que nous trouvons dans l’Évangile de saint Luc tiennent Adam pour le premier être humain, créé divinement. Ni l’une ni l’autre ne laissent entendre que l’on pourrait tenir les récits bibliques à partir d’Abraham comme étant de nature historique et pas ceux précédant cette période. Les généalogies préabrahamiques sont tout aussi historiques et dignes de foi que celles remontant jusqu’au célèbre patriarche.

4. Enfin, il en va de la confiance que nous devons accorder à l’enseignement de notre Seigneur. À deux reprises (Mt 19.4-5 et Mc 10.6-8), il fait directement allusion à la création de l’homme, de telle manière que celle-ci ne soulève dans son esprit aucun doute. Jésus a certainement en vue aussi bien Genèse 1.27 que Genèse 2.24. Si on doutait de la véracité de ce qui nous est rapporté dans le livre de la Genèse, on devrait aussi douter des propos de Jésus, voire de toute la révélation dont il est porteur.

La Bible, et à sa suite la foi chrétienne, reste debout ou s’effondre selon la confiance que l’on accorde à ce qui est rapporté dans ces deux premiers chapitres, confiance qu’ils méritent entièrement et totalement.

Ce sont là les quatre raisons qui justifient l’Église chrétienne de reconnaître au livre de la Genèse un caractère historique fiable. En disant caractère historique, je ne prétends pas que les connaissances historiques modernes ou les méthodes et moyens scientifiques dont nous disposons actuellement sont capables d’atteindre ces sommets de la révélation et d’en éclairer tous les coins et recoins. Lorsque nous affirmons le caractère historique réel du livre de la Genèse, cela ne signifie pas que nous pouvons en rendre compte dans tous les détails. Nous devons surtout en rappeler le caractère réel et surnaturel.

Et n’oublions pas que notre difficulté à comprendre tous les aspects de la révélation est le fait de notre intelligence humaine limitée et souvent déformée qui ne parvient pas à en saisir tous les aspects. Ces récits, qui sont véritablement historiques, sont en même temps hautement circonscrits, grandement comprimés et de nature non technique pour rendre compte de manière scientifique de la création de l’univers.

Passons à présent à un autre point. La Bible ne connaît aucune raison de l’existence objective de l’univers en dehors de sa création à partir du néant par la seule Parole de Dieu. La science, ou plutôt une prétendue science, voudrait nous faire croire que cet univers eut un commencement impersonnel, dû au temps ajouté au hasard. Il s’ensuit alors que vous et moi nous serions les produits de ce hasard impersonnel. Mais s’il en était ainsi, quelle chance aurions-nous (si je peux me permettre l’expression) ou à partir de quel terrain pourrions-nous affirmer quoi que ce soit de véritablement intelligent et intelligible au sujet de l’être humain? Aucune. Car il n’y aurait alors aucun fondement pour la morale, ni pour le droit de la personne, ni pour la justice, ni pour la liberté, même pas pour l’amour le plus essentiel et le plus élémentaire.

Les adeptes de l’hypothèse évolutionniste prétendent que chercher un fondement surnaturel à l’origine du monde en vue d’accorder de la valeur à la personne humaine relève de la mystique, que d’autres penseurs athées ont qualifiée de « saut existentiel ». Mais si nous ne sommes que le produit du hasard, il n’existe plus aucune raison valable pour combattre la loi de la jungle, punir les terroristes et les malfaiteurs de tout acabit ou de résister aux tyrans politiques et aux États totalitaires. Il ne peut y avoir alors que la loi de la force brutale et le droit du plus fort et du plus apte à survivre, car ce seraient les plus malins et les plus féroces qui seraient programmés pour survivre indéfiniment.

L’homme moderne, qui refuse le Dieu Créateur, n’a pas de fondement pour sa morale et pour son savoir. En dehors de la connaissance de Dieu, il n’a aucune raison valable pour défendre ses droits personnels, familiaux ou communautaires. Si c’est lui-même qui s’octroie une valeur, se hausse à ses propres yeux et brosse une image flatteuse de lui-même, on peut se demander à l’aide de qui ou de quoi il peut le faire. Par l’acquisition et l’accumulation d’articles de consommation? Grâce à un travail qui n’est même pas, la plupart du temps, un travail créateur? Au moyen d’une sexualité débridée? Par l’usage de la drogue? À travers des thérapies qui ne sont trop souvent qu’un lavage du cerveau? C’est là un saut dans le vide.

Ce saut, il ne faut pas beaucoup d’arguments pour le démontrer, n’est qu’un acte irrationnel, une nouvelle poursuite passionnée et passionnelle de vanité, un saut suicidaire. Non seulement il avilit son âme, mais encore défigure et brutalise son corps. Nonobstant, cet homme cherche avec un entêtement absurde à démontrer, à l’aide de sa science physique et biologique, qu’il est impossible qu’un Dieu Créateur soit à l’origine de l’univers et de sa propre personne. Car, dans son esprit, un Dieu Créateur, personnel, infiniment sage et tout-puissant, un Dieu d’amour, cela ne peut pas exister! Et même s’il existait, on saurait s’en passer… Car le Cosmos, avec un C majuscule, est considéré à la fois comme le début et la fin de lui-même. Détaché de Dieu, source et fondement de l’être, du mouvement et de la vie, incapable de prendre une décision responsable et moralement importante, l’homme a donné le coup de pied fatal et stupide au seul fondement sur lequel il pouvait exister et agir. Ce faisant, il se détruit tragiquement.

Mais qu’est-ce que le hasard? Un savant français moderne que je lisais récemment vient ici à mon aide par l’illustration qui servira mon propos. Si vous jetez un dé, vous penserez que celui-ci vous fera avoir peut-être, par hasard, la face cinq ou six. Mais si vous prenez la peine d’étudier attentivement le mouvement et la force avec lesquels le bras et la main du sujet ont procédé, vous verrez que le résultat n’est nullement dû au hasard, mais à l’élan et au mouvement de la main qui a jeté le dé! Coinçons alors la science sur son propre terrain. Rien ne provient de rien : ex nihilo nihil fit. C’est là un axiome. Tâchez de gratter même légèrement cet axiome absolu et la science finira, tel un hémophile, par saigner à mort… Toute science expérimentale devrait admettre la possibilité réelle, malgré tous les contrôles exercés autour de ses expériences scientifiques, qu’à un moment ou à un autre, un commencement totalement nouveau ne s’est pas spontanément produit sans être détecté et sans intervenir dans ses résultats et conclusions.

Pour éviter à tout prix, au prix même d’un illogisme qui ne fait pas honneur à l’esprit et à l’entreprise scientifique, de se référer « à l’hypothèse Dieu », ces scientifiques disposés à l’ignorer à tout prix préfèrent émettre l’hypothèse, apparemment ingénieuse, de génération spontanée pour expliquer la naissance de l’univers et de la vie.

Selon un professeur de l’Université de New York, Edward P. Tryon, l’univers se serait créé lui-même de manière spontanée à partir du néant, comme le résultat établi des principes de la science physique… Un autre déclare que même si vous n’avez rien, quelque chose pourra en sortir quand même… Comprenne qui pourra!

Le français Jacques Monod avait pris à son compte une célèbre phrase du vieux Démocrite : « Tout ce qui existe dans l’univers est le produit du hasard et de la nécessité. » Pour le prix Nobel français, le hasard seul est donc à l’origine de tout ce qui existe : « Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue, mais aveugle, est à l’origine même du prodigieux édifice de l’évolution… » Aussi refuse-t-il, logiquement à son avis, toute idée d’un Créateur, toute idée de Dieu. Il regrette amèrement que la science, telle au moins qu’il la conçoit, n’ait pas encore réussi à supplanter « l’écœurant mélange de religiosité chrétienne » qui est toujours à la base de la culture occidentale. Quelle absurdité que celle d’un esprit scientifique irrationnel qui refuse de croire en la présence de Dieu!

Voici enfin le célèbre vulgarisateur de ces mêmes hypothèses, Carl Sagan, auteur du livre à succès Cosmos, qui affirme de manière incroyablement doctrinaire que tout ce qui existe est là depuis toujours, et, tel un prophète sûr de son affaire, d’ajouter : « et sera là pour toujours »! Peut-on encore dire que cet auteur représente un esprit véritablement scientifique? On aura noté qu’en une phrase lapidaire, il mélange aussi bien une philosophie spéculative, abstraite, qu’une religion et même une eschatologie, c’est-à-dire la doctrine des fins dernières. Pour ce gourou médiatique qui refuse d’admettre « l’hypothèse Dieu », son propre dogme est plus séduisant, humain et convaincant que l’histoire biblique de la création.

S’il en était ainsi, comment parler de manière intelligente d’une matière impersonnelle qui ferait elle-même une sélection? Car sélection signifie choix intelligent d’une fin, d’une course, d’une action plutôt que d’une autre. Autrement dit, selon l’opinion de Carl Sagan, qu’est-ce qui fait la sélection naturelle? Quelles sont les causes naturelles qui opéreraient de la sorte? Une intelligence régit-elle ou non les forces naturelles? Non, s’il faut en croire notre professeur. Mais quelles seraient alors les vraies causes dans les processus dits évolutifs? Accident, répond-il, fatalité, aventure aveugle… Qu’est-ce que tout ceci, je vous prie? Des termes synonymes de « chance ».

Mais qu’est-ce que la chance? Elle n’est ni une personne, ni une énergie, ni une masse, ni une puissance, ni une intelligence, ni une entité… La chance ne peut être la cause de quoi que ce soit. Elle n’est rien et ne représente absolument rien. Si on admet cela, il faut souscrire à l’idée selon laquelle le rien, le néant, ne peut produire quoi que ce soit; la chance ne peut donc pas faire un choix, une sélection. Si vous et moi avions une origine impersonnelle, une source sans aucune intelligence ni aucune volonté, quelle importance pourrait alors avoir notre personne? Si nous admettions l’hypothèse de la chance et s’il nous restait quand même un soupçon de sens, il vaudrait mieux en finir tout de suite.

Car accepter cette fatalité absurde laisserait le champ ouvert à tous les prédateurs. Ils pourraient nous exploiter, violer, assassiner, anéantir ou nous faire souffrir. Il ne faudrait pas chercher à s’échapper ni même à protester, puisque, produits du hasard, nous ne serions nous-mêmes, personnellement, que chance et hasard, c’est-à-dire une ombre sans substance ni réalité, une pure illusion comme le Maya des fausses religions, et non une personne portant l’image de Dieu. Démons, dragons Draculas et comparses, à vous de mener le bal! Le rideau est levé, la pièce d’horreur commence; vous et moi en serons simultanément les spectateurs impuissants et les acteurs condamnés.

La nature aveugle nous ayant éjectés par accident à la surface de la planète terre, où n’importe quel animal est plus apte à survivre que nous, pauvres créatures démunies, nous n’aurions aucune chance de nous en tirer… Le rhinocéros ou le crocodile, à la peau tellement plus dure que la nôtre, si fragile, devraient être considérés comme le sommet du processus de l’évolution et pas nous autres humains, malheureux et frêles accidents de l’évolution et accidents de la nature… Dans la théorie de l’évolution, nous devrions être au plus bas de l’échelle.

Mais pourquoi, à la place du néant, y a-t-il un cosmos? Pourquoi existe-t-il encore un ordre dans l’univers plutôt que le désordre? Qu’est-ce qui fait que l’univers continue à fonctionner? Soutenir que quelque chose peut surgir du néant, puis fonctionner parfaitement, juste par hasard, revient tout simplement à offrir une nouvelle mythologie sous les oripeaux présomptueux d’une prétendue science. En ceci, certains physiciens, astrophysiciens, biologistes et géologues ne sont pas tellement différents des fabricants de mythes du genre de l’Enuma Elish babylonien. Lorsque la doctrine chrétienne parle de création ex nihilo, c’est-à-dire à partir du néant, elle ne veut pas dire qu’il n’y eut absolument rien avant elle. Elle confesse la présence de Dieu, son Verbe Créateur, son Esprit Ordonnateur. Le Dieu éternel, au-dessus du temps et en dehors de l’espace, a fait venir du néant l’univers que nous habitons.

Mais alors, comme se fait-il que l’homme soit devenu le plus grand prédateur de la planète, domestiquant une partie du règne animal et se servant de l’autre pour son profit? Les théories des nouveaux cosmologistes ne sont pas aussi convaincantes que certains de leurs promoteurs voudraient nous le faire croire, comparées à la doctrine biblique d’un Dieu Créateur et personnel. Préférer la notion frivole et absurde selon laquelle le néant est à l’origine de l’univers à l’affirmation majestueuse du Dieu Créateur du premier chapitre de la Genèse est, qu’on le veuille ou non, ramener la science au point le plus bas, le plus dégradé. En effet, la préférence pour une hypothèse aussi absurde indique jusqu’à quel abîme d’irrationnel l’homme est disposé à descendre pour éviter ce qui, aussi bien du point de vue religieux que rationnel, est la seule réponse satisfaisante. De telles positions « scientifiques » montrent que la science elle-même est capable de se noyer dans un océan d’absurde.

Nous comprenons saint Paul lorsqu’au début de sa lettre aux Romains écrit :

« Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces; mais ils se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous. Et ils ont remplacé la gloire du Dieu incorruptible par des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles; […] eux qui ont remplacé la vérité de Dieu par le mensonge et qui ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen! » (Rm 1.21-25).

Et tout cela dans le dessein impie de retenir la vérité de Dieu captive, afin de supprimer la connaissance innée du Créateur, ainsi que l’écrit le grand apôtre. Car pour pouvoir se prononcer au sujet de Dieu, il faut encore lui accorder son allégeance, accepter les clauses de son alliance, devenir son partenaire. On ne peut parler de Dieu de manière neutre, impersonnelle et prétendument « objective ». Dieu n’est pas une chose; il commande une relation personnelle, sans laquelle tout discours sur lui est vain. Et c’est précisément un tel engagement que les prophètes modernes de la science veulent éviter à tout prix. Peu importe, semble-t-il, que leur refus obstiné de la vérité leur coûte si cher. Car en niant Dieu, ils nient simultanément leur propre valeur et l’importance de leur personne, libre et moralement responsable.

Il est ironique de constater que l’éducation moderne publique et étatisée ne permet plus que le point de vue biblique de la création soit enseigné dans les écoles où nous envoyons nos enfants! La physique, la chimie et la biologie de nos illustres centres universitaires n’y feront pas la moindre allusion. Quelle déchéance ce serait pour eux! Ils seraient taxés, comme votre serviteur et tous ceux qui croient que la Bible est la Parole de Dieu, de « fondamentalistes », c’est-à-dire d’obscurantistes attardés… Car le plus grand et le plus grave des péchés modernes semble être celui d’adhérer à un fondement solide. Le péché, au regard de notre contemporain, n’est pas le rejet et le refus de Dieu, mais la réfutation d’hypothèses promues au rang de dogmes intangibles. Péché sécularisé puni par l’ostracisme académique et par une persécution étatique à peine déguisée dans certains pays soi-disant démocratiques où le christianisme avait, il n’y a pas si longtemps, abondamment éclairé les esprits et les consciences.

Si nous n’avons pas entièrement perdu notre faculté de penser et de raisonner, nous déclarerons que certaines hypothèses soi-disant scientifiques ne sont, au fond, qu’une mystique impersonnelle, voire dépersonnalisante, un pur non-sens. Et j’espère qu’il surgira des savants pour corriger tant de fausses vues.

Quel est l’enjeu théologique et existentiel véritable du récit biblique de la création? Il est que non seulement ce récit répond de manière satisfaisante à notre besoin intellectuel criant pour une explication rationnelle de l’univers ainsi que de la personne humaine, mais il définit encore qui nous sommes et nous octroie valeur et dignité. Il met en place le cadre dans lequel nous pouvons établir et faire respecter toute règle éthique véritable. Sans la doctrine biblique de la création, nous restons sans réponse.

Chercher à comprendre la raison de notre existence, de même que celle de l’univers physique, sans se référer à Dieu est pure futilité. Ce n’est pas seulement le prédicateur chrétien qui l’affirme. Lisez ou relisez la littérature moderne de l’absurde; voyez ou revoyez les pièces de théâtre ou films basés là-dessus; méditez sur ce qu’on dit ou écrit de grands esprits du passé et du présent qui, cherchant une réponse à leurs questions en dehors de Dieu, ont sombré dans la folie.

Depuis les débuts des temps modernes, c’est-à-dire depuis la Renaissance et les Lumières, le grand absent de la scène n’est pas Dieu (comment pourrait-il être absent!), mais une intelligence vraie, honnête et non fanatisée pour animer et diriger des esprits devenus incapables de juger avec compétence de l’ordre créé. Bien entendu, qui suis-je, simple prédicateur de l’Évangile, pour crier que ces habits nouveaux n’ont pas d’empereur! C’est là un impardonnable crime de lèse-majesté. Car ces esprits ne se contentent pas de vider les habits d’empereur, ils essayent encore de nous terroriser intellectuellement pour nous faire admettre telle ou telle cosmogonie, leur précieuse trouvaille… Mais justement, ces trouvailles-là ont contribué, plus qu’autre chose, à dépersonnaliser l’être humain avec toutes les conséquences qui s’ensuivent.

Nos contemporains, qui se chamaillent tellement de nos jours sur des définitions, ont-ils une définition correcte de la personne humaine? De plus en plus, ce sont la science et la technologie qui commettent actuellement les plus graves crimes contre l’humanité. Depuis des armes toujours plus sophistiquées pour tuer le plus vite possible le plus grand nombre de gens; en passant par l’avortement qui a pris les proportions d’un génocide légalisé, jusqu’à l’inquiétant trafic d’organes vitaux et tant d’expérimentations dont chacun d’entre nous pourrait, un jour ou l’autre, devenir la victime, il n’y a pas de quoi être optimiste. Pour ma part, j’avoue que je préférerais, si j’avais le choix, tomber dans la marmite des anthropophages de jadis que de tomber vivant dans les bocaux des laborantins modernes et autres docteurs Frankenstein. Je ne suis certainement pas le seul à refuser cet aspect sombre et sauvage de la science moderne.

Elle n’a pas d’ailleurs lieu d’être fière, cette science qui ne respecte pas sa propre vocation, n’obéit pas à ses règles et refuse de se soumettre à la Parole ordonnatrice et régulatrice de tout. Malgré les louables efforts des comités d’éthique, une science dépourvue de toute conscience biblique et chrétienne ne nous laissera pas la moindre chance de vivre une vie morale. Dans un univers assujetti à ses diktats sans responsabilité morale, il ne pourra régner que l’aventure aveugle et ne se produire que des accidents hasardeux.

Nous nous plaignons avec raison des mysticismes importés d’Extrême-Orient et de l’incroyable prolifération de sectes bizarres. Mais je crains que nous n’ayons pas pris suffisamment garde à la science moderne, qui risque de nous précipiter dans une mystique anti-Dieu aux conséquences terrifiantes.

Notre réponse, notre secours, ainsi que notre espérance et notre joie, sont en celui qui a créé les cieux et la terre, à qui nous appartenons dans la vie et dans la mort, ce Dieu personnel révélé en Jésus-Christ et dans la communion de son Saint-Esprit. Tout le reste s’effondrera. Sans lui, nous serions comme des fétus de paille flottant sur un océan d’absurde, dans le chaos d’une éternelle nuit sans étoiles… Est-ce cela que nous cherchons hors de Dieu? Non, mille fois non. Je ne voudrais pas d’un tel sort. Je crois au Dieu que célèbre le psalmiste de l’Ancien Testament (Ps. 46) et dont le Nouveau Testament rend témoignage entre autres dans le premier chapitre de l’Évangile de Jean et dans le premier chapitre de Paul dans son épître aux Colossiens.