Cet article a pour sujet la littérature juive de la période intertestamentaire, incluant les livres apocryphes et la littérature apocalyptique.

Source: Introduction au Nouveau Testament. 2 pages.

Le cadre religieux juif du Nouveau Testament - La littérature juive de la période intertestamentaire

Le mot apocryphe dérive d’un mot grec signifiant secret ou caché. Il désigne des écrits religieux ou des sectes philosophiques qui sont cachés du monde et même de plusieurs de leurs propres membres. À l’origine, il n’y avait point d’objection. Il indique simplement que les livres ainsi désignés étaient confinés dans leur usage à un petit cercle seulement. Comme certains d’entre eux se trouvaient avoir une authenticité dont ils ne pouvaient se justifier, le mot acquit un sens péjoratif et apocryphe finit par signifier faux ou forgé. Ceci n’empêche pas que leur valeur proprement historique soit réelle.

Les livres apocryphes sont les suivants : 1 Esdras, 2 Esdras, Tobie, Judith, le reste du livre d’Esther, le livre de la Sagesse, l’Ecclésiastique, le Cantique des trois enfants, Baruch, l’histoire de Suzanne, Bel et le Dragon, la prière de Manassé, 1 Maccabées, 2 Maccabées.

Cette collection de livres était assez importante pour réclamer une autorité canonique. Cependant, ils ne réuniront jamais d’approbation générale ni chez les Juifs ni plus tard dans l’Église chrétienne. Parmi les Juifs d’Alexandrie, ils sont hautement prisés à l’exception de 2 Esdras, de sorte qu’ils sont incorporés dans la version grecque des Septante. Certains parmi les Pères chrétiens, notamment Augustin, les accepteront et s’en serviront en établissant une tradition dans l’Église romaine qui aboutira à leur reconnaissance comme livres deutérocanoniques lors du concile de Trente (1545-1563).

Le terme de deutérocanonique désigne l’appartenance au canon des Écritures et indique que ces livres sont seulement légèrement inférieurs à la littérature reconnue comme canonique. Les Juifs Palestiniens les ont rigoureusement exclus de leur canon, suivis en cela par le grand savant biblique que fut Jérôme au 5siècle. La position de ce dernier est celle qui prévaut dans les Églises issues de la Réforme. Les Églises luthériennes les recommandent pour l’édification personnelle de la foi, mais non pour s’en servir comme fondement de formulation doctrinale.

Certains livres canoniques se trouvent dans le même cas en ce qui concerne leur authenticité et le doute sur leur origine. Il faut prendre les apocryphes sur leur mérite concret et non comme fondement, même partiel de la foi. Ils constituent le plus ancien témoignage relatif à la période de la captivité et du début du christianisme. Ils apportent des renseignements sur la valeur accordée à des livres canoniques durant cette période. Ils donnent l’évidence de la synthèse entre la pensée hellénistique et des croyances juives dans le langage et la culture.

D’autres livres apocryphes sont : l’Ascension d’Ésaïe, le Jubilé, l’Assomption de Moïse, le Testament des douze patriarches, les Psaumes de Salomon, les Oracles sibyllins.

Le penseur juif qui croit en la justice de Dieu et en la récompense promise à celui qui observe la Loi ne pouvait pas se reposer dans des conditions actuelles des choses lorsque les serviteurs de Dieu étaient sujets à la calamité et à l’oppression et que les païens jouissaient de la prospérité et de la puissance. Une méthode devait se trouver pour réconcilier la réalité des souffrances du juste avec l’exigence de la conscience religieuse. Ceci fut trouvé chez les apocalyptistes et dans leur interprétation religieuse de l’histoire universelle. Le contact avec les empires de l’Est et de l’Ouest a élargi leurs esprits et les a familiarisés avec des mouvements plus vastes de l’histoire mondiale.

La destinée des personnes et la montée et la chute des nations virent le développement graduel d’un dessein divin dont l’avenir détenait un accomplissement total. La justice de Dieu devra se prouver abondamment et son peuple venger en face des oppresseurs païens. Dans une série de visions ou de révélations généralement attachées au nom d’un ancien prophète, ils donnaient un rapide schéma de l’histoire mondiale en dépeignant la fin glorieuse que l’on espérait avec une entière confiance.

La variété du style et le contenu de ces écrits sont considérables. Certains s’adressent à des païens, en montrant l’excellence de la foi juive et le danger de négliger les exigences morales du commandement divin. D’autres ont été écrits pour la consolation et l’encouragement des croyants. Certains sont entièrement mystiques et apocalyptiques, d’autres ont plus largement exposé la loi. Certains d’entre eux orientent le regard vers le renouvellement de la gloire et la domination d’Israël. D’autres attendent un royaume de nature davantage messianique, la résurrection de la vie, la nature et la durée de celle-ci étant variable. Ils ont eu une influence décisive sur le développement de la vie religieuse juive durant cette période et quelques siècles durant.

Ils ont préparé les esprits les plus élevés du judaïsme pour l’acceptation de l’Évangile avec sa loi universelle et sa vision glorieuse de l’avenir. Ils ont stimulé également le zèle patriotique de ceux qui se forcèrent de se débarrasser du joug étranger, zèle qui n’a abouti qu’à la destruction finale de Jérusalem.

On peut compter deux exemples de littérature apocalyptique dans notre canon, le livre de Daniel dans l’Ancien Testament et le livre de l’Apocalypse de Jean dans le Nouveau.