Ce que l'Ancien Testament dit au sujet de Jésus
Ce que l'Ancien Testament dit au sujet de Jésus
Placés du côté de Dieu, inspirés par lui, informés de ses grands desseins bienveillants, les prophètes de l’Ancien Testament voient apparaître dans une perspective d’avenir éblouissante qui embrasse tout le futur messianique une figure dominante dont ils dessineront les grands traits.
Lorsque le moment de son avènement approche, leur vision devient plus claire et les traits du Messie plus précis. Ce sont de ces écrits de l’Ancien Testament dont Jésus disait : « Les Écritures rendent témoignage de moi » (Jn 5.39). La figure qui domine la scène, qui fonde la foi et qui fait vibrer d’espérance le cœur d’Israël n’est autre que lui, le Messie promis, qui accomplit l’œuvre de rédemption, non seulement pour Israël, mais pour le monde tout entier. Enfin, il viendra pour briser la tête du vieux serpent (Gn 3.15). Descendant d’Abraham, c’est en lui que se trouve représentée toute la postérité du patriarche (Gn 22.18). Selon la prédiction du vieux Jacob mourant, il appartiendra à la lignée de Juda (Gn 49.10).
Parmi tous les messagers de l’Ancien Testament, Ésaïe occupe une place exceptionnelle. Tendu vers l’avenir, éclairé parfois d’une lumière qui inondera ceux qui erraient dans des obscurités mortelles (És 9.2), le prophète décrit la naissance d’un enfant, du Fils, ainsi qu’il le précise. Avec une exactitude qui ne cesse de nous étonner, Ésaïe prophétise l’adoration des mages (És 60.3; Mt 2.11). Il fait pleuvoir sur lui des noms prestigieux qui lui sont propres et qui conviennent à sa nature et à son œuvre future. Il est « merveilleux ». Merveilleux, en effet, lors de sa naissance; car la naissance d’aucun enfant n’a été annoncée par des armées célestes. Elle a encore moins été donnée par une jeune femme vierge (És 7.14). L’apparition d’un astre singulier va rehausser son prestige (voir Nb 24.17). Merveilleuse aussi sa vie d’adulte, sa parfaite impeccabilité. Il sera nommé « Conseiller », celui dont Paul écrira : « Christ en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse » (Col 2.3). Il est « Dieu tout-puissant », ajoute encore Ésaïe. Comment cela? Il ne l’aurait pas décrit ainsi s’il n’avait pas eu conscience que cet enfant n’était autre que la personne divine, « Emmanuel », Dieu avec nous (És 7.14). Jésus le confirmera par sa déclaration faisant scandale : « Moi et le Père nous sommes un » (Jn 10.30). Le titre « Prince de la paix » appartient à Jésus, plus spécialement à cause de son ministère de réconciliation. En effet, il est devenu notre paix, ainsi que le précise saint Paul, lui qui a renversé le mur de séparation et d’opposition entre Dieu et l’homme rebelle, pour ouvrir l’accès libre vers le Père des miséricordes. Il a fait la paix par le sang de sa croix. Ésaïe voit plus loin installé sur le trône de David le plus prestigieux de tous les rois israélites. Pourtant, bien que descendant de lignée royale (És 11.1; son apparition marquera aussi le temps), il subira une humiliation extrême.
Ésaïe n’est pas seul dans son attente; prophètes et messagers de Dieu, l’un après l’autre, brossent un tableau d’une fidélité qui nous saisit et chacun d’eux y appose une touche personnelle, toute vibrante de foi. Michée annonce que la bourgade tout insignifiante de Bethléem sera le lieu de la naissance du Messie (Mi 5.2 et Mt 2.6). Jérémie décrit la lamentation qui suivra la mort des innocents (Jr 31.15; Mt 2.17-18). Osée prévoit la fuite en Égypte (Os 11.1; Mt 2.15).
Jésus fera preuve de sagesse et de connaissance tout au long dans son ministère, depuis le temps de sa rencontre avec les docteurs de la religion dans le Temple, à l’âge de douze ans. Et lorsque, véhément et majestueux, emporté par une sainte colère, il chassera les marchands de la maison de Dieu, les disciples de Jésus se souviendront d’une parole du psalmiste : « Le zèle de ta maison m’a dévoré » (Ps 69.10; Jn 2.17).
Ésaïe le représente encore proclamant la bonne nouvelle aux humbles, guérissant ceux qui ont le cœur brisé, annonçant une liberté totale aux opprimés, répandant l’huile de la joie — quelle expression pittoresque et admirable! — sur ceux qui se trouvent dans l’affliction et le deuil. Le deuil s’est transformé en allégresse lorsqu’il se présente devant la mort. Voilà aussi une femme, enchaînée durant dix-huit ans par le malin, mais à présent libérée par Jésus grâce à un simple contact et un mot « puissant ». L’Évangile devenait littéralement ce que nous savons qu’il est : une Bonne Nouvelle. Ésaïe décrira par anticipation une des scènes les plus délicieuses, celle du berger bénissant les petits enfants (És 40.11; Mc 10.16). Zacharie, l’un des derniers prophètes de l’Ancien Testament, chante : « Réjouis-toi grandement, fille de Sion, ton roi vient à Jérusalem » (Za 9.9; Ps 8.2 et Mt 2.4).
Les prophètes ne tracent pas de Jésus un beau portrait immobile. Ils le décrivent aussi dans son ministère actif. La lumière jaillissant de Sion allait éclairer la terre tout entière. Juifs et païens en seraient baignés et ils seraient conduits en vue du salut. À cause de lui, l’Esprit de Dieu se répandrait aussi bien sur les jeunes que sur les vieux, sur les affranchis comme sur les esclaves (Jl 2.8). Les extrémités de la terre verraient le salut de Dieu (És 42.10). L’idée d’un Messie victorieux était si familière aux juifs contemporains de Jésus, qu’ils ne virent et ne retinrent des Écritures que ce côté de son image; c’est pourquoi ils ne le reconnurent point lorsqu’il vint parmi eux. Aussi, Jean-Baptiste leur déclara : « Voici au milieu de vous quelqu’un que vous ne reconnaissez pas » (Jn 1.26).
Ils auraient pourtant dû le reconnaître. Les prophètes avaient, certes, parlé de sa gloire et de sa majesté, mais ils avaient aussi annoncé son humiliation, son rejet, sa souffrance et, finalement, son extermination (És 53.13). Qui n’a pas été saisi par cette page d’une force exceptionnelle, ce texte parmi les plus puissants de tout l’Ancien Testament qu’est le chapitre 53 du livre d’Ésaïe? « Il s’est élevé devant lui comme un rejeton, comme une racine qui sort d’une terre assoiffée; il n’avait ni apparence ni éclat pour que nous le regardions » (És 53.2). « Puis un rameau sortira du tronc d’Isaï [le père de David], et le rejeton de ses racines fructifiera » (És 11.1). À mesure que ce visionnaire le voit avancer sur la scène du drame messianique, il le compare à l’agneau mené à la boucherie. Dans la souffrance, il n’ouvrira point sa bouche pour protester, ni même pour gémir, retranché de la terre des vivants par la plus terrible des morts violentes. Daniel reprend quasiment la même description : « Le Messie sera retranché, mais pas pour son propre compte » (Dn 9.26). Une fois de plus, le chœur prophétique, en une voix unique, unanime, contemple en frissonnant, mais aussi dans la foi et l’adoration, les souffrances et l’exécution du Messie.
Un psalmiste précise qu’il sera trahi par les siens (Ps 41.9). Zacharie parlera des trente pièces d’argent qui servirent à payer l’infâme prix de cette trahison. Il ajoute aussi que ces pièces seront données au potier. Étonnant détail qu’il suffit de comparer au récit de la passion pour en vérifier l’exactitude (Za 11.12-14; Mt 27.3-10). Le berger sera frappé et ses brebis seront dispersées, ajoute Zacharie (Za 13.7; Mt 26.31,56). Ésaïe, pour revenir encore à lui, le voit traîné d’un tribunal à l’autre (És 53.8; Jn 17.24,28). Un autre psalmiste fait mention des faux témoignages sous lesquels il sera accablé (Ps 27.12; Mt 26.67; 27.26-30). L’auteur du Psaume 22 nous surprend par l’annonce de sa mort par crucifixion (Ps 22.16-19). Ésaïe le voit frappé et son visage couvert de crachats (És 50.6; Mt 26.27). Le même psalmiste, auteur du Psaume 22, dit comment il sera mis à mort : « Compté parmi les criminels faisant intercession pour plusieurs » (Ps 22.16).
C’est un autre témoignage que nous recueillons sous la plume d’Ésaïe (voir Mc 15.26). À cet endroit, la vision du psalmiste devient tellement claire et précise qu’il dit qu’on « se moque de lui et que les passants impies le raillent » (Mt 27.39-44). Les soldats partagent ses vêtements, ils jettent le sort pour gagner la tunique sans couture (Ps 22.18; Jn 19.23-24). Le breuvage qu’ils tendent au divin supplicié sera aussi mentionné (Ps 69.2). Il entend déjà le cri de son agonie (Ps 22; Mt 27.46), et ses dernières paroles sont déjà inscrites dans ce livre inspiré. Il exhale une plainte, mais sans se révolter : « le reproche a brisé mon cœur » (Ps 69.20). L’évangéliste Jean est seul à nous rapporter ce détail de sa crucifixion : les soldats, afin d’abréger leur souffrance et en finir avec le supplice, commencèrent par briser les os des deux premiers suppliciés et, lorsqu’ils revinrent à. Jésus, ils virent qu’il était déjà mort. Aussi, l’un d’entre eux enfonça sa lance dans le côté de Jésus, et aussitôt de l’eau et du sang en jaillirent. Ce détail, qui nous est rapporté avec tant de minutie, rappelle que le témoignage de l’Écriture a été confirmé jusque dans ce détail ultime. Ces choses se passèrent afin que s’accomplissent les Écritures : « Aucun de ses os ne sera brisé » (Jn 19.32,37; Ps 34.20; Za 12.10). Bien que sa tombe devait se trouver « parmi les méchants », c’est-à-dire qu’il devait être enterré parmi les malfaiteurs, les choses se passèrent tout autrement. Un homme appelé Joseph, de la ville d’Arimathée, en Judée, vint demander le corps de Jésus et il le prit pour le placer dans la tombe de sa propriété (Mt 27.57-60).
La vision prophétique va cependant bien au-delà de la croix et de la tombe. Elle contemple la résurrection et l’ascension de Jésus, voire son triomphe définitif. David le chante dans le Psaume 16. Après avoir prophétisé l’humiliation et la souffrance du Messie, Ésaïe poursuit par les remarquables paroles des versets 10 et 11 du chapitre 53, qui clament la victoire finale. Depuis l’antiquité la plus reculée, les messagers du Dieu de la révélation fixaient ainsi leurs regards sur les événements à venir; même Enoch (Jude 1.14), même Job (Jb 19.25-30), même Zacharie (Za 14.4-9). Alors que les prophéties du passé sont accomplies réellement, sans avoir rien laissé d’inachevé, celles concernant l’avenir le seront aussi (Hé 2.8-9). Jésus-Christ en personne l’annonce dans le dernier livre du Nouveau Testament : « Voici je viens bientôt. Amen! » (Ap 22.20); oui, disent l’Église et l’Esprit, viens Seigneur Jésus. Jésus, nous savons que tu es en route, nous te faisons confiance, tu reviendras.