Cet article a pour sujet la théologie dogmatique qui doit accepter la révélation de Dieu avec foi et qui doit être faite en communion avec l'Église et ses confessions et pour le service de l'Église.

Source: Introduction à la théologie dogmatique. 3 pages.

Dogmatique (6) - La foi, la théologie dogmatique et l'Église

  1. La foi et la théologie dogmatique
  2. La dogmatique et l’Église

1. La foi et la théologie dogmatique🔗

Le théologien fait son travail comme croyant, car la théologie s’occupe de la révélation de Dieu qui ne peut être acceptée que par une foi véritable. Or, l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu (1 Co 2.14). Celui qui n’est pas converti au Christ altère le sens de l’Écriture (2 Co 3.14). La compréhension de la révélation ne dépend pas uniquement de l’intelligence, mais encore du cœur; car reconnaître la vérité révélée n’est pas possible sans reconnaître et avouer son propre péché.

L’hérésie n’est pas une affaire de déviation et de déformation intellectuelle; elle est principalement une déviation de nature religieuse, dont le cœur de l’homme est le moteur central. Le cœur corrompu peut se servir d’un raisonnement pseudo-logique. C’est pourquoi l’étude de la théologie dogmatique ne suppose pas seulement une certaine instruction intellectuelle, mais encore la prière demandant que les yeux s’ouvrent pour la vérité (Ps 119.18). Reconnaissons toutefois qu’il puisse y avoir des « théologiens » qui diront des choses objectivement justes au sujet de la révélation, sans toutefois que leur cœur y adhère ou qu’ils aient part à la vie éternelle.

2. La dogmatique et l’Église🔗

Les dogmes de l’Église ont de l’autorité pour le théologien autant que pour tout membre de l’Église. Aussi, doit-il travailler en communion avec l’Église d’aujourd’hui et du passé. Cette communion sera toujours d’une façon concrète la communion avec un certain milieu confessionnel. Le théologien ne doit jamais oublier que sa communion avec l’Église signifie concrètement qu’il appartient à telle ou telle Église. Toutes les Églises, toutes les doctrines des diverses Églises, ne peuvent avoir la même autorité pour lui. Il doit choisir. D’un autre côté, il doit aussi tenir compte de la doctrine des autres Églises parce qu’il n’y a aucune Église qui ait le privilège d’être seule en possession de la vérité. Il doit se laisser instruire par l’enseignement de l’Église pour son examen de la Bible, travailler dans le but de servir l’Église. Il évitera ainsi des spéculations inutiles, dont il pourrait se rendre coupable s’il demeurait isolé de la communion ecclésiale. Ceci peut encore signifier que par son travail il veut servir l’ensemble de l’Église et non seulement la sienne. Avec raison, sa théologie dogmatique peut s’appeler alors « dogmatique ecclésiastique ».

Quel est le sujet de la théologie dogmatique? Selon certains, ce serait l’Église. L’idée est en partie vraie, puisque le théologien fait son travail en communion avec toute l’Église. Par conséquent, son travail n’est pas celui d’une personne isolée. Tous les croyants doivent essayer de comprendre la Parole de Dieu. À son tour, il prend part à l’expérience de l’Église afin de mieux connaître la richesse de l’amour de Dieu. Le théologien réformé ne tiendra pas compte de la distinction romaine entre Église auditrice et Église enseignante, sauf dans le sens que tous les croyants appartiennent à l’Église enseignante, parce que tous appartiennent à l’Église qui écoute. Tous les croyants ont le droit de critiquer les dogmes. Personne dans l’Église n’a le droit de négliger l’étude directe de l’Écriture sainte et de se contenter de la prédication de l’Église. Ceci ne veut cependant pas dire que chaque croyant doit faire du dogme. Même des croyants instruits peuvent apprendre des vérités importantes au dogmaticien. Connaître et comprendre Dieu n’est pas le privilège du seul dogmaticien. Une théologie dogmatique florissante ne pousse d’habitude pas en dehors du sol d’une communauté qui vit tout près de la Bible. Mais cela n’empêche pas que tous les croyants ne font pas de la théologie scientifique. Il n’est certainement pas très facile de dire où se trouve la limite exacte de ce que l’on peut appeler la théologie scientifique. Quoi qu’il en soit, il va de soi que chaque membre de l’Église ne participe pas à la théologie scientifique, que ce travail scientifique n’est pas la tâche de tous. C’est pourquoi il ne convient pas d’appeler l’Église le sujet de la théologie dogmatique.

Si cela était, la théologie dogmatique serait-elle une forme de « gnosis », c’est-à-dire un essai d’un groupe spécial dans l’Église afin d’obtenir une connaissance particulière de Dieu au-dessus de celle des croyants ordinaires. Nous avons dit que son étude scientifique n’est pas possible pour chaque croyant. Cela ne veut pas dire que les ouvrages de dogmatique ne peuvent être utiles qu’à des théologiens de profession. Mais ce groupe qui peut s’occuper de la dogmatique scientifique reste cependant restreint. On ne peut pas nier non plus qu’un motif pour étudier la dogmatique est le désir d’enrichir sa propre connaissance de Dieu. Ce motif n’est pas à condamner s’il a son origine dans l’amour de Dieu, dans le désir de le connaître et de le servir mieux en le comprenant mieux. Car nous devons tous aimer Dieu avec notre intelligence. Mais cela n’implique pas que ceux qui s’occupent de la dogmatique forment un groupe s’élevant avec sa connaissance au-dessus des croyants ordinaires. Si l’amour de Dieu est vraiment le motif de faire de la dogmatique, on veut aussi, avec sa connaissance, servir le prochain et l’Église tout entière.

Les chrétiens qui font de la dogmatique ne reçoivent donc pas seulement un enrichissement dans leur vie personnelle par cette étude. Certes, leur connaissance de Dieu est aussi approfondie, ils reçoivent des réponses à certaines questions, y compris des questions touchant leur instruction. Mais l’étude de la dogmatique peut aussi rendre plus apte au service de Dieu. Ce service inclut celui du prochain qui veut aussi mieux connaître Dieu. Les connaissances du dogmaticien l’obligent à aider d’autres personnes à mieux connaître Dieu, à trouver des réponses qu’elles se posent au sujet de la vérité de Dieu. Cette connaissance spéciale donne une responsabilité spéciale pour le témoignage de l’Église. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que l’accroissement de la connaissance n’est pas une garantie pour une communion intime avec Dieu. Il existe une connaissance de la doctrine sainte qui est purement intellectuelle. D’ailleurs, le don de pouvoir s’occuper de l’étude de la dogmatique a sa place à côté d’autres dons. Dieu a accordé d’autres dons que celui de la connaissance. Et les autres ne sont certes pas de moindre importance (1 Co 13).

D’ailleurs, il n’y a pas seulement une connaissance de Dieu par l’étude. Notre connaissance de Dieu peut aussi devenir plus riche par l’expérience de la vérité qui est dans la Bible. Ensuite, il y a une compréhension plus intuitive de la Parole de Dieu. Maintes raisons donc pour le dogmaticien de ne pas se vanter! On ne peut nier que Dieu accorde un don spécial à certains membres de l’Église en leur offrant la possibilité d’étudier sa Parole de manière scientifique. Mais cela ne doit pas aboutir à une séparation dans l’Église à la manière de la gnose. Ce don a sa place à côté d’autres dons que Dieu a distribués dans son Église selon sa bienveillance et que l’on doit employer au service de toute l’Église et au service du monde.