Cette prédication sur Romains 12.1-11 a pour sujet notre responsabilité de vivre au service de Dieu avec empressement et ferveur, et non avec paresse.

 

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Romains 12 - Ayez de l’empressement et non de la paresse

« Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait. Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun d’entre vous de ne pas avoir de prétentions excessives et déraisonnables, mais d’être assez raisonnables pour avoir de la modération, chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a départie. En effet, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ et nous sommes tous membres les uns des autres. Mais nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée : si c’est la prophétie, (que ce soit) en accord avec la foi; si c’est le diaconat, que ce soit dans (un esprit) de service; que celui qui enseigne (s’attache) à l’enseignement; celui qui exhorte, à l’exhortation; que celui qui donne (le fasse) avec simplicité; celui qui préside, avec empressement; celui qui exerce la miséricorde, avec joie. Que l’amour soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur; attachez-vous fortement au bien. Par amour fraternel, ayez de l’affection les uns pour les autres; par honneur, usez de prévenances réciproques. Ayez de l’empressement et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur. »

Romains 12.1-11

Vous qui avez fait un jardin cet été, comment se porte-t-il ces temps-ci? Le sarclez-vous régulièrement, ou bien est-il rempli de mauvaises herbes qui nuisent à la croissance de ce que vous avez semé? Le verbe « sarcler » signifie arracher des herbes nuisibles en extirpant les racines manuellement ou avec un sarcloir. Si vous aimez votre jardin, vous le sarclez.

C’est une image qui pourrait servir à illustrer le travail que Dieu fait dans la vie de ses enfants bien-aimés : il nous sarcle avec amour, c’est-à-dire qu’il arrache les mauvaises herbes du péché en extirpant leurs racines. Il s’affaire à enlever les résidus, les restes du péché qui habitent encore en nous. Il fait ça parce qu’il nous aime et qu’il veut nous embellir. Le diable cherche à nous enlaidir; Dieu cherche à nous embellir. Nous embellir, ça signifie nous transformer à la ressemblance du plus bel être humain qui soit : Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Un peu plus tôt dans son épître aux Romains, au chapitre 8, l’apôtre Paul écrit que « Dieu nous a prédestinés à être semblables à l’image de son Fils » (Rm 8.29). C’est ce que Dieu accomplit en nous sarclant : il nous rend semblables à l’image de son Fils. Le péché, c’est la non-ressemblance à Jésus-Christ. En travaillant à enlever les restes de péché en nous avec le sarcloir de sa parole, Dieu montre à quel point il nous aime.

Ce matin, le verset principal sur lequel je désire attirer notre attention, c’est le verset 11 de Romains 12 que je relis maintenant : « Ayez de l’empressement et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur. » Le Dieu tout bon qui nous aime ardemment veut par sa parole déraciner de nos vies la mauvaise herbe de la paresse et la remplacer par l’empressement et la ferveur dans le service du Seigneur.

Servir le Seigneur est une grâce que Dieu nous fait, un privilège qu’il nous accorde. Certaines personnes sont toutes fières de dire qu’elles travaillent dans une entreprise reconnue ou encore au service de gens importants. Mais qu’en est-il de servir Dieu, le Roi des rois? Nous servons celui qui a créé le monde et tout ce qui existe! Quel honneur! Nous pouvons être fiers de servir Dieu, et être reconnaissants que Dieu lui-même travaille à enlever les obstacles qui nuisent à notre service. Il nous aide à bien le servir.

Je dois tout d’abord bien situer cette exhortation du verset 11 dans le grand contexte de l’épître de Paul aux Romains. On peut dire qu’il y a quatre « DONC » très importants dans cette épître. Il y a le « donc » de la condamnation en Romains 1.21. L’apôtre Paul explique que le monde entier est coupable devant Dieu : « Ils sont donc inexcusables. » Il y a ensuite le « donc » de la justification en Romains 5.1 : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. » Puis il y a le « donc » de l’assurance, en Romains 8.1 : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus. » Et finalement, il y a le « donc » de la consécration à Dieu, que nous avons lu en Romains 12.1 : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. »

Le verset 11 que nous considérons fait suite au « donc » de la consécration que nous trouvons en Romains 12.1. « Ayez de l’empressement et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur. » C’est comme si l’apôtre Paul nous dit : « Compte tenu de tout ce que Dieu a accompli en notre faveur dans son immense amour, comment devons-nous vivre désormais? » Paul nous le dit, mais notez bien l’ordre : il a commencé par nous montrer en détail pendant onze chapitres, je dis bien onze chapitres, où se trouve notre salut : en Jésus-Christ seul. Maintenant, il nous indique comment nous sommes appelés à vivre en réponse à ce grand salut : en nous offrant en sacrifices vivants consacrés à Dieu.

Nous sommes réconciliés avec Dieu par le sacrifice unique de Jésus-Christ offert une fois pour toutes : le sacrifice de Jésus était expiatoire, il ôte nos péchés. Le sacrifice que nous offrons, pour notre part, n’est pas un sacrifice expiatoire, mais c’est un sacrifice de reconnaissance. Le Catéchisme de Heidelberg dit : « Pourquoi es-tu appelé chrétien? Parce que je suis, par la foi, un membre du Christ et je participe à son onction pour m’offrir à lui en vivant sacrifice de reconnaissance » (Q&R 32). « M’offrir à lui en vivant sacrifice de reconnaissance. »

Remplis de l’énergie de l’Esprit Saint, par sa force, nous nous offrons en sacrifice vivant. Grâce à Dieu, nous avons reçu un nouveau cœur, le cœur d’un enfant de Dieu, avec des aspirations et des désirs nouveaux. Jésus se délectait de faire la volonté de son Père; au fur et à mesure que l’Esprit agit en nous, nous partageons la délectation de Jésus à faire la volonté de Dieu. Ça devient le but de notre vie. C’est notre façon reconnaissante de vivre désormais.

« Ayez de l’empressement et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. » Le Fils de Dieu n’a jamais été paresseux. Il a toujours fait la volonté de son Père avec empressement et ferveur. Nul n’était plus zélé que lui dans le service de Dieu. Le Dieu tout bon qui nous aime ardemment veut déraciner de nos vies la mauvaise herbe de la paresse et la remplacer par l’empressement et la ferveur dans le service du Seigneur, un service qui prend plusieurs formes, comme nous le voyons dans les versets 6 à 8 de notre texte en Romains 12 : prophétie, diaconat, enseignement, exhortation, générosité, présidence, miséricorde, etc. Il y a beaucoup de manières différentes de servir Dieu; elles sont toutes incluses dans ce verset 11.

La Bible enseigne que chaque enfant de Dieu a reçu des dons et des talents qui doivent être mis au service de Dieu; c’est merveilleux et c’est très excitant! Dans sa fameuse parabole des talents, Jésus met en contraste le serviteur fidèle et bon avec le serviteur méchant et paresseux (Mt 25.14-30); ce sont les mots mêmes de Jésus. Il nous enseigne que tout ce qui mérite d’être fait pour le Seigneur mérite d’être fait avec le plus grand empressement. Pas de place pour la mollesse et le relâchement. Nous servons le majestueux Roi des rois! Le moins que nous puissions faire, c’est de donner le meilleur de nous-mêmes. Pas des restes, mais le meilleur. Servons-le avec empressement et ferveur; il le mérite bien.

Le livre biblique qui parle le plus de la paresse et qui la met en contraste avec l’empressement est le livre des Proverbes. À l’aide de ce livre dans lequel nous allons faire un petit détour maintenant, laissons le Seigneur déraciner toute paresse en nous et la remplacer par l’empressement et la ferveur. Jetons un coup d’œil à dix Proverbes qui peuvent grandement nous aider.

Écoutez bien Proverbes 10.4 : « Celui qui agit d’une main paresseuse s’appauvrit, mais la main des hommes actifs enrichit. » La paresse conduit à la pauvreté. La paresse chemine si lentement que la pauvreté la rattrape. C’est aussi vrai dans le domaine spirituel que dans le domaine des choses matérielles. Quand nous cherchons avec ardeur les vrais biens spirituels que le Seigneur a pour nous, nous sommes enrichis et nous enrichissons les autres. Le paresseux, lui, a toujours de supposément « bonnes » excuses à faire valoir! « J’aimerais bien, dit-il, m’occuper davantage des choses de Dieu, lire les saintes Écritures et les différents ouvrages qui nous instruisent dans la Parole, mais je n’ai vraiment pas le temps! » Sa paresse l’empêche d’avancer sur le bon chemin et d’enrichir aussi bien lui-même que les autres. Quel appauvrissement!

Écoutez bien Proverbes 10.26 : « Ce que la fumée est aux yeux, tel est le paresseux pour ceux qui l’envoient. » Si vous êtes autour d’un feu de camp et que la fumée se dirige soudainement vers vous, vous ne restez pas là une seconde de plus; vous détournez la tête ou vous partez à la course, parce que c’est vraiment désagréable, pour ne pas dire insupportable. Eh bien, le paresseux est comme ça pour ceux qui l’envoient : c’est comme s’il leur envoie de la fumée dans les yeux! Le Seigneur notre Dieu nous envoie dans le monde proclamer la Bonne Nouvelle (Jn 17.18). Ne soyons pas une souffrance pour lui en paressant. Proverbes 25.13 dit : « Comme la fraîcheur de la neige au temps de la moisson, ainsi est un messager fidèle pour ceux qui l’envoient; il restaure l’âme de son seigneur. » Ici-bas, le Fils de Dieu a été le messager fidèle par excellence; il a été rafraîchissement et joie pour son Père qui l’avait envoyé. Puissions-nous imiter un tel modèle et ainsi glorifier celui qui nous envoie dans le monde pour le servir!

Écoutez bien Proverbes 12.27 : « L’homme paresseux ne rôtit pas son gibier; mais le bien précieux d’un homme, c’est d’être actif. » Le paresseux a trouvé la force d’aller à la chasse. La chasse terminée, ça ne lui tente pas de rôtir son gibier, c’est trop d’ouvrage. La paresse a eu le dessus sur lui! Il n’achève pas ce qu’il avait commencé. Nous sommes parfois de piètres finisseurs de ce que nous avions débuté. On peut entendre la bonne Parole du Seigneur, y trouver une satisfaction, l’apprécier, on en sort heureux; mais tout s’arrête là. On ne retire pas un grand profit de cette écoute, parce qu’il faudrait maintenant faire des efforts pour la mettre en pratique, mais ça ne nous tente pas. La paresse nous prend et a le dessus sur nous! Ça explique en partie pourquoi plusieurs font peu de progrès spirituels : ils ne font pas les efforts requis par le Seigneur. La Bible dit bel et bien : « Faites tous vos efforts » (2 Pi 1.5), mais le paresseux n’est pas intéressé. Il voudrait bien goûter le plaisir, mais il recule devant la peine; il est rebelle à tout ce qui nécessite un effort.

Écoutez bien Proverbes 13.4 : « L’âme du paresseux a des désirs qui n’aboutissent à rien; mais l’âme des hommes actifs sera dans l’abondance. » Désirer, mais ne rien obtenir, quelle misère! La paresse laisse toujours insatisfait. L’âme du paresseux sent le besoin d’une autre nourriture que celle qu’elle a eue jusqu’alors; elle voudrait connaître quelque chose de la personne et des gloires de Jésus-Christ. Mais ça n’aboutit à rien, parce que le paresseux ne fait aucun effort en vue de ce résultat. Par contraste, l’âme des hommes actifs est dans l’abondance. Elle obtient les biens précieux qui l’enrichissent à l’extrême et qui lui permettent de glorifier Dieu.

Parfois, nous sommes paresseux à l’égard du péché. On a le désir d’en triompher, mais ce désir n’aboutit à rien. Au lieu de le combattre, nous nous accommodons à lui. Nous tolérons une pensée, nous la nourrissons. Puis, le moment venu, elle se traduit par un acte. La spirale enclenchée, le temps n’est pas loin où ce qui a commencé par une petite chose finit par envahir. Le réformateur Jean Calvin écrit :

« La chair est toujours paresseuse, et traîne en arrière comme un vieil âne, et elle a donc besoin d’être piquée et aiguillonnée. Réveillons-nous et débarrassons-nous de toute paresse pour recevoir en nous ce feu que Dieu allume, car le plus souvent, nous éteignons et étouffons par notre nonchalance les bons mouvements de l’Esprit. »

Réveillons-nous et débarrassons-nous de toute paresse!

Écoutez bien Proverbes 15.19 : « Le chemin du paresseux est comme une haie d’épines, mais le sentier des hommes droits est aplani. » Selon Genèse 3.18, les épines sont le résultat du péché. Le paresseux rencontre sur son chemin les conséquences de ses propres péchés! Il se crée lui-même bien des ennuis. Les épines déchirent et meurtrissent la chair : le paresseux a à souffrir des conséquences de sa paresse. Son chemin est « comme une haie d’épines » parce qu’il récolte ce qu’il a semé! C’est lui qui l’a planté, cette haie d’épines qui l’empêche d’avancer. Le sentier des hommes droits, lui, est aplani; c’est un chemin agréable. Lorsque nous laissons la paresse nous dominer, nous ne sommes jamais gagnants. La paresse n’est jamais payante et ne rend service à personne, surtout pas au Seigneur. Ayez de l’empressement, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit.

Bon, je fais une pause ici. J’ai dit que nous allions regarder dix Proverbes; on en a vu cinq. Je fais une pause avant de voir les cinq autres. Je veux très bien clarifier quelque chose. Je ne veux surtout pas faire tomber qui que ce soit dans le gouffre du découragement. Il faut aborder cette question de notre service chrétien avec espoir. On pourrait se sentir régulièrement découragé et déprimé de ne pas mieux servir le Seigneur. C’est mon cas, comme c’est le vôtre. Personne d’entre nous ne sert le Seigneur parfaitement en tout temps comme il mérite d’être servi. Nous pouvons toujours faire mieux dans notre service. Mais nous ne devons pas permettre à nos faiblesses de nous mener au désespoir. Ça doit plutôt nous amener à saisir davantage la vérité simple et profonde que nous servons le Seigneur sous l’Évangile de la grâce, et Dieu nous accepte à cause de son Fils. C’est capital de toujours garder à l’esprit que nous servons Dieu sous l’Évangile de la grâce. Notre sentiment d’échec ne doit pas nous voiler la gloire de la liberté que procure l’Évangile.

Écoutons Martin Luther :

« Lorsque le diable nous jette nos péchés en pleine figure et déclare que nous méritons la mort et l’enfer, nous devrions répondre ceci : J’admets que je mérite la mort et l’enfer. Et alors? Est-ce que ça signifie que je suis condamné à la mort éternelle? Pas du tout! Car je connais celui qui a souffert et a obtenu satisfaction à ma place. Il s’appelle Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Là où il est, j’irai moi aussi. »

Voilà où se trouvent notre repos et notre paix. Revenons maintenant aux cinq derniers Proverbes.

Écoutez bien Proverbes 18.9 : « Celui qui se relâche dans son travail est frère de celui qui détruit. » Le livre de l’Apocalypse appelle le diable « le destructeur », celui qui détruit (Ap 9.11). Quand nous ne remplissons pas avec empressement le service que le Seigneur nous a confié, quand nous nous relâchons, notre paresse conduit au résultat voulu par l’adversaire! « Celui qui se relâche dans son travail est frère de celui qui détruit. » Nous ne voulons pas ça! Ne nous relâchons pas dans le service du Seigneur! « Ne nous lassons pas de faire le bien » (Ga 6.9). Si nous négligeons les exhortations que nous adresse la Parole de Dieu pour nous mettre en garde contre le péché de la paresse, nous serons une entrave à la prospérité spirituelle de l’assemblée. La Bible dit qu’à « cause de la paresse, la charpente s’affaisse; et l’eau pénètre dans la maison » (Ec 10.18).

Écoutez bien Proverbes 19.24 : « Le paresseux plonge la main dans le plat, mais il ne le ramène même pas à sa bouche. » Pourquoi? Parce que c’est trop fatigant (Pr 26.15). Il ne trouve pas l’énergie pour ramener la nourriture de sa main à sa bouche. Et à cause de cela, il n’est pas nourri. Le paresseux entreprendra parfois une tâche, formera de grands desseins, aura de grands rêves se proposera d’être plus fidèle à prier, plus zélé à évangéliser, mais il n’ira pas bien loin et demeurera dans une position aussi fâcheuse que celle d’un homme ayant plongé sa main dans le plat qui est incapable ensuite de faire l’effort indispensable pour la ramener à sa bouche!

Écoutez bien Proverbes 20.4 : « À cause du froid, le paresseux ne laboure pas; à la moisson, il cherche, mais il n’y a rien. » La paresse recule devant un labeur pénible : au temps où il convient de labourer sa terre pour préparer les semailles, le paresseux préfère se la couler douce, à l’abri des intempéries. Mais, pas de semailles, pas de récolte! Le paresseux n’a rien semé; « à la moisson, il cherche, mais il n’y a rien ». Semons-nous la Parole de Dieu? Sinon, il n’y aura rien, il n’y aura pas de conversions, pas de fruits, pas de nouvelles naissances, pas de vies transformées! Il faut semer si nous voulons moissonner, sinon il n’y aura rien.

Écoutez bien Proverbes 22.13 : « Le paresseux dit : Il y a un lion là dehors, je serai tué au milieu de la place! » C’est le paresseux qui dit ça! Ça ne correspond en rien à la réalité; c’est même invraisemblable. Il n’y a pas de lion dehors! Mais le paresseux n’hésite pas à avancer des prétextes de ce genre pour essayer de justifier son inactivité. Certains chrétiens essaient de justifier leur inactivité au service du Seigneur de gloire en mettant en avant la puissance de l’ennemi, le « lion rugissant » (1 Pi 5.8) devant lequel ils sont convaincus qu’ils vont succomber. Ils oublient la puissance divine qui a vaincu le diable; et ça les maintient dans l’esclavage de leur paresse. Dieu dit à ses fidèles au Psaume 91 : « Tu marcheras sur le lion » (Ps 91.13).

Ne nous arrive-t-il pas de reculer devant l’accomplissement d’un service chrétien parce que nous craignons les difficultés et redoutons la puissance de l’adversaire, oubliant que, si le Seigneur nous envoie, il saura nous frayer la route et nous fortifier? N’allons-nous pas, parfois, jusqu’à appeler sagesse et prudence ce qui n’est, au fond, qu’un manque de foi et une mauvaise excuse à notre paresse?

Écoutez bien, finalement, Proverbes 26.14 : « La porte tourne sur ses gonds et le paresseux sur son lit. » « La porte tourne sur ses gonds » : elle effectue un mouvement de va-et-vient, mais reste toujours à la même place. Ça bouge, mais ça ne va nulle part. Demandons-nous si nous avons avancé plus qu’elle, si nous avons fait quelques progrès dans notre vie chrétienne au service de Dieu. Si la porte n’avance pas, se bornant à tourner sur ses gonds, au moins elle a une utilité. En avons-nous une, si nous restons toujours à la même place, du point de vue spirituel? Un croyant qui n’a pas avancé a certainement reculé; dans la vie spirituelle, il n’est pas possible de demeurer stationnaire. Le paresseux tourne sur son lit, c’est son lieu de prédilection. Il y a une apparence d’activité : il « tourne »; mais, à la différence de la porte, c’est sans la moindre utilité! Si nous sommes paresseux, nous ne ferons aucun progrès spirituel, aucun travail utile, et l’ennemi saura tirer profit tôt ou tard de notre nonchalance.

Un frère dans la foi qui vit des difficultés conjugales m’écrivait récemment : « J’avoue que je me suis laissé aller par paresse. Après toutes ces années de vie chrétienne, ne pas être plus avancé que je le suis, c’est très humiliant et décevant. » Le relâchement nous guette tous. Nous sommes tous susceptibles de tomber dans ce piège. Que dire des fois où nous nous relâchons dans la prière, dans la lecture de la Bible, dans l’exercice de nos dons spirituels ou dans l’évangélisation? L’épître aux Hébreux dit : « Nous désirons que chacun de vous montre jusqu’à la fin le même empressement » (Hé 6.11). Jusqu’à la fin!

La glorieuse vérité est que Jésus-Christ libère de la domination de la paresse. Ce péché ne règne plus sur nous. Nous ne dormons plus toute la journée; nous ne perdons plus notre vie. Nous ne vivons plus en mode zombie, déambulant vers le prochain jour de congé, les prochaines vacances, la prochaine escapade. C’est fini, ça. Nous sommes libérés pour prendre plaisir en notre Sauveur dans un sacrifice quotidien de reconnaissance à la gloire de Dieu.

Dieu ne nous a pas donné l’Église pour qu’elle soit un club qui propose des privilèges et des avantages à ses membres. Il nous a placés dans l’Église pour que nous servions. L’Église n’est pas un endroit où nous allons faire un tour rapide pour faire le plein et repartir vivre égoïstement. C’est le lieu par excellence où nous servons le meilleur Maître qui soit, avec empressement et non paresse.

Je termine avec les paroles suivantes de John Owen :

« Quelqu’un parmi vous constate-t-il un déclin de grâce régnant en vous : l’inertie, la froideur, la tiédeur, une sorte de paresse spirituelle et insensibilité qui nous gagnent? Soyons certains qu’il n’existe pas d’autre moyen de guérison et de délivrance, absolument pas d’autres que celui-ci : faire l’expérience d’une vision renouvelée de la gloire du Christ par la foi, et la cultiver. La contemplation constante du Christ et de sa gloire, qui s’accompagne de sa puissance transformatrice dans le renouvellement de toute grâce, est le seul soulagement dans un tel cas. L’antidote au poison de la paresse est la contemplation du Christ-Jésus. » Amen!