Cet article a pour sujet la délivrance d'Israël sous la direction de Moïse après l'esclavage en Égypte, et ensuite l'alliance de Dieu établie avec Israël, la nécessité de l'expiation et le miracle de la marche dans le désert où le Christ était avec eux.

Source: L’alliance d’amour. 9 pages.

11. L’alliance et notre délivrance

  1. L’Égypte, la superpuissance
  2. Moïse, le fidèle serviteur
  3. Moïse et le Christ
  4. « J’ai entendu son cri… »
  5. L’Exode et la nécessité de l’expiation
  6. Le motif de l’Exode dans l’Écriture
  7. L’Exode dans le Nouveau Testament
  8. Le miracle du désert
  9. Le Christ dans le désert

Alors que l’Éternel établit son alliance avec Abraham et sa descendance, il lui annonce un temps d’épreuves pour ses descendants :

« Sache que tes descendants seront étrangers dans un pays qui ne sera point à eux; ils y seront asservis, et on les opprimera pendant quatre cents ans. Mais je jugerai la nation à laquelle ils seront asservis, et ils sortiront ensuite avec de grandes richesses » (Gn 15.13-14).

La Bible nous dit que Dieu nous discipline pour notre bien, afin que nous apprenions l’humilité et la confiance. Cela fait partie de la relation dans le cadre de l’alliance d’amour. Comme il est dit dans Hébreux 12.7-9 :

« Supportez le châtiment : c’est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu’un père ne châtie pas? Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils. D’ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie? »

La première grande épreuve d’Israël survint du temps de son esclavage en Égypte. À quoi servit cette épreuve particulière? Premièrement, il nous faut noter qu’Israël ne fut pas toujours esclave en Égypte. Il y eut au début des temps prospères et Israël put se multiplier et devenir une nation. À partir d’une famille, il devint un peuple. Deuxièmement, le séjour en Égypte devait être un temps de mise à l’épreuve et de croissance spirituelle, afin qu’Israël apprenne à se fier aux promesses de l’alliance de l’Éternel. Troisièmement, par la délivrance d’Égypte, l’Éternel allait se révéler à Israël et aux nations, afin que tous connaissent le Dieu d’Israël. L’Éternel allait se montrer en tant que Dieu de fidélité et de force, afin qu’Israël place sa confiance en lui et lui obéisse. Et finalement, ces quatre cents ans furent nécessaires, afin que « l’iniquité des Amoréens » (ceux qui vivaient en Canaan) atteigne « son comble ». Tout comme Israël devait devenir une nation craignant Dieu, il devait devenir évident que les Cananéens par leurs voies immorales et idolâtres avaient usé la patience de Dieu et allaient être justement punis. Ils seraient expulsés de la terre que l’Éternel donnerait à son peuple qui le craignait.

Conséquemment, la grâce de Dieu (envers Israël), ainsi que sa justice (envers l’Égypte et Canaan) deviennent évidentes par cette puissante délivrance qu’est l’exode d’Égypte. Il s’agit de l’un des actes d’alliance les plus extraordinaires de Dieu, auquel la Bible fait fréquemment référence. Il devient clair que le chemin de la gloire passe par la souffrance et les épreuves.

Les périodes d’épreuve ont pour but de faire ressortir la force et l’authenticité de la foi. C’est aussi l’enseignement constant du Nouveau Testament. « … afin que l’épreuve de votre foi, plus précieuse que l’or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), ait pour résultat la louange, la gloire et l’honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra » (1 Pi 1.7). Et Jacques d’écrire ces mots remarquables : « Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience » (Jc 1.2-3). Dans l’alliance, nous sommes mis à l’épreuve pour notre propre bien.

1. L’Égypte, la superpuissance🔗

De nombreux historiens pensent que les Israélites arrivèrent en Égypte sous le règne de la dynastie Hyksôs, un groupe dirigeant sémitique non égyptien. L’empire Hyksôs gagna progressivement en influence et l’Égypte était considérée comme l’une des superpuissances de l’époque.

Sous le règne d’Ahmôsis 1er, les Égyptiens se rebellèrent contre les chefs Hyksôs et les expulsèrent, établissant la dix-huitième dynastie (1580 av. J.‑C.). Durant le règne de cette dynastie, l’empire égyptien s’étendit du Nil à l’Euphrate. De nombreuses villes fortifiées furent construites en recourant à des ouvriers israélites esclaves (Ex 1.11). Le nationalisme égyptien et le sentiment de supériorité avaient atteint leur paroxysme lorsque Moïse refit son apparition sur scène. À la lumière de ces éléments historiques, nous pouvons comprendre le refus de Pharaon de laisser partir Israël. En tant que fils « chéri » des grandes divinités égyptiennes, pourquoi Pharaon devrait-il écouter un dieu inconnu et de moindre importance?

Dans l’histoire de l’alliance, l’Éternel confronte souvent les nations avec sa gloire au moment où elles se trouvent au sommet de leur puissance et de leur pouvoir. C’est le cas ici avec l’Égypte, et ce sera plus tard le cas avec les Cananéens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs et les Romains. Dieu établit le peuple de son alliance devant les yeux des nations puissantes. Son alliance d’amour est plus efficace et puissante que n’importe quelle alliance que les hommes peuvent imaginer. Les hommes construisent des empires; Dieu rassemble son Église.

2. Moïse, le fidèle serviteur🔗

L’Éternel entreprend de délivrer son peuple d’Égypte par le truchement du ministère de Moïse, le médiateur de l’ancienne alliance. Le Nouveau Testament nous dit que « Moïse a été fidèle dans toute la maison de Dieu comme serviteur » (Hé 3.5; S21). Nous apprenons aussi qu’il « était un homme très humble, plus que tout autre homme sur la terre » (Nb 12.3; BDS). Cette combinaison de fidélité et d’humilité est ce qui fit de lui un fidèle serviteur de l’Éternel.

D’un point de vue humain, Moïse n’était peut-être pas le meilleur candidat pour la tâche qui consistait à confronter Pharaon et à faire sortir Israël de l’esclavage. Jeune homme, il s’était montré très préoccupé par la détresse de son peuple, mais avait fui le pays lorsqu’il devint évident que ses compatriotes l’avaient rejeté.

Dans l’intervalle, il avait prospéré à Madian, s’était marié et avait eu des enfants. La réalité de l’esclavage de son peuple était loin de ses préoccupations. Lorsque l’Éternel lui apparaît dans le buisson ardent au mont Horeb et l’appelle à aller en Égypte pour en faire sortir le peuple de Dieu, Moïse ne le veut pas et trouve toutes sortes d’excuses. Il ne pense pas être capable (« qui suis-je? ») et il craint aussi qu’Israël ait oublié Dieu (« ils me demanderont : quel est son Nom? »). Moïse craint toujours qu’Israël n’écoute pas, malgré les signes qu’il sera en mesure d’accomplir. « Ah! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile… j’ai la bouche et la langue embarrassées » (Ex 4.10). L’Éternel finit par se fâcher contre Moïse, maintient son appel et promet d’envoyer Aaron, le frère de Moïse, avec lui pour l’aider.

3. Moïse et le Christ🔗

L’Éternel rend Moïse capable de devenir son fidèle serviteur qui persévère à son service. Personne peut-être, mis à part Abraham, ne fut aussi proche de l’Éternel que Moïse. Il lui fut possible de s’approcher de Dieu au mont Horeb, où Dieu lui montra comment faire tout le nécessaire pour le culte. Lorsqu’il redescendit de la montagne, son visage rayonnait tellement qu’il fallait un voile pour le couvrir (Ex 34.29-35).

Hébreux 3.5 atteste que « Moïse a été fidèle dans toute la maison de Dieu comme serviteur » (S21). Et pourtant, l’Éternel demeura strict et juste aussi dans le cadre de sa relation avec Moïse. Moïse lui-même n’entra pas en terre promise, parce qu’à une occasion, il n’avait pas fait ce que l’Éternel exigeait. Ce fut pour lui source d’une grande peine :

« En ce temps-là, j’implorai la miséricorde de l’Éternel, en disant : Seigneur Éternel, tu as commencé à montrer à ton serviteur ta grandeur et ta main puissante; car quel dieu y a-t-il, au ciel et sur la terre, qui puisse imiter tes œuvres et tes hauts faits? Laisse-moi passer, je te prie, laisse-moi voir ce bon pays de l’autre côté du Jourdain, ces belles montagnes et le Liban. Mais l’Éternel s’irrita contre moi, à cause de vous, et il ne m’écouta point » (Dt 3.23-26).

Le refus de Dieu de laisser Moïse traverser le Jourdain constitue un message qui donne à réfléchir pour tous les serviteurs de Dieu. Il demande une obéissance totale à son service. C’est exactement la même chose dans la nouvelle alliance. Paul écrit aux Corinthiens au sujet des responsables de l’Église : « ce qu’on demande à des responsables, c’est d’être fidèles » (1 Co 4.2). Toutefois, Dieu permit à Moïse de voir le pays du haut de la montagne, et il l’assura que son entreprise serait bénie. Moïse pouvait mourir, sa tâche accomplie, dans le repos de la grâce de Dieu.

Moïse était fidèle dans son devoir, mais il n’était pas l’ultime médiateur. Dans Hébreux 3.3, nous lisons : « il [Jésus] a été jugé digne d’une gloire supérieure à celle de Moïse, dans la mesure où celui qui a construit une maison reçoit plus d’honneur que la maison elle-même ». Moïse fut fidèle comme serviteur, mais le Christ fut fidèle comme fils régnant sur la maison de Dieu. Moïse, nommé le médiateur de l’ancienne alliance, dut laisser place au Christ, qui est « le médiateur d’une alliance nouvelle, afin que ceux qui sont appelés reçoivent l’héritage éternel que Dieu leur avait promis » (Hé 9.15; BDS).

4. « J’ai entendu son cri…1 »🔗

Pourquoi l’Éternel attendit-il quatre cents ans avant de délivrer Israël? Lorsque Moïse retourna chez les Israélites, ces derniers servaient les idoles de l’Égypte. Ils ne méritaient pas d’être sauvés.

« Je leur dis : Que chacun rejette les abominations qui attirent ses regards, et ne vous souillez pas par les idoles de l’Égypte! Je suis l’Éternel, votre Dieu. Et ils se révoltèrent contre moi, et ils ne voulurent pas m’écouter… ils n’abandonnèrent point les idoles de l’Égypte » (Éz 20.7-8).

Et Josué dut dire aux Israélites, peu avant sa mort et après la conquête du pays de Canaan : « Faites disparaître les dieux qu’ont servis vos pères de l’autre côté du fleuve et en Égypte, et servez l’Éternel » (Jos 24.14). L’épreuve d’Égypte fit-elle vraiment naître fidélité et persévérance?

Nous savons qu’à l’époque de Moïse de nombreux Israélites craignaient l’Éternel. Pensez aux sages-femmes qui sauvèrent des nourrissons israélites malgré le danger qui planait sur leurs propres vies : « Mais les sages-femmes craignirent Dieu… » (Ex 1.17). Josué dit aussi plus loin que les Israélites « crièrent à l’Éternel » (Jos 24.7). Et Moïse rappelle au peuple : « Nous criâmes à l’Éternel, le Dieu de nos pères. L’Éternel entendit notre voix, et il vit notre oppression, nos peines et nos misères » (Dt 26.7).

Toutefois, Moïse redoute aussi, lorsqu’il reçoit l’appel, que les Israélites ne connaissent même plus le nom de Dieu (Ex 3.13). Et même si nous lisons que les « Israélites gémissaient et criaient encore sous le poids de l’esclavage, et leur appel parvint jusqu’à Dieu » (Ex 2.23; S21), il n’est pas écrit que ces cris étaient dirigés vers l’Éternel. Ils montèrent jusqu’à lui, et il les entendit, mais furent-ils aussi consciemment portés vers lui? Peut-être ne fut-ce qu’un simple reste qui invoquait encore l’Éternel.

Dieu vint pourtant délivrer son peuple. Pourquoi? Nous lisons dans Exode 2.24-25 : « Dieu entendit leurs gémissements, et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu regarda les enfants d’Israël, et il en eut compassion. » Dieu délivre encore et toujours son peuple à cause de son alliance, à laquelle il est fidèle. Ne fut-ce pour cette alliance, il n’y aurait pas de salut. Dieu est fidèle à lui-même et à sa parole, et par conséquent à son peuple. « Il a envoyé la délivrance à son peuple, il a établi pour toujours son alliance; son nom est saint et redoutable » (Ps 111.9). Il ne faut jamais oublier cette vérité, au risque de croire que notre délivrance est fondée sur notre propre activité ou valeur. L’histoire de l’alliance de Dieu nous montre que c’est Dieu qui délivre. Il agit envers nous par grâce et par amour.

5. L’Exode et la nécessité de l’expiation🔗

Dieu porta de nombreux jugements contre l’Égypte. Ces plaies furent les signes des jugements qui viendront sur le monde dans les derniers jours, menant au jour du retour du Christ. Voyez, par exemple, Apocalypse 15 et 16, où les plaies annoncées sont similaires à celles que connut l’Égypte, mais aussi plus extrêmes. Dans l’Exode tout comme dans l’Apocalypse, le jugement divin mène à la mort. C’est la fin de tous ceux qui rejettent Dieu et persécutent son peuple.

Au moment où l’Éternel se prépare à porter son jugement final contre les Égyptiens — la mort de tous les nouveau-nés — il devient évident qu’Israël n’est pas meilleur que le peuple d’Égypte. Une expiation doit être réalisée pour le peuple d’Israël, afin que l’Éternel l’épargne en cette nuit de jugement sévère.

C’est le sens de la Pâque, instituée par l’Éternel cette nuit-là. Toute maison d’Israël doit prendre un agneau, le tuer, et mettre le sang sur les « deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera » (Ex 12.7). Lorsque Dieu parcourra le pays pour le juger, il passera par-dessus les maisons sur lesquelles le sang de l’agneau de la Pâque sera en évidence2. Le sang est le sang de l’expiation (voir aussi Lv 17.11 : « Car la vie de la chair est dans le sang. Je vous l’ai donné sur l’autel, afin qu’il serve d’expiation pour vos âmes… »).

Nous remarquons ici l’unité entre l’ancienne et la nouvelle alliance. Le Nouveau Testament nous dit que l’agneau de la Pâque représente le Christ sacrifié sur la croix. Lorsque Jean-Baptiste voit Jésus venir à lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jn 1.29). L’apôtre Paul fait référence précisément à Jésus comme « Christ, notre agneau pascal », qui « a été sacrifié [pour nous] » (1 Co 5.7; S21). Pierre écrit que nous n’avons pas été rachetés avec de l’argent ou de l’or, « mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pi 1.19). Le livre de l’Apocalypse fait à maintes reprises référence au Seigneur comme à l’Agneau égorgé, mais qui désormais se tient debout, et est digne de recevoir tout honneur et toute louange (voir Ap 5.6-7).

Je précise aussi que Jésus, la nuit où il fut trahi, célébra la dernière Pâque avec ses disciples et institua alors la sainte cène, en parlant du « sang de l’alliance, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés » (Mt 26.28). Dans la version de Luc 22, le Seigneur parle de la nouvelle alliance (v. 20), indiquant que l’expiation rendue visible dans la Pâque de l’ancienne alliance se trouve désormais dans l’effusion du sang du Christ. L’ancienne et la nouvelle alliance sont de même nature : l’expiation ne se fait que par le sang de l’agneau pascal. De nouveau, nous voyons l’unité des saintes Écritures.

6. Le motif de l’Exode dans l’Écriture🔗

La délivrance d’Israël lors de l’Exode est présentée dans l’Écriture comme la grande œuvre alliancielle de délivrance de Dieu. Par ce haut fait, sa réputation est instantanément établie en Israël et parmi les nations. La Bible en parle constamment. Notons quelques références faites à l’Exode.

Lorsque Josué, parmi ses derniers actes, renouvelle l’alliance à Sichem, il rappelle à Israël le nom de l’Éternel :

« Je fis sortir vos pères de l’Égypte, et vous arrivâtes à la mer. Les Égyptiens poursuivirent vos pères jusqu’à la mer Rouge, avec des chars et des cavaliers. Vos pères crièrent à l’Éternel. Et l’Éternel mit des ténèbres entre vous et les Égyptiens, il ramena sur eux la mer, et elle les couvrit. Vos yeux ont vu ce que j’ai fait aux Égyptiens » (Jos 24.6-7).

Dans le livre des Juges, nous lisons qu’après la mort de Josué, les Israélites abandonnèrent l’Éternel à maintes et maintes reprises, lui « qui les avait fait sortir du pays d’Égypte » (Jg 2.12). Ils devinrent par la suite une nation esclave, jusqu’à ce qu’ils crient à l’Éternel, et il les délivra une fois de plus.

Dans son discours d’adieu, Samuel rappelle aux Israélites ce que l’Éternel fit lors de l’Exode et au-delà. « C’est l’Éternel qui a établi Moïse et Aaron, et qui a fait monter vos pères du pays d’Égypte » (1 S 12.6). Lors de la dédicace du grand temple, Salomon fait aussi référence à « l’alliance de l’Éternel, l’alliance qu’il a faite avec nos pères quand il les fit sortir du pays d’Égypte » (1 R 8.21).

Les prophètes eurent pour devoir d’appeler Israël à la repentance et à la réformation, ainsi que de mettre en garde le peuple contre l’imminent exil en Assyrie et à Babylone. Ils font de nombreuses références au grand Exode. Comment le peuple d’Israël put-il abandonner l’Éternel qui le délivra et lui donna liberté et abondance? L’apostasie d’Israël conduira à son bannissement de la terre que Dieu lui avait donnée. Toutefois, les prophètes parlent aussi de la fidélité de l’alliance de Dieu. Israël doit croire que l’Éternel, qui autrefois délivra son peuple de l’esclavage d’Égypte, le fera sortir du pays d’exil et le ramènera dans le pays de ses pères. Nous lisons dans Ézéchiel 20 de quelle manière l’Éternel, qui délivra Israël de l’Égypte, restaurera encore une fois son peuple pour qu’il le serve.

« Et vous saurez que je suis l’Éternel, quand j’agirai avec vous par égard pour mon nom et nullement d’après votre conduite mauvaise et vos actions corrompues, ô maison d’Israël! dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz 20.44).

Il n’est pas surprenant que dans le livre des Psaumes, dans lequel Israël apprend à louer l’Éternel pour sa merveilleuse œuvre de délivrance, de nombreuses références soient faites au grand Exode. Il s’agit du cœur de l’histoire d’Israël et de la révélation de Dieu que Dieu fait de lui-même comme Roi d’Israël. Certains psaumes relatent l’histoire complète de l’Exode, par exemple le psaume 105 et le psaume 106, alors que dans d’autres psaumes de nombreuses références sont faites à l’Exode. Cet événement a incontestablement façonné le destin d’Israël et ne devait jamais être oublié.

7. L’Exode dans le Nouveau Testament🔗

Nous retrouvons le motif de l’Exode dans le Nouveau Testament. Déjà au tout début du Nouveau Testament nous entendons Marie dire : « Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » et « Il a renversé les puissants de leurs trônes, et il a élevé les humbles » (Lc 1.50,52). C’est ce qui se produisit lors de l’Exode historique. Dieu se souvint de son peuple et renversa ses oppresseurs.

Zacharie parle encore plus clairement :

« Il nous a donné un puissant Sauveur dans la famille de son serviteur David… il manifeste sa bonté envers nos ancêtres et se souvient de sa sainte alliance […] qu’après nous avoir délivrés de nos ennemis il nous accorderait de le servir sans crainte » (Lc 1.69,72,74; S21).

Le sauvetage (l’Exode) conduit à un nouveau service (Lévitique).

Dans 1 Corinthiens 10.1, l’apôtre Paul fait une référence imagée à l’Exode : « Frères, je ne veux pas que vous ignoriez que nos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous passé au travers de la mer. » La mer est bien sûr ici la mer Rouge.

Paul met ensuite en garde l’Église du Nouveau Testament contre l’immoralité et l’idolâtrie, dans laquelle tomba autrefois Israël à Baal-Peor, durant le séjour dans le désert. Il précise de quelle manière les Israélites (lors de l’Exode) reçurent essentiellement les mêmes bénédictions que l’Église du Nouveau Testament. Tous furent sous la nuée, c’est-à-dire qu’ils bénéficièrent de la direction et de la lumière de Dieu. Tous traversèrent la mer, ce qui est présenté comme une sorte de baptême dans le nom de Moïse et dans la nuée. Tous mangèrent la même nourriture spirituelle et burent du même rocher spirituel. Cela fait clairement référence à la sainte cène. Ils eurent part au Christ. Toutefois, en raison de leur idolâtrie, ils déplurent à Dieu.

Les principaux éléments de l’Exode historique sont présentés dans un contexte christologique, afin que nous puissions conclure : les peuples de l’ancienne et de la nouvelle alliance ont part aux mêmes bénédictions en Christ. Dans l’ancienne alliance, le lien avec le Christ n’était pas aussi clair que dans la nouvelle, mais l’essentiel demeure le même : il n’y a qu’une seule alliance d’amour, manifeste dans l’œuvre rédemptrice de Jésus-Christ.

L’un des aspects remarquables dans 1 Corinthiens 10 est le lien entre la mer (Rouge) et le baptême. Paul écrit dans Romains 6.3-4 :

« Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. »

Pour Israël, traverser la mer Rouge, c’est comme se faire baptiser. L’apôtre trace une ligne entre les hommes de l’ancienne et de la nouvelle alliance. Le baptême signifie que nous laissons notre ancienne vie d’esclavage au péché derrière nous et commençons une nouvelle vie libre en Christ. Par conséquent, la Confession des Pays-Bas peut parler dans son article 34 « du précieux sang du Fils de Dieu. Il est notre mer Rouge par laquelle il faut que nous passions pour échapper à la tyrannie de Pharaon — c’est‑à‑dire du diable — et pour entrer dans la terre spirituelle de Canaan ». L’œuvre de délivrance est la plus grande preuve de l’alliance d’amour de Dieu.

Divers passages du Nouveau Testament parlent dans un sens plus général de sauvetage (ou délivrance). Je pense par exemple à Colossiens 1.13 et 14 : « il nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés ».

Nous, les croyants du Nouveau Testament, avons aussi connu notre Exode, et nous sommes en devoir de l’apprécier. Nous sommes appelés à vivre non comme esclaves du péché, mais comme peuple libre sous le règne du Christ. « Frères, vous avez été appelés à la liberté; seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair; mais rendez-vous, par amour, serviteurs les uns des autres » (Ga 5.13).

8. Le miracle du désert🔗

Si l’Exode a constitué la grande œuvre de délivrance, la survie d’Israël dans le désert pendant quarante ans doit aussi être vue comme un miracle de Dieu. Dans le cadre de son alliance d’amour, Dieu prit la responsabilité du peuple qu’il avait conduit hors de l’esclavage.

Dans le désert, l’Éternel protégea Israël de tous ses ennemis. Il lui donna de l’eau à boire et lui fournit le pain quotidien sous forme de manne. L’Éternel rappela à Israël qu’il s’était occupé de lui :

« Je t’ai conduit pendant quarante années dans le désert; tes vêtements ne se sont point usés sur toi, et ton soulier ne s’est point usé à ton pied; vous n’avez point mangé de pain, et vous n’avez bu ni vin ni liqueur forte, afin que vous connaissiez que je suis l’Éternel, votre Dieu » (Dt 29.5-6).

En raison de son nom et de son alliance, l’Éternel Dieu préserva son peuple, malgré tous ses péchés et toutes ses rébellions. Il punit aussi les péchés de son peuple : personne parmi la génération qui traversa la mer Rouge ne franchit le Jourdain, à l’exception de Josué et de Caleb. L’Éternel avait proclamé ce jugement lorsque son peuple se rebella après le retour des espions de Canaan (« Vos cadavres tomberont dans ce désert. Vous tous,… en vous comptant depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, et qui avez murmuré contre moi », Nb 14.29).

La protection d’Israël dans le désert, le passage du Jourdain et la conquête du pays de Canaan découlent tous de l’acte de délivrance accompli dans l’Exode. Le miracle du désert montre que l’Éternel peut protéger et encourager son peuple, et il le fera, au nom de son alliance, même dans les circonstances les plus difficiles. C’est ce qu’implique l’alliance d’amour, la relation entre Dieu et son peuple.

9. Le Christ dans le désert🔗

Dans le Nouveau Testament, l’élément du miracle du désert ne manque pas. Élie, le célèbre prophète qui allait venir comme précurseur du Christ (Ma 4.5), eut besoin de temps dans le désert, protégé par Dieu, lorsqu’Achab cherchait à le tuer pour avoir appelé la sécheresse sur Juda (1 R 17). Jean-Baptiste, que le Christ lui-même identifie à l’Élie qui devait venir, est décrit comme une voix qui crie dans le désert (És 40; Lc 3). La véritable Parole de Dieu retentit à peine en Israël, mais Dieu fait en sorte que ses fidèles serviteurs soient prêts et protégés pour leur tâche. Ici encore, le désert fait office de refuge et de source de réconfort.

Nous lisons qu’après son baptême, le Seigneur fut conduit dans le désert par le Saint-Esprit. L’objectif de ce séjour dans le désert fut de le mettre à l’épreuve (Mc 1.12-13). Nous savons que le Christ passa quarante jours dans le désert, ce que nous pourrions comprendre comme un jour pour chaque année qu’Israël passa dans le désert. Durant cette période, le Christ ne reçut aucune nourriture. Après avoir jeûné pendant quarante jours, il eut faim et soif et était faible (Mt 4.2). Durant son séjour dans le désert, le Christ ne bénéficia pas des avantages qu’Israël avait reçus. Cependant, il ne se rebella ni ne murmura contre Dieu, mais demeura fidèle. Même dans sa faiblesse, il supporta les puissantes tentations du diable.

Il nous enseigna à croire et à obéir à la Parole de Dieu. Nous ne devons pas chercher à faire comme Israël dans le désert, mais à suivre l’obéissance du Christ. Le Christ nous a montré de quelle manière les enfants de l’alliance devaient agir en temps d’épreuves et de tentation. Lorsque nous suivons le Seigneur, nous pouvons être assurés qu’il nous préservera toujours.

À cet égard, je peux aussi faire référence à Apocalypse 12.14, où « les deux ailes du grand aigle furent données à la femme, afin qu’elle s’envole au désert, vers son lieu, où elle est nourrie un temps, des temps, et la moitié d’un temps ». La femme est l’Église du Christ. Le désert est un lieu de refuge que Dieu met à disposition pour les derniers jours. Cela montre que Dieu rassemblera, défendra et préservera son Église jusqu’à la fin. L’Église du Nouveau Testament peut aussi vivre le miracle de la survie, en raison de la fidélité de l’alliance de Dieu.

Note

1. La Colombe.