2 Corinthiens - Les Églises, les pasteurs et l’argent
2 Corinthiens - Les Églises, les pasteurs et l’argent
- Les Églises doivent soutenir matériellement le ministère de l’Évangile
- Les pasteurs ne doivent pas chercher à tirer un profit financier de leur ministère
- Les pasteurs doivent être conscients des influences et des pressions possibles de la part des donateurs
- Les Églises et les pasteurs devraient viser la transparence dans les questions financières liées au ministère
- En matière financière, la cause de l’Évangile doit toujours occuper la première place
Autrefois, les pasteurs de ma confession étaient parfois payés avec des pommes et du fumier de vache.
C’était à l’époque où de nombreuses familles venaient d’immigrer et n’étaient pas bien établies financièrement. Elles voulaient soutenir le ministère de l’Évangile et donnaient donc ce qu’elles pouvaient : quelques fruits du verger, un morceau de viande pour le congélateur ou un tas d’engrais pour le jardin potager du pasteur.
Aujourd’hui, il est plus courant que les pasteurs reçoivent un versement mensuel sur leur compte bancaire, voire une maison pour y vivre. De diverses manières, les Églises cherchent à subvenir aux besoins des hommes qui travaillent parmi elles à la diffusion de l’Évangile. Cependant, ces questions ont longtemps été un sujet sensible.
Cela apparaît clairement dans 2 Corinthiens, où Paul a réagit à la désapprobation des Corinthiens quant à la manière dont il a traité la question de l’argent. Alors que Paul acceptait le soutien financier de certaines Églises, il l’a refusé aux Corinthiens. Dans une culture très consciente des inégalités sociales, cela a été interprété comme un affront à l’Église, voire comme un rejet de leur amitié (2 Co 11.7-11).
Sa réaction est instructive. Quelles leçons les Églises et les pasteurs d’aujourd’hui peuvent-ils tirer de l’approche de Paul concernant le soutien financier de son ministère?
1. Les Églises doivent soutenir matériellement le ministère de l’Évangile⤒🔗
Un principe du Nouveau Testament veut que ceux qui reçoivent des avantages spirituels du ministère de l’Évangile soient prêts à soutenir ses travailleurs (Ac 20.33-34; 1 Th 2.9; 2 Th 3.7-9). Bien que Paul ait refusé l’aide financière des Corinthiens, il insiste sur le fait qu’il a le droit, donné par Dieu, d’être rémunéré pour le travail qu’il accomplit dans l’Église. Déjà dans 1 Corinthiens, il enracine cette pratique dans le soutien matériel apporté par les Israélites aux prêtres et aux lévites :
« Ne savez-vous pas que ceux qui remplissent les fonctions sacrées sont nourris par le temple, que ceux qui servent à l’autel ont part à ce qui est offert sur l’autel? De même aussi, le Seigneur a établi comme règle que ceux qui annoncent l’Évangile vivent de l’Évangile » (1 Co 9.13-14).
Ce principe signifie qu’il incombe encore aujourd’hui aux Églises de soutenir fidèlement le ministère de l’Évangile qui s’exerce en leur sein. Cette aide permet aux pasteurs de consacrer une grande partie de leur temps au service de l’Église. Ils peuvent le faire sans être distraits par des soucis matériels ou occupés à des travaux sans rapport avec le ministère.
Bien entendu, ce soutien peut prendre différentes formes en fonction des possibilités du contexte local. Certains pasteurs peuvent exercer un ministère de « fabrication de tentes », comme l’a fait Paul, littéralement (Ac 18.1-4). En d’autres termes, lorsqu’une Église n’est pas en mesure de financer entièrement son pasteur, celui-ci peut effectuer un autre travail rémunéré à côté. De même, les missionnaires ne s’attendent pas à être soutenus par les personnes auxquelles ils prêchent l’Évangile, du moins dans un premier temps. La forme du soutien au ministère varie considérablement selon les lieux et les situations, mais le principe demeure. Par leurs dons reconnaissants, les membres de l’Église soutiendront ceux qui travaillent pour l’Évangile afin que la parole du Christ puisse continuer à être prêchée.
2. Les pasteurs ne doivent pas chercher à tirer un profit financier de leur ministère←⤒🔗
Paul était conscient de l’influence corruptrice que l’amour de l’argent peut avoir sur le ministère d’un pasteur. Cette prise de conscience ressort clairement des paroles d’adieu de Paul aux anciens d’Éphèse dans Actes 20. Il insiste sur le fait que, pendant qu’il était parmi eux, il n’a « désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne » (Ac 20.33), mais qu’il était prêt à travailler de ses mains pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses compagnons. En pensant à ses rivaux tape-à-l’œil de Corinthe, Paul dénonce ceux qui répandent la Parole de Dieu à des fins lucratives (2 Co 2.17).
Malgré les avertissements répétés de l’Écriture, la tentation est toujours réelle pour ceux qui exercent un ministère. Il se peut qu’un pasteur veuille occuper un poste dans une Église particulière parce que celle-ci offre un salaire nettement supérieur à celui de son Église actuelle. Un pasteur peut se plaindre rapidement qu’il a besoin d’une augmentation de salaire ou chercher à maximiser tous les avantages monétaires qui lui sont offerts.
Toutefois, un pasteur doit être prudent. Même l’apparence d’être absorbé par les choses matérielles peut être sérieusement préjudiciable à sa relation avec l’Église. Cela peut à son tour entraver la croissance des croyants dans la foi. Les paroles suppliantes de Paul aux Corinthiens nous rappellent ce qui doit être prioritaire : « Je ne cherche pas ce qui est à vous [c’est-à-dire les biens matériels des croyants], mais vous-mêmes » (2 Co 12.14).
L’amour de l’argent peut influencer indûment la prédication d’un pasteur, nuire à sa crédibilité, voire faire sombrer son ministère. C’est pourquoi un pasteur fidèle ne recherche jamais le gain matériel, mais toujours la maturité continue en Jésus-Christ de l’Église.
Le défi du pasteur est le même que celui auquel sont confrontés tous les chrétiens. Par nature, nous voulons défendre nos droits et nous exigeons ce qui nous est dû. La cupidité rôde sans cesse. Pourtant, l’Écriture exhorte tous les croyants à se contenter de ce qu’ils ont (1 Tm 6.6). Lorsque nous sommes sauvés par le Christ et que nous avons reçu gratuitement son héritage éternel, nous avons l’ultime raison d’être satisfaits.
En outre, Dieu le Père a gracieusement promis de pourvoir à tous nos besoins quotidiens (Hé 13.5). Confiants dans la promesse de Dieu de pourvoir à leurs besoins, les pasteurs peuvent continuer à se concentrer sur l’exercice de leur ministère. Une telle approche de l’argent est non seulement un bon exemple pour l’Église, mais elle honore également le Christ et son Évangile.
3. Les pasteurs doivent être conscients des influences et des pressions possibles de la part des donateurs←⤒🔗
Paul s’est notoirement abstenu de recevoir un soutien matériel des Corinthiens. Ce faisant, il était sensible aux pressions qui auraient pu être exercées sur lui pour qu’il adapte sa prédication aux préférences de l’Église. Accepter le financement de certains individus aurait placé Paul dans une situation de loyauté personnelle à l’égard d’un ou de plusieurs membres dirigeants de l’Église. Il voulait être libre de toute contrainte afin de pouvoir apporter l’Évangile selon sa conviction guidée par l’Esprit.
Aujourd’hui encore, on peut tenter d’influencer un pasteur en lui offrant des cadeaux ou d’autres faveurs. Parce qu’un pasteur occupe un poste important, certains membres de l’Église peuvent souhaiter entretenir une relation spéciale avec lui. Une telle relation peut apporter l’avantage d’un plus grand prestige social, réel ou plus vraisemblablement imaginé. Offrir un cadeau peut également permettre d’influencer le point de vue du pasteur sur un sujet contesté. Un pasteur doit donc être conscient des pressions inappropriées qui peuvent être exercées sur lui par ceux qui sont riches ou qui veulent offrir des cadeaux spéciaux. Outre ces risques potentiels, le pasteur prêche devant les personnes mêmes qui contribuent à son salaire mensuel. Il peut donc être tenté d’éviter de marcher sur les plates-bandes des membres de l’Église dans ses sermons du dimanche. Mieux vaut jouer la carte de la sécurité avec un autre sermon affirmatif au goût de vanille, plutôt que de risquer une diminution des contributions au budget!
Permettez-moi de m’empresser de dire qu’un pasteur ne doit certainement pas se méfier de tout acte de gentillesse ou de générosité. Au cours de mes années de ministère pastoral, ma famille et moi avons été grandement bénis par les Églises que nous avons servies et qui ont fait preuve d’une grande générosité et d’une grande prévenance. Pour ceux qui aiment le Christ et son Évangile, un traitement généreux du pasteur est une manière appropriée de remercier Dieu.
Néanmoins, nos cœurs sont encore obstinément enclins à la recherche de notre propre intérêt. Nous avons l’habitude de rechercher des avantages personnels, même lorsque nous accomplissons de bonnes œuvres pour le Christ. Nous devrions donc tester humblement nos bonnes œuvres — qu’il s’agisse d’offrir un cadeau matériel à quelqu’un ou de prêcher l’Évangile — et être désireux de faire de telles choses non pas pour notre propre gain, mais pour la gloire de Dieu.
4. Les Églises et les pasteurs devraient viser la transparence dans les questions financières liées au ministère←⤒🔗
En lisant les deux lettres aux Corinthiens, on est frappé par toute l’attention que Paul consacre aux questions financières, qu’il s’agisse de collecter de l’argent pour les nécessiteux (2 Co 8-9) ou d’expliquer le soutien au ministère (1 Co 9.1-18). Il révèle même qu’il a accepté de l’argent d’autres Églises, mais pas des Corinthiens. Cette attention résulte sans aucun doute du désir de Paul de faire preuve d’ouverture et de clarté sur un sujet potentiellement dangereux et source de division. Par exemple, à d’autres endroits de ses lettres, Paul reprend les paroles de Jésus sur le pouvoir corrupteur de l’amour de l’argent (par exemple, 1 Tm 6.6-10, 17). Il n’a pas hésité à mettre en lumière ce problème.
L’approche de Paul nous apprend qu’il est essentiel pour les Églises et les pasteurs d’être transparents dans les questions financières liées au travail du ministère. Comme nous l’avons déjà dit, les pasteurs doivent être irréprochables dans leur gestion de l’argent. Les dirigeants de l’Église, comme le conseil des anciens, doivent être sensibles à la façon dont ce sujet peut parfois révéler des choses telles que la cupidité, la jalousie ou le ressentiment chez leurs pasteurs et leurs membres. De temps en temps, il est sage de montrer les « chiffres » à l’Église et de l’inviter à poser des questions et à faire des commentaires. Bien entendu, il existe des moyens de mener une telle discussion de manière sensée et circonspecte. Quoi qu’il en soit, la transparence doit être une priorité. C’est un moyen simple de protéger l’intégrité des pasteurs et de préserver l’unité de l’Église.
5. En matière financière, la cause de l’Évangile doit toujours occuper la première place←⤒🔗
Tout au long de 2 Corinthiens, Paul s’attache à faire avancer la cause du Christ, même au prix de grands sacrifices. Cet objectif est également évident dans l’approche de Paul à l’égard du soutien matériel. Alors qu’il travaillait à Corinthe, il a décidé de subvenir à ses besoins afin de pouvoir présenter l’Évangile « gratuitement » (2 Co 11.7). Il a pris cette décision difficile parce qu’il était convaincu qu’elle servirait mieux leur croissance dans la foi. C’est de cette manière mémorable qu’il décrit son ministère : « comme pauvres, et nous enrichissons plusieurs; comme n’ayant rien, et nous possédons tout » (2 Co 6.10). Par son travail pastoral dévoué et plein d’abnégation, Paul a cherché à enrichir de nombreux pécheurs par une connaissance salvatrice du Christ.
Les pasteurs et les Églises d’aujourd’hui devraient être motivés de la même manière. Nous devrions répugner à faire quoi que ce soit — en matière financière ou dans tout autre aspect de la vie de l’Église — qui puisse nuire à la cause du Christ. Il se peut qu’un pasteur accepte un salaire moins élevé ou qu’il prenne la responsabilité de subvenir à ses besoins, afin de pouvoir continuer à exercer son ministère de manière efficace dans un lieu donné. Pour autant que cela dépende du pasteur, les questions financières ne devraient jamais nuire à une relation saine et constructive avec l’Église.
Une Église doit savoir que son pasteur l’aime bien plus que son argent. Et un pasteur doit savoir que son Église le soutient et l’accompagne de tout son cœur.
Le Christ bénira certainement une telle relation entre le pasteur et l’Église en rendant cette relation fructueuse et fidèle.