Cet article sur Colossiens 3.5-15 a pour sujet l'unité confessionnelle et fraternelle que les chrétiens sont appelés à vivre dans la foi et l'obéissance à Jésus-Christ qui fait de nous des hommes nouveaux.

4 pages.

Colossiens 3 - Un en Christ

Les dernières paroles du Christ à ses disciples avant son ascension au ciel, auprès du Père céleste, ont été un commandement : celui d’apporter la Bonne Nouvelle de son règne éternel et de sa justice parfaite à toutes les nations. Chaque chrétien, où qu’il se trouve et quelles que soient ses circonstances propres, est ainsi appelé à témoigner autour de soi et aussi loin que possible, en paroles et en actes, que Christ règne. Mais ce commandement du Christ implique aussi une unité de tous les croyants, par delà les différences de langue, de culture, d’ethnie, de pays qui les séparent. Tous sont unis dans la même foi en ce même Seigneur qui règne. Cette unité se manifeste entre autres dans la prière d’intercession pour les chrétiens qui vivent ailleurs, pour ceux qui sont persécutés dans d’autres pays, pour ceux qui souffrent d’une manière ou d’une autre.

S’il n’est pas utile, ni même souhaitable, que l’unité des chrétiens apparaisse au moyen d’une structure ecclésiastique universelle unique et monolithique, il est en revanche nécessaire de travailler à l’unité confessionnelle des chrétiens, afin que ce soit le même Christ qui soit confessé, selon la parole qu’il a lui-même autorisée : celle de ses disciples et apôtres, telle qu’elle nous est rapportée dans le Nouveau Testament. D’autres christs que celui-là, il n’en existe pas, si ce n’est dans la fantaisie et les errements de ceux qui préfèrent leur propre témoignage à celui des premiers témoins de la personne et l’œuvre de Christ. Ces derniers sont les seuls qu’il a choisis pour annoncer la Bonne Nouvelle de son Royaume. Les contrefaçons sont nombreuses, mais ne résistent guère à l’examen des seuls témoignages que nous ayons de Jésus-Christ. L’unité confessionnelle des chrétiens ne peut cependant pas se limiter à de simples paroles. Elle doit aussi être vécue en actes, c’est-à-dire dans la relation fraternelle qui doit unir ceux qui confessent le même Seigneur et Sauveur.

On peut se demander si cette unité dans une relation fraternelle est vécue par tous ceux qui prétendent être chrétiens. Bien souvent, les querelles idéologiques, les conflits personnels, familiaux ou nationaux, les querelles de chapelle, parfois même la participation de chrétiens nominaux à de sanglantes et barbares luttes tribales viennent obscurcir, voire assombrir l’image du christianisme. Les intérêts personnels ou les intérêts d’un groupe particulier l’emportent souvent sur le commandement express du Seigneur de ne pas chercher d’abord son intérêt propre, mais de rechercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice.

Bien sûr, de tels conflits, de telles rivalités, ne sont pas l’apanage de ceux qui se disent chrétiens. Dans un monde livré à ses appétits féroces, aux jalousies et convoitises des uns et des autres, on ne peut s’attendre à ne trouver que bonté et magnanimité sur son chemin. On n’est, la plupart du temps, que trop heureux si les pouvoirs publics font respecter la loi et l’ordre, sans devenir eux-mêmes les exploiteurs des sans-défenses.

Mais les chrétiens rachetés au prix le plus cher, au prix du sang même du Seigneur Jésus-Christ, doivent se montrer dignes disciples de leur Maître et Sauveur. Que ce soit au sein de leur communauté ou de leur Église, ou encore, de manière plus large, au sein de la société, les chrétiens doivent vivre toujours plus profondément leur appartenance totale à Jésus-Christ. Nous devons nous soumettre à son Esprit et à sa Parole, et faire preuve dans notre attitude et notre comportement d’une unité dans l’amour et la confiance mutuelle. Cette unité n’exclut pas les différences de vues ou d’opinions, et en ce sens elle n’est pas uniformité. Cependant, elle exclut les luttes fratricides et les divisions qui affaiblissent le témoignage rendu à celui qui ne peut être divisé, Jésus-Christ lui-même.

Mais écoutons ce que la Bible a à nous dire à ce sujet. Un des premiers témoins de Christ, l’apôtre Paul, écrit les paroles suivantes dans sa lettre aux chrétiens de Colosses, qu’il exhorte à l’unité dans la vie nouvelle :

« Faites donc mourir tout ce qui, dans votre vie, appartient à la terre, c’est-à-dire : l’inconduite, l’impureté, les passions incontrôlées, les désirs mauvais et la soif de posséder — qui est une idolâtrie. Ce sont de tels comportements qui attirent la colère de Dieu sur ceux qui refusent de lui obéir. Et vous-mêmes aussi, vous commettiez ces péchés autrefois lorsqu’ils faisaient votre vie. Mais à présent, débarrassez-vous de tout cela : colère, irritation, méchanceté, insultes ou propos grossiers qui sortiraient de votre bouche! Ne vous mentez pas les uns aux autres, car vous vous êtes dépouillés de l’homme que vous étiez autrefois avec tous ces agissements, et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau. Celui-ci se renouvelle pour être l’image de son Créateur afin de parvenir à la pleine connaissance. Dans cette nouvelle humanité, il n’y a plus de différence entre Juifs et non-Juifs, entre circoncis et incirconcis, étrangers, barbares, esclaves, hommes libres : il n’y a plus que le Christ, lui qui est tout et en tous. Ainsi, puisque Dieu vous a choisis pour lui appartenir et qu’il vous aime, revêtez-vous d’ardente bonté, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience; supportez-vous les uns les autres, et si l’un de vous a quelque chose à reprocher à un autre, pardonnez-vous mutuellement; le Seigneur vous a pardonné; vous aussi, pardonnez-vous de la même manière. Et par-dessus tout cela, revêtez-vous de l’amour qui est le lien par excellence. Que la paix instaurée par le Christ gouverne vos décisions. Car c’est à cette paix que Dieu vous a appelés pour former un seul corps. Soyez reconnaissants » (Col 3.5-15).

Ce passage mérite d’attirer notre attention sur plusieurs points. Il est clair que Paul, en tant que messager de l’Évangile du Christ, appelle ses lecteurs à l’unité dans la foi et dans la vie. L’avant-dernière phrase de notre passage l’atteste. Relisons-la : « Car c’est à cette paix que Dieu vous a appelés pour former un seul corps. » Paul trace d’abord un portrait de la créature non renouvelée par l’Esprit du Christ : une créature qui se laisse dominer par toutes sortes de passions, par toutes sortes de désirs incontrôlés qui portent tort aux autres. Mais il n’en conclut pas pour autant que ses lecteurs ont radicalement rompu avec de telles pratiques. Bien plutôt, il les exhorte à s’en débarrasser, et il rappelle, au verset 6, que « ce sont de tels comportements qui attirent la colère de Dieu sur ceux qui refusent de lui obéir ».

Ce message nous interpelle aujourd’hui tout comme il dut interpeller ceux qui l’entendaient pour la première fois : la colère de Dieu attend ceux qui lui désobéissent. Et ce ne sont pas là de vains mots. À aucun moment, la Bible ne nous présente l’image d’un Dieu débonnaire qui ne prête pas attention aux actes mauvais des humains. S’il détourne son regard des péchés de ses enfants, ce n’est que parce que sa justice s’est exercée de manière parfaite en Jésus-Christ. Mais à ceux qui refusent de lui obéir, il réserve le sort qui fut celui de Jésus-Christ sur la croix, sans perspective de résurrection cette fois : à savoir l’abandon total loin de sa face, la condamnation éternelle. Cet avertissement est valable pour tous ceux qui, tout en se disant chrétiens, vivent une vie totalement déréglée, sans témoigner de la moindre obéissance vis-à-vis du Dieu souverain. Il n’y a pas de place pour les hypocrites dans le Royaume de Dieu; pas de place pour ceux qui se parent du nom de chrétien sans vivre de la vie du Christ. Qu’ils soient d’un rang élevé, puissants aux yeux des hommes, riches et influents dans la société, n’y fait rien. Aux yeux du Dieu tout-puissant, seule compte une foi qui porte des fruits d’obéissance, de sainteté et de justice.

Mais Paul nous conduit ensuite vers la créature dépouillée des pratiques mauvaises. Il nous parle de l’homme nouveau, qui se renouvelle non pas par lui-même ou pour lui-même, mais en vue d’une connaissance parfaite. Et cette connaissance parfaite a pour auteur et pour objet Dieu lui-même. Dans l’homme nouveau, c’est l’image de Dieu qui reluit; image restaurée qui proclame le but de Dieu dans la création de l’homme. Car l’homme nouveau est en communion, en harmonie restaurée avec le dessein de Dieu pour sa créature. Et c’est là que Paul donne à ses lecteurs la clé qui préside à l’unité des chrétiens : en chacun d’entre eux, sans distinction de race ou de culture, d’ethnie, de langue ou de nationalité, l’image de Dieu se trouve restaurée. Chacun la reconnaît chez l’autre, dès que celui-ci ou celle-ci vit de la vie renouvelée offerte par Dieu en Christ : « Il n’y a là ni Grec, ni Juif, ni circoncis, ni incirconcis, ni barbare, ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous. »

Ce qui était vrai pour les chrétiens de Colosses reste vrai pour nous aujourd’hui. Les Colossiens étaient rassemblés en une jeune communauté faite d’hommes et de femmes aux origines diverses. Il semble qu’il y ait eu à Colosses peu de membres d’origine juive, et davantage de personnes d’origine grecque ou étrangère. Quoi qu’il en soit, l’unité parfaite de ces croyants en Christ, qui est le même pour tous, est soulignée par Paul. Ce n’est pas que cette unité soit venue d’eux-mêmes, elle leur était donnée par Christ. C’est son Esprit qui résidait en chacune de ces créatures renouvelées.

Pour nous aujourd’hui, quel message puissant et réconciliateur! Qui peut se dire chrétien et travailler à la division parmi ceux qui ont reçu la même vie? Comment peut-on lire ce passage de la lettre de Paul aux Colossiens et entendre dire que des chrétiens se sont trouvés mêlés à des actes totalement contraires à la vie nouvelle reçue? Certes, Jésus a enseigné à ses disciples, dans la parabole bien connue de la bonne semence et de l’ivraie, que la mauvaise herbe pousserait aussi dans le champ ensemencé, et qu’au jour du jugement dernier, le tri serait effectué. Mais pour tous ceux qui vivent de la vie nouvelle en Christ, c’est la paix instaurée par lui qui doit gouverner les cœurs, afin qu’une unité de conduite soit visible, dans l’Église et au-dehors.

Paul sait très bien que des différences de vues, voire des tensions peuvent surgir entre frères et sœurs d’origine ou de culture différente. Au sein d’une même communauté, les intérêts des uns et des autres peuvent diverger. Sa réponse est la suivante : puisque Dieu vous a appelés à être un en Christ, soyez patients les uns envers les autres, pardonnez-vous réciproquement, que chacun reste humble, rempli d’un esprit de douceur. Car tel est l’exemple vivant que Jésus-Christ a donné pendant sa vie et son ministère sur terre. C’est remplis de sa paix et revêtus de son amour que les chrétiens seront un, au milieu d’un monde divisé, déchiré par les attaques de l’adversaire. Puisse chacun d’entre nous prêter une oreille attentive à cette exhortation, afin d’être trouvé fidèle au jour du jugement.