Cet article sur la question 127 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la 6e demande du Notre Père (Matthieu 6.13), une prière pour que nous soyons délivrés de la tentation et du mal.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal

Quelle est la sixième demande?

Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal, c’est-à-dire : puisque de nous-mêmes nous sommes si faibles que nous ne saurions subsister un instant1, et que, de plus, nos ennemis mortels — le Diable2, le monde3 et notre propre chair4 — nous assaillent sans cesse, veuille nous soutenir et nous fortifier par la puissance de ton Saint-Esprit5. Ainsi seulement nous pourrons leur résister avec courage6 et ne pas succomber dans ce combat spirituel7, jusqu’à ce qu’enfin nous remportions une pleine victoire8.

1. Ps 103.14-16; Jn 15.1-5.
2. 2 Co 11.14; Ép 6.10-13; 1 Pi 5.8-9.
3. Jn 15.18-21.
4. Rm 7.18-23; Ga 5.17.
5. Ps 27.14; Rm 15.13; Ép 6.10-11; 2 Tm 2.1.
6. Mt 10.19-20; Mc 13.33; Rm 5.3-5.
7. Mt 26.41; 1 Co 10.13.
8. 1 Th 3.13; 1 Th 5.23-24.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 127

L’humilité et la confiance sont deux caractéristiques de la prière véritable. Pour que notre prière soit agréable à Dieu, nous devons venir à lui d’un cœur humble, sans penser détenir quelque force en nous-mêmes. Nous devons aussi faire confiance en l’amour et la puissance qu’il a pour nous en Jésus-Christ. La sixième et dernière demande du Notre Père nous enseigne à prier avec une profonde humilité, mais aussi avec une ferme assurance. Dans cette prière, nous avouons nos faiblesses et nos tentations; en même temps, nous prions notre Père de nous accorder le courage, la résistance et la victoire. Le Seigneur Jésus nous enseigne à demander à Dieu de nous accorder la force et la persévérance au milieu de ce grand combat spirituel qui fait rage.

Dans la demande précédente, nous avions prié pour le pardon de nos péchés. Nous prions maintenant pour être délivrés des filets du péché. Une fois pardonné, il est normal et nécessaire de rechercher la sanctification et la persévérance. C’est un fruit admirable qui découle de notre justification. En d’autres mots, si nous avons Dieu pour ami, il est bien évident que Satan sera notre ennemi. Nous sommes la cible de ses attaques constantes par lesquelles il cherche à nous détourner de Dieu. Nous avons besoin de prier : « Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal » (Mt 6.13). Celui à qui nous adressons cette prière est le seul à pouvoir nous délivrer. Nous dépendons entièrement de notre Rédempteur victorieux!

1. Soyons conscients du danger🔗

Qu’est-ce que la tentation? Le mot grec « peirasmos » peut être traduit soit par « épreuve » soit par « tentation », selon le contexte. Jacques nous en donne un bel exemple. Au début de sa lettre, il nous dit : « Considérez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves que vous pouvez rencontrer, sachant que la mise à l’épreuve de votre foi produit la patience » (Jc 1.2). Un peu plus loin, il utilise le même mot grec, mais dans un autre sens :

« Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal et ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté, parce que sa propre convoitise l’attire et le séduit » (Jc 1.13-14).

L’épreuve vient de Dieu et contribue à nous affermir dans la foi. La tentation, par contre, ne vient jamais de Dieu; elle vient du diable qui nous incite à pécher. Devrions-nous demander à Dieu qu’il nous éloigne des épreuves? « Ne nous soumets pas à l’épreuve »? Certainement pas, puisque l’épreuve est un moyen privilégié que notre Père utilise pour nous sanctifier. Nous devrions même nous réjouir dans l’épreuve! Car l’épreuve produit la persévérance, la persévérance produit une fidélité éprouvée et la fidélité éprouvée produit l’espérance (Rm 5.3-4). La tentation, par contre, attise notre convoitise; la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché et le péché engendre la mort (Jc 1.15). C’est de ce danger que nous demandons à notre Père d’être protégés : « Ne nous soumets pas à la tentation. » Ne permets pas que soyons placés dans une situation où la tentation pourra nous faire succomber au péché.

Si Dieu ne tente lui-même personne, quelles sont alors les sources de la tentation? Il en existe trois : « le diable, le monde et notre propre chair » (Q&R 127). Voilà les trois ennemis mortels du chrétien! D’abord le diable, Satan, l’adversaire le plus redoutable. Il exploite toutes les faiblesses qu’il peut trouver en nous et se sert de tous les moyens à sa disposition pour essayer de nous arracher des mains de Dieu et de nous faire prisonniers du péché. Le diable n’est pas tout-puissant, mais il est très puissant et extrêmement intelligent. Il a également beaucoup d’expérience, qu’il a mise au point tout au long de l’histoire des tentations humaines. Le mensonge et la séduction sont ses armes favorites. Il est en mesure de nous faire croire qu’une chose capable de nous détruire pourrait être bonne et désirable. Il sait très bien ce qui peut nous inciter à pécher. Qui d’entre nous est assez sage, assez vigilant et assez fort en lui-même pour résister à ses ruses et à ses tromperies?

La deuxième source de la tentation, c’est le monde. Dans la Bible, le mot « monde » peut avoir diverses connotations. Il peut signifier l’univers créé par Dieu, la terre habitée ou encore l’ère actuelle. Il peut également signifier le monde corrompu, l’ordre actuel des choses qui s’oppose à Dieu et qui est soumis au « prince de ce monde » (Jn 16.11; Ép 2.2). Voilà notre deuxième ennemi : le mode de pensée et d’agir qui prévaut dans ce monde qui rejette la Parole de Dieu. La Bible nous dit de ne pas nous conformer au monde présent, mais d’être transformés par le renouvellement de l’intelligence (Rm 12.2). Pourquoi donc ce monde pécheur peut-il sembler si attrayant aux yeux des enfants de Dieu?

Ce n’est pas tout. Même si nous avions la meilleure cuirasse possible pour nous protéger du diable et du monde, un troisième ennemi s’infiltre à l’intérieur de la cuirasse : notre propre chair! Notre tendance pécheresse est une autre source de tentation tout aussi redoutable. C’est une grave erreur de penser que nos ennemis sont seulement en dehors de nous. La guerre fait rage en nous-mêmes! Comme Jacques le dit : « Chacun est tenté, parce que sa propre convoitise l’attire et le séduit » (Jc 1.14). Paul ajoute que les « désirs de la chair » sont opposés aux « désirs de l’Esprit » (Ga 5.17).

Un grand danger, dans toute guerre, consiste à se croire plus fort que l’ennemi. L’apôtre Pierre a prétendu que jamais il ne renierait son maître. Quelle folle présomption! S’il y a une chose que nous devons apprendre dans notre vie chrétienne, c’est à demeurer toujours conscients de nos faiblesses. Pas besoin de penser aux chrétiens persécutés en Chine ou en Corée du Nord. Pensons simplement à l’enfant qui argumente et qui bougonne quand ses parents lui demandent un service, ou bien au contenu des réclames publicitaires qui attise notre convoitise, ou à une simple parole de notre époux ou de notre épouse qui nous met en colère, ou à l’influence négative de nos collègues de travail ou à l’école, ou au découragement qui peut nous abattre et nous faire baisser les bras. Les tentations de pécher ne manquent pas!

En réalité, « nous-mêmes nous sommes si faibles que nous ne saurions subsister un instant » (Q&R 127). N’imaginons jamais pouvoir persévérer dans la foi par nos propres forces. Un tel orgueil est voué à l’échec! Après avoir donné en exemple la génération du désert indocile et rebelle en guise d’avertissement aux Corinthiens pour qu’ils ne succombent pas aux mêmes tentations qu’Israël, Paul conclut en disant : « Que celui qui pense être debout prenne garde de tomber! » (1 Co 10.12). Puisque nous sommes si faibles et que nos ennemis mortels sont si puissants et « nous assaillent sans cesse », nous avons absolument besoin de prier humblement : « Père, nous t’en supplions, ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. »

2. Exprimons notre ferme désir d’être délivrés du mal🔗

Une prière humble, mais aussi une prière confiante! Que demandons-nous exactement au Seigneur? Qu’espérons-nous de lui? Qu’il agisse avec puissance en notre faveur! « Veuille nous soutenir et nous fortifier par la puissance de ton Saint-Esprit » (Q&R 127). Par cette prière, nous reconnaissons que Dieu est notre Père céleste, un Père bienveillant, qui gouverne le monde et nos vies de manière souveraine. Il ne nous tente jamais. En même temps, il est en parfait contrôle de toute situation de tentation que nous devons affronter. Confiants dans son amour et sa toute-puissance, nous venons à lui en lui exprimant notre fervent désir d’être délivrés du mal ou du Malin (les deux traductions sont possibles).

« Espère en l’Éternel! Fortifie-toi et que ton cœur s’affermisse! Espère en l’Éternel! » (Ps 27.14). « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Christ-Jésus » (2 Tm 2.1). Avons-nous cet ardent désir qu’il nous accorde la force spirituelle de résister au péché et de vaincre le mal? Il ne s’agit pas seulement de désirer que Dieu nous fasse éviter la tentation, mais qu’il nous donne tout ce qui est nécessaire pour lutter lorsque la tentation survient. Souvenons-nous que Jésus-Christ a été tenté comme nous en toutes choses et qu’il n’a jamais succombé! Il a remporté une victoire complète! Dans sa victoire, il nous a donné son Saint-Esprit pour que nous soyons puissamment fortifiés dans notre être intérieur. Nous dépendons entièrement de lui.

3. Soyons constants dans nos efforts🔗

Quelle réponse à notre prière espérons-nous du Seigneur? Qu’il nous accorde la puissance de son Esprit afin de pouvoir « résister avec courage et ne pas succomber dans ce combat spirituel, jusqu’à ce qu’enfin nous remportions une pleine victoire » (Q&R 127). Oui, nous avons besoin de courage! En France, dans la tour de Constance (Aigues-Mortes), où l’on a gardé prisonnières ces femmes huguenotes qui ont voulu rester fidèles à leur Seigneur, on peut lire cette inscription : « Récister! » L’ennemi se présente aujourd’hui sous forme différente, mais le combat spirituel dans lequel nous sommes engagés est le même. Nous avons toujours besoin d’inscrire sur nos murs et dans nos cœurs : « Résister »… par la force de Dieu!

Cette prière nous donnerait-elle la liberté de nous placer dans une situation de tentation? Certainement pas! Nous ne pouvons pas prononcer cette prière et ensuite aller consulter un site pornographique, par exemple. Ce serait un non-sens et une moquerie. Ne tentons pas Dieu! Si notre prière est sincère, nous allons nous efforcer de demeurer sur nos gardes et nous éviterons les situations où nous savons que nous sommes vulnérables aux attaques du diable. Cette prière implique un effort constant de notre part.

« Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur et par sa force souveraine. Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable » (Ép 6.10-11).

Prenons courage! La Parole de Dieu nous communique cette magnifique promesse, selon les paroles de l’apôtre Paul aux Corinthiens :

« Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine; Dieu est fidèle et ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation, il donnera aussi le moyen d’en sortir, pour que vous puissiez la supporter » (1 Co 10.13).

Que le Seigneur nous donne la persévérance d’affronter avec courage les assauts continuels du diable et de ses démons.

« Que le Seigneur affermisse vos cœurs pour qu’ils soient sans reproche dans la sainteté devant Dieu notre Père, à l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints! » (1 Th 3.13).

Ayons cet ardent désir et cette volonté de combattre par la force du Saint-Esprit. Gardons l’espérance de voir l’ennemi vaincu jour après jour, jusqu’au jour où nous obtiendrons la victoire finale et complète par notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

« Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers; que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé sans reproche à l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ! Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera » (1 Th 5.23-24).