Cet article a pour sujet l'espérance chrétienne en la résurrection, en lien avec la foi et l'amour et qui conditionne notre marche dans l'endurance et la persévérance.

5 pages.

La résurrection et l’espérance chrétienne

« Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où les vers et la rouille détruisent et où les voleurs percent et dérobent, mais amassez des trésors dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne détruisent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera illuminé, mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres! Nul ne peut servir deux maîtres; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. »

Matthieu 6.19-24

« Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour; mais la plus grande, c’est l’amour. »

1 Corinthiens 13.13

« Et si Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine, et votre foi aussi est vaine. Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, tandis qu’il ne l’aurait pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés et ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. Mais maintenant, Christ est ressuscité d’entre les morts, il est les prémices de ceux qui sont décédés. Car, puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, mais chacun en son rang : Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent au Christ, lors de son avènement. Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir aboli toute principauté, tout pouvoir et toute puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. »

1 Corinthiens 15.14-25

  1. Trois choses demeurent
  2. L’espérance et la foi
  3. Déjà et pas encore!
  4. L’espérance conditionne la marche

1. Trois choses demeurent🔗

Connaissez-vous la croix de Camargue? C’est une croix dont la base a la forme d’une ancre de marine et qui porte en son centre un cœur. La croix symbolise la foi, le cœur symbolise l’amour, l’ancre symbolise l’espérance. La croix de Camargue n’est pas mentionnée dans la Bible. Par contre, la foi, l’espérance et l’amour, oui! Et ensemble! « Maintenant donc ces trois réalités demeurent, dit Paul : la foi, l’espérance, l’amour; mais la plus grande de ces réalités, c’est l’amour » (1 Co 13.13).

En général, on retient la fin de ce verset : « Le plus grand des trois, c’est l’amour. » Tout le monde est d’accord. Même les incroyants… ce qui est un peu curieux, car l’amour dont il est question ici, c’est l’amour de Dieu — pas un autre! Que de quiproquos sur l’amour!

Un jour, c’est vrai, il n’y aura plus que l’amour, car la présence de Dieu remplira tout l’espace, sa lumière éclairera toutes choses : il n’y aura même plus besoin de soleil! Mais aujourd’hui, nous devons retenir aussi le début de ce verset : « Maintenant ces trois réalités demeurent : la foi, l’espérance, l’amour. » Pas une seule, pas deux, mais trois réalités qui, je le redis, sont inséparables : un seul et même Esprit, l’Esprit Saint, communique l’amour, la foi et l’espérance au croyant, de telle sorte qu’on ne peut avoir l’un des trois sans avoir les deux autres.

Dire cela peut paraître étonnant, car beaucoup de personnes pensent qu’il n’y a pas besoin de la foi pour aimer… Ce n’est pas ce que dit la Bible. La Bible dit : « Nous avons connu l’amour en ce qu’il a donné sa vie pour nous » (1 Jn 3.16). « Connaître », ici, veut dire recevoir, goûter. C’est seulement par la foi!

2. L’espérance et la foi🔗

L’espérance est très proche de la foi (Hé 11.1). Il y a une différence, cependant, sinon, Paul aurait écrit : Maintenant, deux réalités demeurent. Or, il dit trois!

Comment distinguer l’espérance de la foi dans la vie de tous les jours?

La foi se conjugue au présent. Dieu appelle Abraham, lui demande de quitter son pays et de se mettre en route vers un pays inconnu. Quand? Maintenant. Abraham se lève et s’en va. C’est la foi. Jésus dit à ses premiers disciples : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4.19). Ils laissent leurs filets et suivent Jésus. En Jean 10, Jésus parle de la foi quand il dit : « Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent » (Jn 10.27). Les verbes sont au présent.

La foi reçoit de Dieu et vit maintenant ce qu’il y a à recevoir et à vivre avec Dieu maintenant. Si aujourd’hui tu regardes à Jésus, si aujourd’hui tu écoutes sa voix, si aujourd’hui tu rends ton cœur attentif et si tu dis oui à ce que Dieu te donne et te demande, c’est cela la foi.

L’espérance, c’est la certitude des choses promises, des réalités encore à venir. Dieu dit à Abraham : « Regarde les étoiles du ciel et compte-les si tu le peux. Telle sera ta postérité » (Gn 15.5; voir 21.17). Le verbe est au futur. Abraham a cent ans et sa femme est stérile… Abraham est mort sans entrer en possession de la terre promise; mais ces choses ont été devant lui comme un horizon certain, de telle sorte qu’il les a vues sans les posséder encore.

La foi permet une dynamique et une communion. Elle nous permet de marcher et d’œuvrer en recevant le secours de Dieu pas après pas. Mais quand tout ce qui survient semble contredire ce qu’on a attendu, ce qu’on a demandé? Et devant la mort, que reste-t-il? L’espoir peut s’effondrer, pas l’espérance.

Quand Jésus dit : « Je connais mes brebis et elles me connaissent et je leur donne la vie éternelle » (Jn 10.14,28), c’est la foi (c’est au présent). Quand il dit « Je vais vous préparer une place afin que là où je suis, vous soyez aussi avec moi » (Jn 14.3) c’est l’espérance. L’espérance relie le présent du chrétien à son avenir avec Dieu (Hé 6.19). Écoutez ce que Jean écrit :

« Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu [cela est saisi par la foi, le verbe est au présent]. Ce que nous sommes n’a pas encore été manifesté, mais nous savons que lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3.2) [cela c’est l’espérance, le verbe est au futur].

3. Déjà et pas encore!🔗

Il y a là une sorte de tension qui fait partie de la vie chrétienne : nous sommes déjà avec Jésus, et pourtant nous disons : « Seigneur Jésus, viens bientôt! » Ce qui signifie que nous ne sommes pas encore réunis avec lui. C’est assez exactement ce que nous exprimons quand nous partageons le repas du Seigneur : nous sommes déjà unis au Seigneur… et nous annonçons sa mort jusqu’à ce qu’il vienne.

C’est ce que disent les Béatitudes : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés » (Mt 5.4). Heureux déjà, car ils seront consolés… plus tard. Le chrétien est déjà porteur d’une réalité qui appartient encore au futur. Un incroyant ne peut pas le comprendre. C’est vraiment un don de Dieu, comme la foi, comme l’amour.

Cette tension, on la voit dans ces paroles de Paul : « J’ai le désir de m’en aller pour être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur » (Ph 1.23). C’est l’espérance. Puis, il ajoute : « Mais pour vous, il est préférable que je reste » (Ph 1.24). Cela, c’est la foi et l’amour qui s’engagent maintenant. Jésus le dit aussi : « Vous êtes maintenant dans la tristesse; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie » (Jn 16.22). Ils sont dans la tristesse, mais nul ne leur ravira leur joie! Quelle joie, déjà!

En Actes 12, nous voyons que deux apôtres, Pierre et Jacques, sont emprisonnés. Pierre est libéré, tandis que Jacques est mis à mort. La libération de Pierre fait appel à la foi; la mort de Jacques fait appel à l’espérance. On pourrait le dire ainsi : Pierre devra encore servir et lutter. Jacques est déjà auprès de son Seigneur! C’est pourquoi Paul écrit : « Frères, ne pleurez pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4.13; voir Ps 112.7).

4. L’espérance conditionne la marche🔗

L’espérance semble être pour beaucoup une réalité abstraite. Rien n’est plus faux. L’espoir est abstrait; pas l’espérance. Abraham quitta tout et partit « car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Hé 11.10). L’espérance nourrit la foi pour la marche.

Dans le désert du Sinaï, la foi permettait au peuple d’Israël de se diriger chaque jour avec la nuée, et de recevoir chaque jour la manne comme nourriture sans avoir besoin de faire des provisions; l’espérance permettait de garder dans le cœur le but du voyage (la terre promise) comme une certitude. Quand les Israélites ont perdu la vision de la terre promise, leur foi s’est affaiblie et, au lieu de partir à la conquête, ils ont eu peur.

De même, il est dit de Jésus que, « en vue de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix et méprisé la honte » (Hé 12.2). L’espérance de Jésus a fortifié sa foi, et sa foi a permis son obéissance au milieu des pires oppositions. La persévérance rend possible l’endurance, c’est-à-dire la capacité à traverser les épreuves que Dieu permet.

L’espérance permet aussi la persévérance : « Si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance » (Rm 8.24). Est-ce un détail de la vie chrétienne? Voilà un chrétien gravement malade. Que faire? La foi s’attend à la puissance de Dieu qui guérit. Et si Dieu n’accorde pas la guérison? Alors l’espérance attire les regards vers les biens incorruptibles que les voleurs ne peuvent dérober, que la rouille ne peut détruire. L’espérance porte ses regards vers la résurrection qui donnera à ceux qui sont « en Christ » des corps incorruptibles! Toutes nos prières ne sont pas exaucées, n’est-ce pas? Les corps incorruptibles, c’est pour plus tard!

Il y a plus que cela : l’espérance (et pas seulement la foi) modifie complètement notre manière de vivre. La Bible parle des hommes qui sont « sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Ép 2.12). Quelle tristesse! Cela concerne-t-il seulement l’au-delà? Pas du tout. « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (1 Co 15.32). Les chrétiens aussi mangent et boivent! Mais le font-ils de la même manière que ceux qui n’ont pas d’espérance? Pas du tout! L’usage des biens matériels, le mariage, l’activité professionnelle, l’engagement citoyen… tout est conditionné par l’espérance qui nous habite — ou par l’absence d’espérance. Le monde nous le montre tous les jours! Paul le dit souvent dans ses lettres, par exemple ainsi : « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit » (1 Co 6.12; voir Mt 6.19-24).

Beaucoup de chrétiens cherchent à nourrir leur foi, mais ils négligent la dimension de l’espérance. Il est vrai que celle-ci est difficile à affirmer aujourd’hui, plus que la foi. Il faut vivre au présent, dit-on. Ce n’est pas faux. Mais si l’espérance manque, la foi risque de s’épuiser. Et l’amour aussi. C’est ce qui arrive souvent…

La foi et l’espérance ont bien leur place : elles se nourrissent l’une l’autre. Ainsi, nous vivons sur cette terre comme tout le monde… et pas du tout comme tout le monde. Nous vivons les mêmes choses, et une grande différence existe cependant.

Deux personnes marchent sous la pluie. Une d’elles ne sait pas où elle va; l’autre le sait et c’est un endroit magnifique. Croyez-vous que ces deux personnes vont voyager de la même manière? En un sens oui… Mais en réalité pas du tout! Une des deux ne voit que le chemin (et ses rêves?). L’autre voit déjà le pays promis, plein de lumière! Celle du Seigneur lui-même.